samedi 28 juillet 2012
Trois jours de toros (3)
3- Dimanche, Tyrosse
Il paraîtrait que nos figurettes actuelles ne sont pas chaudes pour affronter les toros de leur ancien confrère Joselito. C'est pourtant du domecq mais celui-ci serait piquant. Et bien c'est vrai! Après cette corrida tyrossaise, on peut l'affirmer : les domecqs de Joselito ont du piquant.
Juste ce qu'il faut pour mettre en valeur des matadors courageux et dominateurs comme Ivan Fandiño.
Juste ce qu'il faut aussi pour confirmer à El Fundi que la décision de mettre un terme à sa carrière était une sage décision.
Le cas de Manuel Escribano est plus complexe. Voilà un torero qui a un besoin absolu de triompher s'il veut continuer son chemin. Doté d'un fort tempérament et de belles qualités physiques, il pourrait occuper la place laissée libre par un certain Juan José Padilla depuis que celui-ci, en compensation de l'âge et du sang versé, se voit proposer de partager l'affiche et le bétail des figurettes. Pour prendre cette place il faut prendre les risques qui vont avec - Manuel Escribano, au vu de son actuation tyrossaise, semble prêt à le faire - mais sans se faire prendre. Or en ce dimanche, par deux fois, Manuel Escribano s'est fait prendre. D'abord à son premier adversaire sur un quiebro cité assis à l'estribo, puis à son second adversaire sur une gaonera. De la chance, du talent, de bons conseils, Manuel Escribano aura besoin de tout cela pour réussir dans la dure voie qu'il a choisie.
Photos : dernier paseo français pour El Fundi
Manuel Escribano, fin de combat
vendredi 27 juillet 2012
Trois jours de toros (2)
2- Samedi, Orthez
Je me suis régalé tout au long de la novillada matinale.
Des novillos légers mais avec du nerf, de la vivacité dans la charge, de la bravoure aussi pour certains et même de la noblesse. De bons représentants du rare encaste Veragua que l'on retrouve au Portugal chez Fernando Palha.
Et deux novilleros atypiques, peu chargés en effluves andalouses mais que l'on sent prêts à bouffer du toro même si celui-ci est coriace.
Imanol Sanchez est un maño macho. Il tomba sur les deux plus difficiles et s'en dépétra comme il put.
Ivan Abasolo, natif d' Orduña dans la province de Biscaye est sérieux et sincère comme son compatriote Ivan Fandiño. Face aux novillos offrant le plus de possibilités il fit preuve d'un bon bagage technique qui lui permit de couper deux oreilles.
L'après-midi les toros portugais de Veiga Teixeira étaient tous d'une grande beauté.
Des sorties magnifiques pleines de feu, de la bravoure au cheval atténuée par de longues hésitations avant de s'élancer, puis ils s'éteignirent inexorablement au dernier tiers.
Avec à la clef la question fatidique : comment expliquer ce comportement de toros qui vont systématiquement a menos?
- un excès de piques?
Possible car beaucoup en prirent trois et la plupart en poussant fort donc en laissant beaucoup d'énergie sous le peto. Toutefois ceux qui n'en prirent que deux ne furent pas plus mobiles pour autant au troisième tiers. Je pense en particulier au cinquième.
- la faute des toreros?
Oui en ce qui concerne Paulita torero de gestes (torero pour photographe) mais sans emprise sur la charge du toro.
Non pour les deux autres. Robleño réussit à dominer le 1 seul manso (con casta y mucho peligro) de la tarde mais ne put rien tirer du 4. Quant à Serafin Marin il parvint à tirer le maximum de la petite charge de son premier adversaire.
- un bravoure incomplète?
Un signe qui pourrait aller dans ce sens : leurs longues hésitations à se lancer à l'assaut des piqueros. Cette hypothèse serait aussi celle des ganaderos, me souffle le lendemain XK rencontré à Tyrosse.
