mardi 28 décembre 2010
2010 annus horribilis
photos Velonero
dimanche 19 décembre 2010
Pot au feu
La discussion n'a pas apporté de réponse, car en fait on parlait d'autre chose et la question était mal rédigée. On aurait peut-être dû demander "La corrida, n'est-elle qu'une boucherie?" Mais il m'a semblé plutôt évident que, dans la mesure où la corrida commence avec un toro vivant et termine en principe avec de la viande propre à la consommation, oui, la corrida est bel et bien une boucherie.
Elle n'est pas, pour cela, plus ignoble que le processus semblable qui a lieu dans toutes nos villes tous les jours ouvrables. Mon père était boucher. Je n'ai pas honte de sa profession. Mais la viande n'est en tauromachie qu'un sous-produit. La corrida offre d'autres choses en plus. Elle n'est certainement pas qu'une boucherie." (Jeff Pledge)
Photos Velonero
dimanche 12 décembre 2010
Quelques photos de la temporada 2010
jeudi 25 novembre 2010
Tauromachie à Madagascar
L'action se situe dans un village de l'Est. Les hommes ont pris les armes (fusils en bois, lances, coupe-coupe) et sont partis combattre les occupants français. Mais les nouvelles des combats ne sont pas bonnes et, pour conjurer le mauvais sort, le chef du village décide de sacrifier un zébu. Celui-ci, attaché à une longue corde parcourt les modestes rues du village comme dans les toros à la corde européens, puis les jeunes du village l'affrontent et le renversent en le prenant par les cornes (mancornar en castillan). Une habile ellipse évite la scène du sacrifice.
Cette séquence qui ne dure pas plus de cinq minutes a bien sûr excité ma curiosité et voici quelques informations trouvées sur la toile :
- Le malgache et son zébu, une relation jusque dans l'au-delà
- Tolon'omby, savika ou roaponolana, le sport malgache (avec video)
- Le Savika, la corrida de la brousse malgache
Où l'on découvre que la tauromachie malgache - basée sur le culte du zébu - est bien vivante avec parfois des ambiances évoquant pour nous celles de Pampelune (voir video).
Mais peut-être en saurons-nous un jour davantage grâce à Chulo qui a, si je ne m'abuse, de fortes attaches sentimentales avec Madagascar...
dimanche 14 novembre 2010
Perfection actuelle
Citation extraite de Les courses de taureaux expliquées de Oduaga-Zolarde (Aguado de Lozar) - 1854
Photo Velonero, Arles printemps 2010 Espace Van Gogh (ancien hôpital où séjourna le peintre)
vendredi 5 novembre 2010
Bilan 2010
6 toros de Baltasar Iban 6
Curro Díaz
Rafaelillo
Diego Urdiales
Un artiste, Curro Díaz, qui est aussi capable à l'occasion de se montrer valiente y poderoso (voir LA corrida de Madrid). Bien sûr Morante de la Puebla aurait pu entrer dans mon cartel de rêve mais, depuis qu'il s'est acoquiné avec Cayetano, il passe l'essentiel de sa temporada devant les chèvres de Juan Pedro et de Zalduendo... ça réduit l'intérêt.
Un vaillant, Rafaelillo, qui sait aussi toréer avec temple et douceur comme il le fit cette année à Madrid face aux Dolores Aguirre ou à Mont de Marsan face aux Miura. Je reconnais que c'est trop souvent la brusquerie qui l'emporte chez lui, il est alors beaucoup moins convaincant comme ce fut le cas en octobre face aux Cuadri de Saragosse. Trouver la bonne mesure, le bon tempo, c'est la terrible difficulté à laquelle sont confrontés les belluaires lorsqu'ils doivent passer, parfois dans une même après-midi, d'un toreo de combat nécessairement heurté à un toreo de velours quand le toro le permet. C'est la grandeur de Rafaelillo d'y réussir parfois et c'est l'absolue grandeur du toreo que d'accomplir cette transmutation avec un même toro.
Un pur classique enfin, Diego Urdiales, austère, sincère, maduro. De ceux qui, avec un minimum de gestes, obtiennent un maximum d'effet. " Le torero, de même, cherche à obtenir le plus d'effets possible sur son adversaire en utilisant le minimum de moyens : minimum de leurre, de temps, d'espace, de mouvements, etc. Ce principe d'économie - ''le plus par le moins'' - est le premier secret de la beauté plastique du toreo, que ce soit au niveau du geste, de la passe, de la série, ou de la faena toute entière." (Francis Wolff)
Diego Urdiales ne pose pas dans les magazines mais il torée bien mieux que tous les pipol-toreros réunis.
2009
2008
2007
lundi 25 octobre 2010
Les lauréats du prix Claude Popelin
Depuis 1982 ce prix est attribué au meilleur lidiador de la saison taurine en France. Ce peut être un matador, un novillero ou un subalterne.
Voici la liste des lauréats :
1982 : Paco OJEDA
1983 : Luis Francico ESPLA
1984 : José Antonio CAMPUZANO , PAQUIRRI
1985 : Victor MENDES
1986 : ORTEGA CANO
1987 : NIMEÑO II
1988 : Juan Luis de los Rios "El FORMIDABLE"
1989 : RUIZ MIGUEL , NIMEÑO II
1990 : El FUNDI
1991 : César RINCON
1992 : César RINCON
1993 : César RINCON
1994 : José Miguel Arroyo "JOSELITO"
1995 : desierto
1996 : Enrique PONCE , José Maria MANZANARES
1997 : Curro ROMERO , Jean Marie BOURRET
1998 : Luis Francisco ESPLA , Manuel CABALLERO
1999 : desierto
2000 : FERNANDEZ MECA
2001 : Vicente Yanguez "El CHANO"
2002 : El CID
2003 : El FUNDI
2004 : El FUNDI
2005 : El JULI
2006 : Sébastien CASTELLA
2007 : El JULI
2008 : El FUNDI
2009 : Sébastien CASTELLA
2010 : El JULI
2011 : David MORA
2012 : Fernando ROBLEÑO
2013 : Ivan FANDIÑO
2014 : Diego URDIALES
2015 : Diego URDIALES
2016 : Juan BAUTISTA
2017 : Juan BAUTISTA
2018 : Emilio de JUSTO
2019 : Daniel LUQUE
On remarquera qu' El Fundi a obtenu quatre fois le prix ce qui n'est pas étonnant compte-tenu de sa longue et exemplaire carrière dans notre pays. De son côté, César Rincon l'a obtenu trois fois de suite en 1991, 1992 et 1993 (heureuse époque et pointe de nostalgie).
Trois péons ont été honoré : El Formidable (Il faisait partie de la cuadrilla de Ruiz Miguel et son embonpoint respectable ne l'empêchait pas de lidier et banderiller avec efficacité et salero miuras, victorinos et autres bichitos qu'affrontait régulièrement son maestro), Jean Marie Bourret et El Chano (pourquoi pas un picador cette année...)
