lundi 24 décembre 2012

Quelques novilleros de la temporada


Juan Leal
l'espoir






Martin Escudero
classique



















Imanol Sanchez
macho baturro




















Ivan Abasolo
macho vasco








































photos velonero 
            Leal et Escudero à Captieux
            Sanchez  et Abasolo à Orthez

dimanche 16 décembre 2012

Julien Lescarret















Lorsque j'ai vu Julien Lescarret pour la première fois il toréait en non piquée. Il venait de la toute proche Haute Lande, était fils de médecin. On se disait voilà un fils de riche qui se passe un caprice, l'an prochain on n'entendra plus parler de lui; mais on trouvait ça sympa qu'un fils de médecin de Pissos, lycéen à Bordeaux, ait le désir de devenir matador plutôt que guitariste dans un groupe de rock. Moins branché mais plus original.
L'année suivante il était toujours là, en piquée cette fois. On avait envie de lui faire la leçon, de lui rappeler qu'un fils de bonne famille se doit de poursuivre des études sérieuses au lieu de faire le saltimbanque devant des toros. Oui mais, c'est qu'il était loin d'être ridicule, le petit : un bon bagage technique, de la finesse dans les gestes et du courage. Des succès répétés dans les principales plazas du Sud Ouest en témoignent. Je me souviens de deux belles faenas dans l'arène de Roquefort. Et en plus pas prétentieux pour deux sous, ne jouant pas les divas des ruedos. C'est là que tout a basculé, que tout le monde, ici, a pensé qu'il pouvait vraiment devenir un professionnel compétent et respecté.
Une carrière de 10 années de matador de toros a suivi. 10 temporadas, 100 corridas, des hauts et des bas. Les bas ce sera par exemple ces deux échecs qui empêcheront Julien d'intégrer les cartels de luxe. En 2006 à Mont de Marsan face à des Javier Perez Tabernero nobles et mobiles qui offrent un triomphe à Enrique Ponce, le Landais balbutie son toreo et ne peut donner la réplique au maestro de Chivas. Quelques années plus tard, à Dax, un nouvel échec face à un excellent sobrero du conde de Mayalde restera une épine plantée dans le pied du torero.
Mais les succès ne manquent pas. En 2004, dès sa présentation à Vic comme matador de toros, il coupe une oreille à chacun de ses Escolar Gil et sort en triomphe de la plaza gersoise. Attentif à mettre en valeur ses adversaires, lidiador intelligent, bon capeador, muletero inégal mais vaillant, c'est du côté des corridas toristas que Julien Lescarret déploiera sa carrière jusqu'à ce final heureux en cette année 2012 à Mont de Marsan lorsqu'il renouvelle le triomphe face aux Escolar Gil lors de la mémorable corrida de clôture de la Madeleine.
Entre ces deux dates, ses affrontements avec les Miura furent pour le torero des moments importants. Pour Pâques 2009, en Arles, il découvre le fer de Zahariche. Il n'hésite pas à citer son toro salinero de très loin pour des naturelles magnifiques. C'est le miel du succès. L'année suivante à Béziers il a rendez-vous avec un miura cauchemardesque. Même adoucies par le filtre de la télévision et du différé, les images du combat, que l'émission Signes du Toro nous a offertes, sont saisissantes : le torero  semble un fétu de paille face à la puissance et à la malignité d'un des toros les plus dangereux qui soit. Peu de matadors, même (et surtout) parmi les plus huppés, peuvent s'enorgueillir d'avoir affronté un tel fauve et d'en être venu à bout. C'est là tout l'honneur et toute la gloire d'une carrière irréprochable.



mercredi 5 décembre 2012

Cadeau

J'aime beaucoup recevoir des cadeaux sur le thème taurin. Particulièrement lorsqu'ils viennent de gens totalement étrangers à cette culture. Dans ce qui, pour les offrants, n'est peut-être qu'une simple facilité, j'y vois, moi, une reconnaissance de mes goûts et de ma personnalité. Un cadeau réussi.
Il n'y a pas si longtemps, donc, je reçois un livre énorme intitulé Castella. Hasard des corridas et des temporadas, j'ai peu vu le maestro de Béziers et jamais dans ses plus grandes journées. C'est donc à travers cet ouvrage hagiographique que je l'ai vraiment découvert. Les éditeurs ont fait du bon boulot : belles photos de la Colombienne Olga Holguin, textes intéressants de José Carlos Arevalo, Victor Duisaba et Jacques Durand, dessins de Robert Ryan, le tout parfaitement édité par Actes Sud.
Les photos, outre la finesse des traits et des gestes, assez facile à capter chez Sébastien, mettent en évidence la sincérité du torero. Les textes analysent son toreo et son inéluctable ascension jusqu'à ses grands triomphes sud américains et madrilènes qui ont fait de lui une figura de la tauromachie actuelle. Il est "comme un acteur destiné à être un galant, mais qui veut représenter des rôles ayant du caractère",  écrit José Carlos Arevalo. C'est sans doute pour cela qu'il faut le voir dans ses places fortes (Madrid en particulier) et face à des toros de verdad. Ce qui est certain, c'est que plus j'avançais dans la lecture du livre, plus j'étais saisi du désir de le voir toréer. Me voici donc devenu, par la grâce d'un livre, un admirateur virtuel du matador français ... en espérant que la temporada prochaine me donne l'occasion de l'apprécier dans toute sa réalité.
 On l'aura compris, le livre est absolument indispensable pour tout fan ou groupie du torero.


dimanche 25 novembre 2012

En relisant Claude Popelin (4)

Estocade  Dans toutes les estocades la réussite veut qu'on perde un instant de vue la tête du taureau et qu'on se fie presque automatiquement au dominio pris sur lui. La lidia et son enchaînement rationnel au cours des trois tercios de la corrida visent d'ailleurs à un tel résultat final. Dans ce sens, l'estocade peut être tenue pour la clé de voûte de l'art du toreo. Aussi proclame-t-on qu'elle est "la minute de vérité". (...)



Clé de voûte

dimanche 18 novembre 2012

Toréer Wall Street




















Toréer Wall Street ce n'est pas une mince affaire. A défaut de bravoure et de noblesse le taureau a du poder et beaucoup de vice.
L'association Strike Dept qui lutte contre l'endettement ne manque donc pas de courage et a le bon goût d'utiliser le thème taurin dans ses affiches de propagande.
Pendant ce temps, en Espagne, un mot que l'on croyait oublié est réapparu à la une : desahucio (expulsion).


samedi 10 novembre 2012

Hommage à El Fundi

En guise d'hommage à la carrière du maestro de Fuenlabrada ces quelques extraits de réseñas parues dans la revue Toros ou le journal Sud Ouest, qui tentent de mettre en lumière, au gré de sa carrière, la somme des qualités de l'homme et du torero.


Mais El Fundi plonge une fulminante entière soulevant l'enthousiasme avec un cartilage, fleurs et désir de le revoir. (Georges Lestié, Vic, 1990, Cuadri)

Osons le dire, El Fundi mérite plus de considération et une meilleure position dans la hiérarchie taurine. Son courage, sa clairvoyance et son sens affirmé de la lidia ont encore fait la différence. (Joël  Bartolotti, Arles, 1993, Miura)

Il obtint l'oreille de son second toro devant lequel la plénitude de ses capacités de lidiador ne fut pas de trop. La faena concise - devant ces animaux il n'y a plus de pegapases - eut le mérite d'aller  a mas sur les deux cornes. (Jean-Marie Fontanille, Bilbao, 1995, Miura)

Vinrent ensuite des somptueuses séries de naturelles, parfaitement croisé, aguantant les retours de charges, templant muleta basse, courant la main autant qu'il est possible, et rematant loin derrière la hanche, et..."por debajo de la pala". (Frédéric Bruschet, Nîmes, 2004, Miura)

A bord du vaisseau amiral, le commandant José Pedro Prados alias "El Fundi", vétéran de la canonnière du Yang-Tsé-Kiang, lardé de cornadas et de médailles. (...) Trois séries au centre, plus naturelles que leur définition, des aidées par le bas, le manche tenu d'un doigt, un brelan d'afarolados précéderont une estocade à démâter la flottille ennemie. (Zocato, Vic, 2004, corrrida-concours)

S'imposer en douceur à un animal qu'il ne faut pas trop contraindre, à l'aide d'un toreo savant et à mi-hauteur avant de pouvoir baisser la main, implique une maîtrise consommée. (Joël Bartolotti, Arles, 2008, Miura)

Sa rigueur et sa probité lui ont valu, ce jour encore, un succés mérité et important en cette plaza de primerísima qu'est et demeure Séville, avec une vuelta au toro d'ouverture et une oreille au 4. (Joël Bartolotti, Séville, 2008)

