mercredi 25 avril 2018

Adieux à Chulo

   Bernard Pène était un sacré Chulo. Depuis 2010, son blog , tenu au gré de ses états d'âme, de ses coups de cœur, de ses coups de sang, nous distillait, trop parcimonieusement hélas, ses propos d'aficionado avisé (avisé comme peut l'être un bon miura), mais aussi sa connaissance érudite de la guerre civile espagnole, sans oublier sa fascination pour ce pays si extraordinaire pour un européen qu'est Madagascar.
   Pour ceux qui, comme moi, ne l'ont connu que par l'intermédiaire de la toile, il restera, à travers ses écrits, le souvenir d'un homme à la pensée empreinte de droiture et d'intransigeance, de finesse et de compétence.
                                         Adios Chulo!


mercredi 11 avril 2018

Mont de Marsan : les cartels de la Madeleine 2018

mardi 17 juillet
concours landais

mercredi 18 juillet
Domingo Hernandez "Garcigrande"
El Juli - Juan Bautista

jeudi 19 juillet
matin : novillada sans picador

Jandilla
Juan José Padilla - Alejandro Talavante - Roca Rey

vendredi 20 juillet
La Quinta
Juan Bautista - Emilio de Justo - Thomas Dufau

soir : corrida portugaise

samedi 21 juillet
Nuñez del Cuvillo
Enrique Ponce - Sébastien Castella

soir : novillada piquée
Jean Louis Darré "Camino de Santiago"
Francisco de Manuel - El Rafi - Dorian Canton

dimanche 22 juillet
Dolores Aguirre
Octavio Chacon - Pepe Moral - Juan Leal 

   J'ai voulu mettre en avant quelques critères (parmi bien d'autres) sur lesquels on pouvait s'appuyer pour juger de la qualité et de la pertinence des cartels d'une feria importante telle que la feria de la Madeleine à Mont de Marsan ( cinq spectacles majeurs, arène de première catégorie). J'en ai choisi trois.
   - En premier lieu de bons cartels doivent offrir au public, dans chaque catégorie, ce qui se fait de mieux. Ce qui se fait de mieux  est aussi dans la majorité des cas ce qui est le plus cher (mais pas systématiquement : voir critère 3). Autrement dit, il s'agit de ne pas monter une feria au rabais.
   - Un second critère m'est apparu pertinent : ne pas commettre d'injustice. Il s'agit là d'un critère que le mundillo taurin n'a pas la réputation de tenir pour essentiel, raison de plus pour qu'il soit porté par les aficionados. Il faut engager ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes l'année précédente. Et inversement ne pas réengager ceux qui étaient venus avec peu d"ambition ou les ganaderias qui ont déçu.
   - Enfin, il faut que les cartels soient en phase avec l'actualité. Avoir suffisamment de réactivité pour engager les hommes en forme, les jeunes qui tiennent leurs promesses et que l'aficion aura le désir de voir. C'est sans doute sur ce critère-là qu'un organisateur peut le plus faire preuve de sa compétence, voire de son talent.
   Il est bien évident que ces critères doivent être compris comme se fondant dans quelque chose qui les fédère : la spécificité de l'arène, son esprit.
   A l'aune de tout cela, chacun pourra juger de la qualité de la programmation de la feria 2018.
   Quant à moi je me bornerai à constater deux choses.
   D'une part, le deuxième critère, à savoir le respect d'une certaine justice, me parait cruellement pris en défaut en raison de l'absence d'Alberto Lamelas qui, deux ans de suite, s'est littéralement joué la vie sur le sable du Plumaçon.
   D'autre part, la possibilité d'engager des toreros nouveaux et talentueux se trouve considérablement réduite par la suppression de deux postes de toreros. Ainsi, ni Fortes, ni Alvaro Lorenzo (je cite ces deux toreros car leur qualité récemment exprimée à Madrid n'a pu échapper à Simon Casas, organisateur là-bas et ici) ne pourront défiler au Moun pour cause de mano a mano. Ce qui témoigne d'un déséquilibre entre le critère 1 (trop de figures) et le critère 3 (pas assez de nouveautés) ...