Pour plus de précisions, en particulier sur la manière dont le prix est attribué, voir ici
samedi 9 octobre 2010
Expertise des cornes 2009
Toutefois une telle publication a le mérite de l'exhaustivité et permet de dresser un panorama complet de la situation.
Du côté des élevages c'est celui de MIURA qui se distingue désagréablement avec 2 toros afeités à Arles et un à Béziers auxquels il faut rajouter 3 toros arréglés à Bayonne.
Sans oublier VALDEFRESNO qui déclare 6 toros arreglados (2 à chaque course d'Arles, Bayonne et Béziers).
Il est intéressant aussi d'aller voir du côté des villes. C'est MONT DE MARSAN qui avec 6 cornes touchées arrive en tête alors que DAX, la plus afeiteuse il y a deux ans, se retrouve cette année en dernière position (la plus honorable) avec 2 cornes touchées. Faut-il y voir, aussi bien au Moun que du côté de la Fontaine Chaude, la conséquence d'un changement de politique lié à l'arrivée de nouvelles équipes?
Voici pour finir la liste des lots qui sont sortis limpios (ni afeitado, ni arreglado) :
José ESCOLAR GIL (Vic Fezensac)
Domingo HERNANDEZ (Arles)
MARGÉ (Béziers)
La QUINTA (Vic Fezensac et Mont de Marsan)
Daniel RUIZ (Dax)
PS Pour encore plus d'exhaustivité, voir le travail de Florent sur son blog Aficion a los toros
jeudi 7 octobre 2010
Quelques photos du championnat de France des écarteurs à Mont de Marsan
mardi 5 octobre 2010
Genèse d'un écart fabuleux
Il a d'abord fallu que Hugo VINEY-THOMAS, auteur d'un excellent départ qui le vit prendre la tête du championnat, soit contraint à l'abandon à la suite d'un coup de corne de MARIA (Deyris) qui lui déboîta l'épaule. Sur le sable du Plumaçon ne resta alors que le souvenir de ses beaux premiers écarts et l'épaulette de son bolero arrachée par la vache.
Puis il a fallu que Loic LAPOUDGE, désormais premier, se fasse dépasser par Mathieu NOGUES auteur de deux intérieurs devant la facile FOLGA (Deyris).
Que celui-ci enfin accroisse petit à petit son avance au point d'obliger le Béarnais à jouer son va-tout sur son dernier écart face à la corne d'or IBANEZA (Armagnacaise).
Et quel écart! Un de ceux qui font se lever le public d'un bond dans un cri où se mêlent, en une fraction de seconde, l'effroi devant la possible tumade, l'admiration pour le courage et la vista de l'écarteur, un sentiment de libération enfin lorsque ça passe.
Un écart qui n'était pas sans rappeler celui que réalisa dans les mêmes conditions Denis LAZARTIGUES à Dax pour le championnat 2007.
Et au final une somptueuse ovation pour Loïc LAPOUDGE mais il était trop tard, cela n'empêcha pas Mathieu NOGUES de remporter, en toute justice, le titre de champion de France, point d'orgue d'une saison exceptionnelle qui l'a vu dominer également les concours de Dax, de Mont de Marsan ainsi que l'Escalot.
Les résultats
1- Mathieu NOGUES 142
2- Loïc LAPOUDGE 137
3- Frédéric VERGONZEANNE 131
4- Hugo VINEY-THOMAS puis Vincent MUIRAS (remplaçant) 128
5- Jean Pierre DUMECQ puis Cyril DUNOUAU (remplaçant) 113
abandon Thomas MARTY
Dans le concours de saut, émouvante victoire de Dominique LARIÉ dont les efforts et le talent trouvent enfin leur récompense.
1- Dominique LARIÉ 80,50
2- Louis ANSOLABEHERE 79
3- Guillaume VERGONZEANNE 77
4- Nicolas GACHIE 67
mercredi 29 septembre 2010
Les animalistes cocufiés
Il est maintenant clair pour tout le monde que les larmes versées sur les pauvres toros de corrida par le parlement catalan en juillet n'étaient que des larmes de crocodile. La corrida devait être prohibée uniquement parce qu'elle symbolise la culture espagnole. Les correbous qui, eux, sont présentés comme authentiquement catalans sont autorisés. Cette catalanité aux relents nauséabonds est en droit d'inquiéter le citoyen autant que l'aficionado. Elle ne me dit rien qui vaille et c'est sans états d'âme que je boycotterai cette partie de la Catalogne le jour où les corridas auront été définitivement supprimées de son territoire.
Le paradoxe dans cette histoire c'est que si l'on en croit les expériences du professeur Juan Carlos Illera le toro brave ressent très peu la douleur durant sa lidia dans l'arène en raison des endorphines qu'il produit pendant le combat, alors que toutes les situations de stress liées au transport et à la contention sont les moments où il souffre le plus.
dimanche 26 septembre 2010
Manœuvres
samedi 18 septembre 2010
Blogs de ganaderias
Deux français :
Ganaderia Meynadier
Ganaderia Finca Blanca
Quatre espagnols où l'on voit que le sang coquilla est particulièrement bien représenté :
Los coquillas de Cifuentes
Coquilla de Sánchez Arjona
Historia de una vida (Puerto de San Lorenzo)
Ganadería Los Maños
Un blog qui part à la recherche des restes de caste jijona :
Casta Jijona
Enfin le blog de Fabrice Torrito, mayoral français du prestigieux élevage andalou Marquis de Albaserrada :
Les carnets du mayoral
mercredi 15 septembre 2010
Nettoyer sa voiture un dimanche après-midi du mois de septembre
Et dire que pendant ce temps on passait l'aspirateur dans sa voiture... comme un vrai con!
lundi 13 septembre 2010
Luis Antonio Vallejo "Pimpi"
Pablo Picasso Picador (céramique) 1955
samedi 4 septembre 2010
Quelques photos de la novillada de Mont de Marsan - Saintperdon
mardi 31 août 2010
Novillada de Saintperdon
Des novillos qui, par leur côté extrêmement changeant constituaient de véritables énigmes. Et pour l'aficionado une invitation à revoir les concepts créés pour qualifier les toros de lidia. Etaient-ils braves ou mansos, nobles ou broncos, con casta ou con genio?
Tous s'employèrent avec ardeur sous les douze piques données mais tous se plaignirent ensuite de la morsure des banderilles. Certains cherchèrent l'abri des planches. La plupart alternèrent à la muleta noblesse vive et aspérité faite de coups de têtes désordonnés.
Le mexicain Sergio FLORES en fit les frais. Alors qu'il avait entrepris le premier novillo avec assurance et sincérité, il se fit accrocher et un méchant coup de plat de corne à la main mit fin à son combat (et peut-être à sa temporada). Mala suerte!