L'incontournable El Fundi, sobrement parfait dans les deux premiers tiers, et supérieurement professionnel par la suite, est sorti une fois de plus en triomphe de son jardin gersois. (Bernard Feurer, Vic, 2008, Margé)
























Hommage  lors de sa despedida arlésienne



lundi 5 novembre 2012

Bilan 2012

Ma corrida rêvée

6 toros de José Escolar Gil
Javier Castaño
Ivan Fandiño
Alberto Aguilar


Les toros d'Escolar Gil ont été à l'origine de trois corridas françaises mémorables, de celles qui laissent des traces profondes dans une vie d'aficionado et qui fomentent l'aficion : l'encerrona de Fernando Robleño à Céret, la corrida de clôture de la Madeleine à Mont de Marsan et la corrida du 12 août à Dax. Ils sont solidement installés à la place qu'occupaient il y a quelques années les Victorino Martin, lesquels ont connu cette année un renouveau certain de même que les Cebada Gago.
Et les Fuente Ymbro ne sont pas mal non plus. Le lot quasiment parfait de Mont de Marsan restera lui aussi dans les mémoires. Par son sérieux Fuente Ymbro est devenu la ganaderia imprescindible de toutes les ferias françaises et espagnoles de catégorie. Et je ne sais par quelle alchimie Ricardo Gallardo est capable de répondre à la demande aussi bien au niveau du trapío que de la caste.

Chez les matadors aussi  cette année on se bat pour rentrer dans mon rêve. Mais, c'est étrange, je n'ai vu s'approcher aucune silhouette de los del G10. Les figuras ne feraient-elles plus rêver? Seul José Maria Manzanares, en fin de saison, après plusieurs mois d'inactivité en raison de ses problèmes récurrents de main, a tenté un moment d'y pénétrer à la suite de son triomphe sévillan de la San Miguel. Mais lorsqu'il a vu les toros il s'est discrètement effacé. Il faut reconnaître que, dans un tel cartel, il déparerait.
Ivan Fandiño, lui, y avait sa place réservée. Quel plaisir d' avoir pu déguster, tout au long de la temporada, les saveurs authentiques que le maestro nous a offertes: sincérité, entrega, dominio, pundonor!
Javier Castaño était en concurrence avec Fernando Robleño. La qualité de sa cuadrilla est un atout maître pour le salmantin.
Alberto Aguilar représente l'avenir. Il a sans doute franchi un palier au cours de la saison. Plus mature, plus dominateur mais toujours aussi sincère et assoiffé de triomphe. Sa faena et son coup d'épée face au terrifiant sixième Escolar Gil de Dax resteront pour moi un des moments les plus forts de la saison.

Cette année, après une temporada qui a connu, en France, de nombreuses tardes de haut niveau, ma corrida rêvée a un goût très marqué de réel... Sommes nous sur la bonne voie et est-ce la fin des rêves?

2011



dimanche 21 octobre 2012

En relisant Claude Popelin (3)

Hemingway, Ernest (1898 - 1961)  Le célèbre auteur américain, prix Nobel de littérature, aura été aussi un très grand aficionado. [...]  Il découvrit, à fréquenter le milieu des toreros, un plaisir jamais démenti et qui lui valut de rassembler des notations d'une grande richesse, avec lesquelles il composa son Mort dans l'après-midi, sans aucun doute le meilleur ouvrage d'initiation à la corrida, paradoxalement dû à une plume américaine.


Paradoxe apparent uniquement car on peut penser que c'est sa condition d'étranger qui lui a permis d'avoir un regard décalé sur la corrida en même temps qu'elle l'obligeait à un effort considérable pour mieux en pénétrer les arcanes.




Quelques citations de Mort dans l'après-midi


dimanche 14 octobre 2012

Juli au pied du mur?

El Juli semble mal dans sa peau de torero. Certes il triomphe un peu partout - encore que son mois de septembre ait été très médiocre - mais ses dernières déclarations montrent qu'il supporte mal les échecs. Sa volonté de puissance, sans doute mal orientée par ses conseillers (on attendait mieux d'un type comme Roberto Dominguez), l'a conduit ces derniers temps à de graves errements. Partout où il torée, il impose les toros les plus petits, les moins armés, les plus décastés. En outre, en période de crise économique extrêmement grave qui touche de plein fouet le peuple espagnol, il a mené, avec le défunt G10, un combat indécent pour la revalorisation des cachets et des droits télévisuels des figures.
Sur le sable de l'arène son plus grand problème ne vient certes pas des toritos qu'il affronte mais plutôt de ses compañeros. Il en est toujours un plus artiste (Morante), plus élégant (José Maria Manzanares), plus sincère et plus pur (José Tomas), plus valeureux (tous ceux qui affrontent les toros dont il ne veut pas). Ça fait mal.
Pour l'instant, sa tentative d'affronter des encastes variés s'est soldée par un échec. Blessure face à un Salvador Guardiola à Madrid, échec face aux Miura à Valence. Si sa volonté de lidier des Santa Coloma a connu quelques succès épars (très grande tarde face aux San Martin à Mont de Marsan) elle n'a abouti à rien de bien probant si ce n'est, effet pervers déplorable, à inciter le señor Conradi à réduire la caste de ses La Quinta. Enfin, il n'a pas vu la couleur d'un toro de Victorino Martin depuis 2006.
On le voit, El Juli a encore beaucoup à prouver.
Bornera-t-il ses ambitions à la médiocrité triomphante de ces dernières temporadas?
Est-il capable d'affronter des toros plus encastés?
... La réponse en 2013?

mercredi 3 octobre 2012

Vincent MUIRAS champion de France des écarteurs!


Qui aurait pensé que derrière ce trophée tant convoité pût un jour se trouver la bonne bouille de Vincent Muiras? Et pourtant, en ce dimanche 30 septembre, dans les arènes d'Aire sur Adour, il a conquis de haute lutte et sans une once de contestation le titre de champion de France à l'issue d'un concours comme on les aime c'est à dire avec une dernière partie pleine de rebondissements.
L'écarteur de Mimbaste n'est pas, on le sait, un styliste et, jusqu'à ce jour, il ne passait pas non plus pour être fin stratège. Mais, à regarder de près sa carrière, on s'aperçoit que, depuis six ans, il a participé à tous les championnats de France et a été souvent présent dans les principaux concours. Il a donc accumulé une expérience qui lui a permis, ce jour, de rester en embuscade jusqu'à la sortie d'Ibaneza et, tel le loup sortant des bois, de donner à la corne d'or deux intérieurs magnifiques dont un en sortie de loge. Exploit parfait qui lui permettait de remporter le titre au grand dam de Mathieu Noguès, alors en tête et pris sèchement par la même Ibaneza sur l'intérieur de la dernière chance. Gaëtan Labaste avait quant à lui dominé les débats durant les deux-tiers de la course avant de perdre ses chances à la suite de deux dures tumades sur des tentatives d'intérieur.
Au final la joie communicative du champion faisait plaisir à voir.

Les résultats :
1- Vincent MUIRAS  156 p
2- Mathieu NOGUES  150 p
3- Loïc LAPOUDGE  139,75 p
4- Gaëtan LABASTE  137,75 p
5- Ludovic LAHITTE  130 p
6- Alexandre DUTHEN  125 p

Chez les sauteurs :
1- Louis ANSOLABEHERE  74,50 p
2- Fabien NAPIAS   70 p
3- Guillaume VERGONZEANNE  68.50 p
4- Dominique LARIE  64.50 p
 
La présence de Naranka (Deyris) a considérablement renouvelé l'intérêt du concours de saut qui atteint avec elle une grande intensité. Aujourd'hui, seul Ansolabéhère réussit à la passer à pied joints.




photos Velonero
la dernière, intérieur de V. Muiras à Anoëta de Deyris

dimanche 30 septembre 2012

Craquements

En ce moment en Espagne c'est pas le Pérou. Chaque aficionado se rendant dans les plazas espagnoles l'aura constaté à la vue des vides de plus en plus grands sur les gradins. C'était particulièrement frappant à Bilbao.
Au delà du petit monde de la corrida, la crise économique semble exacerber ou révéler bien  des problèmes de l'autre côté des Pyrénées. Dans Médiapart le journaliste Ludovic Lamant en fait une analyse sans concession. Voici le lien, piqué sur un blog pour  une  lecture  plus  facile :

Ludovic Lamant - En Espagne le socle politique de l'après-Franco est en train de craquer.


