Fée lisse
Agneau
Nous
et veaux
mardi 1 janvier 2008
vendredi 21 décembre 2007
Quelques photos de la temporada 2007
Aviso : le flou de certaines photos n'est ni artistique ni volontaire.
Torería

Tercio de piques à Vic-Fezensac

Lignes


mardi 11 décembre 2007
Philosophie de la corrida de Francis Wolff (3) - citations
De nos devoirs vis-à-vis des animaux en général et des taureaux de combat en particulier
"Les devoirs que nous avons vis-à-vis des autres espèces, mêmes les plus proches de nous, sont subordonnés à ceux que nous avons vis-à-vis des autres hommes, mêmes les plus lointains. Il faut toujours et inconditionnellement sauver l'enfant inconnu contre l'animal familier." (p 46)
"Le combat de l'arène a beau être fondamentalement inégal, il est foncièrement loyal. Le taureau n'est pas traité comme une bête malfaisante qu'on peut exterminer ni comme le bouc émissaire qu'on doit sacrifier, mais comme une espèce combattante qu'on doit affronter. Il faut donc que ce soit dans le respect de ses armes naturelles. Physiquement, les forces du taureau ne doivent pas avoir été diminuées artificiellement ni ses cornes rognées. Moralement, l'homme doit feinter le taureau, mais de face, jamais de dos, en se laissant toujours ''voir'' le plus possible, en se plaçant délibérément sur la ligne de sa charge naturelle -c'est ce qu'on appelle ''charger la suerte''." (p 48)
"Toute tauromachie repose sur la bravura, la furor latine, qui se manifeste par l'attaque spontanée, immédiate, violente, répétée, du taureau sur sa proie, en particulier dès qu'il se trouve dans un espace clos dont le prototype est le rond de l'arène. Et toute l'éthique tauromachique consiste à permettre à cette charge violente du taureau, à cette force active, à cette ''nature'' de se manifester. La corrida ne consiste pas à abattre une bête. C'est tout le contraire. La corrida, comme son nom l'indique (corrida=course), consiste à laisser le taureau courir, attaquer, combattre. La corrida n'aurait ni intérêt, ni sens, ni valeur, si le taureau n'était pas supposé naturellement combatif. Affronter un animal désarmé, inoffensif ou passif, ce serait de l'abattage. L'éthique animalière de la corrida consiste à permettre à la nature du taureau de s'exprimer. Doublement, dans sa vie et dans sa mort." (p 73)
"L'aficionado va certes aux arènes pour voir des toreros s'exprimer face aux taureaux, mais aussi, et souvent d'abord, pour voir des taureaux s'exprimer dans leur combat." (p 74)
"Un des spectacles les plus sublimes est celui d'un taureau arrêté loin du picador immobile, fixant la masse indistincte du cavalier monté sur son cheval protégé, et s'élançant à l'assaut de cette forteresse pour la renverser." (p 75)
"Le taureau réalise son plus grand bien en vivant librement et en mourant au combat : il réalise ainsi toute sa nature." (p 91)
"Qui aime la corrida aime forcément les taureaux. Il se rêve sûrement lui-même en taureau -il n'y a guère d'exception à cette règle. Il se plaît à cette pensée : devenir taureau -à défaut de pouvoir être torero. Il se dit simplement ceci : de toutes les espèces animales que l'homme s'est appropriées pour servir ses fins, de toutes les espèces qui peuplent l'imagination des hommes, un des sorts les plus enviables n'est-il pas celui de cet animal qui vit librement pour mourir en combattant? Comparez!" (p 93)
PS Puisqu'il est question actuellement de la feria de Lima, je signale un très intéressant article de Francis Wolff sur la tauromachie dans la capitale péruvienne publié dans le numéro 1169 de la revue Toros (janvier 1982). J'ignore si un quart de siècle plus tard la place de la corrida est toujours la même mais les spectacles donnés en plaza de Acho sont apparemment toujours aussi décevants.
"Les devoirs que nous avons vis-à-vis des autres espèces, mêmes les plus proches de nous, sont subordonnés à ceux que nous avons vis-à-vis des autres hommes, mêmes les plus lointains. Il faut toujours et inconditionnellement sauver l'enfant inconnu contre l'animal familier." (p 46)
"Le combat de l'arène a beau être fondamentalement inégal, il est foncièrement loyal. Le taureau n'est pas traité comme une bête malfaisante qu'on peut exterminer ni comme le bouc émissaire qu'on doit sacrifier, mais comme une espèce combattante qu'on doit affronter. Il faut donc que ce soit dans le respect de ses armes naturelles. Physiquement, les forces du taureau ne doivent pas avoir été diminuées artificiellement ni ses cornes rognées. Moralement, l'homme doit feinter le taureau, mais de face, jamais de dos, en se laissant toujours ''voir'' le plus possible, en se plaçant délibérément sur la ligne de sa charge naturelle -c'est ce qu'on appelle ''charger la suerte''." (p 48)
"Toute tauromachie repose sur la bravura, la furor latine, qui se manifeste par l'attaque spontanée, immédiate, violente, répétée, du taureau sur sa proie, en particulier dès qu'il se trouve dans un espace clos dont le prototype est le rond de l'arène. Et toute l'éthique tauromachique consiste à permettre à cette charge violente du taureau, à cette force active, à cette ''nature'' de se manifester. La corrida ne consiste pas à abattre une bête. C'est tout le contraire. La corrida, comme son nom l'indique (corrida=course), consiste à laisser le taureau courir, attaquer, combattre. La corrida n'aurait ni intérêt, ni sens, ni valeur, si le taureau n'était pas supposé naturellement combatif. Affronter un animal désarmé, inoffensif ou passif, ce serait de l'abattage. L'éthique animalière de la corrida consiste à permettre à la nature du taureau de s'exprimer. Doublement, dans sa vie et dans sa mort." (p 73)
"L'aficionado va certes aux arènes pour voir des toreros s'exprimer face aux taureaux, mais aussi, et souvent d'abord, pour voir des taureaux s'exprimer dans leur combat." (p 74)
"Un des spectacles les plus sublimes est celui d'un taureau arrêté loin du picador immobile, fixant la masse indistincte du cavalier monté sur son cheval protégé, et s'élançant à l'assaut de cette forteresse pour la renverser." (p 75)
"Le taureau réalise son plus grand bien en vivant librement et en mourant au combat : il réalise ainsi toute sa nature." (p 91)
"Qui aime la corrida aime forcément les taureaux. Il se rêve sûrement lui-même en taureau -il n'y a guère d'exception à cette règle. Il se plaît à cette pensée : devenir taureau -à défaut de pouvoir être torero. Il se dit simplement ceci : de toutes les espèces animales que l'homme s'est appropriées pour servir ses fins, de toutes les espèces qui peuplent l'imagination des hommes, un des sorts les plus enviables n'est-il pas celui de cet animal qui vit librement pour mourir en combattant? Comparez!" (p 93)
PS Puisqu'il est question actuellement de la feria de Lima, je signale un très intéressant article de Francis Wolff sur la tauromachie dans la capitale péruvienne publié dans le numéro 1169 de la revue Toros (janvier 1982). J'ignore si un quart de siècle plus tard la place de la corrida est toujours la même mais les spectacles donnés en plaza de Acho sont apparemment toujours aussi décevants.
samedi 8 décembre 2007
Coup de canif dans le dos
Il n'y a quasiment plus de chômage; tous les hère-aimistes ont trouvé un emploi de smicard; grâce au camarade Nicolas S. tous les smicards font des heures supplémentaires pour pouvoir s'acheter, un jour, ce qu'ils voient à la télé; dans les appartements douillets des cités calmes et tranquilles les jeunes étudient pour devenir médecins, enseignants, ouvriers qualifiés, artistes.
Alors messieurs Jean Pierre Brard, Jean Jacques Candelier et Daniel Paul, députés communistes de Seine Saintdenis, Nord et Seine Maritime s'ennuient dans la satisfaction de la tâche accomplie. Mais non...il existe encore des peuplades primitives, plus au sud, qu'il faut amener aux bienfaits de la civilisation. Des paillards, des fêtards, des amateurs de corrida sans foi ni loi. C'est un scandale! Enfin une raison d'agir. Il faut changer cela, se disent-ils.
Voilà, c'est un peu triste, probablement sans réelle importance.
Avec même un petit côté suicidaire pour cet ancien grand parti qui compte aujourd'hui son pourcentage d'électeurs sur les doigts d'une seule main et dont l'un des derniers maires d'une commune d'importance est celui... d'Arles, la ville la plus taurine de France.
Alors messieurs Jean Pierre Brard, Jean Jacques Candelier et Daniel Paul, députés communistes de Seine Saintdenis, Nord et Seine Maritime s'ennuient dans la satisfaction de la tâche accomplie. Mais non...il existe encore des peuplades primitives, plus au sud, qu'il faut amener aux bienfaits de la civilisation. Des paillards, des fêtards, des amateurs de corrida sans foi ni loi. C'est un scandale! Enfin une raison d'agir. Il faut changer cela, se disent-ils.
Voilà, c'est un peu triste, probablement sans réelle importance.