Du local Thomas DUFAU je retiendrai le meilleur. Tout d'abord sa prise en main efficace du novillo qui venait d'envoyer Sergio Flores à l'infirmerie. Facilité à mettre le novillo dans sa muleta qui témoigne d'un courage serein et d'une aisance technique indéniable. Ensuite une série de naturelle au 3 donnée avec temple et douceur.
Avec Lastimoso, sixième novillo de l'après-midi, Juan del ALAMO a trouvé son Bastonito. Le combat fut passionnant et longtemps indécis. Dès le début de la faena le novillero soumet son adversaire par des doblones puis par de magnifiques séries de derechazos et naturelles qui font rugir le public. Hay toro y torero! Mais un accrochage lui fait perdre le fil. Le novillero paraît épuisé, le novillo reprend le dessus et la fin de la faena est un peu confuse. Le Salmantin reprend l'avantage par un coup d'épée très engagé mais Lastimoso n'a pas dit son dernier mot : dès que le puntillero s'approche il se relève et le prend en chasse. Finalement les honneurs sont partagés : oreille pour le novillero et vuelta al ruedo pour le grand novillo.
Des courses de Baltasar IBAN on en redemande!
samedi 28 août 2010
A propos de trois corridas bilbainas
dimanche 22 août 2010
Trente ans après, Bilbao
Un nom d’abord, dont les années n’ont pas usé le charme. La première fois qu’on l’entend surgissent pêle-mêle un certain petit personnage de la littérature anglaise, un jeu d’adresse très simple et très ancien, une marque de bain moussant des années 70 qui prétendait à un raffinement extrême-oriental, l’Afrique, avec ses arbres énormes et ses noms de villages. A cette association de consonnes enfantines et de trois voyelles différentes - simplicité qui enchante- s’attache donc un je-ne-sais-quoi primitif et ludique doublé d’un exotisme confus. Bilbao est un ailleurs.
De la ville que je découvris il y a trente ans (cela ne fait pas exactement trente ans mais la rondeur du nombre convient mieux au sentiment intime de la durée qui me sépare de cette première rencontre) je garde une ineffaçable impression de laideur. Je me souviens du jaune sale du Nervion où flottaient des détritus. Je me souviens des murs gris, d’une sensation d’étouffement, de la poussière et des odeurs rances. Je me souviens de m’être souvenue des villes minières de Lorraine où s’est déroulée une partie de mon enfance. Ainsi, l’Espagne c’était aussi cela ? Je ne la connaissais que par l’Andalousie où , quelques mois auparavant, j’avais accompagné V.
Chaque fois, bien sûr, il s’agissait de tauromachie. Séville avait été le lieu de l’initiation. Séville, son ciel bleu, son printemps chaud et parfumé de fleurs d’oranger, la magie dérobée des patios au fil des déambulations dans les ruelles fraîches, qui font imaginer en passant toutes les intrigues, tous les drames, et soupçonner un art de vivre incomparable. Art de vivre dont la corrida serait comme la quintessence. Dans la blancheur des murs ourlés d’ocre, sur un sable doré et sous une lumière nette, on joue le plus sérieusement du monde avec les forces obscures qui nous meuvent et meuvent l’univers. « Puisque ces mystères nous dépassent , feignons d’en être les organisateurs… » Il se passe en ces lieux quelque chose d’extraordinairement grave et puéril à la fois, quelque chose qui ramène à l’enfance de l’humanité et qui est pourtant le signe d’un accomplissement . Je vis ainsi Curro Romero, El Viti et quelques taureaux qui, entrés bien vivants , furent traînés quinze minutes après vers la sortie, pauvres masses de chair inerte sur lesquelles, je l’avoue, je m’apitoyai.
L’été suivant, il y eut donc Bilbao et sa feria. Et ses arènes, comme juchées au fond d’une impasse et d’apparence si austère. Notre hôtel se trouvant dans les vieux quartiers , le long trajet qui permettait de gagner la plaza de toros a inscrit dans mon imaginaire une géographie très personnelle, l’impression d’arènes reléguées à l’extrémité de la ville, comme le O de son nom. Impression coexistant avec celle, totalement opposée, que j’eus à l’intérieur, où les cercles tracés sur le sable m’apparurent comme le cœur d’une série concentrique : autour des murs circulaires, la ville, elle-même enserrée dans une ronde de collines. Cette sensation presque physique d’être au cœur, je la devais aussi sans doute au fait que la corrida, ce moment essentiel de la journée puisqu’il me semblait que toutes les heures y conduisaient, était la clé, l’unique raison de notre présence dans cette ville.
J’y vis en effet deux corridas, pas une de plus.
Et en ce mois d’août 2009, la troisième. C’était un bonheur un peu paradoxal d’être là, trente ans plus tard. Au cours des années écoulées, quelque chose s’était passé qu’il était impossible de se rappeler en détail et qui paraissait mener à ces retrouvailles. J’ai reconnu les briques sombres mais les abords m’ont paru moins sales, moins tristes, comme si la métamorphose de la ville se reflétait sur les hauts murs de ses arènes. Je me suis abandonnée à la superposition tremblée du souvenir et des impressions présentes.
En entrant, une surprise : les gradins n’étaient plus gris mais bleus. Un bleu d’une nuance assez délicate , celle du plastique usé, délavé, des sièges. Le sable, dans ma mémoire, n’était pas si sombre et j’en ai été saisie. Après une matinée ensoleillée et chaude, je craignais l’accablement. Je crois maintenant que j’aurais été déçue si ne s’était pas produit ce basculement de fin d’après-midi vers l’atmosphère restée pour moi si caractéristique de la ville : un ciel bas et d’un gris hésitant entre l’argent et le plomb.
De sorte qu’une harmonie mate préside à la cérémonie. Telle était l’image que j’en avais gardée et c’est ainsi qu’obscurément j’avais rêvé de la retrouver. Je me suis dit que c’était cela que j’aimais à Bilbao : ce ciel un peu plombé, le sable sombre, une certaine lourdeur de l’air. J’aime cette antithèse du pittoresque, de l’éclat. Point de scintillements ni de reflets étincelants, éteintes les paillettes. Le rituel est d’un faste amorti, il semble que l’ on attendrait en vain un tragique flamboyant. La corrida de ce jour-là ne fut pas, je crois, de celles qui marquent les mémoires. Mais j’ai perçu à Bilbao, mieux peut-être qu’en un lieu plus lumineux , le caractère raffiné, exigeant, de ces rendez-vous de fin d’après-midi.
Laetitia D.
mardi 17 août 2010
Variété
Tout d'abord une base irréprochable : la présentation somptueuse des COQUILLA DE SANCHEZ ARJONA, avec en point d'orgue le magnifique quinto, une estampe digne de servir de modèle à un sculpteur.
Ensuite une grande variété dans le comportement allant du muy encastado premier au muy malo sixième en passant par le noble troisième d'un calibrage plus commercial.
Variété aussi chez les novilleros.
Avec GOMEZ DEL PILAR dans le rôle du vaillant, doublé d'un chef de lidia efficace (vuelta et vuelta).