NB : La judicieuse affiche du toro transformé en mouton, reproduite dans l'article, ne manquera pas d'évoquer, pour les aficionados, l'état du toro dans bien des arènes d'Espagne... et de France.



dimanche 23 septembre 2012

Sagesse

J'apprends en parcourant, sur internet, presse généraliste et sites taurins que les vieilles badernes du Conseil constitutionnel auraient, dans leur grande sagesse, "décidé que les corridas pourraient continuer en France"!
Comme si la tauromachie avait besoin pour exister de l'aval de ces honorables messieurs et dames.
Croit-on un seul instant qu'une décision négative aurait entraîné l'absence de corridas l'an prochain dans notre pays? Plus de feria de Nîmes, de Dax, de toros en Vic etc.
Bien sûr il aurait fallu se battre, manifester, désobéir. L'histoire de la tauromachie en France est pleine de ces choses-là. Et la corrida n'a pas attendu la loi de 1951 pour avoir pignon sur rue dans le sud de la France.
Dans l'aventure il y aurait sans doute eu des violences, des morts peut-être. Heureusement nous n'en sommes pas arrivés là. Au contraire, grâce à la sagesse des vieilles badernes et, une fois de plus, grâce à l'action des anti-taurins la corrida sort, sans coup férir, renforcée de la question.
Dont acte.

mercredi 12 septembre 2012

En relisant Claude Popelin (2)

Voici ce que dit Claude Popelin à propos de la bravoure :

Étymologiquement, le terme de bravo désigne l'animal d'un naturel sauvage, par opposition au domestique, qualifié de manso. Sur le plan tauromachique, bravoure est synonyme d'instinct offensif de l'animal. ...
La bravoure a ses degrés. Ainsi distingue-t-on couramment le taureau bravo, le bravito, moins affirmé dans son attaque, le bravucon, taureau plus fanfaron que véritablement agressif, le tardo, long à s'élancer. S'il montre un grand style dans ses assauts contre le picador (épreuve la plus manifeste de bravoure) et soutient ce rythme jusqu'à l'arrêt du premier tercio, c'est qu'on se trouve devant un taureau dit de bandera [drapeau]. Il est alors habituel d'honorer son éleveur par un tour de piste du cadavre du taureau, qu'ordonne le président.
Le seul fait pour une bête d'avoir eu de l'allant et de la noblesse au cours de la faena ne suffit pas à la faire qualifier de bandera, si elle n'a pas poussé à fond sous la pique. La confusion du public est ici fréquente.La récompense, qu'il réclame pour l'éleveur, a souvent moins le caractère d'un hommage à l'authentique bravoure, que d'une prime à la maniabilité.

Aujourd'hui, surtout dans les arènes de village, c'est souvent l'indulto qui constitue une prime à l'allant et à la noblesse. Certains petits penseurs de la tauromachie voudraient appeler cette maniabilité "bravoure intégrale" mais, si l'on considère que, la plupart du temps, le toro n'a pris qu'une seule pique, il serait plus logique de l'appeler "bravoure désintégrée".


mardi 28 août 2012

Plat de résistance

Après les apéritifs et amuse-gueules des jours précédents, le plat de résistance (unique) c'était dimanche, avec les Victorino Martin, que Bilbao le servait.
Pour moi, devant mon petit écran, il faisait figure de surgelé tournant au fond du micro-onde.

J'ai pourtant vibré avec ce toisième toro, si difficile à canaliser. Pensez donc : 4 piques et frais comme un gardon, courant dans tous les sens, chargeant, se collant, se retournant, crochetant! Face à lui Bolivar n'a pas fait le poids et a été sifflé. Mais c'est au moment de l'arrastre que c'est produit l'inattendu : une ovation spontanée et nourrie du public bilbaino a salué la dépouille du malotru. A la télé Moles a failli s'en étrangler et le lendemain, dans les gazettes, les commentateurs les mieux pensants s'en sont offusqués.
Etait-il tauromachiquement correct ou incorrect d'applaudir Esotérico? La question prête à débat, mais ces applaudissements avaient un sens : "en vendant si chèrement ta peau, tu as joué ton rôle de toro et tu nous as fait vibrer, bravo!"
D'ailleurs, pour que la balance soit équilibrée, ce même public a ovationné de la même manière Plebeyo, le second toro de Bolivar dont la noblesse était si grande que, par deux fois, il a planté ses cornes dans le sable à la pousuite de l'étoffe.
Et c'est toute la richesse des Victorino Martin d'offrir dans une même corrida une si grande variété de comportement.

Ce qu'a fait (et subi) Diego Urdiales tout au long de la tarde relève à la fois de la chanson de geste, du miracle et de l'art le plus pur. Diego Urdiales ce jour face aux victorinos c'est la tauromachie dans ce qu'elle a de plus grand, de plus profond, de plus enthousiasmant.

lundi 27 août 2012

Trois jours de domecqs à Bilbao




Au programme de ces trois jours passés à Bilbao trois corridas avec des toros d'encaste domecq : Nuñez del Cuvillo, Jandilla, El Pilar. Belle occasion de faire le point sur ces élevages dans une arène où l'on peut supposer que les ganaderos présentent ce qu'ils ont de mieux.

En préambule il est nécessaire de préciser que, durant ces trois jours, le tercio de pique a été réduit à la portion congrue : 2 piques rarement, 1 pique et 1 picotazo dans la majorité des cas, 2 picotazos parfois. Les mises en suerte ont été effectuées au plus près du picador, parfois en ne respectant même pas le second cercle concentrique : on sent bien que tout est verrouillé afin que ni le toro, ni le picador ne puissent voler la vedette au matador figure.

NUNEZ DEL CUVILLO est un des meilleurs élevages de ces dernières années et l'un de ceux qui produisent le plus (plus de 100 toros lidiés chaque année). L'an dernier, ici-même, le lot s'était avéré excellent et Cacareo auquel Morante avait coupé deux oreilles est resté dans les mémoires.
Le lot de cette année est bien présenté, dans le type de l'élevage, c'est à dire avec des cornes très développées et astifinas mais léger de chair (moyenne 536 kg), de robes variées : 2 colorados, 2 castaños, 2 negros. Leur comportement est en adéquation avec leur physique : ils sont vifs, nerveux, mobiles, mais manquent de puissance et de fond. Du champagne de supermarché un peu éventé. Un lot très inférieur donc à celui de l'an dernier, qui a toutefois permis une tarde entretenida mais sans possibilité de toreo hondo.

Le lendemain les JANDILLA, propriété de Borja Domecq et maison mère de l'encaste domecq avec JPD, sont d'un type très différent. Tous noirs, bas et profonds (typés La Corte), bien armés, d'un promedio de 542 kg. Peu présents à la pique, ils font preuve d'une bonne noblesse au troisième tiers mais leur manque de fond les fait très vite aller a menos. Ce sont des toros de media-faena. Jandilla : un terroir de grand cru sur lequel on produit du beaujolais.

Jeudi voici venu le tour des toros d'El PILAR, les domecqs de Salamanca qu'élève Moisés Fraile. Lot très inégal où le minable côtoie l'excellent. Au physique, plus hauts que leurs cousins des jours précédents (promedio 549 kg). Trois negros, deux colorados, un castaño. Le premier bis est un laideron, le 4 et le 6 en revanche de grand trapío. A noter que le 4 était le toro de réserve et que, hier comme aujourd'hui, le plus beau des sept toros amenés par l'éleveur s'est retrouvé sobrero...
La corrida débute au plus mal avec un premier toro invalide et changé. Le 4 passe donc en 1, il est laid et faible. Mais trois toros vont relever le niveau ganadero : le 2 est un vrai bon toro de troisième tiers comme tout bon torero (El Juli en l'occurrence) rêve d'en toucher dans une arène aussi importante que Bilbao. Le 4 (sobrero) est un toro fort et imposant qui chasse Padilla à la sortie d'une paire de banderille et lui fait un coup de barrière. Sombrero le 6 enfin est, de loin, le meilleur toro de ces trois jours : il pousse fort et longtemps sous la première pique en mettant les reins, au troisième tiers il a une charge puissante et longue sur les deux cornes. Il meurt en brave, résistant jusqu'à son dernier souffle et est arrastré sous une grande ovation. L'encierro du jour est bien à l'image de la ganaderia : on y trouve le meilleur de ce que produit l'encaste domecq mais aussi la lie. Me reviennent en mémoire, pour le pire, l'infâme corrida de l'an dernier à Dax et, pour le meilleur, un grand toro à Zaragoza devant lequel Morante, alors en début de carrière, avait obtenu un triomphe d'anthologie.