Avec même un petit côté suicidaire pour cet ancien grand parti qui compte aujourd'hui son pourcentage d'électeurs sur les doigts d'une seule main et dont l'un des derniers maires d'une commune d'importance est celui... d'Arles, la ville la plus taurine de France.
lundi 3 décembre 2007
Bilan temporada 2007
Fin de temporada oblige, voici mon bilan. Sous forme de corrida de mes rêves. Mon cartel-cumbre de la temporada, celui que je n'ai pas vu mais que j'ai rêvé de voir, tant il est vrai que le propre de l'aficionado est de poursuivre des chimères.
Ma corrida rêvée
6 toros de Victorino Martin 6
Morante de la Puebla
José Tomas
Fernando Cruz
Ce sera donc aussi mon cartel de rêve pour le début de la saison 2008. Cartel ô combien improbable mais possible puisque le retour de Morante est annoncé pour début 2008 à Mexico.
A propos des Victorino Martin, même dans une temporada très moyenne pour cause de dilution à caractère commercial (103 toros lidiés), les pupilles du sorcier de Galapagar restent de loin les toros les plus intéressants de la cabaña brava.
Ma corrida rêvée
6 toros de Victorino Martin 6
Morante de la Puebla
José Tomas
Fernando Cruz
Ce sera donc aussi mon cartel de rêve pour le début de la saison 2008. Cartel ô combien improbable mais possible puisque le retour de Morante est annoncé pour début 2008 à Mexico.
A propos des Victorino Martin, même dans une temporada très moyenne pour cause de dilution à caractère commercial (103 toros lidiés), les pupilles du sorcier de Galapagar restent de loin les toros les plus intéressants de la cabaña brava.
mardi 27 novembre 2007
Toreo de salon et autres nouvelles du prix Hemingway 2005

Avec les éditions Au Diable Vauvert comme maître d'œuvre et éditeur, Simon Casas Production comme principal partenaire financier et Laure Adler comme présidente du jury, le prix Hemingway c'est pas de la gnognote.
Olivier Deck en fut le premier lauréat grâce à une courte et savoureuse nouvelle capillo-taurine qui montre qu'on peut "être torero" sans avoir jamais été torero.
Bien sûr, la faiblesse de ce genre de recueil c'est qu'on est dans l'inégal et l'hétéroclite. Mais c'est aussi son charme, on ne sait pas à l'avance sur quoi on va tomber : du léger ou du pesant, de l'humour tendre ou de l'ironie grinçante, un regard d'initié ou de néophyte.
J'ai bien aimé aussi l'originalité iconoclaste de L'homme qui tua Ferdinand le Taureau d'Antoine Martin.
Dans la veine "un regard tendre sur les humbles de la profession", L'ultime toro de Ramon Garcia d'Annie Barrière et La demi-estocade de l'Equatorien Ivan Oñate m'ont fait penser à ce chef-d'œuvre de la littérature taurine qu'est La grande saison de Fernando Quiñones, recueil de nouvelles de l'écrivain andalou paru aux éditions Verdier en 2003.
Quant au texte qui clôt Toreo de salon, une nouvelle d'anticipation d'Olivier Boura censée se dérouler en 2017, sa lecture fait froid dans le dos.

mercredi 21 novembre 2007
Un coup de poignard dans le dos des aficionados
Les faits
Le 3 octobre André Viard a envoyé au président de la République une lettre lui demandant "de ne pas interdire l'entrée des arènes à nos enfants dès lors qu'ils sont accompagnés de leurs parents". Cette lettre était signée par les différentes associations ayant paraphé l' ''Appel de Samadet'' alors que toutes n'étaient pas au courant du contenu de ladite lettre.
Les conséquences
- Pour l'instant aucune du point de vue législatif; mais imaginons que le président de la République prenne l'auteur de cette lettre au mot et interdise l'entrée de tout spectacle taurin aux enfants non accompagnés de leurs parents!
- La reconnaissance implicite de la dangerosité morale des spectacles taurins pour les enfants alors que les études statistiques sur la violence et les avis des spécialistes indiquent le contraire ( cf site FSTF).
- La division du monde taurin puisque, devant une telle bévue, il a fallu que la revue TOROS essaie de rattraper les choses et lance des initiatives pour le statu quo de la législation actuelle. Au passage quelques amabilités ont été échangées et le consensus qui s'était dégagé lors de l'appel de Samadet a volé en éclat. Pour les amabilités voir le site Terres Taurines des 29 et 30 octobre ainsi que le blog de Campos y Ruedo du 2 novembre "La vieille dame" répond à André Viard.
- Un homme complètement déconsidéré, André Viard, dont la naïveté butée (ou bien l'esprit de soumission) font peine à voir.
PS En me relisant, je m'aperçois que j'ai attribué à l'actuel président de la République des pouvoirs qu'il n'a pas. Jusqu'à nouvel ordre, en effet, et bien que cela ne saute pas aux yeux actuellement, nous vivons dans un régime de séparation des pouvoirs (séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires). Le président de la République ne décide donc pas des lois, il y a des députés élus pour cela. Or il me semble que ces gens-là ont d'autres chats à fouetter. (Décidément, il va aussi falloir que les amis des bêtes se préoccupent de nettoyer la langue française de ses expressions inconvenantes!)
samedi 17 novembre 2007
Ecologie et corrida
Depuis des années, je suis frappé par le fait que, très souvent, les mouvements écologistes (ou certains de leurs leaders) et en particulier le parti des Verts qui est censé les représenter sont partie prenante (voire à la pointe) dans les luttes contre les corridas. Cela me paraît être une aberration totale et il me semble, qu'au contraire, les écologistes devraient être de fervents défenseurs de la cause taurine.
Première raison : L'existence du taureau de combat
Sans corrida, il y a belle lurette que les taureaux sauvages auraient disparu de notre planète. Leur maintien, lié au maintien de la corrida, est un gage de biodiversité.
Deuxième raison : Les élevages de taureaux de combat
Ce sont des élevages extensifs qui utilisent de vastes domaines impropres à d'autres activités agricoles rentables. Grâce à la présence des taureaux, des milliers d'hectares sont entretenus et soustraits aux risques d'incendie qui seraient très importants si ces mêmes terres, laissées à l'abandon, devenaient des friches. En outre, la présence des taureaux éloigne toute activité humaine indésirable et permet à la faune sauvage de se développer en toute liberté.
Troisième raison : La préservation d'un rapport particulier aux animaux
Il s'agit de traiter chaque espèce animale en fonction de sa nature et de ce qu'elle représente pour nous. A ce titre, la manière dont est traité le taureau de combat est exemplaire. Il est élevé durant quatre années dans une liberté et une tranquillité auxquelles bien peu d'animaux élevés sur notre planète ont droit. Il est tué avec tout le respect dû à sa nature d'animal puissant et agressif : en public et en combattant.
NB
1- Ce texte doit beaucoup aux dits et écrits de Francis Wolff.
2- Pour ceux qui avaient cru à un danger du côté du Grenelle de l'Environnement, une petite visite sur le site internet permet de se rendre compte que la corrida n'avait rien à voir dans cette affaire autrement plus sérieuse et importante, et quand bien même il en aurait été question, elle n'avait rien à y perdre et sans doute à y gagner la reconnaissance de son utilité écologique.
Première raison : L'existence du taureau de combat
Sans corrida, il y a belle lurette que les taureaux sauvages auraient disparu de notre planète. Leur maintien, lié au maintien de la corrida, est un gage de biodiversité.
Deuxième raison : Les élevages de taureaux de combat
Ce sont des élevages extensifs qui utilisent de vastes domaines impropres à d'autres activités agricoles rentables. Grâce à la présence des taureaux, des milliers d'hectares sont entretenus et soustraits aux risques d'incendie qui seraient très importants si ces mêmes terres, laissées à l'abandon, devenaient des friches. En outre, la présence des taureaux éloigne toute activité humaine indésirable et permet à la faune sauvage de se développer en toute liberté.
Troisième raison : La préservation d'un rapport particulier aux animaux
Il s'agit de traiter chaque espèce animale en fonction de sa nature et de ce qu'elle représente pour nous. A ce titre, la manière dont est traité le taureau de combat est exemplaire. Il est élevé durant quatre années dans une liberté et une tranquillité auxquelles bien peu d'animaux élevés sur notre planète ont droit. Il est tué avec tout le respect dû à sa nature d'animal puissant et agressif : en public et en combattant.
NB
1- Ce texte doit beaucoup aux dits et écrits de Francis Wolff.
2- Pour ceux qui avaient cru à un danger du côté du Grenelle de l'Environnement, une petite visite sur le site internet permet de se rendre compte que la corrida n'avait rien à voir dans cette affaire autrement plus sérieuse et importante, et quand bien même il en aurait été question, elle n'avait rien à y perdre et sans doute à y gagner la reconnaissance de son utilité écologique.
lundi 12 novembre 2007
Philosophie de la corrida de Francis Wolff (2) - citations
Voici les premières lignes du livre de Francis Wolff:
"Il s'agit d'abord d'une tentative de traduction: à défaut de pouvoir se guérir de ses passions, un philosophe doit s'efforcer de les dire dans l'idiome de la raison. Il s'agit donc aussi, pour l'auteur de ses lignes, de s'acquitter d'une dette: rendre à la corrida un peu de l'expérience singulière qu'elle offre et des mille bonheurs qu'elle lui donne en les transposant dans une langue étrangère universellement accessible, celle des concepts et des arguments. Il s'agit en somme de faire d'un objet d'amour un objet de pensée." (Avant-propos, p9)
C'est ce que le philosophe a tenté - et réussi selon moi - dans son livre ainsi que dans les conférences qu'il donne actuellement. Dernièrement à Saintsever. J'ai eu personnellement l'occasion de l'entendre à Bordeaux où il fut grandement aidé dans sa tâche par un quarteron de brigittebardots locales qui lui donnèrent la possibilité de réfuter, avec maestria et sens de la tolérance, leur moralisme bêtifiant et désinformé.