Esaú FERNANDEZ dans le rôle de la figurita qui, mal servie, ne daigne pas faire l'effort que l'on attendrait (silence et silence).
Enfin la bonne surprise d'un novillero que l'on découvrait dans le sud ouest, LOPEZ SIMON, dont le toreo de grande qualité devrait lui permettre d' ouvrir beaucoup de (grandes) portes (oreille).
Variété qui, ne l'oublions pas, repose aussi sur la préservation d'encastes rares comme celui du jour. Et il est rassurant de voir que les deux jeunes fils du propriétaire, présents à Roquefort, ont à cœur d'en assurer l'avenir.
lundi 9 août 2010
Parentis 2010
Pouvoir faire des liens avec le passé (vécu ou imaginé) fait partie des charmes de l'aficion. En l'occurrence, je garde un vif souvenir des deux novilladas de Prieto de la Cal sorties dans ces mêmes arènes en 1989 et 1991. Deux des courses les plus terrorifiques que j'ai vues. Des toros surpuissants avec des cous énormes, une force colossale dans le train avant. Des monstres qui semblaient tout droit sortis des enfers telluriques. Avec une sorte de bravoure brute pour ceux de 89, qui donnaient à imaginer ce que pouvait être une bonne corrida de Veragua au XIXème siècle. Deux ans plus tard en revanche la puissance était toujours là mais la course tenait davantage de la moruchada.
Vingt ans après, en l'an de grâce 2010, rien de tout cela. On serait plutôt revenu au temps des Prieto de la Cal des années 1950 lorsque Luis Miguel Dominguin et Antonio Ordoñez leur coupaient oreilles et queues. Ils avaient en effet troqué leur poder et leurs hachazos meurtriers pour une faiblesse de pattes sous-jacente et une noblesse de bon aloi. Un tercio de pique bien mené permit de révéler en 17 rencontres qualités et défauts de chaque novillo. Rencontres qui ne furent la plupart du temps que des picotazos car, ou bien les toros ne poussaient pas, ou bien leurs forces limitées nécessitait de relever la pique rapidement. Mention toutefois au 2, brave et noble mais hélas sans poder, et au magnifique 6, impressionnant à sa sortie puis spectaculaire quoique sans vraiment pousser à la pique enfin très noble au troisième tiers.
Pour finir, je suis persuadé que la manière exemplaire dont s'est déroulé le tercio de pique a permis à certains novillos de garder leur mobilité au dernier tiers. Six piques appuyées et carioquées, comme on le voit trop souvent ailleurs, avaient toutes les chances de laisser sur la piste six blocs de marbre.
Bonne novillada de José Joaquin Moreno de Silva
Bravoure, noblesse, caste, mobilité, solidité : les saltillos de Moreno de Silva ont montré à quel point cet élevage constitue un magnifique trésor pour la cabaña brava.
17 piques (et une chute) mais aujourd'hui des piques pour détruire face à des toros qui poussent. Une exception pour Carlos Rebosa aux ordres de Juan Ortiz primé pour son tercio au second de la tarde.
Certains novillos pour triompher a lo grande. Hélas, à l'exception de Juan ORTIZ, petit Colombien con valor, ils n'eurent en face d'eux que des novilleros timorés, apeurés, voire inhibés. Heureusement, l'ensemble des péons tint la route et porta même la novillada en assurant l'essentiel de la brega et de la lidia. Bravo à eux.
Bravo aussi au public qui, pris de compassion pour le naufragé Daniel PALENCIA, le poussa, au dernier novillo, à donner quelques passes qui mirent en évidence aux yeux de tous - y compris du novillero - que loin d'être la terreur des ruedos son adversaire possédait au contraire un excellent fond de noblesse.
lundi 2 août 2010
La Catalogne espagnole et les toros
Comment en est on arrivé là? à qui la faute? quelles en seront les conséquences?
Allez... voici venu le tour de l'œil contraire de poser son regard sur ce vaste sujet.
Ce qui m'a frappé de prime abord c'est combien chaque réaction est marquée par la chapelle à laquelle le locuteur appartient. C'est pourquoi deux accusations me paraissent devoir être écartées.
En premier lieu celle qui voudrait faire porter le chapeau à Zapatero, le président du gouvernement espagnol et au Parti Socialiste Catalan. Un simple calcul mathématique suffit à écarter la responsabilité des députés du PSC puisque les 6 (sur 37 députés du PSC) qui ont manqué à l'appel n'auraient pas suffi à faire pencher la balance du bon côté. Quant à Zapatero, dont on sait certes qu'il ne porte pas la tauromachie dans son cœur, il se serait bien passé de cette épine dans le pied au moment où il se débat parmi tant de problèmes qui semblent le dépasser. Et il est bien évident que ceux qui se sont empressés de le rendre responsable de la situation roulent pour le parti adverse, le Partido Popular qui se présente comme LE défenseur des traditions taurines espagnoles et est en train de tirer les marrons du feu en prévision des prochaines échéances électorales nationales. Que le PP profite de la situation ne me choque pas et me paraît même de bonne guerre mais de là à lui servir la soupe comme le fait éhontément l'Observatoire National des Cultures Taurines en reprenant dans son communiqué une citation du Partido Popular s'autoproclamant "parti de la liberté" il y a un pas que l'on ne saurait franchir si l'on se rappelle que le PP est le parti dans lequel se sont recyclés tous les anciens dirigeants franquistes.
La deuxième accusation qui me paraît sujette à caution est celle qui rend responsable de la situation les organisateurs taurins corrompus et la tauromachie édulcorée qu'ils cherchent à promouvoir. Loin de moi l'idée de penser que les organisateurs taurins sont des anges et de me satisfaire de la soft tauromachie qu'ils nous proposent trop souvent. Mais les faits sont les faits et je constate que, dans toute la géographie taurine, la meilleure façon de remplir une arène est de présenter trois vedettes devant du domecq...sauf précisément à Barcelone où, hormis lorsque torée José Tomas, on peine à remplir une moitié des gradins. Je n'ai pas non plus la naïveté de croire, bien que personnellement c'est le genre de corrida vers lequel mon aficion me porte, qu'une programmation de type Vic Fezensac ou Céret parviendrait à remplir la Monumental barcelonaise; même si, en ce qui concerne les résultats financiers, le moindre coût des toreros pourrait permettre aux organisateurs d'y trouver leur compte. Il n'y a pas si longtemps on pouvait d'ailleurs voir à Barcelone des Pablo Romero, Miura et autres Victorino Martin, on y organisa aussi des corridas-concours plutôt réussies. Pourtant l'aficion catalane s'est peu à peu réduite et le grand public a déserté les arènes. Ce qui ne s'est produit ni Dax, ni à Nîmes, ni à Vic ou l'aficion est vivace et les gens prêts à défendre leurs corridas. C'est donc bien ailleurs qu'il faut chercher les causes de cette désaffection. Étant entendu que sans elle jamais une majorité d'élus ne se serait risquée à voter l'interdiction.