Ivan FANDIÑO a confirmé son excellente temporada. C'est le torero à voir absolument cette année. Il fut largement supérieur à ses deux Jandilla. Son toreo a toutes les vertus : sincère, templé, lié; ses pecho sont d'anthologie et ses coups d'épée excellents. Oreille - oreille.
El JULI a été au début de l'année le dindon de la farce indécente jouée par le G10 lors de la renégociation des droits télévisuels. Il y a puisé une soif de triomphe se traduisant dans l'arène par une débauche d'énergie qui, compte tenu de ses capacités techniques, ne peut conduire qu'au triomphe. Ce fut le cas à Bilbao. Jeu varié à la cape, faenas construites à partir de séries de passes longues, templées et liées, données avec le compas très ouvert, final par culerinas suivi de julipiés traseros. Un procédé totalement maîtrisé qui permet une connection parfaite avec le public... et avec le toro. Une oreille d'un Nuñez del Cuvillo, deux oreilles d'un El Pilar.
Comme bien souvent avec MORANTE DE LA PUEBLA on dut se contenter de pinceladas de arte.
Il me semble que David MORA ne rentre plus dans le terrain du toro comme il lui est arrivé de le faire les années précédentes, que son toreo est devenu un peu plus mécanique. Conséquence logique : un moindre écho dans le public et un travail qui a tendance à s'effilocher. Une oreille toutefois d'un Jandilla.
Il y a longtemps que je n'avais pas vu El CID avec autant d'envie de toréer. Deux médiocres Jandilla ne permirent que des détails mais il m'a donné le désir de le revoir.
Alejandro TALAVANTE a été la grande déception de la feria. Sans âme, sans saveur, sans fil conducteur. Face à l'excellent Sombrero (de l'amer pour la circonstance) il ne dut qu'à sa vaillance et à une entière d'effet rapide de couper une oreille car il fut toujours en dessous du brave animal, son actuation tournant même souvent à la torchonnade.
Juan José PADILLA profita du capital sympathie que sa terrible cornada de l'an dernier lui a acquis et eut la sagesse ne pas dépasser les limites qui auraient pu le mettre en danger.

Public bienveillant et présidence normale.

Pour être complet sur cette revue des domecqs de Bilbao, le lundi les Fuente Ymbro étaient, d'après la presse, excellemment présentés et âpres et vendredi les Juan Pedro Domecq fades et sans intérêt.
 5 corridas sur 8 de même origine... Ça fait beaucoup, non?

dimanche 19 août 2012

Un vent nouveau

Après les ferias de Mont de Marsan et de Dax il semble qu'un vent nouveau est en train de souffler sur l'aficion. Un vent rafraîchissant qui pourrait aussi être un vent régénérateur.

Premier événement  Les matadors vedettes (los del G10) sont venus avec leurs petits toros sous les bras et sont repartis sans le moindre triomphe. Aucune passion, aucune admiration suscitées. Non parce qu'ils sont de mauvais toreros ou qu'ils sont dans un mauvais moment mais parce que les toros qu'ils emmènent avec eux sont des toros sans intérêt devant lesquels leur technique et leur art ne trouvent pas à s'employer. Des toros sans caractère, sans défauts, sans qualités, sans incertitudes. Venant tous du même encaste (domecq) et des mêmes élevages qui ont réussi à créer cette chose sans nom qu'ils vendent sous l'appellation commerciale "toros de combat". On en est arrivé à un tel point que même les toros de certains élevages de même origine sont ostracisés (Fuente Ymbro, Torrestrella par exemple) pour la simple raison qu'ils ne sont pas entièrement sûrs : il en sort parfois un difficile.

Deuxième événement  Dans ces deux ferias, trois corridas magnifiques qui ont fait l'unanimité. Des toros con trapío avec de la caste, de la bravoure, de la noblesse (Fuente Ymbro, Escolar Gil). Des matadors valeureux, dominateurs, artistes. Des spectateurs qui ont vécu des moments extraordinaires et qui sont sortis des arènes ivres de bonheur et d'émotion.

Dax, une corrida étalon   A ce titre, la corrida d'Escolar Gil de Dax me paraît avoir une valeur exemplaire. Une sorte de corrida étalon (dans le sens du fameux mètre étalon du Pavillon de Breteuil) et, pour Dax, une corrida refondatrice à l'aune de laquelle peuvent réapparaître les valeurs taurines de base.
Car, qu'avons-nous vu en ce dimanche 12 août? Tout simplement une bonne corrida telle que l'on devrait en voir régulièrement. En fait, une corrida normale (faisons abstraction de l'armure du 6, exceptionnelle) aussi bien du point de vue de la qualité du bétail que de celle des hommes. Une corrida qui respecte les principes éthiques de la tauromachie. Éthique qui veut, il est bon de le rappeler, que l'homme ne s'estime en droit de tuer l'animal qu'au péril de sa propre vie. Et ce fut bien le cas avec des toros con trapío mais d'un poids raisonnable et adapté (500 kg), disposés à se battre (braves) et avec les moyens physiques pour le faire. Des toros qui, face aux leurres, n'étaient pas faciles dès le début mais sont tous allés a mas dès lors qu'ils étaient bien lidiés et toréés, mettant ainsi en valeur les qualités des toreros... et justifiant leur cachet. Et dans le public émotion, admiration, enthousiasme.
Au final, une corrida exceptionnelle par sa rareté (surtout dans une plaza comme Dax) mais paradoxalement normale puisque tout ce qu'on y a vu correspondait aux canons de l'authenticité tauromachique, et donc exemplaire et, à ce titre, devant être prise pour modèle de ce que l'on doit chercher à reproduire dans l'avenir...

Et demain?   Bien sûr il ne faut pas rêver. Il faudra du temps, il faudra d'autres corridas comme celle que l'on vient de voir pour changer en profondeur les goûts du grand public et de certains aficionados. Il faudra que les ganaderias qui élèvent les véritables toros de lidia maintiennent le cap, que de nouvelles émergent. Il faudra aussi, c'est indispensable, des toreros capables. Nous avons la chance - et c'est une heureuse nouveauté - d'avoir actuellement au moins une demi-douzaine de matadors susceptibles d'actuer au plus haut niveau avec ces toros. Citons-les : Diego Urdiales, Fernando Robleño, Javier Castaño, Sergio Aguilar, Ivan Fandiño, Alberto Aguilar, David Mora. D'autres évidemment peuvent et doivent se rajouter. Seule la conjonction des deux (toros et toreros) peut provoquer ce sentiment de bonheur, cette plénitude émotionnelle qu'apporte une véritable corrida de toros.
Alors le public verra la différence entre une corrida et sa parodie, et figuras et ganaduros seront obligés de changer leurs habitudes sous peine de se voir marginalisés. Il faut rêver...

vendredi 17 août 2012

Fernando Cruz

Des mois d'attente, d'espoirs déçus, de promesses oubliées.
Petits boulots, petite vie mais pleine d'un grand rêve.
Et puis la date fatidique tombe : mercredi 15 août, Madrid, toros de Gavira.
Les deux toros de la dernière chance.
Le soir sera plein de la douceur du triomphe ou de la douleur d'une chambre d'hôpital. Il n'y a pas d'autre alternative car le pire serait qu'il ne se passe rien : silence et silence.

On sait ce qu'il advint.
Fernando Cruz jusqu'à ce jour n'a pas été un torero chanceux. Pourtant de nombreux aficionados savent qu'il est torero, tout simplement, et croient encore en lui.
Une autre opportunité lui a été promise.
Que celle-ci ne soit pas prématurée et qu'elle soit la bonne, pour que le rêve, enfin, devienne réalité!








photos : - JMSV tirée de son blog Larga cambiada
              - Velonero

mercredi 8 août 2012

Vu à Dax


















Rassurez-vous, braves gens, il ne s'agit pas des toros que Ponce, le Juli et Luque affronteront samedi prochain à Dax.
Les toros que vous voyez ici (on peut cliquer sur la photo pour l'agrandir) viennent de Lanzahita (Avila) et sont marqués du fer de José Escolar Gil; ils seront combattus le lendemain par Fernando Robleño, Javier Castaño et Alberto Aguilar.
Un cartel qui pourrait être vicois... Une inflexion dans la politique taurine dacquoise?
La seule chose l'on peut dire, en tout cas, à ce jour, c'est qu'il y a du bois sur les têtes!