"La corrida donne à ceux qui l'aiment et la comprennent des émotions, des joies, aussi profondes et raffinées que les arts les plus esthétiquement corrects." (p 10)
"En fait, ce qui est un ''art'', ce n'est sans doute pas la corrida elle-même, c'est ce que l'on appelle le toreo, c'est à dire l'action du torero qui leurre les taureaux lorsque, équipé d'une simple cape ou d'une muleta, il en provoque et esquive les charges successives. Le toreo obéit en effet aux règles les plus classiques des beaux-arts (peinture, musique, littérature) et répond à l'exigence fondamentale de tout art humain : mettre en forme une matière. Le toreo est l'art de donner forme humaine - familière - à un matériau brut - ou du moins étranger : la charge du taureau." (p 13)
Qu'est-ce que la corrida? se demande Francis Wolff dans un prologue savoureux écrit sous la forme d'un dialogue socratique.
"Serait-ce une sorte de drame inclassable, l'ornithorynque des pratiques humaines, un défi à l'ordre établi entre jeu et sérieux, entre profane et sacré, entre représentation et réalité, entre tragédie vraie et performance plastique?" (p 15)
"Il s'agit d'abord d'une tentative de traduction: à défaut de pouvoir se guérir de ses passions, un philosophe doit s'efforcer de les dire dans l'idiome de la raison. Il s'agit donc aussi, pour l'auteur de ses lignes, de s'acquitter d'une dette: rendre à la corrida un peu de l'expérience singulière qu'elle offre et des mille bonheurs qu'elle lui donne en les transposant dans une langue étrangère universellement accessible, celle des concepts et des arguments. Il s'agit en somme de faire d'un objet d'amour un objet de pensée." (Avant-propos, p9)
C'est ce que le philosophe a tenté - et réussi selon moi - dans son livre ainsi que dans les conférences qu'il donne actuellement. Dernièrement à Saintsever. J'ai eu personnellement l'occasion de l'entendre à Bordeaux où il fut grandement aidé dans sa tâche par un quarteron de brigittebardots locales qui lui donnèrent la possibilité de réfuter, avec maestria et sens de la tolérance, leur moralisme bêtifiant et désinformé.
"La corrida donne à ceux qui l'aiment et la comprennent des émotions, des joies, aussi profondes et raffinées que les arts les plus esthétiquement corrects." (p 10)
"En fait, ce qui est un ''art'', ce n'est sans doute pas la corrida elle-même, c'est ce que l'on appelle le toreo, c'est à dire l'action du torero qui leurre les taureaux lorsque, équipé d'une simple cape ou d'une muleta, il en provoque et esquive les charges successives. Le toreo obéit en effet aux règles les plus classiques des beaux-arts (peinture, musique, littérature) et répond à l'exigence fondamentale de tout art humain : mettre en forme une matière. Le toreo est l'art de donner forme humaine - familière - à un matériau brut - ou du moins étranger : la charge du taureau." (p 13)
Qu'est-ce que la corrida? se demande Francis Wolff dans un prologue savoureux écrit sous la forme d'un dialogue socratique.
"Serait-ce une sorte de drame inclassable, l'ornithorynque des pratiques humaines, un défi à l'ordre établi entre jeu et sérieux, entre profane et sacré, entre représentation et réalité, entre tragédie vraie et performance plastique?" (p 15)
mardi 23 octobre 2007
Le prix du courage de Jean-Claude Mouchès

Ce livre, paru en 2000 aux éditions Atlantica, constitue un hommage au courage des écarteurs landais. Son auteur est un médecin de campagne aujourd'hui retraité, installé à Mugron au cœur de la Chalosse, haut lieu de la course landaise. Un médecin comme, paraît-il, on a, de nos jours, du mal à en trouver. Nos jeunes diplômés de médecine préférant les attraits de la ville ou bien le confort plus rémunérateur d'une spécialisation sans âme.
Pendant des années, le docteur Mouchès a été le médecin de service des courses de sa région. Cela lui a permis de côtoyer le monde de la course landaise de l'intérieur, de nouer des relations d'amitiés avec certains acteurs.
Dans ce livre, avec émotion et humour, il raconte la ténacité, le mépris de la douleur, la grandeur souvent mêlée de dérisoire des héros, célèbres ou obscurs, de ce jeu ancestral.
"La course landaise a toujours suscité chez moi une très forte émotion. Dès que je prends place sur les gradins et que résonne la fameuse Marche cazérienne, un mélange de peur, d'angoisse et de passion accélère mon cœur." Emotion liée à un drame d'enfance que l'auteur nous raconte dès les premières pages.
Puis ce sont des anecdotes où l'on sent la tendresse du médecin pour ses patients si peu ordinaires. Les clichés y deviennent réalité telles ces infirmeries insalubres et dénuées du moindre équipement dans lesquelles le vin blanc fait bien souvent office de principale thérapeutique.
Le livre est illustré de beaux dessins de l'ancien écarteur Vincent Iribarnégaray.
mercredi 17 octobre 2007
Zaragoza
La feria du Pilar est un véritable festival de défilés et de processions en tous genres. Offrandes de fleurs, de fruits, Rosario de cristal, gigantes et cabezudos. Le tout dans une débauche de costumes traditionnels et avec une ferveur pagano-chrétienne qui ne se dément pas. Cette année, j'ai découvert un extraordinaire groupe de derviches tourneurs de la Vierge Marie, coiffés de plumes de faisan, les chevilles entourées de grelots de bois marquant le rythme de leurs danses. Un must.
Sur le plan taurin, les cartels des deux derniers jours étaient particulièrement attrayants avec, côté bétail, la présence de l'élevage triomphateur de la San Isidro madrilène ces deux dernières années, et de la mythique ganaderia de Miura. Belle occasion de voir si Victoriano del Rio était capable de fournir deux lots de qualité dans une même temporada et de juger du niveau actuel des pensionnaires de Zahariche après plusieurs années de déclin.
Les Victoriano del Rio constituèrent un défilé de toros laids et faibles. Excluons de ce désastre ganadero le second, exception du jour, beau, brave et noble, bien qu'il soit allé a menos pour finir son combat réfugié aux tablas. Tous les autres faibles de pattes voire invalides et d'une présentation disparate. Ils furent arrastrés sous les protestations du public et le cinquième fut renvoyé aux corrals et remplacé par un pupille de El Serrano.
Quant à la corrida de Miura, ce fut un défilé de mansedumbre éléphantesque. Le ton fut donné par le premier, d'une telle hauteur que sa tête dépassait la barrière, il pouvait s'informer ainsi de tout ce qui se passait dans le callejon. Mais l'apothéose arriva avec le cinquième, un moineau gris de 702 kg qui, s'il avait eu une trompe et de grandes oreilles, aurait pu facilement passer pour un éléphant échappé du zoo de la ville. La lidia de ces deux animaux fut d'un intérêt médiocre car leur absence de caste leur faisait traîner pitoyablement leur carcasse disproportionnée et inutile. Quelques satisfactions malgré tout dans ce lot. Surtout en comparaison avec les précédentes corridas que j'avais vues de ce fer. Tout d'abord les armures étaient belles et non pas de simples moignons comme trop souvent au cours de ces dernières années. Enfin aucun ne fut invalide ni même faible de pattes. Certains eurent leur intérêt. Le second qui permit à Rafaelillo de faire une assez bonne faena. Le troisième, un vrai miura celui-ci, alla a mas et finit sa vie en sachant le grec et le latin, poussant le tendre Jesus Millan à la limite du troisième avis. Le quatrième de plus longue charge à la muleta. Mais l'impression dominante fut celle d'un manque cruel de combativité, parfaitement illustrée par le comportement du dernier toro de la feria qui passa sa vie publique à fuir le combat et à chercher la porte du toril.
En ce qui concerne les matadors, la corrida du samedi permettait de revoir Salvador Vega, un peu oublié au cours de ces dernières années. Sous la houlette de Zorita l'actuel empresa de Zaragoza, il a néanmoins réussi à toréer une quarantaine de corridas et à faire à nouveau un peu parler de lui en cette fin de temporada. Entre le numero uno El Juli et la jeunesse montante de Miguel Angel Perera, devant des toros de garantie et dans une feria de primera, le rendez-vous était important. Tout commença à merveille. Il touche le meilleur toro, le torée magnifiquement à la cape, intervient au quite, la lidia est parfaite, la faena bonne, le public conquis, les deux oreilles se profilent mais il faut tuer et Salvador ne tue pas. Tout se réduit donc à un salut au tercio avec le sentiment que le torerito de Malaga a peut-être manqué la marche qui pouvait le ramener dans le circuit des grandes ferias.