jeudi 5 avril 2018

Sur deux corridas arlésiennes

   Il est certain qu'être annoncé aujourd'hui face à un lot de Jandilla est un sacré privilège. Se retrouver face au pastueño et innocent premier ou face au brave et inépuisable sixième est, pour un torero, une occasion extraordinaire (elle ne se reproduira peut-être pas de toute la temporada) de montrer son savoir-faire. Encore faut-il posséder les qualités requises pour profiter de la situation, être dans un moment de confiance et, si l'on est débutant, ne pas perdre sa lucidité face à l'importance de l'enjeu et à l'émotion que doit susciter une telle rencontre.
   On sait Miguel Angel Perera dans un moment de plénitude. Il ne pouvait passer à côté de son rendez-vous avec Licenciado, ce toro si noble qu'on avait envie de lui souffler depuis les gradins : " lance donc un coup de corne de temps en temps". Et s'il n'a pas lancé ce coup de corne c'est peut-être parce qu'il a été toréé avec une telle confiance, une telle douceur, un tel temple que l'idée ne lui en est jamais venue. Je ne suis pas porté vers la tauromachie de Perera, mais je dois reconnaitre qu'en ce jour de Pâques le maestro extremeño, toréant dans la plus pure lignée de Damaso Gonzalez, a su me convaincre qu'il pouvait être grand torero.
   Pour l'avoir vu plusieurs fois comme novillero je savais qu'Andy Younes avait de grandes possibilités. Il a su saisir la chance qui avait pour nom Lastimoso, le dernier Jandilla. Aucune fausse note dans la faena de l'Arlésien qui sut toréer comme l'eut fait une figure un toro certes très noble mais exigeant par sa charge soutenue et inépuisable. On peut lui reprocher d'avoir, en prolongeant sa faena, joué la carte de l'indulto, ce truc qui permet d'éviter la mise à mort et de se faire de la publicité à bon compte; mais à ce stade de sa carrière, il lui était difficile de refuser cette bénédiction qu'offrent les publics faciles et les présidents sans critère.
   Gines Marin a pratiqué un toreo light, sorte de champagne sans alcool qui ne fait tourner ni la tête, ni le cœur et laisse les papilles prêtes à profiter de ce qui va suivre. Reconnaissons lui deux mérites : celui d'avoir réussi à mettre et à garder dans la muleta son premier adversaire manso, distrait et coureur et celui de ne pas étouffer ses toros. Sa muleta légère, distanciée, utilisant toujours le pico, ne contraignant jamais, ne rebute jamais non plus. C'est peut-être la raison de son succès actuel, et pourtant j'imagine un jour Gines toréant avec profondeur, mais ce jour ne semble pas encore venu.


   Il est difficile de concevoir qu' El Fandi ait pu être à l'affiche de la corrida de lundi pour ses mérites propres. On voit plutôt sa présence comme un accord de réciprocité entre le matador organisateur arlésien et Matilla, puissant apoderado du Granadino. Le procédé n'est pas nouveau mais il est fâcheux.Surtout lorsqu'il conduit à laisser sur la touche un matador local qui a pourtant fait ses preuves ici comme Thomas Joubert ou d'innombrables espagnols qui auraient très certainement tiré un parti bien plus artistique des excellentes conditions qu'offrait Notario, le quatrième toro d'Alcurrucén. Fandi pour sa part ne brilla pas même aux banderilles; il est juste toutefois de noter la maestria et la précision avec lesquelles il conduisit chaque fois ses toros à la pique.
   L'autre bon toro d' Alcurrucén fut toréé avec finesse et bon goût par José Garrido particulièrement sur la main gauche et l'oreille qu'il coupa était la seule justifiée de l'après-midi.
   A propos d'oreille, on regrettera qu'après un bajonazo aussi honteux que celui donné par Luis David Adame au sixième toro, il se soit trouvé des aficionados sur les gradins et un président au palco pour sortir leur mouchoir blanc. De telles oreilles ôtent beaucoup de sérieux à une arène.