Photo Velonero

dimanche 5 août 2012

Riscle : Coquillas de caste mais le pompon au Bonnet

5 novillos de COQUILLA de SANCHEZ ARJONA, bien présentés, de jeu irrégulier mais encasté.
Noble le 1.
Manso le 2.
Braves et nobles les 3 et 4, deux bons novillos qui poussèrent dur sous deux piques et gardèrent tout leur allant au troisième tiers.
Incertain le 5.
Au final toutefois les Coquillas furent un peu éclipsés par l'excellent sobrero du Lartet (élevage gersois des frères Paul et Jérôme Bonnet) qui remplaçait un Coquilla invalide. Ce novillo, à l'armure magnifique, montra d'entrée sa franchise et sa vivacité à la cape. Il poussa fièrement sous la pique. Une seule hélas! car l'innocent Blanco demande le changement que le président - sans reproche jusque là - accepte. Au troisième tiers, il fera preuve, dans ses charges toujours renouvelées, d'un son extraordinaire. Un véritable stradivarius qui donne envie d'envoyer à la déchetterie tous les synthés couinants que l'on veut habituellement nous faire passer pour des toros "de classe". Face à ce toro de feu, Roberto BLANCO, apprenti plein de bonne volonté, récita ses gammes avec plus ou moins de bonheur alternant séries magnifiques et désaccords dangereusement cacophoniques. Une oreille et une oreille pour lui au bilan de la journée.
Emilio HUERTAS, appliqué mais un peu distant resta en dessous des possibilités de ses adversaires. Silence, une oreille.
Juan LEAL fait, lui, figure de surdoué. Il fut, et de loin, le plus mal servi mais réussit à améliorer ses deux novillos ce qui en dit long sur ses capacités. Silence, une oreille.
Et vuelta finale pour l'inattendu Lartet en espérant que le campo gersois recèle d'autres pépites de cet acabit.

NB Il y a deux ans de cela, je n'aurais pas fait le déplacement jusqu'à Riscle mais aujourd'hui, grâce à la nouvelle autoroute qui va jusqu'à Pau, Roquefort est à une heure de Bordeaux, Aire une heure et demi, Riscle et Garlin une heure trois-quart.
Avec, en outre, l'impression que l'autoroute a été construite rien que pour nous. Sur les 100 km retour de l'A63 j'ai, en tout et pour tout, doublé une caravane, ai été doublé par un 4x4.

mercredi 1 août 2012

Coquillas en Riscle

Parmi les encastes minoritaires qui luttent pour éviter de se faire gober par l'ogre Domecq celui de Coquilla est actuellement l'un des plus fragiles.
En 2009 les Sanchez Fabres n'ont dû qu'à la forte mobilisation des aficionados d'éviter la disparition.
Cet hiver Mariano Cifuentes, dans un moment de désespoir, a envoyé son élevage à l'abattoir.

Outre Sanchez Fabres (Salamanca) on ne trouve plus aujourd'hui de bétail de cette origine que dans des élevages très marginalisés dans le circuit taurin :
   El Añadio (Jaen)
   La Interrogacion (Salamanca)
   Coquilla de Sanchez Arjona (Salamanca)

Grâce à l'association Tendido risclois aidée par Stéphane Fernandez Meca, c'est précisément ces derniers que l'on pourra voir combattre le samedi 4 août à Riscle dans le Gers.




18h30
novillos de Coquilla de Sanchez Arjona
Emilio Huertas - Roberto Blanco - Juan Leal









Bon an, mal an de 3 à 12 novillos ont été lidiés avec picadors ces dernières années par cet élevage. La plupart du temps avec un comportement encasté donnant des tardes intéressantes. Me reviennent en mémoire la novillada de Roquefort en 2010 et celle de Mont de Marsan en 2007.

samedi 28 juillet 2012

Trois jours de toros (3)


















3- Dimanche, Tyrosse

Il paraîtrait que nos figurettes actuelles ne sont pas chaudes pour affronter les toros de leur ancien confrère Joselito. C'est pourtant du domecq mais celui-ci serait piquant. Et bien c'est vrai! Après cette corrida tyrossaise, on peut l'affirmer : les domecqs de Joselito ont du piquant.
Juste ce qu'il faut pour mettre en valeur des matadors courageux et dominateurs comme Ivan Fandiño.
Juste ce qu'il faut aussi pour confirmer à El Fundi que la décision de mettre un terme à sa carrière était une sage décision.
Le cas de Manuel Escribano est plus complexe. Voilà un torero qui a un besoin absolu de triompher s'il veut continuer son chemin. Doté d'un fort tempérament et de belles qualités physiques, il pourrait occuper la place laissée libre par un certain Juan José Padilla depuis que celui-ci, en compensation de l'âge et du sang versé, se voit proposer de partager l'affiche et le bétail des figurettes. Pour prendre cette place il faut prendre les risques qui vont avec - Manuel Escribano, au vu de son actuation tyrossaise, semble prêt à le faire - mais sans se faire prendre. Or en ce dimanche, par deux fois, Manuel Escribano s'est fait prendre. D'abord à son premier adversaire sur un quiebro cité assis à l'estribo, puis à son second adversaire sur une gaonera. De la chance, du talent, de bons conseils, Manuel Escribano aura besoin de tout cela pour réussir dans la dure voie qu'il a  choisie.



















Photos : dernier paseo français pour El Fundi
              Manuel Escribano, fin de combat

vendredi 27 juillet 2012

Trois jours de toros (2)






2- Samedi, Orthez

Je me suis régalé tout au long de la novillada matinale.
Des novillos légers mais avec du nerf, de la vivacité dans la charge, de la bravoure aussi pour certains et même de la noblesse. De bons représentants du rare encaste Veragua que l'on retrouve au Portugal chez Fernando Palha.
Et deux novilleros atypiques, peu chargés en effluves andalouses mais que l'on sent prêts à bouffer du toro même si celui-ci est coriace.
Imanol Sanchez est un maño macho. Il tomba sur les deux plus difficiles et s'en dépétra comme il put.
Ivan Abasolo, natif d' Orduña dans la province de Biscaye est sérieux et sincère comme son compatriote Ivan Fandiño. Face aux novillos offrant le plus de possibilités il fit preuve d'un bon bagage technique qui lui permit de couper deux oreilles.

L'après-midi les toros portugais de Veiga Teixeira étaient tous d'une grande beauté.
Des sorties magnifiques pleines de feu, de la bravoure au cheval atténuée par de longues hésitations avant de s'élancer, puis ils s'éteignirent inexorablement au dernier tiers.
Avec à la clef la question fatidique : comment expliquer  ce comportement de toros qui vont systématiquement a menos?
- un excès de piques?
Possible car beaucoup en prirent trois et la plupart en poussant fort donc en laissant beaucoup d'énergie sous le peto. Toutefois ceux qui n'en prirent que deux ne furent pas plus mobiles pour autant au troisième tiers. Je pense en particulier au cinquième.
- la faute des toreros?
Oui en ce qui concerne Paulita torero de gestes (torero pour photographe) mais sans emprise sur la charge du toro.
Non pour les deux autres. Robleño réussit à dominer le 1 seul manso (con casta y mucho peligro) de la tarde mais ne put rien tirer du 4. Quant à Serafin Marin il parvint à tirer le maximum de la petite charge de son premier adversaire.
- un bravoure incomplète?
Un signe qui pourrait aller dans ce sens : leurs longues hésitations à se lancer à l'assaut des piqueros. Cette hypothèse serait aussi celle des ganaderos, me souffle le lendemain XK rencontré à Tyrosse.

Cartels originaux, toros magnifiques, tercios de piques soignés; je découvrais Orthez et déjà j'ai envie d'y retourner...

mardi 24 juillet 2012

Trois jours de toros

Trois jours de toros, trois jours d'émotion, de passion, de découvertes.

1- Vendredi, Mont de Marsan

Dans une temporada les grandes courses complètes sont peu fréquentes. Celle-ci, assurément, en fut une; elle restera gravée dans le souvenir des spectateurs présents ainsi que dans les annales du Plumaçon.
Il est rare, en effet, de voir sortir des chiqueros six toros aussi beaux, expression parfaite du trapío du toro brave espagnol.
Et cinq sur six braves et nobles dont trois que l'on peut qualifier de supérieurs.
Vraiment Ricardo Gallardo peut être fier du travail accompli. Sur un terrain (domecq) où d'autres ne produisent qu'un infâme brouet incolore, inodore et sans saveur, il a réussi, en une vingtaine d'années, à créer un grand cru classé de haut niveau.

On ne peut demander à Matias Tejela plus qu'il ne peut donner. Son toreo, joli mais superficiel, pèse peu sur les toros. Aujourd'hui pourtant, face à Jazmin, il a su trouver l'accord rêvé, il a réussi à atteindre cette harmonie que l'on appelle, en tauromachie, le temple.

Ivan Fandiño a construit face à Señorio une grande faena, toute entière dans le même terrain comme savent le faire les grands maîtres. Une faena si impérieuse qu'elle a contraint son adversaire, très réservé dès sa sortie, à se livrer de plus en plus et finalement à dévoiler sa grande caste.