Chez les banderilleros, très bon Corruco des Algeciras de la cuadrilla de Salvador Vega, ainsi que José Mora et Pascual Mellinas de la cuadrilla de Rafaelillo qui saluèrent après avoir banderillé, sans s'émouvoir, le miura de 702 kg.
Sur le plan taurin, les cartels des deux derniers jours étaient particulièrement attrayants avec, côté bétail, la présence de l'élevage triomphateur de la San Isidro madrilène ces deux dernières années, et de la mythique ganaderia de Miura. Belle occasion de voir si Victoriano del Rio était capable de fournir deux lots de qualité dans une même temporada et de juger du niveau actuel des pensionnaires de Zahariche après plusieurs années de déclin.
Les Victoriano del Rio constituèrent un défilé de toros laids et faibles. Excluons de ce désastre ganadero le second, exception du jour, beau, brave et noble, bien qu'il soit allé a menos pour finir son combat réfugié aux tablas. Tous les autres faibles de pattes voire invalides et d'une présentation disparate. Ils furent arrastrés sous les protestations du public et le cinquième fut renvoyé aux corrals et remplacé par un pupille de El Serrano.
Quant à la corrida de Miura, ce fut un défilé de mansedumbre éléphantesque. Le ton fut donné par le premier, d'une telle hauteur que sa tête dépassait la barrière, il pouvait s'informer ainsi de tout ce qui se passait dans le callejon. Mais l'apothéose arriva avec le cinquième, un moineau gris de 702 kg qui, s'il avait eu une trompe et de grandes oreilles, aurait pu facilement passer pour un éléphant échappé du zoo de la ville. La lidia de ces deux animaux fut d'un intérêt médiocre car leur absence de caste leur faisait traîner pitoyablement leur carcasse disproportionnée et inutile. Quelques satisfactions malgré tout dans ce lot. Surtout en comparaison avec les précédentes corridas que j'avais vues de ce fer. Tout d'abord les armures étaient belles et non pas de simples moignons comme trop souvent au cours de ces dernières années. Enfin aucun ne fut invalide ni même faible de pattes. Certains eurent leur intérêt. Le second qui permit à Rafaelillo de faire une assez bonne faena. Le troisième, un vrai miura celui-ci, alla a mas et finit sa vie en sachant le grec et le latin, poussant le tendre Jesus Millan à la limite du troisième avis. Le quatrième de plus longue charge à la muleta. Mais l'impression dominante fut celle d'un manque cruel de combativité, parfaitement illustrée par le comportement du dernier toro de la feria qui passa sa vie publique à fuir le combat et à chercher la porte du toril.
En ce qui concerne les matadors, la corrida du samedi permettait de revoir Salvador Vega, un peu oublié au cours de ces dernières années. Sous la houlette de Zorita l'actuel empresa de Zaragoza, il a néanmoins réussi à toréer une quarantaine de corridas et à faire à nouveau un peu parler de lui en cette fin de temporada. Entre le numero uno El Juli et la jeunesse montante de Miguel Angel Perera, devant des toros de garantie et dans une feria de primera, le rendez-vous était important. Tout commença à merveille. Il touche le meilleur toro, le torée magnifiquement à la cape, intervient au quite, la lidia est parfaite, la faena bonne, le public conquis, les deux oreilles se profilent mais il faut tuer et Salvador ne tue pas. Tout se réduit donc à un salut au tercio avec le sentiment que le torerito de Malaga a peut-être manqué la marche qui pouvait le ramener dans le circuit des grandes ferias.
Chez les banderilleros, très bon Corruco des Algeciras de la cuadrilla de Salvador Vega, ainsi que José Mora et Pascual Mellinas de la cuadrilla de Rafaelillo qui saluèrent après avoir banderillé, sans s'émouvoir, le miura de 702 kg.
mercredi 3 octobre 2007
Loic Lapoudge champion de France des écarteurs, un écart extraordinaire de Denis Lazartigues

Le championnat de France des écarteurs constitue chaque fin de saison un moment privilégié où les meilleurs écarteurs de l'année affrontent les meilleures vaches. Et en course landaise les meilleures vaches se sont généralement les plus puissantes et les plus vicieuses. Si on fait un parallèle avec la corrida c'est un peu comme si en fin de temporada les matadors triomphateurs décidaient de mettre leur suprématie en jeu en se mesurant aux élevages les plus coriaces du campo bravo. On peut toujours rêver.
Malgré la concurrence de la coupe du monde de rugby les coursayres occupaient les trois quart des arènes de Dax. Et ils ne furent pas déçus car on assista à un spectacle de haute volée qui se termina en apothéose. Quelle caste torera chez ces écarteurs qui, malgré des tumades à faire frémir le plus endurci des légionnaires, se replacent, après s'être relevé en titubant, face à la vache qui vient de les prendre et la dominent par un écart de pure foi humaine!
Malgré la concurrence de la coupe du monde de rugby les coursayres occupaient les trois quart des arènes de Dax. Et ils ne furent pas déçus car on assista à un spectacle de haute volée qui se termina en apothéose. Quelle caste torera chez ces écarteurs qui, malgré des tumades à faire frémir le plus endurci des légionnaires, se replacent, après s'être relevé en titubant, face à la vache qui vient de les prendre et la dominent par un écart de pure foi humaine!
La domination de Loïc Lapoudge
Ce fut une course de jeunes puisque sur les 6 meilleurs écarteurs de l'année sélectionnés 4 avaient entre 20 et 22 ans. Un gage d'avenir pour la course landaise.
Rémi CORRIHONS
Le Montois n'a pas confirmé aujourd'hui sa bonne saison. Il n'a jamais réussi à se libérer et quand il a voulu tenter le tout pour le tout Siboria l'a envoyé sèchement à l'infirmerie.
Christophe DARZACQ reçut à l'issue du paseo le trophée du vainqueur de l'Escalot. Sa prestation fut pourtant bien décevante, jamais il ne réussit à se hisser au niveau d'une telle compétition.
Vincent MUIRAS commença le concours très timidement. Pour sa première participation, on le sentait concentré mais impressionné. Peu à peu il prit confiance au point de tourner quelques beaux intérieurs.
Denis LAZARTIGUES, lui aussi novice à ce niveau, montra d'entrée de jeu qu'il était un prétendant sérieux au titre. Il finit la course par un écart sublime sur lequel nous reviendrons. De la graine de champion.
Christophe MALET est un beau dauphin. Il réalisa de magnifiques intérieurs ce qui lui permit de prendre la tête du championnat à mi-parcours. Puis les touches se succédèrent, parfois violentes, et Christophe n'était plus en mesure, à la fin du concours, de lutter pour le titre.
Loïc LAPOUDGE se joua de toutes les difficultés d'une telle épreuve avec maestria -et avec le sourire. Il domina toutes les vaches (à l'exception de la corne d'or Darrigada), ne s'affola pas lorsque Chritophe Mallet passa en tête, mais plaça deux intérieurs de feu à Siboria pour assurer son emprise définitive sur le concours. Un beau titre qui en annonce d'autres.
En espérant que Benjamin de ROVERE, très grièvement blessé cette année au mois de juin, pourra disputer ses chances l'année prochaine.
L'écart de Denis Lazartigues
Il reste deux écarts à faire à Darrigada avant que ne s'achève le concours. Denis Lazartigues se présente face aux loges. La corne d'or s'élance et le catapulte dans les airs. Le choc est si violent qu'on entend son bruit sourd dans toute l'arène. Mais Lazartigues se relève et se replace, il étend son mouchoir blanc sous ses pieds. Pendant que la vache accourt à l'appel de l'écarteur, celui-ci fait un tour complet sur lui-même et au moment précis où il se retrouve face aux cornes, alors que toute l'arène le voit pris, un écart millimétré se joue de la bête. La clameur du public est immense, tout le monde est debout et l'ovation à l'écarteur interminable. Pendant ce temps Darrigada tourne dans l'arène, perdue, le mouchoir blanc de l'écarteur coincé dans un de ses sabots.
Le concours de saut
Très intéressant aussi le concours de saut avec un très beau final car les trois prétendants se tiennent dans un mouchoir de poche. Ils firent un sans- faute sur Layalie. Victoire finale de Nicolas Vergonzeanne sous une forte division d'opinion comme on les aime dans le milieu de la course landaise. Il remporte son huitième titre égalant ainsi le record de Michel Dubos.
Les résultats
Ecarteurs
1- Loïc Lapoudge 164
2- Christophe Malet 147
3- Denis Lazartigues 137
4- Vincent Muiras 131
5- Christophe Darzacq 127
Rémi Corrihons abandon sur blessure
Sauteurs
1- Nicolas Vergonzeanne 81
2- Emmanuel Lataste 80,5
3- Dominique Larié 79
4- Guillaume Vergonzeanne 77
photo: un écart de Loïc Lapoudge
lundi 1 octobre 2007
Journal SUD OUEST
Je viens de prendre connaissance de l'article publié le jeudi 27 septembre dans le journal SUD OUEST, véritable apologie des mouvements intégristes animalistes, et mon sang ne fait qu'un tour. Je prends aussitôt ma plume pour écrire au journal la courte lettre suivante:
Je trouve choquant que SUD OUEST, par la voix du journaliste Jacky Sanudo, se soit fait le porte-parole des ligues anti-corridas. Il s'agit d'une manière grossière de mépriser vos lecteurs ainsi que la culture de votre région.