Pour moi cette désaffection est le résultat d'un long travail de sape (plusieurs décennies) orchestré main dans la main par les élites nationalistes catalanes qui ont vu dans le combat antitaurin un puissant symbole antiespagnol et une minorité d'intégristes animalistes bien organisée qui a trouvé dans l'alliance avec les nationalistes un tremplin inespéré pour faire triompher ses idées. Leur combat a été remarquablement mené, avec patience et intelligence, profitant de chaque tension politique pour avancer leurs pions, avec, pour faciliter l'estocade finale, le scénario inespéré de ces derniers mois qui a vu la crispation des principaux partis politiques nationaux par rapport au statut de la Catalogne et tout récemment, le refus du tribunal constitutionnel espagnol de valider le projet de nouveau statut.
Pour mémoire dès 1988 une loi de protection des animaux interdit l'accès aux arènes des mineurs de moins de 14 ans, puis la police catalane verbalise les automobilistes garés a proximité des arènes les jours de corrida, petit à petit toutes les arènes de Catalogne espagnole ferment leurs portes, en 2005 la mairie de Barcelone déclare la ville antitaurine...
Seuls, les nationalistes catalans n'auraient jamais pu mener à bien l'ILP et les animalistes, de leur côté, seraient restés ce qu'ils sont ailleurs : des roquets qui nous mordillent les mollets.
Pour conclure sur une note optimiste je pense que la conjonction qui vient de voir la victoire des antitaurins est si exceptionnelle que je ne suis pas inquiet pour l'avenir de la corrida...A condition que les aficionados sachent défendre ce qui constitue un des plus extraordinaires spectacles que le génie humain a su créer ... et que notre société n'évolue pas vers une dictature des bien-pensants dont la Catalogne espagnole est devenue le fer de lance. Songeons qu'aujourd'hui aller voir une corrida de toros un cigare à la bouche après avoir bu une copita est quasiment un acte de rébellion!
samedi 31 juillet 2010
Novilladas d'août dans les Landes
Au programme :
HAGETMAU
dimanche 1 août : Fuente Ymbro
Cristian Escribano - Thomas Dufau - Juan del Alamo
lundi 2 août : Miura
Gomez del Pilar - Mathieu Guillon - Esau Fernandez
VILLENEUVE DE MARSANmardi 3 août : Martinez Gallardo
Jimenez Fortes - Thomas Dufau - Mathieu Guillon
PARENTIS
samedi 7 août : Prieto de la Cal
Javier Herrero - Martin Nuñez - Esau Fernandez
dimanche 8 août : Moreno de Silva
Nuno Casquinha - Juan Ortiz - Daniel Palencia
SOUSTONS
dimanche 8 août : Antonio Bañuelos
Gomez del Pilar - Cristian Escribano - Thomas Dufau
ROQUEFORTdimanche 15 août : Coquilla de Sanchez Arjona
Gomez del Pilar - Esau Fernandez - Lopez Simon
SAINTSEVER
dimanche 22 août : Camino de Santiago
Patrick Oliver - Thomas Dufau - Mathieu Guillon
SAINTPERDON (Mont de Marsan)
dimanche 29 août : Baltasar Iban
Sergio Flores - Juan del Alamo - Mathieu Guillon
jeudi 29 juillet 2010
Une honte pour la Catalogne
La Catalogne s'est toujours affirmée au cours de l'Histoire comme un lieu de liberté et de résistance à l'oppression. Par ce vote elle vient de tourner une page de son histoire. Durant ces dernières décennies le nationalisme catalan s'est peu à peu aigri, supportant de plus en plus mal sa part d'hispanité, tentant de la rejeter de manière tour à tour pitoyable, sournoise, puis de plus en plus frontale. Jusqu'à cette loi que l'on pourrait qualifier de fasciste car elle remet en cause la liberté culturelle des citoyens qui vivent sur son territoire. Une honte pour la Catalogne!
Une évolution si radicale doit en tout cas amener les aficionados à réagir : boycotter la Catalogne et ses produits me paraît la juste réponse face au mépris et à l'arbitraire de ceux qui voudraient aussi s'ériger en avant-garde bien-pensante du monde de demain.
Pour alimenter la réflexion quelques textes intéressants glanés sur le net :
- Xavier Klein sur son blog La Brega
- Nadège Vidal sur son blog Autour des taureaux
- Fernando Savater dans El Pais
mercredi 28 juillet 2010
Il y aura toujours des corridas en Catalogne
images tirées du blog Campos y Ruedos
mardi 27 juillet 2010
Tyrosse : ce qu'est une corrida intéressante
Admirablement présentés donc, astifinos, les Baltasar IBAN avaient dans l'ovale de Tyrosse, tout ce qu'il faut pour rendre jalouses des voisines plus huppées. Tous répondirent présents sous 13 piques. Trois d'entre eux (les 2, 3 et 4) avaient en outre toutes les qualités requises pour permettre de bonnes faenas. Les 1 et 6 s'éteignirent; mais le 5 que trois fortes piques n'avaient pas ébranlé et que les planches attiraient fit suer le burnous à Luis BOLIVAR et à sa cuadrilla. Auparavant le colombien avait coupé l'oreille du second après une faena qui compta quelques belles séquences par naturelles, sans toutefois exploiter jusqu'au bout les qualités de son adversaire.
On perçoit chez Ruben PINAR des possibilités qui, si un jour il se décide à toréer de verdad, pourraient lui permettre d'occuper un poste enviable dans la profession. En attendant, il gère, petit pied, une jeune carrière qui pourrait le mener, s'il n'y prend garde, tout droit au montón.
Le triomphe du jour pour RAFAELILLO face au très bon quatrième, le Murciano toréa avec trop de brusquerie pour emporter l'adhésion des esthètes mais tua d'un grand coup d'épée (deux oreilles).
Salut de José Mora aux banderilles, cornada à l'aisselle de Juan Rivera durant la brega du 6. Et présidence sérieuse, voilà qui a aussi son importance.
vendredi 23 juillet 2010
Madeleine 2010 (4)
Dans la ligne médiocre de la feria
Tout commence pourtant pour le mieux avec Saladillo, bien roulé et bien armé. Il extériorise un fond de caste que Manolo SANCHEZ exploite avec classe et bon goût. Bon début de faena genou ployé et derechazos con empaque. La corne gauche est rétive, mais la bonne estocade aurait pu autoriser le vétéran à faire une vuelta. Celui-ci, conscient de son rôle et soucieux de ne pas faire d'ombre à ses camarades de cartel, se contente d'un modeste salut au tiers.
Puis tout part à vau-l'eau avec une succession de toros médiocres; le fond est atteint avec les 3 et 4, moribonds après la pique (toros malades?).
Au cinquième la messe est dite, le public est à cran et il ne faut pas compter sur MORANTE pour lutter contre le sort et remonter une tarde qui part en déconfiture.
