lundi 25 juin 2007

Corrida à La Brède

Géographiquement, La Brède est, depuis la fin (provisoire?) des corridas à Floirac, la ville la plus septentrionale de la planète des toros. A ce titre, elle mérite soutien et encouragement. Comme dans la plupart de ces lieux improbables où l'on installe une plaza portatil, l'exotisme et le pittoresque ne manquent pas. C'est ainsi que nous aurons droit à:
- un discours enflammé du maire
- une faille temporelle de vingt minutes entre le discours et le paseo (les chevaux des picadors n'étaient pas prêts!)
- un toro barbu sorti en troisième position.



Par ailleurs, vuelta al ruedo pour un très bon toro de Los Bayones auquel Julien Lescarret coupera deux oreilles.
Côté négatif, l'attitude de la cuadrilla de Fernando Cruz quémandant l'oreille pour son maestro et rabaissant par là- même celui-ci au niveau d'un torero de pueblo.

photos velonero
la Monumental de la Brède
un toro con toda su barba de Los Bayones

dimanche 24 juin 2007

Patrick Espagnet



Enfant de la rugbystique cité de Grignols (Gironde), ancien talonneur de l'équipe locale, journaliste à Sud Ouest, Patrick Espagnet a écrit peu de livres mais ils sont touchés par la grâce. C'est à lui que l'on doit le plus beau et le plus vrai livre jamais écrit sur le rugby, XV histoires de rugby (Culture Suds 2003).Un type avec qui on aurait aimé passer une nuit à parler toros et ballon ovale devant un verre de fino (souvent rempli). Mais ce ne sera plus possible car il est mort le 18 janvier 2004.

mercredi 20 juin 2007

Corrales

Son las viudas negras
crucificadas
por el cielo
Sus hocicos soplan furias
torrentes de tormenta
perdigones de furor
Parecen estúpidos y desnudos
en su prisión de piedra
Conocieron la llanura inmensa
la libertad sin alambradas
el salvajismo desgrañado
Solo les quedan las paredes y los sudores
de albañiles
flacos
su comida una cebolla
el vino claro en su glotis de pavo
Las nubes lloronas han lavado los carrillos
de su pasado
Un camión los ha bamboleado
Mañana la luz los asesinará
Están perdidos
Indios en el metro
La tierra sigue tiritando de sed
Mean
como vacas
Hasta sus proprias sombras les meten miedo
Portazos con ruidos de chatarra
Se cascan las voces
Silbidos calman y engañan
Recuerdo de galopes
Nostalgia de caballos
esos amigos esos traidores
Desamparo de abandonados
Espanto reunido de manada
El blanco de los muros es duro
La cal es viva en el ojo negro que busca
al olivo
y el alionén azul de una primavera
de alfalfa
Una mujer en el balcón entre dos tiestos
de geranios
sangrientos
observa su miseria
como un guisado cocido a fuego lento
del sol tan blanco como la leche de aquella
vaca
allí
en el país de la menta salvaje
de la yerba buena
entre la encina y el zarzal
La vaca madre de libertad
La prisión de los corrales
tan sólo es una puesta en vigilancia
Miradnos gorras
y sombreros cordobeses
Sorteadnos
A nosotros los ángeles asesinos locos de luz
A nosotros la viudas huevudas
destinos sombríos
Y nuestra vaca madre bajo la luna
de los grillos
en el fondo de un barranco
ametrallado de estrellas
de un mugido lastimero
de una ubre seca
anunciará la pena de las que ven partir
a sus hijos
a la guerra

Patrick ESPAGNET
(traduction de Marcel Antoine Bilbao)
Editions Loubatières

dimanche 17 juin 2007

Corrales

Ils sont les veuves noires
crucifiées
par le ciel
Leurs mufles soufflent des rages
des torrents d'orage
des postillons de furie
Ils ont l'air cons et nus
dans leur prison de pierre
Ils ont connu la plaine immense
La liberté sans barbelés
La sauvagerie
ébouriffée
Ils n'ont plus que les murs et leurs sueurs de maçons
maigres
Leur repas un oignon
Le vin clair dans leur glotte de dindon
Les nuages pleureurs ont lavé les joues de leur passé
Un camion les a brinquebalés
La lumière demain va les assassiner
Ils sont perdus
Indiens dans le métro
La terre toujours frissonne de soif
Ils pissent
comme des vaches
Et même leurs ombres leur font peur
Des portes claquent
dans des bruits de ferraille
Des voix s'éraillent
Des sifflets calment et entourloupent
Souvenirs de galop
Nostalgie de chevaux
Ces amis ces traîtres
Détresse d'abandonnés
Frayeur rassemblée de harde
Le blanc des murs est dur
La chaux est vive dans l'œil noir qui cherche l'olivier
et la mésange bleue d'un printemps
de luzerne
Une femme au balcon entre deux pots de géraniums saignants
regarde leur misère
comme un ragoût mijoté sur le feu
du soleil aussi blanc que le lait de la vache là-bas
au pays de la menthe sauvage
de la yerba buena
entre le chêne vert et le buisson d'épines
La vache mère de liberté
La prison des corrales
n'est qu'une garde à vue
Regardez-nous casquettes
et chapeaux cordouans
Tirez-nous au sort
Nous les anges assassins éperdus de lumière
Nous les veuves couillues
noirâtres destinées
Et notre vache mère sous la lune
des grillons
au fond d'un ravin
mitraillé d'étoiles
d'un meuglement plaintif
d'une mamelle sèche
annoncera la peine de celles qui voient partir
leurs enfants à la guerre

Patrick ESPAGNET
Les noirs
Editions Loubatières 2002

mardi 5 juin 2007

Vic 2007 les véritables triomphateurs



De ma place, tournant le dos au ruedo, j'ai pu voir les véritables triomphateurs de la feria 2007: laitues, radis, carottes, poireaux, tomates ont passé un week-end de rêve, arrosés chaque jour par des quantités incroyables d'une eau de la plus grande pureté.

photo velonero Vic desde la fila 13

lundi 4 juin 2007

Vic 2007 un millésime gâté

Même les novillos se protègent de la pluie photo Velonero

Pluie, vent, froid, toreros sin ganas ou sin oficio, tout cela a contribué à faire de cette feria un des pires millésimes de ces dernières années.