Certes ça ne va pas révolutionner la rédaction du journal mais ça fait du bien.
Je trouve choquant que SUD OUEST, par la voix du journaliste Jacky Sanudo, se soit fait le porte-parole des ligues anti-corridas. Il s'agit d'une manière grossière de mépriser vos lecteurs ainsi que la culture de votre région.
Certes ça ne va pas révolutionner la rédaction du journal mais ça fait du bien.
dimanche 16 septembre 2007
Philosophie de la corrida de Francis Wolff

Je viens de terminer la lecture de Philosophie de la corrida de Francis Wolff et je suis encore sous le charme. Ce livre me paraît être le plus important ouvrage écrit sur la tauromachie en France au cours de ces dernières années.
Il est d'une rigueur d'analyse implacable et en cela il est très français. Les Espagnols qui nous reprochent d'aller aux arènes avec un livre à la main (ou dans la tête) vont avoir de nouvelles et sérieuses raisons de nous brocarder. Mais, si pratiquement rien de la corrida n'échappe au décorticage du philosophe, les propos ne sont jamais austères car toujours écrits dans un style clair et rendu vivant par des exemples pris dans l'histoire et l'évolution de la tauromachie ou dans la somme des souvenirs taurins de l'auteur. Ainsi la terrible cornada de Raul Aranda à Bilbao en 1973, l'extraordinaire poder de Chivito de Pablo Romero à Pampelune en 1981 (au passage une petite erreur, c'est Luis Francisco Espla qui lui était opposé et non José Antonio Campuzano), la mort de Carafea de Dolores Aguirre en 1996 à Nîmes, lui permettent de développer son argumentation sans le moindre ennui pour le lecteur.
Voici, en espérant mettre l'eau à la bouche de futurs lecteurs, quelques sujets traités par le livre:
- qu'est-ce que la corrida? (et qu'est ce qu'elle n'est pas)
- de nos devoirs vis à vis des animaux en général et des taureaux de combat en particulier
- pourquoi le toro meurt
- être torero
- une analyse du toreo de Paco Ojeda, de José Tomas ainsi que de Sébastien Castella et d'Enrique Ponce
- la corrida comme art et comme combat
- l'alchimie singulière du plaisir taurin.
En cette époque où les attaques contre la corrida sont particulièrement médiatisées, il est important que nous soyons capables de nous défendre. A ce titre, le chapitre 1 qui traite de nos rapports avec les animaux est une véritable mine d'arguments. La force de la pensée de Françis Wolff réside non pas dans la qualité d'arguments défensifs mais par le fait que, retournant résolument la situation, il montre en quoi les aficionados sont en réalité tout à fait exemplaires dans leurs rapports au monde animal. Le philosophe récuse le concept d'animal: "nous nous plaçons face à toutes les autres espèces, nous les baptisons globalement du même nom ''animal'', et ce faisant nous nous établissons en maîtres et législateurs d'une Nature dont nous ne ferions pas partie...Non, l' ''animal'' n'existe pas. Ce qui existe, c'est une extraordinaire prolixité de la vie, avec une prodigalité non moins extraordinaire de ce que l'on peut appeler les espèces animales, les millions d'espèces, toutes différentes, parmi lesquelles l'homme occupe une place singulière, d'où il tient sa capacité à reconnaître des valeurs et son pouvoir de s'imposer des normes." Il s'agit donc de considérer chaque espèce particulière dans sa spécificité et d'adapter notre conduite à ce qu'est chaque espèce pour nous. Ainsi nous devons être affectueux avec notre chien mais n'avoir aucune hésitation à écraser le moustique qui veut nous piquer. Quant au toro brave, "de toutes les espèces animales que l'homme s'est appropriées pour servir ses fins, de toutes les espèces qui peuplent l'imagination des hommes, un des sorts les plus enviables n'est-il pas celui de cet animal qui vit librement pour mourir en combattant? Comparez!"
Ce livre est d'une telle richesse qu'on peut l'ouvrir à n'importe quelle page et trouver dans la lecture de quelques lignes matière à réflexions personnelles. C'est pourquoi j'y reviendrai au cours de cet hiver, essentiellement par des citations.
lundi 10 septembre 2007
Corrida à Dax
Toros de VICTORIANO DEL RIO, très inégaux en volume (petit le 1, beaux le 4bis et le 6), en cornes (très abîmées celles du 2, cornicorto le 5, bien armés le 4 bis et le 5), en âge (novillos car nés en septembre 2003 les 3 et 6). Un dénominateur commun, la noblesse.
La couleur de leur devise choqua quelques âmes sensibles.
ANGEL TERUEL torée comme un señorito qu'il est. C'est propret, lisse mais sans une once d'engagement. Lors de chacune de ses faenas on aurait pu mettre un second animal entre le toro et lui. Il eut pourtant la chance de toucher les deux meilleurs toros de l'après-midi, le premier un torito à la charge inlassable, le sixième un beau novillo brave et noble, malgré cela il finit la journée avec un maigre bilan: une oreille dacquoise. Personnellement, je m'interroge sur la profondeur de sa motivation pour exercer ce métier.
Dernier paseo dans le Sud-ouest, dernière faena, dernière ovation pour le maestro CESAR RINCON. Et encore de beaux restes. Face au sérieux quatrième bis (étrangement le plus beau toro de l'encierro de Victoriano del Rio n'était que sobrero, le coaching sans doute...) il nous montra un aperçu de son talent: une série de derechazos citée de loin comme au bon vieux temps, puis, lorsque le bicho se réserva et chercha l'abri des barrières, des enchaînements bien construits en profitant de l'inversion des terrains avec, issu de sa plus pure tauromachie, un remate en forme de trincherilla. Bien sûr l'entrega des meilleures années a disparu et certaines phases de la lidia lui posent problème, en particulier tout le travail de cape ainsi que la mise en suerte à la mort. C'est pourquoi il a sans doute pris une sage décision en déclinant l'offre d'une despedida en plaza de Madrid.
ENRIQUE PONCE n'était pas venu faire de la figuration. Il repartit donc avec 4 oreilles après avoir toréé mieux que jamais. Dommage qu'il ait manqué une dimension essentielle de la tauromachie à son succès: celle du combat, de la domination et de l'émotion qui en découle. En effet son premier "adversaire" n'était qu'un novillo sans caste et son second laissait à désirer au niveau de l'armure.
jeudi 6 septembre 2007
République bananière
Vous êtes sans doute au courant qu'une coupe du monde de rugby doit se dérouler en France prochainement. Pour ceux qui voudraient y échapper (et qui le peuvent) l'Espagne avec ses ferias de septembre devrait être un havre de paix et de bonheur.
Bien conditionnée par un matraquage médiatique parfaitement organisé, la France entière s'apprête à suivre, en masse obéissante, la supercherie. Même ceux qui n'ont jamais vu un ballon ou un joueur de rugby ailleurs que sur le petit écran!
Tant pis si la moitié des équipes seraient à la peine dans notre championnat de fédérale 1.
Tant pis si une équipe de rugby d'aujourd'hui n'est plus qu'un étalage de chair artificielle, fantasme pour homos en manque de libido ou pour quadragénaires délaissées.
Tant pis si toutes les équipes jouent désormais un rugby stéréotypé dans lequel chaque essai marqué est avant tout considéré comme une erreur de la défense adverse.
Et puis, cerise sur le gâteau, voici l'équipe de France affublée d'un entraîneur qui est aussi homme d'affaire, marchand de jambon dans des spots publicitaires et sous-ministre des sports! Je vous le dis, ça sent la république bananière.
Rien que pour cela, je ne serai pas fâché que l'on se prenne une bonne ratatouille par les Argentins puis par les Irlandais.
Bien conditionnée par un matraquage médiatique parfaitement organisé, la France entière s'apprête à suivre, en masse obéissante, la supercherie. Même ceux qui n'ont jamais vu un ballon ou un joueur de rugby ailleurs que sur le petit écran!
Tant pis si la moitié des équipes seraient à la peine dans notre championnat de fédérale 1.
Tant pis si une équipe de rugby d'aujourd'hui n'est plus qu'un étalage de chair artificielle, fantasme pour homos en manque de libido ou pour quadragénaires délaissées.
Tant pis si toutes les équipes jouent désormais un rugby stéréotypé dans lequel chaque essai marqué est avant tout considéré comme une erreur de la défense adverse.
Et puis, cerise sur le gâteau, voici l'équipe de France affublée d'un entraîneur qui est aussi homme d'affaire, marchand de jambon dans des spots publicitaires et sous-ministre des sports! Je vous le dis, ça sent la république bananière.
Rien que pour cela, je ne serai pas fâché que l'on se prenne une bonne ratatouille par les Argentins puis par les Irlandais.
lundi 3 septembre 2007
Thomas Baqué apprenti rejoneador
Voici quelques photos du jeune rejoneador roquefortois Thomas Baqué, prises le 15 août 2007 dans les arènes de Roquefort lors de la novillada sans picador matinale (eral de Sol).