Sébastien CASTELLA parvient tout de même à construire une faena intéressante au dernier mais il tue mal. Un petit succès final qui ne viendra pas masquer une tarde désastreuse.
Bilan
Un premier bilan, spontané mais de bon sens, a été fait par la dame qui, devant moi, à la sortie de la dernière corrida, a lancé à un ami : "C'était pas la peine de virer Chopera pour faire ça à la place!"
Le meilleur de la feria, en ce qui me concerne, aura été l'excellente actuación de Rafaelillo devant les Miura. Le petit torero de Murcie est en train de s'imposer comme une valeur sûre de la tauromachie actuelle.
Pour le reste, à l'exception de la corrida de Garcigrande, la feria a accumulé les revers et les déceptions; dans l'ordre :
- la présentation minable des Miura
- l'indécence de la présidence pour la novillada piquée
- l'absurdité de la corrida mixte
- le scandale des toros annoncés sous un faux nom d'élevage
- le ratage de la dernière corrida qui devait constituer le point d'orgue de la feria.
A vrai dire, les aficionados montois sont assez habitués à des ferias médiocres, mais il y a dans ce bilan quelque chose d'inquiétant, comme si le paraître était devenu, au Moun, le plus important. En effet, l'échec est d'autant plus cuisant que la feria était un triomphe avant même que d'avoir commencé. Imaginons un Montois (un peu naïf) obligé de s'absenter durant les fêtes; à son retour il serait bien surpris d'apprendre les modestes résultats des corridas : depuis plusieurs mois on ne cessait de lui annoncer combien sa feria était merveilleusement conçue par des gens si brillants et si pleins d'idées que les triomphes ne manqueraient pas d'être quotidiens.
Mais aujourd'hui que les cartes sont abattues ne reste que l'embarras et le ridicule de ceux dont le bluff est découvert.
jeudi 22 juillet 2010
Madeleine 2010 (3)
Corrida très bien présentée mais décevante. Tout avait pourtant bien commencé avec un toro violent qui renverse par deux fois la cavalerie. Puis le second est bien mis en valeur par Luis BOLIVAR, il se révèle pastueño à la muleta mais va a menos... Comme la corrida qui baisse d'intensité avec une succession de toros faibles ou de mala casta. A noter le magnifique jabonero sorti en dernière position, manso puissant semblant tout droit sorti des terres du duc de Veragua.
La prestation de Sergio AGUILAR a divisé les aficionados. Face à son premier, bronco et de charge courte, il torée de près, la muleta en retrait. Stratégie a priori adaptée mais qui contribua sans doute à étouffer le toro. Beaucoup pensaient que, cité de plus loin pour profiter de son élan, en avançant la muleta, la caste de ce toro aurait pu être mieux exploitée. Forte pétition après une grande estocade et vuelta du torero.
Belle faena, à la Rincon, avec temple et douceur de Luis BOLIVAR au second toro (oreille).
Arturo MACIAS a surpris par son peu de bagage technique. Visiblement, sa tournée européenne, mal engagée et mal conduite, tourne au cauchemar pour la vedette mexicaine. Sur le sable du Plumaçon, il erra comme une âme en peine, à la merci permanente de ses adversaires.
Une novillada de charité
Faut-il qu'on ait si peu confiance en l'avenir de nos deux toreros pour qu'on les oppose à des novillos de si modeste trapío et qu'on leur fasse cadeau de six oreilles!
Ne nous voilons pas la face, nos deux novilleros sont certes méritants, courageux, estimables mais ils n'ont pas beaucoup progressé par rapport à l'an dernier. Et je ne suis pas sûr que les triomphes faciles comme celui du jour soient la meilleure manière de les aider à avancer sur le chemin ardu qu'ils ont choisi.
Quant au président complice, comment peut-il faire jouer la musique, puis donner deux oreilles pour un travail - qui plus est conclu par un bajonazo - à un novillo auquel il manque une corne! La honte des palcos.
Je n'ai pas assisté à la mixture de l'après-midi. Les organisateurs, qui ne manquent pas d'idées, avaient, à ce qu'on m'a rapporté, rajouté un intermède mécanique sous la forme d'un rouleau compresseur; il aurait obtenu un vif succès populaire.
Plus grave, il semblerait qu'il y ait eu fraude sur l'appellation des toros. Si cela est vrai l'affaire mérite de connaître des suites et serait révélatrice d'un certain état d'esprit délétère à Mont de Marsan.
mercredi 21 juillet 2010
Madeleine 2010 (2)
Aujourd'hui corrida réussie : trois vedettes, bons toros, 6 oreilles, public satisfait.
Le genre de tarde dont, en général, il n'y a pas grand chose à dire. Et pourtant...
Pour moi, il y eut au cours de la corrida deux moments particulièrement intéressants, deux moments de combat.
D'abord lorsque Matias TEJELA dut puiser au plus profond de lui-même pour dominer Malvestido, joli colorado encasté qui l'avait vilainement pris au cours d'une série de naturelle.
Ensuite lorsque Enrique PONCE se colleta avec Secuestrador, seul manso de l'après-midi, réfugié aux planches dès le premier tercio. La lidia de PONCE, ses différentes stratégies, leur réussite ou leur échec, tout fut passionnant jusqu'à l'échec final dont témoigna une mise à mort laborieuse qui vit le maestro frôler les trois avis.
Mais parlons des toros. Domingo Hernandez avait envoyé au Plumaçon ce qui se fait de mieux pour ce genre de corrida. Un encierro brave, noble, solide, chargeant jusqu'au bout (jusqu'au bout de la passe et jusqu'au bout de la faena). Un luxe de corrida. Avec un sérieux bémol : les cornes des deux derniers, indécentes. Un autre bémol, le petit nombre de piques prises (sept). Mais là, les toreros (et la présidence) ont leur part de responsabilité car si le JULI, étant donné ses capacités techniques et morales actuelles, peut se permettre de demander le changement de tercio après une simple pique, il n'en allait pas de même, aujourd'hui, pour ses camarades de cartel. Une pique de plus à leurs toros respectifs leur aurait sans doute facilité la tâche. N'est pas JULI qui veut! On peut même penser que certains toros piqués dans les conditions d'une corrida-concours auraient pu offrir une tout autre image de leur bravoure que celle donnée par la misérable pique unique carioquée. Mais c'était aujourd'hui jour de passes et non de piques. Les meilleurs, le premier plus bravucón que brave avec lequel, en d'autres temps PONCE eut fait un malheur, le troisième qui fit mordre la poussière au groupe équestre, et le dernier face auquel TEJELA redevint un infumable pegapase.
Ah oui, il faut quand même parler un peu du JULI, grand triomphateur de l'après-midi avec quatre oreilles! Quand il torée par naturelles ou par derechazos pas un olé! Puis en fin de faena , il chauffe le public par un toreo de proximité parfaitement au point. Il parachève l'ouvrage avec ses estocades fulminantes (impressionnante celle au 2, mais un petit raté au 5 avec mete...y saca).