Le trophée au meilleur toro a été attribué au novillo Nicotina d'Adelaida Rodriguez (voir palmarès).

Avec le temps, le public vicois ne s'est pas amélioré. Entre autochtones avinés et ayatollahs m'as-tu-vu venus de loin, la masse des bons aficionados baisse la tête et ravale sa honte d'entendre tant de propos irrespectueux et méprisants. Assurément le pire public de France.

vendredi 1 juin 2007

Vic 2007 les toreros



Bien qu'il soit sorti chaque jour des chiqueros vicois un nombre non négligeable de toros toréables, voire même nobles, le résultat artistique de la feria n'est pas brillant, c'est le moins qu'on puisse dire.

Les satisfactions
SANCHEZ VARA s'est montré à son avantage. Sa présence dans la lidia, en particulier l'excellence de ses mises en suerte au cheval, sa technique sûre qui lui a permis de dominer sans dommage les Barcial (oreille du troisième) pourraient faire de lui un torero de Vic.
EL FUNDI n'a sans doute plus le rayonnement d'il y a quelques années mais il a maintenu son cartel et, grâce à une estocade sui generis, a coupé l'oreille du toro de Juan Luis Fraile.
Après une temporada 2006 mi-figue, mi-raisin, Julien LESCARRET a surpris beaucoup de monde par son engagement serein et réfléchi face au toro peu évident de Valverde. La mise à mort reste son point faible.
Bonne nouvelle, Fernando CRUZ semble parfaitement remis de sa grave blessure de Valence. Même si sa muleta fut souvent accrochée par ses deux Margé, sa tauromachie de verdad monta aux gradins avec force. Les vedettes ont tout intérêt à le cantonner le plus longtemps possible dans les corridas dures!

La despedida
Appelé à saluer au début de la corrida, Denis LORE fit des adieux en harmonie avec sa carrière dans le Sud-Ouest: en demi teinte, sans peine ni gloire, a medio gas...


Les échecs
J'écris ces lignes alors que je viens de prendre connaissance de la tarde héroïque de RAFAELILLO à la San Isidro face aux redoutables Dolores Aguirre. Je dois dire que je suis stupéfait par cette information. Comment ce pauvre Rafaelillo, en perdition totale face à un bon toro de Barcial, a-t-il pu faire face trois jours plus tard aux terribles mansos de la banquière de Bilbao? Grandeur de la tauromachie ... ou bien calcul médiocre, car il me vient à l'idée que l'échec de Vic n'était peut-être que simulation destinée à éviter de prendre des risques avant le rendez-vous madrilène.
La tauromachie de Luis VILCHES qui était, il l'a montré plusieurs fois à Vic, à la fois artistique et dominatrice a considérablement baissé de niveau. Il fut, le matin de la concours, un vulgaire pegapases.
Un qui ne s'améliore pas non plus, c'est Luis Miguel Encabo. Ses sempiternelles séries de derechazos sur le voyage du toro ne passent plus la rampe. Il subit un échec total à chacun de ses Margé et finit l'après-midi sous les sifflets. A son crédit, la présence dans sa cuadrilla de l'excellent picador Rafael da Silva.
D'Ivan FANDIÑO on pourrait dire qu'il possède une très grande marge de progression et qu'il se montra courageux.
Juan José PADILLA remplaçait Antonio Ferrera. Son attitude fut telle qu'on ne devrait plus le revoir de sitôt à Vic. A quelque chose malheur est bon! Il semble avoir contaminé Morenito d'Arles qui se montra lui aussi imbuvable.
LOPEZ CHAVES passa quasiment inaperçu. Il abdiqua rapidement face au cinquième,ce qui lui valut des sifflets. A noter à ce toro un bon tercio de piques de Francisco Javier Gonzalez.
La feria se termina sur les trois avis reçus par Mehdi SAVALLI qui vit donc rentrer au toril Gañaflero, un bon toro de Charro de Llen. Il avait moins poussé que ses frères au cours de trois piques mais avait fait preuve d'une bonne noblesse sur les deux cornes. Visiblement Mehdi n'était pas prêt pour cette épreuve. Il douta tout au long de la course et perdit pied lors de l'ultime mise à mort. Ce qui m'inquiète, c'est que cette faiblesse morale (et physique) au moment de l'estocade semble habituelle chez lui. Sans que cela n'eût de conséquences aussi fatales, il avait montré le même comportement l'an dernier à Bordeaux Floirac (novillada de El Palmeral en mai) et à Roquefort (novillada de Yonnet en août). Comme il n'émarge pas dans la catégorie des toreros artistes, il ne peut pas trop se permettre ce genre de renoncement s'il veut continuer dans la carrière. A lui d'en prendre conscience et à son entourage de l'aider à franchir un cap difficile que tout torero est amené à rencontrer un jour ou l'autre. Les aficionados lui donnent rendez-vous dans quelques années, en ces mêmes arènes de Vic, pour une revanche.