photos velonero





photos velonero
vendredi 31 août 2007
Aux Armes etc...
Je voudrais réagir au texte Aux Armes de Elbatacazo que je viens de lire dans le blog de Campos y Ruedos. Quelle position avoir dans le débat entre pros et antis corrida? Quelle est la meilleure façon de défendre notre passion? Le débat sur le sujet est inépuisable et vieux comme la corrida. Voici quelques réflexions en vrac.
Je suis tout à fait d'accord avec Elbatacazo lorsqu'il critique le mode de défense qui consiste à édulcorer les aspérités du combat et à n'en présenter que le côté artistique. Personnellement quand j'aborde ce sujet avec quelqu'un qui ne le connaît pas ou quand j'accompagne a los toros quelqu'un qui y va pour la première fois, j'insiste toujours sur le côté sanglant: on va voir combattre et mourir 6 toros et 6 toros qui combattent et qui meurent, ça saigne!
C'est vrai aussi que le débat avec les antis n'a pas pour but de les faire changer d'avis pas plus qu'ils ne sont en mesure de faire changer d'avis les aficionados. Mais attention danger, car le débat entre pros et antis s'adresse en réalité à tous les autres, c'est à dire à la majorité (silencieuse) susceptible de venir grossir les rangs des uns ou des autres. C'est pourquoi je pense qu'il est dangereux de laisser le monopole du discours sur la corrida aux antis.
Quelqu'un de très fort, par exemple, pour défendre la corrida (dans les discours), c'est Simon Casas. C'est, entre toutes ses activités taurines, celle qu'il sait faire le mieux. Sans doute parce que lui aussi en parle avec passion.
Pour terminer (provisoirement) voici un extrait de Mort dans l'après-midi d'Ernest Hemingway écrit en 1932 : "A en juger par l'enthousiasme que j'ai vu montrer pour la corrida sous la République, la course de taureaux moderne continuera en Espagne en dépit du grand désir de ses politiciens actuels, à l'esprit européen, de la voir abolir, afin de n'avoir plus de gêne intellectuelle à se trouver différents de leur collègues européens qu'ils rencontrent à la Société des Nations, aux ambassades et aux cours étrangères. Actuellement, une violente campagne est menée contre les courses de taureaux par certains journaux, subventionnés par le gouvernement; mais tant de gens tirent leur gagne-pain des nombreuses branches de l'élevage, du transport, du combat, de l'alimentation et de l'abattage du bétail de combat, que je ne crois pas que le gouvernement les abolira, même s'il se sentait assez fort pour le faire."
Je suis tout à fait d'accord avec Elbatacazo lorsqu'il critique le mode de défense qui consiste à édulcorer les aspérités du combat et à n'en présenter que le côté artistique. Personnellement quand j'aborde ce sujet avec quelqu'un qui ne le connaît pas ou quand j'accompagne a los toros quelqu'un qui y va pour la première fois, j'insiste toujours sur le côté sanglant: on va voir combattre et mourir 6 toros et 6 toros qui combattent et qui meurent, ça saigne!
C'est vrai aussi que le débat avec les antis n'a pas pour but de les faire changer d'avis pas plus qu'ils ne sont en mesure de faire changer d'avis les aficionados. Mais attention danger, car le débat entre pros et antis s'adresse en réalité à tous les autres, c'est à dire à la majorité (silencieuse) susceptible de venir grossir les rangs des uns ou des autres. C'est pourquoi je pense qu'il est dangereux de laisser le monopole du discours sur la corrida aux antis.
Quelqu'un de très fort, par exemple, pour défendre la corrida (dans les discours), c'est Simon Casas. C'est, entre toutes ses activités taurines, celle qu'il sait faire le mieux. Sans doute parce que lui aussi en parle avec passion.
Pour terminer (provisoirement) voici un extrait de Mort dans l'après-midi d'Ernest Hemingway écrit en 1932 : "A en juger par l'enthousiasme que j'ai vu montrer pour la corrida sous la République, la course de taureaux moderne continuera en Espagne en dépit du grand désir de ses politiciens actuels, à l'esprit européen, de la voir abolir, afin de n'avoir plus de gêne intellectuelle à se trouver différents de leur collègues européens qu'ils rencontrent à la Société des Nations, aux ambassades et aux cours étrangères. Actuellement, une violente campagne est menée contre les courses de taureaux par certains journaux, subventionnés par le gouvernement; mais tant de gens tirent leur gagne-pain des nombreuses branches de l'élevage, du transport, du combat, de l'alimentation et de l'abattage du bétail de combat, que je ne crois pas que le gouvernement les abolira, même s'il se sentait assez fort pour le faire."
dimanche 26 août 2007
Ce que j'ai vu à Bilbao les jeudi 23 et vendredi 24 août

Toros de El Ventorrillo pour Enrique Ponce, El Juli et Ivan Fandiño
Toros de Garcigrande (4) et Ortigao Costa (2) pour Enrique Ponce, Sébastien Castella et José Maria Manzanares
- des arènes pleines
- un public infumable (particulièrement le jeudi)
- des lidias catastrophiques
- la pluie tomber
- des beaux toros
- 7 toros exécrables : 3 de El Ventorrillo, 3 de Garcigrande, 1 d'Ortigao Costa
- 3 toros assez bons
Campasolo de El Ventorrillo, mobile et encasté dans la muleta d'Enrique Ponce
Dueño de Garcigrande et Animado de Ortigao Costa, combattus par Sébastien Castella
- une belle faena manquant de ligazón d'Enrique Ponce
- une valeur sûre : Sébastien Castella
- la joie d'Ivan Fandiño lors de son tour de piste une oreille en main
- un quite par gaoneras et une belle estocade du même
- une belle paire de banderilles de Juan José Trujillo
Pocas cosas.
Et samedi à 18 heures lorsque El Cid a traversé seul le ruedo gris de Bilbao, j'étais chez moi en train de bichonner mes pieds de tomates.
Lástima, otra vez sera.
mercredi 22 août 2007
Grandeur et faiblesse du sang domecq
Je viens d'assister à deux courses avec des toros d'origine domecq. La novillada du 15 août à Roquefort avec du bétail de Gallon et, le lendemain, une corrida de Domingo Hernandez "Garcigrande" à Saint Sébastien. Deux courses qui me sont apparues assez révélatrices de ce qu'est devenu aujourd'hui cet encaste.
Tout d'abord la présentation. Magnifique le lot de novillos de Roquefort. Il est difficile de présenter un lot plus homogène, aussi harmonieux de forme, avec des armures aussi bien développées. Beau et sérieux également le lot de Saint Sébastien avec cinq toros pesant entre 500 et 515 kg ce qui correspond au juste poids de cet encaste.
Face au cheval, aucun toro fuyard, presque tous poussant avec fixité, certains, en particulier chez les Garcigrande, insistant longuement dans leur poussée contre le cheval et difficiles à sortir de la pique. Des toros qui peuvent être qualifiés de braves au cheval. Il faut noter que contrairement aux Gallon, les Garcigrande bénéficièrent d'excellentes mises en suerte par les maestros (Finito de Córdoba, José Tomas, El Cid).
Enfin à la muleta, presque tous firent preuve d'une grande fixité, tous combattirent au centre sans réticence, certains avec une charge longue, en particulier les 3, 5 et 6 de D. Hernandez et sans jamais rajarse.
Jusqu'à présent nous sommes dans l'excellence mais, car il y a un mais, pour tous, une faiblesse latente ou manifeste. Des toros qui manquent de poder: aucune chute de cavalerie à signaler. Des picadors qui lèvent la pique très vite (Saint Sébastien) ou des tercios écourtés (Roquefort, 9 piques). Un invalide total (le premier D. Hernandez). D'autres dont la caste ne peut s'exprimer totalement, le sixième de l'arène basque, cité plein centre par le Cid en début de faena accourt magnifiquement mais s'affale au troisième derechazo. La plupart qu'il faut cuidar ce qui ôte beaucoup d'émotion au spectacle.
Il a donc manqué une chispa de poder aux novillos de Roquefort pour être un grand lot; je pense que les frères Gallon en sont conscients et qu'ils vont chercher à y remédier. S'ils y parviennent, ils pourraient devenir un élevage de tout premier ordre. Si l'on se fie aux bons résultats obtenus par Ricardo Gallardo avec les Fuente Ymbro, il semble que la gageure soit possible. D'autres ganaderias comme Guadaira ou Antonio Palla semblent également être sur une voie prometteuse.
Après cette rafale d'optimisme, il ne s'agit certes pas d'oublier qu'une grande partie des élevages d'origine domecq est constituée de sous-produits de la maison mère dénués de la moindre parcelle de bravoure et que ce qui intéresse le plus ces éleveurs-là, c'est de vendre en produisant des toros inodores, incolores et sans saveur.
mardi 21 août 2007
José Tomas, enfin
Jusqu'à ce jeudi 16 août à Saint Sébastien, j'avais assisté à 10 corridas où toréait José Tomas, il avait coupé 10 oreilles. A vrai dire, rien que de très banal, des prestations en demi-teinte qui m'avaient laissé indifférent, voire hostile. Aujourd'hui, j'ai enfin vu José Tomas.