J'ai la nostalgie du JULI vu ici il y a quelques années face aux San Martin, il m'avait ce jour-là ému aux larmes. Est-ce moi qui ai changé? le toreo du Juli ? les toros (ah! la vive noblesse des petits santacolomas de Chafik)? Toujours est-il qu'aujourd'hui le Madrilène m'a laissé de marbre.
mardi 20 juillet 2010
Madeleine 2010 (1)
Un lot de troisième catégorie pour une arène dite de première.
La feria débute comme s' était terminée la précédente : par un couac.
La corrida de MIURA ressemble à una limpieza de campo. Elle sent les soldes d'été où l'on vous fourgue à prix cassé le troisième choix dont personne d'autre n'a voulu. Et comme en plus elle est faible voire, pour certains, invalide la déception est grande.
Juan José PADILLA est visiblement, après sa grosse cogida de Pampelune quelques jours auparavant face à des Miura autrement plus sérieux, en phase de récupération. Calme plat donc.
RAFAELILLO a été réellement bon. Toréant avec douceur le pastueño second dans d'importantes séries de naturelles. Puis bataillant avec intelligence et sincérité face au cinquième, le plus miura du lot. Mais il tue mal et doit se contenter d'un salut au tiers et d'une vuelta.
Julien LESCARRET a vu sortir trois toros et pourtant il n'a pu donner une seule passe de l' après-midi. Frustrant pour un torero qui a besoin de se montrer. Son premier Miura, invalide, est remplacé par le sixième, tout aussi invalide mais maintenu en piste; en sixième position sort un cinqueño obèse de José Vazquez qui a si bien profité de son passage dans les corrals des arènes de Casas qu'il n'arrive plus à mettre un pied devant l'autre. Rideau.
vendredi 9 juillet 2010
A propos d'une image
Aucune image de corrida ne représente de torero encorné; et si c'était le cas, ce serait un scandale. Tandis que les lampes romaines, les bas-reliefs, les peintures antiques représentent toujours, avec délectation, le moment où un gladiateur était égorgé. Ceux qui assistaient aux combats de gladiateurs avaient le plaisir de voir des hommes se tuer. Et plus ils en voyaient mourir, meilleur était le spectacle."
Je me demande si l'empressement, l'opiniâtreté, voire la délectation avec lesquels a été montrée la fameuse image de la récente cornada de Julio Aparicio, y compris dans des médias taurins, n'est pas, chez nos contemporains, le signe d'un changement de mentalité.
Bien sûr l'évolution technologique, avec l'instantanéité de l'information qu'elle permet, n'y serait pas étrangère. Monde de plus en plus virtuel et aseptisé qui appelle, en contrepartie, toujours plus de mort, de sordide, de réel.
A moins qu'il ne se soit agi de donner au grand public des gages de dangerosité de l'activité taurine.
En tout état de cause, ceux qui se sont toujours repus de ce genre d'images, ce sont les anti-taurins. Ils ne peuvent réprimer leur jouissance à la vue du torero encorné; ils dévoilent ainsi, eux les bien-pensants, leur fond de culotte malpropre et révèlent leur vrai visage, celui de l'abjection et de la haine de l'humain.
dimanche 4 juillet 2010
Hemingway, fascination pour la corrida (3)
De nos jours (In our times), recueil "expérimental" de textes courts (1924) dont le sujet est la mort contient 6 textes sur la corrida intitulés tout simplement :
- Chapitre 2
- Chapitre 12
- Chapitre 13
- Chapitre 14
- Chapitre 15
- Chapitre 16
- Sur l'écriture (1924)
- L'invincible (1924)
- Histoire banale (1925)
- La mère d'une tante (1933)
- La capitale du monde (1936)
Auxquelles, pour être exhaustif, il faut rajouter un conte taurin :
- Le taureau fidèle (paru en France en 1969)
Mais aussi deux nouvelles sans rapport avec la tauromachie qui se déroulent en Espagne :
- Collines comme des éléphants blancs (1927)
- Un endroit propre et bien éclairé (1932)
Et ne surtout pas oublier les nouvelles sur la guerre civile (ou y faisant allusion) :
- Le vieil homme près du pont (1938)
- La dénonciation (1938)
- Le papillon et le tank (1938)
- Veillée d'armes (1938)
- Personne ne meurt jamais (1938)
- En contrebas (1939)
- Paysage avec silhouettes (1939)
- L'étrange contrée (1950)
Tout se trouve dans ces deux livres
samedi 26 juin 2010
Corrida de La Brède : Un Mexicain et un Andalou
vendredi 25 juin 2010
Luis Francisco Esplá
Allegro brillantissimo !
Luis Francisco ESPLA est un prodigieux metteur en scène du spectacle taurin. Et un interprète ahurissant. Ce garçon a des trouvailles fabuleuses. Dix fois ce soir, le Levantin s'est lancé dans une aventure technique particulière : audace de répertoire à la cape, prouesses de terrains aux banderilles, gageures de distances au recibir. On a parfois douté : « Cette fois, il se "plante". Il va trop loin ! » Dix fois le magicien a réussi son tour avec une aisance, une maîtrise qui confondent. Façon d'être et conception de l'acte à l'ancienne, toreo de défis tenus et de bravades assumées... et l'on songe aux coplas d'autrefois, du temps de la « Maricastaña » :
En el café de Chinitas
dijo Montes a su hermano :
Este toro ha de morir
antes de las cuatro y média...
Y era Paquiro en la calle
un torero de cartel !
Quel immense professionnel ! Et quel succès gigantesque ! J'ignore si Esplá est un artiste, mais je le sais grand virtuose. On peut douter de son génie, mais j'affirme qu'il a un talent fou. Et pourquoi faudrait-il primer toujours l'application laborieuse, quand la souveraine aisance a de si belles séductions ? Laissons-nous donc aller...
On a vu des « orticinas », des faroles inversés golden-twenties, une « roblesina » coruscante, des mises en suerte -en manière de « galleo » virevoltant, un recorte définitif, sur la hanche, toile rassemblée, presque le « capote al brazo » du pauvre Reverte ou du Gallo, l'ancien. Le tout parfum de rose ancienne, cartel de toros haute époque !
Aux banderilles, et pour jargonner moderne, une indescriptible maîtrise des relations spatio-temporelles ! Indescriptible, donc ne décrivons pas. A la muleta, simplement agréable, fleuri, enlevé. Puis il cadre parfaitement... recule à quinze pas, avance jusqu'à la distance d'attaque, le toro « s'arranque » seul de six, sept mètres, Esplá se bloque et pose un pinchazo recibiendo invraisemblable ! Et comme personne n'a compris, il récidive, même technique, pour une demi-épée parfaitement lagartijera. Effet fulminant, muleta lancée pile sur la dépouille et Pamplona déclenche le cataclysme !