Deux reproches peuvent être fait à David Mora. Le premier est de n'avoir pas mis en valeur l'excellent Cazador au premier tiers. Le second d'avoir perdu le fil de sa faena après un début grandiose par doblones majestueux et derechazos de clameur cités de loin. Est-ce le toro qui alla a menos ou le torero qui manqua d'arguments? Toujours est-il que la faena perdit de son intensité et ce qui était parti pour un triomphe de puerta grande se termina avec une seule oreille.

Un joli nom "Jazmin", trois piques prises avec bravoure, une noblesse extrême. Un indulto.
Ce ne fut pas, pour moi, l'événement de la journée, le vrai événement ce fut la grande corrida de FuenteYmbro et trois toreros qui, chacun dans son style, se la jouent face à des adversaires braves et imposants.

...Trois piques quand même... Que les futurs prétendants ne l'oublient pas!

lundi 16 juillet 2012

En relisant Claude Popelin

La tauromachie, ouvrage sous forme de dictionnaire encyclopédique paru pour la première fois en 1970 et plusieurs fois réédité depuis, reste aujourd'hui encore avec Le taureau et son combat un des meilleurs bouquins d'initiation à la corrida. Outre ses qualités didactiques, il possède un charme - peut-être dû aux remarquables photos noir et blanc (toujours accompagnées d'un commentaire judicieux) - qui continue à opérer sur l'aficionado bien longtemps après la première lecture. Si la clarté de son contenu   permet aux néophytes de mieux pénétrer les arcanes sophistiqués du combat taurin, il fait preuve d'une richesse suffisante pour que des aficionados de muchas temporadas y trouvent aussi de quoi alimenter leur passion.
Voici par exemple ce que dit Claude Popelin pour le mot abrir :

[ouvrir] Le torero "ouvre" le taureau, quand il l'éloigne de la barrière; il le "ferme" [cerrar] quand il l'en rapproche. Il faut de toute nécessité "ouvrir" le taureau qui, par sa force ou sa violence de charge accule dangereusement l'homme contre la barrière. Il est non moins nécessaire de "fermer" un animal distrait ou hésitant à prendre la pique, tout comme celui qu'on se propose de banderiller ou de toréer,  en début de faena, au fil de la barrière.
 Ces déplacements de la bête s'inspirent autant de la nature de son tempérament que de l'impératif du combat. Les toreros, dans leur vocabulaire professionnel, se servent volontiers des expressions à l'extérieur [por fuera] et à l'intérieur [por dentro] pour désigner respectivement la direction du centre de l'arène ou celle de la barrière. Ils peuvent donc aussi bien dire "Sors le taureau à l'extérieur" qu' "Ouvre-le", ou  "Amène-le à l'intérieur", que "Ferme-le".

Avec ce paradoxe que, si dans une arène l'extérieur est situé vers le centre et l'intérieur vers la barrière, il s'agit exactement de l'inverse des représentations habituelles de ces mots.

On pourrait croire que face au toro innocent et décasté que certains éleveurs essaient de produire ces notions sont devenues obsolètes. Pourtant la tragique actualité nous en rappelle l'importance. Je pense à la terrible cogida que vient de subir ce grand torero qu'est El Chano, justement lauréat du prix Claude Popelin il y a une dizaine d'années. Sa présence a tant de fois illuminée les nombreuses novilladas et corridas auxquelles il a participé dans notre sud-ouest  qu'on lui souhaite de tout notre cœur de recouvrer l'usage de ses jambes. Mucho ánimo maestro.

mardi 10 juillet 2012

Expertise des cornes 2011

L'UVTF a rendu public au mois de juin (mieux vaut tard que jamais) les résultats de l'expertise des cornes de la temporada 2011.
Rappelons le principe : dans les arènes de 1ère catégorie adhérentes à l'UVTF, après chaque corrida, 2 paires de cornes sont prélevées puis analysées.
Il semblerait que cette démarche porte ses fruits puisque cette année un seul toro a été reconnu afeité sur ses deux cornes (toro de Miura à Béziers).
Toutefois un sérieux bémol doit être apporté à cette apparente satisfaction lorsque l'on s'aperçoit que, parallèlement à la baisse du nombre de cornes afeitées, le nombre de toros déclarés arreglados par les éleveurs est en très nette augmentation. 38 pour la temporada 2011 contre 25 en 2010 et 24 en 2009. Si l'on considère que la pratique de l'arreglado est exactement la même que celle de l'afeitado on ne voit pas clairement le progrès. L'arreglado ne se justifie que s'il reste exceptionnel mais lorsqu'il atteint les proportions actuelles il n'est ni plus ni moins qu'une forme d'afeitado déguisé.
Nombre de toros arréglés par arène :
Dax : 11
Béziers : 10
Bayonne : 6
Arles : 6
Vic Fezensac : 3
Mont de Marsan : 2

Honneur enfin aux élevages qui ont fait courir dans nos arènes des toros ni afeités ni arréglés :
Garcigrande
Alcurrucen
Flor de Jara
Cebada Gago
Joselito
Margé
Vegahermosa

samedi 30 juin 2012

2012 Corridas en Catalogne

Et oui, il y a toujours des corridas en Catalogne!

La traditionnelle feria de Céret aura lieu  le week-end du 14 juillet :

Samedi 14 juillet 18h
cor.  José Joaquin Moreno de Silva
El Fundi - Javier Castaño - Serafin Marin

Dimanche 15 juillet  11h
nov.  José Maria Escobar
D. Martin "El Dani" - Emilio Huertas - Imanol Sanchez

18h
cor.  J. Escolar Gil
Fernando Robleño (unico espada)























Corrida aussi en septembre
Samedi 15 septembre
cor. Prieto de la Cal
Marc Serrano - Javier Castaño - Serafin Marin

En août très intéressant cartel à Millas
Dimanche 12 août
nov. José Joaquin Moreno de Silva
Sergio Flores - Javier Jimenez - Fabio Castañeda

dimanche 24 juin 2012

Toros en La Brède













Toros de Baltasar Iban pour Antonio Nazaré (silence - silence), Arturo Saldivar (une oreille - silence) et Thomas Dufau (deux oreilles - une oreille).
Trois-quart d'entrée (une importante rencontre européenne de pousse-citrouille avait retenu devant le petit écran quelques dizaines de spectateurs - les malheureux!)

Les toros de Baltasar IBAN : bien roulés (certains avec suspicion de suralimentation), timides de cornes (courtes mais solides de pointe), bravitos (quelques piques bien poussées, 9 au total ), noblotes avec tendance à la soseria et à aller a menos. Bref un lot qui satisfit sans doute les organisateurs et le grand public mais laissa sur sa faim l'aficionado qui était en droit d'attendre des combats plus exaltants de la part des ibanes.
Antonio NAZARE donna au 4 la meilleure faena de l'après-midi. Classique, templée, con ligazon. Mais la longue agonie du toro indisposa le public et au final le torero n'entendit que le silence.
Loin des clichés concernant les Mexicains, Arturo SALDIVAR ressemble à un jeune lord anglais dont il a la froideur et la distinction (autre cliché). Aprés une faena toute de douceur au pastueño second il eut du mal à s'entendre avec le plus coriace cinquième.
Thomas DUFAU connecta facilement avec le public. Lui ne torée pas classique mais résolument moderne : toreo de profil, abus des cites culeros, enchaînements de passes après avoir jeté l'épée. Quelques bons moments au cours de sa deuxième faena laissent penser que Thomas peut aussi avoir un avenir dans une version plus profonde du toreo. Des estocades habiles et d'effet rapide (fulgurante entière desprendida au troisième) lui permirent de couper trois oreilles.




Photos Velonero
-la deuxième pique du troisième toro
- Arturo Saldivar

dimanche 17 juin 2012

Roquefort : retour des novillos de Fidel San Roman

Voici quelques photos des novillos qui fouleront le sable de la plaza de Roquefort le mercredi 15 août.
Souhaitons qu'ils fassent preuve des mêmes qualités que leurs frères lidiés l'an dernier.













Fidel San Roman, également propriétaire de l'élevage El Ventorrillo, a racheté en 2004 à la famille Guardiola la ganaderia Hermanos Guardiola Dominguez d'origine Villamarta.
Ce sera la cinquième parution dans le ruedo roquefortois de novillos de cet encaste.

1966  Salvador Guardiola Fantoni
Sanchez Bejarano - Fernando Tortosa - Ricardo de Fabra
Lot de grande  qualité, vuelta du cinquième Sordero et triomphe de Fernando Tortosa.

1973  Salvador Guardiola Fantoni
José Suarez "Joselito" - Juan Montiel - Alberto Ruiz
Les novillos braves, encastés, plein de feu (vuelta du 6) rendent l'après-midi passionnant. Le pauvre José Suarez en fait les frais. Malgré sa bonne volonté, il subit une déroute totale qui reste dans les mémoires grâce aux émouvants clichés pris par Jacques Cathalaa.