Cartels originaux, toros magnifiques, tercios de piques soignés; je découvrais Orthez et déjà j'ai envie d'y retourner...
mardi 24 juillet 2012
Trois jours de toros
Trois jours de toros, trois jours d'émotion, de passion, de découvertes.
1- Vendredi, Mont de Marsan
Dans une temporada les grandes courses complètes sont peu fréquentes. Celle-ci, assurément, en fut une; elle restera gravée dans le souvenir des spectateurs présents ainsi que dans les annales du Plumaçon.
Il est rare, en effet, de voir sortir des chiqueros six toros aussi beaux, expression parfaite du trapío du toro brave espagnol.
Et cinq sur six braves et nobles dont trois que l'on peut qualifier de supérieurs.
Vraiment Ricardo Gallardo peut être fier du travail accompli. Sur un terrain (domecq) où d'autres ne produisent qu'un infâme brouet incolore, inodore et sans saveur, il a réussi, en une vingtaine d'années, à créer un grand cru classé de haut niveau.
On ne peut demander à Matias Tejela plus qu'il ne peut donner. Son toreo, joli mais superficiel, pèse peu sur les toros. Aujourd'hui pourtant, face à Jazmin, il a su trouver l'accord rêvé, il a réussi à atteindre cette harmonie que l'on appelle, en tauromachie, le temple.
Ivan Fandiño a construit face à Señorio une grande faena, toute entière dans le même terrain comme savent le faire les grands maîtres. Une faena si impérieuse qu'elle a contraint son adversaire, très réservé dès sa sortie, à se livrer de plus en plus et finalement à dévoiler sa grande caste.
Deux reproches peuvent être fait à David Mora. Le premier est de n'avoir pas mis en valeur l'excellent Cazador au premier tiers. Le second d'avoir perdu le fil de sa faena après un début grandiose par doblones majestueux et derechazos de clameur cités de loin. Est-ce le toro qui alla a menos ou le torero qui manqua d'arguments? Toujours est-il que la faena perdit de son intensité et ce qui était parti pour un triomphe de puerta grande se termina avec une seule oreille.
Un joli nom "Jazmin", trois piques prises avec bravoure, une noblesse extrême. Un indulto.
Ce ne fut pas, pour moi, l'événement de la journée, le vrai événement ce fut la grande corrida de FuenteYmbro et trois toreros qui, chacun dans son style, se la jouent face à des adversaires braves et imposants.
...Trois piques quand même... Que les futurs prétendants ne l'oublient pas!
1- Vendredi, Mont de Marsan
Dans une temporada les grandes courses complètes sont peu fréquentes. Celle-ci, assurément, en fut une; elle restera gravée dans le souvenir des spectateurs présents ainsi que dans les annales du Plumaçon.
Il est rare, en effet, de voir sortir des chiqueros six toros aussi beaux, expression parfaite du trapío du toro brave espagnol.
Et cinq sur six braves et nobles dont trois que l'on peut qualifier de supérieurs.
Vraiment Ricardo Gallardo peut être fier du travail accompli. Sur un terrain (domecq) où d'autres ne produisent qu'un infâme brouet incolore, inodore et sans saveur, il a réussi, en une vingtaine d'années, à créer un grand cru classé de haut niveau.
On ne peut demander à Matias Tejela plus qu'il ne peut donner. Son toreo, joli mais superficiel, pèse peu sur les toros. Aujourd'hui pourtant, face à Jazmin, il a su trouver l'accord rêvé, il a réussi à atteindre cette harmonie que l'on appelle, en tauromachie, le temple.
Ivan Fandiño a construit face à Señorio une grande faena, toute entière dans le même terrain comme savent le faire les grands maîtres. Une faena si impérieuse qu'elle a contraint son adversaire, très réservé dès sa sortie, à se livrer de plus en plus et finalement à dévoiler sa grande caste.
Deux reproches peuvent être fait à David Mora. Le premier est de n'avoir pas mis en valeur l'excellent Cazador au premier tiers. Le second d'avoir perdu le fil de sa faena après un début grandiose par doblones majestueux et derechazos de clameur cités de loin. Est-ce le toro qui alla a menos ou le torero qui manqua d'arguments? Toujours est-il que la faena perdit de son intensité et ce qui était parti pour un triomphe de puerta grande se termina avec une seule oreille.