Deux oreilles, la queue exigée par le public (hum !... et la gauche ?), mouchoir bleu normal et sollicité par Esplá pour « Campesino », un « burraco » de rêve, chaud et noble, de José Luis Osborne.
Photo Juan Pelegrin, reportage complet (et magnifique, comme toujours) de la despedida du maestro sur son site Blog (de fotos) de Manon.
dimanche 20 juin 2010
Hemingway, un grand aficionado (3)
"Le taureau est l'élément principal de la fiesta, et ce sont les taureaux que les toreros à hauts salaires essaient constamment de saboter, en exigeant un élevage qui les diminuent de taille et de corne et en les combattant aussi jeunes que possible." (chapitre 14 )
"Un torero qui peut faire une grande faena est au sommet de sa profession aussi longtemps qu'on le croit encore capable de l'exécuter, si les conditions sont favorables; mais un torero qui a montré son incapacité à faire une grande faena lorsque les conditions sont bonnes, qui manque de talent artistique et de génie à la muleta, même s'il est brave, suffisamment adroit et qu'il ne manque pas de connaissance dans son métier, sera toujours un des hommes de peine de l'arène et sera payé en conséquence." (chapitre 18)
"Il est impossible de croire quelle puissance d'émotion, quelle intensité spirituelle, et quelle pure et classique beauté peuvent être produites par un homme, un animal, et un morceau de serge écarlate drapé sur un bâton. Si vous refusez de la croire possible et que vous teniez à regarder tout cela comme une insanité, vous êtes à même de vous prouvez que vous avez raison en allant à une course de taureau où rien de magique ne se passe; et il y en a beaucoup; toujours assez pour vous permettre de vous prouver que vous aviez raison, pour votre satisfaction personnelle. Mais si jamais vous devez voir la vraie faena, vous saurez la reconnaître. C'est une expérience que vous aurez ou que vous n'aurez pas dans votre vie. Cependant, il n'y a aucune façon d'être sûr de voir jamais une grande faena, sinon d'aller à de nombreuses courses de taureaux. Mais si jamais vous en voyez une, terminée par une belle estocada, vous le saurez, et il y aura bien des choses que vous aurez oubliées avant que le souvenir ne vous en ait quitté." (chapitre 18)
"La course de taureaux a toujours été considérée par les chroniqueurs contemporains comme étant dans une période de décadence. Pendant l'époque dont on entend parler aujourd'hui comme l'âge d'or de tous les âges d'or, celle de Lagartijo et de Frascuelo, qui était réellement un âge d'or, l'opinion généralement exprimée était que les choses prenaient une mauvaise voie; les taureaux étaient beaucoup plus petits et plus jeunes, ou bien ils étaient gros mais poltrons. (...)
D'après les différentes sources où j'ai puisé et d'après tous les témoignages contemporains, l'époque des plus gros taureaux et du véritable âge d'or à Madrid fut celle de Lagartijo et de Frascuelo, qui furent les plus grands toreros des soixante dernières années, jusqu'à Joselito et Belmonte. L'époque de Guerrita n'était pas l'âge d'or; Guerrita fut responsable de l'introduction de taureaux plus jeunes et plus petits (j'ai relevé les poids et consulté les photographies). Les gros taureaux revinrent à l'époque de Machaquito, Bombita, Pastor et Gallo, et la taille des taureaux décrut sensiblement à l'âge d'or de Joselito et Belmonte, bien qu'ils aient souvent combattu les plus grosses espèces de taureaux. A présent, les taureaux sont gros et vieux pour les matadors sans influence, petits et jeunes chaque fois que le torero est assez puissant pour mettre la main ou son influence dans leur choix." (chapitre 19)
En 1924, Hemingway face à une vache dans les arènes de Pampelune, tiré du site Sanfermin.com
samedi 19 juin 2010
Hemingway, un grand aficionado (2)
"La corrida est une institution espagnole. Elle existe, non pas pour les étrangers et les touristes, mais en dépit d'eux. Chaque modification qu'on y fait pour obtenir leur approbation, qu'on n'aura jamais, est un pas vers la suppression complète." (chapitre 1 )
"Tout le mal, dans la technique moderne de la course de taureaux, est qu'on l'a rendue trop parfaite. Elle se pratique si près du taureau, si lentement et avec une telle absence de défense ou de mouvement de la part du matador, qu'elle ne peut s'exécuter qu'avec un taureau à peu près fait sur mesure." ( chapitre 14 )
"Après avoir été aux courses de taureaux pendant un certain temps, après avoir vu ce qu'elles peuvent être, si elles finissent par signifier quelque chose pour vous, alors, tôt ou tard, vous êtes forcé de prendre une position définie à leur égard. Ou bien vous tenez pour les vrais taureaux, les toreros achevés, et vous espérez que de bons toreros se formeront, qui sauront combattre, comme sait faire, par exemple, Marcial Lalanda, ou qu'un grand torero se montrera, qui puisse se permettre de briser les règles comme fit Belmonte; ou bien vous acceptez la fiesta dans son état actuel, vous connaissez les toreros, vous comprenez leur point de vue; il y a toujours, dans la vie, de bonnes et valables excuses pour toutes les chutes; et vous vous mettez à la place du torero, vous portez au compte du taureau leurs désastres, et vous attendez le taureau qu'ils veulent avoir. Dès que vous faites cela, vous devenez aussi coupables que tous ceux qui vivent de la course de taureaux et la ruinent, et vous êtes plus coupable encore parce que vous payez pour aider à cette ruine." (chapitre 14 )
"Vous devez, comme spectateur, montrer que vous appréciez le travail bon et valable, même réduit à l'essentiel et sans éclat. Vous devez apprécier le travail bien fait et la mise à mort correcte d'un taureau avec lequel il était impossible de faire un exploit brillant." ( chapitre 14 )
à suivre...
En 1931 Heminway aux arènes de Pampelune avec son fils John et sa femme Pauline (publié par Fernando Hualde, Hemingway cien años y una huella)
mardi 1 juin 2010
Toros en Gironde
Juan Manuel Jimenez - Patrick Oliver - Thomas Dufau
Mateo Julian - Fernando Adrian - Dorian Déjan
Deux curiosités dans ces cartels :
mercredi 26 mai 2010
Ma feria de Vic 2010 (2)
Le lot de Palha en deux mots : joli et plaisant. Une corrida comme on aimerait en voir face aux vedettes de l'escalafon à la place des habituelles limaces produites en série par les élevages dits "de garantie". Avec deux toros braves : Camarito (un petit frère?) et Bandeirito (honoré d'une vuelta justifiée par trois piques prises en poussant et une belle noblesse), à savoir le lot d'Alberto Aguilar. Ce dernier ne laissa pas passer l'occasion de triompher pleinement. Il fallait du culot pour attaquer Bandeirito plein centre par deux excellentes séries de naturelles. Trois oreilles pour le protégé de Fernandez Meca et une promesse qui, sous nos yeux, est en train de devenir réalité.