dimanche 19 septembre 2021

Chasse

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   La journée de manifestations des chasseurs a été un franc succès. Même la presse parisienne, semblant découvrir la lune, en a parlé. La journée a marqué les esprits ... et a sans doute fait frémir de rage bon nombre d'animalo-écolos. A neuf mois des présidentielles, elle était parfaitement bien placée pour rappeler aux candidats le poids du vote du monde rural, un monde trop souvent méprisé par les élites citadines. Bonne idée aussi que ces gilets oranges qui sonnaient comme un avertissement.
   C'est au nom de la culture, de la culture humaniste qu'il faut défendre la chasse aussi bien que la tauromachie comme le rappellent avec justesse Francis Wolff dans Sud Ouest dimanche  et Pierre Vidal dans son éditorial sur Corrida Si.
 

Photo : Laurent Teilhet Sud Ouest
 

mercredi 15 septembre 2021

Peralta

 



 















Samedi 11 septembre    Peralta (Navarre)   Plaza de toros municipal
beau temps
faible entrée

Six novillos de Santafé Marton (6 piques, inégaux) pour Daniel de la Fuente (une oreille, une oreille), Jorge Martinez (salut, salut) et Manuel Perera (deux oreilles, une oreille).

Contrairement à la Castille qui a vu à partir du mois d'août une reprise foisonnante des activités taurines, la Navarre, pourtant terre taurine de tradition, est restée beaucoup plus discrète. On peut penser que la rigidité des autorités régionales n'a pas aidé à la reconstruction. Dans la plaza de Peralta un cerbère de la police navarraise piste ceux qui ont osé tomber le masque et les oblige à le remettre sous peine d'exclusion.
Les novillos de Santafé Marton, d'origine domecq, sont élevés à quelques encablures de Peralta. Ils sont bien connus dans le Sud-Ouest. On les y voyait fréquemment en novilladas non piquées avant que les élevages français, par leur qualité, ne les supplantent. Le lot du jour est correctement présenté. Une mobilité meuglante et parfois désordonnée leur permet de surmonter une faiblesse latente. A l'exception du 2, invalide et du 6 que la faiblesse conduit à se réserver, ils permettent aux novilleros de s'exprimer.
Daniel de la Fuente, natif de La Puebla comme un certain Morante, semble toréer pour son plaisir. Il est débordé par la mobilité du premier qui touche sans cesse sa muleta mais réussit à se centrer avec le 4 qu'il torée avec une élégance distanciée.
Le Murciano Jorge Martinez, passé par l'école taurine d'Almeria, est précédé d'une réputation flatteuse pour avoir gagné, cette année, le concours de novilladas piquées andalouses. Il ne peut rien face à l'invalide second mais nous régale au cinquième novillo d'une faena classique composée essentiellement d'excellentes séries de naturelles terminées par des pechos de piton a rabo. Il lui reste encore à apprendre à tuer.
Manuel Perera arrive diminué d'une novillada matinale à Molledo, Cantabrie où il s'est fait prendre durement. Il torée sans chaquetilla et en pantalon vaquero et marche avec difficulté. Malgré cela, il se livre à fond et nous offre une tarde complète. La liste des qualités dont il a fait preuve ce jour est impressionnante : dynamisme, répertoire large aussi bien à la cape qu'à la muleta, bonne technique, souplesse et sens du rythme, matador efficace et engagé. Tout cela expliquant largement sa première place actuelle à l'escalafon des novilleros. On ne peut que souhaiter qu'il ne perde ni son entrega ni sa fraîcheur. L'art taurin a besoin de toreros dans son style.

mardi 14 septembre 2021

Villaseca de la Sagra

 
 


 



 

















 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Vendredi 10 septembre 2021    Villaseca de la Sagra (Tolède)  Plaza de toros La Sagra
très beau temps
deux tiers d'arène

Six novillos de Baltasar Iban (8 piques, muy encastados, vuelta au 2 et au 3) pour Ignacio Olmos (silence, salut), Victor Hernandez (salut, silence) et Isaac Fonseca (deux oreilles, palmas).

Les novillos de Baltasar Iban ont mis le feu aux arènes de Villaseca de la Sagra. Quelle caste ! Quelle bravoure ! Une novillada sans le moindre temps mort qui a captivé le public de bout en bout. Un regret : qu'un président, sans doute ennemi du tercio de piques, en changeant plusieurs fois prématurément le tiers, n'ait pas laissé la possibilité aux novillos d'exprimer pleinement leur bravoure face aux picadors. A la muleta, des charges codiciosas et répétées qui transmettent l'émotion nécessaire au spectacle de la corrida. Et lorsqu'ils touchaient la muleta, des coups de tête violents mais qui jamais ne les conduisaient à se réserver. Le deuxième Arbolario, poussant magnifiquement à la pique puis d'un allant inépuisable, et le troisième Fusilito, de grand tempérament, accomplirent un tour de piste post-mortem, de même que le mayoral à la fin de la course.
Pour les novilleros la tâche était ardue car ils se retrouvèrent face à des adversaires qui permettaient beaucoup mais pardonnaient peu.
Le Tolédan Ignacio Olmos a peu toréé bien qu'il ne soit plus un débutant. Il fut complètement débordé par la caste du premier mais réussit au quatrième quelques bons passages de toreo classique.
Victor Hernandez n'a jamais baissé les bras mais il a fini l'après-midi hébété, sans avoir jamais pu réellement prendre le dessus sur ses novillos.
Avec le Mexicain Isaac Fonseca ce fut tempérament contre tempérament. Faena d'émotion et de transmission au 3, débutée à genoux (arrucina incluse) et poursuivie par de belles naturelles. Bernardinas sans l'épée pour finir et estocade entière. Deux oreilles. Ce fut plus irrégulier face au dernier, le seul qui se réserva un peu.
Au final salida a hombros de Fonseca et tour de piste du mayoral, juste conclusion d'une tarde d'une vibration (hélas) inaccoutumée. Que reviennent plus souvent les Baltasar Iban !