mercredi 4 avril 2018

Feria d'Arles 2018 : la novillada

   Dans une programmation de feria très conformiste la novillada du dimanche matin, au cartel original, avait attiré bon nombre d'aficionados et rempli un bon tiers du vaste amphithéâtre arlésien, autant que la corrida du lundi. Au final, malgré l'excellence du cinquième novillo, un certaine déception dominait en raison de la médiocrité, en  présentation et en comportement, de trop de novillos. Mais, examinons leur combat plus en détail.
   Le novillo de CONCHA Y SIERRA (origine Vazquez), un joli jabonero claro, sort très affaibli d'une première pique prise en poussant. La seconde rencontre n'est qu'un picotazo. Sa faiblesse n'autorise que deux paires de banderilles. Peu à peu le novillo récupère et, bien toréé, fait preuve d'une grande noblesse au troisième tiers, laissant une oreille, la seule de la matinée, dans les mains d'Adrien Salenc.
   Le pupille de LOS GALOS (Domecq), colorado, après une première pique pompée, sort seul de la seconde. Il tentera, durant le tercio de banderilles, de sauter les planches. C'est un manso mobile et solide.
   Le troisième novillo provient de l'élevage LE LAGET (origine Pinto Barreiro et Domecq) appartenant à l'empresa. C'est un laid castaño, bociblanco et gacho. Sa faiblesse ne permet que deux picotazos après lesquels il est soso et tardo.
   Après deux piques prises sans brio, le chétif pensionnaire de PAGES-MAILHAN (Arranz, Domecq) se montre vif et nerveux et donne de l'intérêt à la faena d'Adrien Salenc.
   Mudo de CALLET (Domecq), sorti en cinquième position, sera le novillo de la matinée. Il a repéré le cheval dès que celui-ci a mis le pied dans le ruedo et fusera vers lui à la première occasion pour une longue pique placée dans l'épaule et poussée en brave puis rechargée. Peu éprouvé par ce mauvais traitement il accourt sans hésiter pour la deuxième rencontre. Mais le président fait sonner le changement, nous ne verrons pas de troisième pique. Pourtant la bravoure et le poder du novillo la rendaient nécessaire. Sa charge, pleine de codicia, confirme sa bravoure aux tiers suivants et met le novillero en difficulté. Vuelta à l'arrastre pour Mudo avec le regret qu'il n'ait pu s'exprimer pleinement.
   La médiocrité revient en piste avec le très décevant BLOHORN (Domecq) qui, après deux piques sans s'employer, s'éteint irrémédiablement.
   Après une saison 2017 écourtée en raison d'une mauvaise blessure à l'épaule, Adrien SALENC est revenu avec la même entrega et une technique semble-t-il affinée qui lui a permis de tirer le meilleur parti d'adversaires différents, l'un noble et faible, l'autre vif et compliqué.
   EL ADOUREÑO, que l'on attendait plus mûr en raison de ses états de service espagnols la temporada passée, a déçu. Sans doute va-t-il falloir qu'il adapte son toreo aux exigences du public français s'il veut continuer à rencontrer le succès.
   Très mal servi, EL RAFI n'a pu se montrer à l'occasion de ce qui constituait sa première novillada piquée. On retiendra malgré tout quelques naturelles sincères à son premier novillo et quelques très belles paires de banderilles.

   prix au meilleur novillo : Mudo de Pierre Henry Callet "Malaga"
   prix au meilleur novillero : Adrien Salenc



  

mardi 3 avril 2018

Arles





Samedi 31 mars 2018   amphithéâtre romain   Arles
temps froid, vent fort
plein

6 toros de El Freixo pour El Juli (silence, silence), Juan Bautista (deux oreilles, deux oreilles) et Roca Rey (silence, silence)

Au lendemain des obsèques de son père Luc Jalabert, rejoneador, ganadero et ancien impresario des arènes locales, Jean Baptiste lui a rendu hommage de la meilleure façon qui soit : en toréant magnifiquement.
Tout au long de l' après-midi, l'Arlésien montra l' étendue de ses qualités : sitio remarquable et douceur dans le geste qui à la fois donnent confiance aux toros et les dominent. Il y rajouta un répertoire varié, plus "grand public" tel que séquences à genoux et toreo de proximité. L'épée fut moins précise mais l'élan du cœur du public et de la présidence lui permit un triomphe complet de quatre oreilles.
El Juli et Roca Rey, en butte au vent ou à la médiocrité des toros, restèrent, pour la circonstance, des compañeros parfaitement discrets.
Julian Lopez portait aussi  ce jour le sombrero du ganadero puisque l'élevage El Freixo est sa propriété.  Courts, ronds, terciados, discrets d'armure, ses toros auraient constitué un lot tout à fait acceptable dans une arène de deuxième catégorie mais Arles est, parait-il, de première...  Au moral, très médiocres les 1, 3 et 4, meilleurs les 2, 5 et 6 mais tous, sauf le dernier, manquant de l'étincelle que donnent la caste et le poder.
Malgré un temps très antitaurin, le cartel étoile de la feria avait attiré la grande foule aux arènes et, si elle en sortit satisfaite, ce fut en raison de l'émotion suscitée par l'hommage réussi d'un fils à son père.