En une après-midi, il a tout justifié: la passion et l'aura qui entourent son retour, l'engouement des foules, les analyses dithyrambiques sur son toreo et sa personnalité. Pourquoi?
Tout d'abord, parce qu'il s'est livré corps et âme à ses deux toros. De la première passe de cape jusqu'à l'estocade finale, il a donné le meilleur de lui-même.
Ensuite par sa personnalité extraordinaire. On le sent totalement habité par son toreo. Cela est saisissant pour nous, gens ordinaires qui contemplons le grain de folie d'un homme hors du commun. Et l'on ne peut s'empêcher de penser qu'il se situe dans la lignée des grands mystiques espagnols.
Enfin par sa technique et son inspiration. En voici quelques exemples ce jour où il eut à combattre les deux toros les moins propices au succès. Le premier était un gratteur impénitent. Or, en fin de faena, à l'issue de trois manoletines et d'un remate, le toro se trouva parfaitement cadré, à l'emplacement idéal et le maestro put l'estoquer sans un geste de plus. Ce qui constitue le nec plus ultra de la lidia et l'expression la plus parfaite de la domination d'un toro par un torero.
A son second adversaire, le début de la faena fut des plus savoureux avec au centre du ruedo et cité de loin l'enchaînement de deux molinetes différents et muy toreros, l'un belmontien (cambiado), l'autre classique (naturel).
Enfin cette dernière série de trois derechazos parfaitement enchaînés qui constituait à la fois le point d'orgue et l'aboutissement d'une faena auparavant peu brillante mais efficace puisqu'elle avait rendu cet enchaînement possible.
Un toreo que José Tomas, au-delà de son parti-pris évident de hiératisme, est capable de suffisamment maîtriser et penser pour l'adapter à la lidia de chaque toro.
Je ne sais comment le maestro de Galapagar a toréé dans les autres arènes cette année mais, à mon avis, on ne peut dans une temporada toréer ainsi plus d'une trentaine de courses au risque, comme Icare de se brûler les ailes. Poussé par sa quête d'absolu, il pourrait, oubliant qu'il y a un toro et qu'il faut le respecter, être tenté de dépasser cette ligne ténue qu'il y a, en tauromachie, entre l'Art et la Mort.
Par ailleurs, au cours de cette bonne corrida donostierra, Finito de Córdoba et El Cid se sont chargés, avec tout leur talent, de rappeler qu'il existe une autre forme de tauromachie, plus classique et tout aussi digne d'intérêt.
En une après-midi, il a tout justifié: la passion et l'aura qui entourent son retour, l'engouement des foules, les analyses dithyrambiques sur son toreo et sa personnalité. Pourquoi?
Tout d'abord, parce qu'il s'est livré corps et âme à ses deux toros. De la première passe de cape jusqu'à l'estocade finale, il a donné le meilleur de lui-même.
Ensuite par sa personnalité extraordinaire. On le sent totalement habité par son toreo. Cela est saisissant pour nous, gens ordinaires qui contemplons le grain de folie d'un homme hors du commun. Et l'on ne peut s'empêcher de penser qu'il se situe dans la lignée des grands mystiques espagnols.
Enfin par sa technique et son inspiration. En voici quelques exemples ce jour où il eut à combattre les deux toros les moins propices au succès. Le premier était un gratteur impénitent. Or, en fin de faena, à l'issue de trois manoletines et d'un remate, le toro se trouva parfaitement cadré, à l'emplacement idéal et le maestro put l'estoquer sans un geste de plus. Ce qui constitue le nec plus ultra de la lidia et l'expression la plus parfaite de la domination d'un toro par un torero.
A son second adversaire, le début de la faena fut des plus savoureux avec au centre du ruedo et cité de loin l'enchaînement de deux molinetes différents et muy toreros, l'un belmontien (cambiado), l'autre classique (naturel).
Enfin cette dernière série de trois derechazos parfaitement enchaînés qui constituait à la fois le point d'orgue et l'aboutissement d'une faena auparavant peu brillante mais efficace puisqu'elle avait rendu cet enchaînement possible.
Un toreo que José Tomas, au-delà de son parti-pris évident de hiératisme, est capable de suffisamment maîtriser et penser pour l'adapter à la lidia de chaque toro.
Je ne sais comment le maestro de Galapagar a toréé dans les autres arènes cette année mais, à mon avis, on ne peut dans une temporada toréer ainsi plus d'une trentaine de courses au risque, comme Icare de se brûler les ailes. Poussé par sa quête d'absolu, il pourrait, oubliant qu'il y a un toro et qu'il faut le respecter, être tenté de dépasser cette ligne ténue qu'il y a, en tauromachie, entre l'Art et la Mort.
Par ailleurs, au cours de cette bonne corrida donostierra, Finito de Córdoba et El Cid se sont chargés, avec tout leur talent, de rappeler qu'il existe une autre forme de tauromachie, plus classique et tout aussi digne d'intérêt.
lundi 6 août 2007
Novillada de Margé à Parentis
Parentis, grande plaza de novilladas, présentait cette année deux fers intéressants. Celui de Margé samedi, le meilleur élevage français actuellement. Celui de Raso de Portillo dimanche, la ganaderia la plus ancienne d'Espagne. Je pensais que l'existence de cet élevage était plus symbolique que réelle et je regrette de n'avoir pas eu la possibilité d'assister au combat de ces toros mythiques. En tout cas, bravo aux organisateurs pour les avoir dénichés.
Mais revenons à nos Margé qui exprimèrent encore une fois toute leur caste dans le ruedo de Parentis. Un lot irrégulier mais à l'intérêt constant, à l'exception du quatrième, un manso démotivé. Le troisième trébucha longuement à la sortie d'une forte pique ce qui incita Joselito Adame à demander le changement, mais le novillo alla a mas et sa noblesse fut difficile à canaliser en début de faena. Le sixième, un véritable bravucon, prit trois piques en rentrant violemment dans le peto (chute à la première) mais sortant seul. Au troisième tiers sa corne gauche était importante.
Joselito Adame est un véritable novillero, comme tous devraient l'être et bien peu le sont. Avec de la vaillance, du dynamisme, de l'entrega. Ce jour, les résultats furent inégaux, un peu décevants même malgré une oreille.
Le meilleur de Chechu, ce fut sa cuadrilla d'un professionnalisme rare à ce stade de la compétition. Pour le reste il est exactement le contraire de Joselito Adame.
Heureuse initiative que celle des organisateurs d'allouer une prime au meilleur picador. On vit des mises en suertes bien exécutées et quelques belles piques. Marc Raynaud empocha fort justement les 200 € pour son tercio de pique exécuté au dernier Margé. Trois piques bien données qui contribuèrent à canaliser la fougue du novillo et à le rendre plus fixe au dernier tiers.
Pour finir sur une note négative, Parentis a droit incontestablement au titre de plaza de toros la plus poussiéreuse du Sud Ouest (peut-être même du monde entier): intérieur (c'est les riches de la barrera qui en prennent le plus) + extérieur (que fait la municipalité des revenus du pétrole?) + environnement (usine aux fumées inquiétantes à proximité).
Mais revenons à nos Margé qui exprimèrent encore une fois toute leur caste dans le ruedo de Parentis. Un lot irrégulier mais à l'intérêt constant, à l'exception du quatrième, un manso démotivé. Le troisième trébucha longuement à la sortie d'une forte pique ce qui incita Joselito Adame à demander le changement, mais le novillo alla a mas et sa noblesse fut difficile à canaliser en début de faena. Le sixième, un véritable bravucon, prit trois piques en rentrant violemment dans le peto (chute à la première) mais sortant seul. Au troisième tiers sa corne gauche était importante.
Joselito Adame est un véritable novillero, comme tous devraient l'être et bien peu le sont. Avec de la vaillance, du dynamisme, de l'entrega. Ce jour, les résultats furent inégaux, un peu décevants même malgré une oreille.
Le meilleur de Chechu, ce fut sa cuadrilla d'un professionnalisme rare à ce stade de la compétition. Pour le reste il est exactement le contraire de Joselito Adame.
Heureuse initiative que celle des organisateurs d'allouer une prime au meilleur picador. On vit des mises en suertes bien exécutées et quelques belles piques. Marc Raynaud empocha fort justement les 200 € pour son tercio de pique exécuté au dernier Margé. Trois piques bien données qui contribuèrent à canaliser la fougue du novillo et à le rendre plus fixe au dernier tiers.
Pour finir sur une note négative, Parentis a droit incontestablement au titre de plaza de toros la plus poussiéreuse du Sud Ouest (peut-être même du monde entier): intérieur (c'est les riches de la barrera qui en prennent le plus) + extérieur (que fait la municipalité des revenus du pétrole?) + environnement (usine aux fumées inquiétantes à proximité).
dimanche 29 juillet 2007
Madeleine 2007 (III)
Mercredi corrida d'Adelaida Rodriguez
Corrida forte, dure, bronca. Des toros volumineux avec des grosses têtes. Bien armés, sauf les deux premiers aux pointes escobillées. Le cinquième, Acuarelo, seul toro noble de l'après-midi, tomba hélas sur un Lopez Chaves hors du coup qui le fit assassiner à la pique.