1974  Salvador Guardiola Fantoni
Curro Gonzalez - El Cali - Pedro Somolinos
Les Guardiola sont beaux et braves mais leur faiblesse de pattes rend l'après-midi pesante.

1979  Señores Guardiola Dominguez
Mario Triana - Aguilar Granada - Richard Milian
Grand triomphe de Richard Milian au dernier novillo après une excellente faena (la meilleure que je lui ai vu faire) et une grande estocade.

2011 Fidel San Roman
Carlos Duran - Mathieu Guillon - Javier Jimenez
Une excellente journée taurine


Photos Xavier Martin (avril 2012)

lundi 4 juin 2012

Grand écart


Vendredi
   Madrid, Las Ventas via le petit écran
Mon unique course de la San Isidro. A mon goût, l'un des meilleurs cartels de la feria. Toros de Cuadri, présence de Javier Castaño et de sa cuadrilla  ainsi que de deux honorables diestros, curtidos en mil batallas, Rafaelillo et Luis Bolivar. Mais, dans une Espagne hantée par la crise, est-il possible aujourd'hui de voir une bonne course à Madrid?
Un signe : Javier Castaño, avec une inconscience incroyable, quitte le toro des yeux pour demander le changement de tercio. La voltereta est terrible. Javier se relève livide, titubant; il rejoindra plus tard l'infirmerie. La course a du plomb dans l'aile.
Les Cuadri sont lourds, sérieux mais sans brio. Les chiffres parlent : 13 piques avec beaucoup de scories, pas une chute et pourtant des tíos de plus de 600 kg. A la muleta ils vont a menos, la tête souvent dans les airs.
Une partie du public est infâme, traite les matadors comme des chiens. Bolivar est sifflé avant d'avoir commencé à toréer. A la fin de la course, ce même public oblige le mayoral à saluer; sur son tendido, Fernando Cuadri, la mine songeuse, n'a pas l'air dupe.

Dimanche
   Captieux, novillada de village en fête
Ici tout semble simple et léger, pourtant on fait les choses sérieusement.
Le lot de novillos de Vicente Ruiz est de présentation irréprochable. Novillos mansos mais solides et mobiles avec une tendance à chercher la sortie au fur et à mesure de leur lidia.
Le tercio de piques (9 au total) est assez bien mené, plusieurs novillos étant placés à distance.
Les novilleros ont un bagage technique qui ne demande qu'à se développer et des courses comme celle du jour sont pour eux une bonne occasion de le faire : il y a des problèmes mais toréer permet de les résoudre.
Alberto Duran sera le moins en vue d'autant qu'il tue très médiocrement.
Juan Leal (oreille - oreille) a la planta torera et se sent torero. Il a tendance toutefois à abuser du toreo encimiste en fin de faena.
David Martin Escudero a de bonnes manières. Quelques belles naturelles au 6 et une excellente estocade lui vaudront deux oreilles.
Si l'on n'aime pas les fins triomphalistes c'est maintenant, à la mort du dernier novillo, qu'il faut quitter la plaza. Car les Capsylvains se délectent, en fin de soirée, à voir sortir en triomphe le plus de monde possible.
Ici on n'est pas à Madrid!

Alberto Duran au premier novillo

jeudi 31 mai 2012

Ma feria de Vic (3)


Viva Santa Coloma



Mansos con casta la majorité des GRANIER, brave et noble le 5, tous solides et mobiles. Ils bénéficièrent d'un tercio de piques mené à la manière d'une corrida-concours grâce à l'opération Toros de France (prix au meilleur picador attribué à Antonio Garcia de la cuadrilla de Joselillo).
Il est rare d'assister dans une arène à un effondrement aussi massif que celui dont fut victime Raul VELASCO. Une inhibition totale, l'incapacité de faire appel au moindre geste technique, un seul réflexe la fuite. On imagine la souffrance de l'homme.
On mesura par comparaison à quel point le mérite de Julien LESCARRET et de JOSELILLO fut grand. Capacité à rester quieto, à aguantar les charges d'un animal de 500kg, à réfléchir au fur et à mesure du déroulement du combat pour trouver les solutions appropriées. Cela, tous deux purent le faire.


Il y eut dans le lot de FLOR de JARA deux très bons toros.
Rabinegro, sorti en deuxième position, brave et d'une noblesse allègre sur la corne droite (vuelta). Juan BAUTISTA lui donne une faena rythmée, agréable mais superficielle (oreille).
Gallinita magnifique cárdeno sorti en quatrième position fut un des toros les plus intéressant de la feria. Brave et puissant, d'une charge rugueuse, con mucho que torear. Face à lui Antonio BARRERA, qui remplaçait Ivan Fandiño blessé, n'abdiqua jamais et confirma son excellente tarde d'hier.
David MORA, lui,  face à deux toros plus fades ne put faire mieux que montrer son élégance et son bon goût.




















photos : toros des frères Granier "La Cruz"
              Gallinita de Flor de Jara

mercredi 30 mai 2012

Ma feria de Vic (2)



La corrida-concours

Mirasoles de CARRIQUIRRI (origine Nuñez) est un petit mais harmonieux cinqueño à la robe tigrée (chorreado). Il tire des gañafones à la cape puis pousse correctement sous 3 piques traseras après avoir longtemps hésité à se lancer. Court de charge, soso mais noble dans la muleta persuasive d'Antonio Barrera. Palmas à l'arrastre.

Rastrojero de José Joaquin MORENO DE SILVA (Saltillo) prend 4 piques peu convaincantes avec une tendance à trottiner pour se lancer à l'assaut et à sortir seul. En revanche, il est mobile, solide et fait preuve d'une belle noblesse très pastueña au troisième tiers, rappelant que les Saltillo ont été au début du XXème siècle les favoris des figuras. Ovation.

Torreon de Fidel SAN ROMAN (Villamarta par Guardiola) est un toro de grand trapío, negro, hondo. Il s'élance de loin et sans hésiter pour 4 piques dont la dernière al regaton. Certaines trop dures, traseras, avec carioca. Son début de combat à la muleta autorise tous les espoirs car il fait preuve de fixité et de noblesse dans ses premières charges. Hélas! très vite il montre des signes d'épuisement puis se raidit et ne charge plus, il est visiblement à bout de force, incapable désormais du moindre mouvement. Ovation toutefois à la dépouille du brave animal et beaucoup d'interrogations sur cette baisse de régime : excès de châtiment à la pique ? excès de muscles inutiles, un culturiste plutôt qu'un athlète? alimentation inadaptée qui ne favorise pas l'effort long (cf la thèse du vétérinaire Hubert Compan)?

Le quadrupède provenant des pâturages d' Esteban ISIDRO avait un physique parfait de cabestro, pelage, cornes, allure générale, les couilles en plus. Il en avait aussi le mental : un vrai morucho indigne de figurer dans une corrida-concours. Le paradoxe est qu'il fut, grâce à la fabuleuse lidia que lui donna Antonio Barrera, le protagoniste du moment le plus fort de la feria. Ovation à sa dépouille!

Le pensionnaire d'ALCURRUCEN (Nuñez) un cinqueño giron et grassouillet manque de fixité sous 4 piques anodines. La noblesse de sa corne droite restera inexploitée par Ivan Garcia. Silence.

Enfin le pensionnaire de La REINA (un domecq de Joselito) est un musculeux jabonero à l'armure escobillée. Brave mais tardo en 3 piques puis faible de pattes et quedado à la muleta. Silence.

L'an dernier, Ivan GARCIA avait été la bonne surprise de la feria. Cette année, malgré un sorteo favorable, il erra comme une âme en peine, sans illusions, sans sitio.
Avec deux toros vite éteints Morenito de ARANDA ne put que montrer ses bonnes manières.

Le grand bonhomme du jour fut Antonio BARRERA. Il montra sa meilleure face, celle d'un torero maduro, d'un lidiador efficace et d'un homme courageux et responsable. Son combat contre l'impressionnant morucho d'Esteban Isidro restera pour moi le grand moment de cette feria.
Alternant intelligemment tentative de toreo moderne (les publics d'aujourd'hui ne sauraient s'en passer), toreo de jambes et toreo de châtiment il parvint à réduire la bête avant de l'estoquer avec un engagement total. Et il en fallait du courage pour aller mettre cette épée au-delà des cornes démesurées du monstre. Une grosse oreille et le respect de l'aficion.

Le prix du toro le plus brave a été attribué à Rastrojero de José Joaquin Moreno de Silva.