Un joli nom "Jazmin", trois piques prises avec bravoure, une noblesse extrême. Un indulto.
Ce ne fut pas, pour moi, l'événement de la journée, le vrai événement ce fut la grande corrida de FuenteYmbro et trois toreros qui, chacun dans son style, se la jouent face à des adversaires braves et imposants.
...Trois piques quand même... Que les futurs prétendants ne l'oublient pas!
lundi 16 juillet 2012
En relisant Claude Popelin
La tauromachie, ouvrage sous forme de dictionnaire encyclopédique paru pour la première fois en 1970 et plusieurs fois réédité depuis, reste aujourd'hui encore avec Le taureau et son combat un des meilleurs bouquins d'initiation à la corrida. Outre ses qualités didactiques, il possède un charme - peut-être dû aux remarquables photos noir et blanc (toujours accompagnées d'un commentaire judicieux) - qui continue à opérer sur l'aficionado bien longtemps après la première lecture. Si la clarté de son contenu permet aux néophytes de mieux pénétrer les arcanes sophistiqués du combat taurin, il fait preuve d'une richesse suffisante pour que des aficionados de muchas temporadas y trouvent aussi de quoi alimenter leur passion.
Voici par exemple ce que dit Claude Popelin pour le mot abrir :
[ouvrir] Le torero "ouvre" le taureau, quand il l'éloigne de la barrière; il le "ferme" [cerrar] quand il l'en rapproche. Il faut de toute nécessité "ouvrir" le taureau qui, par sa force ou sa violence de charge accule dangereusement l'homme contre la barrière. Il est non moins nécessaire de "fermer" un animal distrait ou hésitant à prendre la pique, tout comme celui qu'on se propose de banderiller ou de toréer, en début de faena, au fil de la barrière.
Ces déplacements de la bête s'inspirent autant de la nature de son tempérament que de l'impératif du combat. Les toreros, dans leur vocabulaire professionnel, se servent volontiers des expressions à l'extérieur [por fuera] et à l'intérieur [por dentro] pour désigner respectivement la direction du centre de l'arène ou celle de la barrière. Ils peuvent donc aussi bien dire "Sors le taureau à l'extérieur" qu' "Ouvre-le", ou "Amène-le à l'intérieur", que "Ferme-le".
Avec ce paradoxe que, si dans une arène l'extérieur est situé vers le centre et l'intérieur vers la barrière, il s'agit exactement de l'inverse des représentations habituelles de ces mots.
On pourrait croire que face au toro innocent et décasté que certains éleveurs essaient de produire ces notions sont devenues obsolètes. Pourtant la tragique actualité nous en rappelle l'importance. Je pense à la terrible cogida que vient de subir ce grand torero qu'est El Chano, justement lauréat du prix Claude Popelin il y a une dizaine d'années. Sa présence a tant de fois illuminée les nombreuses novilladas et corridas auxquelles il a participé dans notre sud-ouest qu'on lui souhaite de tout notre cœur de recouvrer l'usage de ses jambes. Mucho ánimo maestro.
Voici par exemple ce que dit Claude Popelin pour le mot abrir :
[ouvrir] Le torero "ouvre" le taureau, quand il l'éloigne de la barrière; il le "ferme" [cerrar] quand il l'en rapproche. Il faut de toute nécessité "ouvrir" le taureau qui, par sa force ou sa violence de charge accule dangereusement l'homme contre la barrière. Il est non moins nécessaire de "fermer" un animal distrait ou hésitant à prendre la pique, tout comme celui qu'on se propose de banderiller ou de toréer, en début de faena, au fil de la barrière.