En choisissant la cavalerie Bonijol, en imposant les deux piques réglementaires, les organisateurs montois ont réellement fait progresser la feria. Public et toreros peuvent désormais mieux juger de la bravoure et de la force des toros. Je constate d'ailleurs qu'à aucun moment le grand public ou les matadors n'ont remis en cause ce principe. Pour autant, on ne peut pas dire que les toros aient été mis en valeur durant cette feria, ni que le tercio de pique soit devenu plus spectaculaire. Seule la moitié du chemin a été accomplie, il reste à convaincre les matadors de faire l'effort de mettre convenablement en suerte leurs toros. Aujourd'hui, ce fut particulièrement catastrophique. Fernando Cruz notamment a ostensiblement saboté le premier tiers du sixième toro. Il me semble que cela a contribué à refroidir -fort justement- le public à son égard. Il avait auparavant magnifiquement toréé son premier adversaire. Les gestes les plus beaux de la feria, les olés les plus profonds.
Jeudi corrida de Valdefresno
Inutile de s'appesantir sur une corrida désastreuse. Son seul point positif, la présentation.
Comme toujours dans ces cas-là, ça grogne, ça tempête, ça se déchaîne. En fin de compte ça fait sans doute du bien. Le générique d'Interville repris en cœur par le public, quel bon moment! Il y a aussi les vieilles rancœurs, les frustrations qui remontent à la surface. Les Cassandre se réjouissent, les candides jurent, pour la centième fois, qu'on ne les y reprendra plus. On cherche le coupable. De tous les noms qui sont stigmatisés, il en est un qui est souvent oublié et qui, pourtant, de toute évidence, est le véritable responsable: l'éleveur. En l'occurrence Nicolas Fraile Martin ainsi que les frères Fraile Mazas propriétaires et responsables des animaux sortis en piste ce jour. Car ce sont bien eux, jusqu'à preuve du contraire, qui ont sélectionné, nourri, élevé les apparences de toros aperçues dans le ruedo de Mont de Marsan. Honte sur eux, qu'ils ne reviennent jamais au Plumaçon! Ni ailleurs si c'était possible. Si j'étais Chopera, je romprais illico toute relation avec eux. Dans quelle merde, ils l'ont foutu!
Un dernier mot sur la piste; avant elle était trop dure, maintenant elle est trop molle! Voilà qui me permet de terminer sur un proverbe chinois. "Ne sois pas trop dur, on te casserait, ne soit pas trop mou, on t'écraserait."
Adishatz, a l'an que ven.
samedi 28 juillet 2007
Madeleine 2007 (II)
Lundi corrida de Vellosino
Une corrida typique de l'encaste sous-domecq. Pas de bravoure, pas de véritable noblesse, pas de force, bref pas de caste. En un mot, une corrida comme les adorent les vedettes de l'escalafon parce que des comme ça on peut en tuer 100 dans la temporada. Seul le premier donna quelque espoir par sa mobilité collante. Le second, invalide total, rétablit l'équilibre.

Malgré la bronca, le président se refusa à le changer, se justifiant le lendemain, dans la presse locale, en arguant du règlement. Or, que dit celui-ci? ''Le président pourra ordonner le renvoi des animaux sortis en piste si ceux-ci s'avèrent manifestement impropres au combat en raison de défauts ostensibles ou de comportement empêchant son déroulement normal" (article 85 chapitreV du règlement de l'UVTF).
Le deuxième animal de l'après-midi était manifestement impropre au combat puisqu'il n'a pas pu être combattu (2 picotazos, 1 paire de banderilles, pas de faena de muleta, le tout au milieu des affalements). Son invalidité constituait donc "un défaut ostensible empêchant le déroulement normal du combat".
Le paragraphe suivant précise: "Lorsqu'un animal deviendra inutilisable au cours du combat, de telle sorte qu'il sera nécessaire de le mettre à mort en piste au moyen de la puntilla, il ne sera pas remplacé par un autre". Cette clause de sauvegarde ne peut s'appliquer ici puisque l'animal a montré son invalidité dès sa sortie: claudication dès les premières courses et fléchissements répétés lors des passes de capes de réception données par le matador.
Ainsi, ce toro, manifestement invalide donc impropre au combat aurait du être remplacé si le règlement avait été appliqué par le président. Et il en va de même pour tous les toros invalides qui sortent dans les ruedos de France (idem en Espagne où les règlements disent la même chose).
Très grande leçon de tauromachie d'El Juli au manso et cinqueño cinquième. Leçon d'un maître, en pleine possession de ses moyens, sûr de lui. Tauromachie parfaite où se combine sobriété et pureté, domination de la bête et force de l'émotion. Le meilleur moment de toreo de la feria.
Mardi novillada de Coquilla de Sanchez Arjona
Les aficionados attendaient avec intérêt cette novillada en raison de la découverte que constituait la présentation de cet encaste rare dont la conservation dépend, entre autre, de sa capacité à intéresser le public, dans un contexte défavorable d'uniformisation des goûts. A en juger par la satisfaction des gens à la sortie, la mission est accomplie. Novillada sans temps mort, con emoción, avec des combats qui maintinrent en permanence le spectateur en éveil.
La dominante des novillos: mansos con caste, con mucho pié.
Ce qui semble caractéristique de l'encaste, pour autant que l'on puisse en juger sur une course: - une grande nervosité à la sortie qui les fait se précipiter vers tablas et burladeros et y cogner au risque de s'abîmer (déjà à Vic chez un Sanchez Fabres de même origine)
- la dureté à la mort, il est vraiment impressionnant de voir ces animaux avec une épée dans le corps continuer à courir et à chercher le combat
- le mélange de mansedumbre et de férocité, qui se traduit par des moments d'obstination dans la charge et d'autres moments de désintérêt marqués par la fuite des chevaux ou les regards vers les gradins.
On l'aura compris la partie n'était pas facile pour les toreros. Deux d'entre eux, et non des moindres, furent blessés. Le banderillero El Madrileño, en rentrant dans un burladero, fut rattrapé et accroché par le novillo qui lui infligea un coup de corne à la cuisse. Le picador Anderson Murillo souffre, lui, de plusieurs côtes cassées après avoir été déséquilibré et être tombé sur la tête du cinquième novillo.
Bravo à El Santo pour avoir montré la grande noblesse du sixième.
Je n'ai pas assisté, l'après-midi, à la corrida de Moises Fraile, ce qui m'a permis de voir enfin ce chef d'œuvre impérissable du cinéma et de l'esprit français Mais où est donc passée la 7ème compagnie? qui passait justement ce soir-là à la télé. Le repos du guerrier.
Molino cinquième toro de Vellosino
Sortie d'un Coquilla
photos velonero
vendredi 27 juillet 2007
Madeleine 2007 (I)
Devant ma feuille blanche, le stylo à la main (car avant de lancer ma prose sur l'inconnu de la Toile, j'écris pour de vrai), les réflexions sur cette feria montoise affluent de toutes parts. Avec la tentation, en bon Français cartésien, d'y mettre de l'ordre. Parler des tenants et des aboutissants, examiner les causes et les conséquences, analyser, synthétiser, bien ficeler le tout pour finalement aboutir à une imposture car rien dans la corrida, et c'est heureux, n'obéit à l'ordre cartésien.
Alors je vais suivre le fil des jours. Parler des toros, comment je les ai vus et noter quelques réflexions sur chaque course.
Avant cela, j'ai une pensée pour les aficionados montois qui se sont investis dans la préparation de cette feria. Leur déception doit être rude, mais, en toute modestie, je pense avoir trouvé la solution à leur problème. Pour monter la prochaine feria, faites donc appel à Sainte Cécilia Sarkozy! Votre succès est garanti, avec peut-être, en prime, un petit machin nucléaire pour la ville...
Dimanche corrida de Margé
Très belle présentation avec deux sardos magnifiques. Des toros fins, harmonieux, bien armés. Corrida muy encastada avec deux bons toros, le deuxième, brave, noble et mobile, son seul ''défaut'' était une charge un peu courte, le cinquième, moins brave (il sortit seul de la deuxième pique) mais à la charge longue et vibrante sur les deux cornes. A mon avis, une corrida supérieure à celle de l'an dernier ici-même. Sortis en fin de feria, ils auraient fait un tabac.
Depuis deux ans, Margé s'impose comme un élevage incontournable des corridas sérieuses en France.
A la fin de la corrida, un des sujets de discussion parmi les aficionados portait sur l'impressionnante cogida subie par Julien Lescarret au troisième toro. Avait-il commis une erreur? De l'avis général, non. A mon humble avis, les erreurs avaient été commises antérieurement au cours de la lidia du toro. Tout d'abord en ne faisant pas donner une véritable seconde pique. Julien demanda à son piquero de relever l'arme dès le contact. Certes le toro avait fait preuve de faiblesse à la sortie de la première pique, mais il avait aussi déjà montré sa tendance à donner des coups de têtes vers le haut. Ensuite en ne le châtiant pas par le bas en début de faena.
Deux excellentes piques de Rafael da Silva chez qui on devrait envoyer en stage de formation la plupart des piqueros actuels.
Jerezano cinquième toro de Margé photo Velonero
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