lundi 13 septembre 2021

Albacete

 





 



 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 9 septembre 2021      Albacete 
beau temps
demi-arène (trois quarts autorisés)

Six toros de Victoriano del Rio (7 piques et 1 chute, encastés) pour Diego Urdiales (salut, silence), Miguel Angel Perera (salut, une oreille) et Gines Marin (salut, salut).
 
Au pays de la coutellerie, outre l'importante feria taurine, les festivités en l'honneur de la Virgen de los Llanos comprennent une immense fête foraine et une exposition artisanale dans le Recinto Ferial. Le tout à deux pas de la plaza de toros. Cette année la fête foraine bat son plein mais les centaines de stands de l'exposition sont restés vides.
Avec la crise du coronavirus, la foi envers la protection attribuée aux innombrables vierges espagnoles semble connaître elle aussi une crise. Pour preuve, l'apparition d'un nouveau gri-gri, le masque, qui est porté avec assiduité par la population, dans la rue comme à la plaza de toros.
Les toros cinqueños de Victoriano del Rio sont bien présentés. Aucun n'est réellement brave mais tous possèdent un fond de caste qui permet un après-midi sans ennui.
L'actuation de Diego Urdiales est en demi-teinte. Le Riojano reste toujours maître de la situation mais sans vraiment chercher à imposer son toreo face à deux toros broncos.
Miguel Angel Perera est l'auteur d'une faena complète à son premier adversaire. Après un début avec des cites de loin, il raccourcit les distances au fur et à mesure qu'il établit sa domination sur le toro pour finir par une séance de toreo de proximité qu'il affectionne. L'échec à la mort le prive d'un succès important. Bonne faena encore à l'imposant cinquième qu'il torée avec temple et sitio. Oreille.
Gines Marin fera preuve durant toute la soirée d'une activité notable, tant à la cape qu'à la muleta, à la recherche d'un succès qui ne viendra pas en raison de ses échecs répétés avec les armes tauricides. Face au troisième, un manso puissant auteur d'un batacazo, il se croise et finit par imposer sa domination au rétif bicho. Faena variée et pleine d'entrega au dernier mais nouvel échec à la mort qui le prive de récompense.


 

dimanche 12 septembre 2021

Retrouver l'Espagne

 
   Après deux ans d'absence, retrouver l'Espagne est un vrai plaisir. Les odeurs sont parfois âcres. Les paysages de septembre, après trois mois d'été torride, sont désolés. Mais au fur et à mesure que l'après-midi s'avance, une agitation gagne le tour de la plaza de toros, la rumeur enfle, elle devient brouhaha. On peut fermer les yeux : on sait que l'on est en Espagne. Bientôt, sur le sable de l'arène, un homme vêtu de lumière affrontera le noir toro d'Espagne. Tout peut recommencer.    
   Un changement pourtant : la majorité des personnes que l'on croise porte un masque sur le visage. Inutile en revanche d'exhiber à tout moment un laissez-passer sanitaire, le concept, ici, n'a pas cours. A chacun ses us et coutumes.
   Notre périple devait commencer à El Casar dans la province de Guadalajara pour une corrida de Victorino Martin. A notre arrivée, la taquilla affiche victorieusement ''Entradas agotadas". Un panneau qui réjouit l'aficionado ... sauf lorsqu'il en est la victime. Il faut sans tarder mettre en place le plan B et filer dare-dare à Albacete qui se trouve à trois heures d'autoroute. On y donne la première corrida de la feria.
   Nous arrivons à temps pour honorer d'une minute de silence le maestro Pedres, l'un des meilleurs toreros albaceteño, décédé la veille. Le lot de Fuente Ymbro est magnifique (tous ont cinq ans bien sonnés) mais manso décasté. Finito de Cordoba entend une belle bronca à son premier. Daniel Luque torée avec professionnalisme et Juan Leal, dans son style, montre de l'assurance dans deux faenas adaptées au comportement querencioso de ses toros.
 

 




















   Albacete est une ville étrange. Comme mise à l'écart, oubliée. Lorsqu'une manne céleste a fait pleuvoir charmes et richesses sur l'Espagne bien peu de choses sont tombées sur elle.