Photos : ci-dessus, Rastrojero de J. J. Moreno de Silva
              en haut de la page, Torreon de Fidel San Roman
           

mardi 29 mai 2012

Ma feria de Vic 2012 (1)




Lorsque j'ai quitté Vic  lundi en début d'après-midi c'est avec le sentiment d'y avoir trouvé (en partie) ce que j'étais venu y chercher : des toros dignes de ce nom, des tercios de pique qui permettent de mettre en valeur ces mêmes toros. Certes nous fûmes loin de la perfection, le but n'étant pas de l'atteindre mais de sentir qu'il y a une volonté de le faire. C'est d'ailleurs dans ce domaine que, pour bien des choses,  le bât vicois blesse. On a en effet parfois l'impression que dans certains de leurs choix, les organisateurs ne vont pas jusqu'au bout de leur idéal proclamé. Deux des toros d'Escolar Gil n'auraient jamais dû sortir dans le ruedo vicois; on a déjà beaucoup glosé - ici et ailleurs - sur les choix étranges des élevages de la corrida-concours; enfin, en dehors des corridas extraordinaires (concours et toros de France) on a le sentiment que rien n'est vraiment entrepris pour favoriser le tercio de piques. Malgré cela, au final quelques sujets de satisfaction : une corrida-concours assez intéressante et deux lots de toros d'un grand intérêt, celui  des frères Granier dimanche puis celui de Flor de Jara lundi.

Mais je vais aussi à Vic dans l'espoir d'assister à de belles faenas car c'est devant le toro sérieux que l'on présente généralement ici que le toreo artistique prend toute sa valeur et son importance, qu'il permet à l'aficionado d'en savourer toute la profondeur et d'en garder les traces vives.
Hélas dans ce domaine, cette année, la récolte est bien maigre. Le hasard, qui joue son rôle dans le déroulement d'une feria, a laissé sans possibilité des toreros tels que Sergio Aguilar, Morenito de Aranda ou David Mora. D'autres, en revanche, comme Ivan Garcia ou Raul Velasco n'ont pas été capables de tirer parti d' adversaires de valeur.

Chaque corrida a commencé avec le même rituel : la bronca essuyée par le maire lorsqu'il remettait les clés du toril à l'alguazil.
Je comprends la colère des épiciers et cafetiers locaux - sans doute nombreux sur les étagères - devant le manque à gagner qu'a constitué pour eux une fête qui s'est déroulée cette année avec un public réduit.
A vrai dire, au delà  de la bronca qui grondait, on voyait aussi beaucoup de spectateurs applaudir. Je m'en suis réjoui car je ne suis pas de ceux qui pensent que promouvoir des beuveries collectives généralisées pour mieux faire accepter le manque d'illusion, le vide de l'existence et la soumission le reste de l'année  soit digne d'une société qui se prétend hautement civilisée.

Toujours est-il que la suppression de la fête "en ville" n'a pas enlevé beaucoup de spectateurs aux arènes. Les entrées réalisées (trois-quart d'arène pour chacune des corridas) m'ont semblé  de nature à réjouir le trésorier du Club Taurin Vicois.


La corrida d'Escolar Gil


Le retour attendu de l'élevage de José ESCOLAR GIL a été une déception en raison du manque de trapío du lot avec en particulier deux toros anovillados qui furent fortement protestés.
La corrida valut surtout par le comportement des hommes.
EL FUNDI actua en maestro retrouvé. Il améliora et domina ses deux toros. Pour sa dernière prestation ici il dut affronter l'hostilité du public mis à cran par le peu de prestance du quatrième toro. Heureusement celui-ci se montra le plus encasté du lot ce qui permit au "gendre du ganadero" de se battre et de montrer à tous qu'il était revenu non loin de son meilleur niveau. Il eut sans doute le tort de trop prolonger la faena ce qui occasionna des difficultés à la mort et l'empêcha de couper une oreille qui aurait permis une despedida plus souriante et plus en rapport avec les tardes glorieuses qu'il a connues sur le sable vicois.
Fernando ROBLEÑO actua lui aussi, tant de cape que de muleta, à un excellent niveau. Il torea le 5 (seul beau Escolar Gil de l'après-midi) avec temple exquis, réussissant parfaitement à s'adapter à la noblesse doucereuse de son adversaire. Vuelta après pinchazo et belle entière.
Sergio AGUILAR ne put briller que dans la belle réception de son premier par véroniques en parones. Le sixième, véritable alimaña, lui vint directement dessus à la troisième passe de cape (forte cogida) et le prit à nouveau de plein fouet lors d'une naturelle citée avec trop de sincérité pour un tel adversaire.

samedi 26 mai 2012

Toros en Gironde 2012

CAPTIEUX
dimanche 3 juin

matin 
tienta de vaches des frères Bats par les élèves du Centre Français de Tauromachie (Nîmes)

17h novillada
Vicente Ruiz
Alberto Duran - Juan Leal - Martin Escudero

plus d'info sur Rugby y Toros, le blog




LA BREDE
samedi 23 juin

11h novillada sans picadors
frères Bats
Clementito - Jean Baptiste Molas

18h corrida
Baltasar Iban
Antonio Nazaré - Arturo Saldivar - Thomas Dufau

programme ici



Les arènes girondines ont toujours le chic pour élaborer des cartels originaux et intéressants.
A Captieux on pourra découvrir un élevage totalement inconnu (origine domecq ) ainsi que le novillero Alberto Duran dont on dit le plus grand bien.
A La Brède les toros de Baltasar Iban, eux, ne sont plus à présenter; ils seront combattus par un trio de jeunes aux dents plus ou moins longues. La belle affiche de Loren rappelle que La Brède est située au cœur du vignoble des Graves.

dimanche 20 mai 2012

Culture plurielle ou ovinisation

Pour signer, si ce n'est déjà fait, la pétition contre la suppression de la rubrique Tauromachie dans Libération :

http://www.petitionpublique.fr/?pi=P2012N24507




Pour, sur le même sujet, lire le beau texte d'Olivier Deck, paru sur son blog Tauromaquis :

Je ne suis pas l'Autre (de Blondin à Durand)

jeudi 17 mai 2012

Toreros, film d'Eric Barbier




Film de fiction sorti en 2000, tourné avec des acteurs de renom, Toreros est, comme son titre l'indique, un véritable film taurin. Et chose surprenante pour un film de cette catégorie, il ne s'agit pas d'un sympathique nanar mais d'un excellent film.
Il faut dire qu' Eric Barbier est un bon réalisateur, à la carrière hélas longtemps oblitérée par l'échec commercial de son premier film Le brasier. Savoir s'entourer de personnes compétentes fait partie du talent et l'on est ici en bonne compagnie avec non seulement Alain Montcouquiol qui officie en tant que conseiller technique (il parle longuement de cette expérience dans son livre Le fumeur de souvenirs), mais aussi Jacques Durand qui a participé au scénario. Ces collaborations ne sont sans doute pas étrangères au regard juste que porte le film sur un monde dur, picaresque, celui des courses de village, des sans-grade (ici les enanitos), des ratés de la profession. Un monde d'illusions perdues qui tournent au pitoyable, au sordide, au tragique aussi.
La face lumineuse de ce film sombre est incarnée par le maestro José Miguel Arroyo qui joue ici son propre rôle (on le voit également, dans des images d'archive, toréer à Las Ventas).
L'autre réussite du film est la manière dont nous est montrée la complexité des relations entre le jeune matador (Olivier Martinez) et son père (Claude Brasseur, remarquable dans le rôle d'un homme ignoble).
Enfin, pépite incluse dans le film et qui rajoute encore à sa noirceur, une des séquences est la parfaite adaptation à l'écran de la nouvelle d'Hemingway La capitale du monde.

dimanche 6 mai 2012

Plus jamais ça!
















Après cinq ans de honte nous voilà enfin débarrassés de ce sale type.
La plus belle faena de l'année!

vendredi 4 mai 2012

Balade flamenca (3)


Vous prenez les mots de Ludovic Pautier - dits par lui-même, les photos de Jean Louis Duzert -projetées sur grand écran par lui-même, la musique flamenca jouée par le guitariste Tony Hernandez accompagné d'Ahmed aux palmas... et vous obtenez un spectacle formidable, une fusion des sens encore amplifiée si vous avez en main un verre de Jerez fino des bodegas Lustau, que dehors l'orage gronde et que vous êtes dans un château con solera aux planchers qui craquent et sentent la cire. Je crois bien que le duende a visité le château Bardins ce soir-là.
Et j'espère que d'autres publics, en d'autres lieux, éprouveront un aussi grand plaisir que fut le mien à savourer la prestation des quatre artistes.


Photo tirée du blog L'instinct des thés... et divers