Ces déplacements de la bête s'inspirent autant de la nature de son tempérament que de l'impératif du combat. Les toreros, dans leur vocabulaire professionnel, se servent volontiers des expressions à l'extérieur [por fuera] et à l'intérieur [por dentro] pour désigner respectivement la direction du centre de l'arène ou celle de la barrière. Ils peuvent donc aussi bien dire "Sors le taureau à l'extérieur" qu' "Ouvre-le", ou "Amène-le à l'intérieur", que "Ferme-le".
Avec ce paradoxe que, si dans une arène l'extérieur est situé vers le centre et l'intérieur vers la barrière, il s'agit exactement de l'inverse des représentations habituelles de ces mots.
On pourrait croire que face au toro innocent et décasté que certains éleveurs essaient de produire ces notions sont devenues obsolètes. Pourtant la tragique actualité nous en rappelle l'importance. Je pense à la terrible cogida que vient de subir ce grand torero qu'est El Chano, justement lauréat du prix Claude Popelin il y a une dizaine d'années. Sa présence a tant de fois illuminée les nombreuses novilladas et corridas auxquelles il a participé dans notre sud-ouest qu'on lui souhaite de tout notre cœur de recouvrer l'usage de ses jambes. Mucho ánimo maestro.
mardi 10 juillet 2012
Expertise des cornes 2011
L'UVTF a rendu public au mois de juin (mieux vaut tard que jamais) les résultats de l'expertise des cornes de la temporada 2011.
Rappelons le principe : dans les arènes de 1ère catégorie adhérentes à l'UVTF, après chaque corrida, 2 paires de cornes sont prélevées puis analysées.
Il semblerait que cette démarche porte ses fruits puisque cette année un seul toro a été reconnu afeité sur ses deux cornes (toro de Miura à Béziers).
Toutefois un sérieux bémol doit être apporté à cette apparente satisfaction lorsque l'on s'aperçoit que, parallèlement à la baisse du nombre de cornes afeitées, le nombre de toros déclarés arreglados par les éleveurs est en très nette augmentation. 38 pour la temporada 2011 contre 25 en 2010 et 24 en 2009. Si l'on considère que la pratique de l'arreglado est exactement la même que celle de l'afeitado on ne voit pas clairement le progrès. L'arreglado ne se justifie que s'il reste exceptionnel mais lorsqu'il atteint les proportions actuelles il n'est ni plus ni moins qu'une forme d'afeitado déguisé.
Nombre de toros arréglés par arène :
Dax : 11
Béziers : 10
Bayonne : 6
Arles : 6
Vic Fezensac : 3
Mont de Marsan : 2
Honneur enfin aux élevages qui ont fait courir dans nos arènes des toros ni afeités ni arréglés :
Garcigrande
Alcurrucen
Flor de Jara
Cebada Gago
Joselito
Margé
Vegahermosa
Rappelons le principe : dans les arènes de 1ère catégorie adhérentes à l'UVTF, après chaque corrida, 2 paires de cornes sont prélevées puis analysées.
Il semblerait que cette démarche porte ses fruits puisque cette année un seul toro a été reconnu afeité sur ses deux cornes (toro de Miura à Béziers).
Toutefois un sérieux bémol doit être apporté à cette apparente satisfaction lorsque l'on s'aperçoit que, parallèlement à la baisse du nombre de cornes afeitées, le nombre de toros déclarés arreglados par les éleveurs est en très nette augmentation. 38 pour la temporada 2011 contre 25 en 2010 et 24 en 2009. Si l'on considère que la pratique de l'arreglado est exactement la même que celle de l'afeitado on ne voit pas clairement le progrès. L'arreglado ne se justifie que s'il reste exceptionnel mais lorsqu'il atteint les proportions actuelles il n'est ni plus ni moins qu'une forme d'afeitado déguisé.
Nombre de toros arréglés par arène :
Dax : 11
Béziers : 10
Bayonne : 6
Arles : 6
Vic Fezensac : 3
Mont de Marsan : 2
Honneur enfin aux élevages qui ont fait courir dans nos arènes des toros ni afeités ni arréglés :
Garcigrande
Alcurrucen
Flor de Jara
Cebada Gago
Joselito
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