vendredi 29 juillet 2022

Madeleine 22 (4)

    Grâce aux photographies de Laurent Bernède, retour sur la grande tarde des Pedraza de Yeltes :
 














 
Jacobo (3ème)  face à German Gonzalez à la première des quatre piques
 
 
 

 












Face à face Thomas Dufau Jacobo

















Doblon de Lopez Chaves à Burreñito (4ème)

















Potrillo le quinto 




















Alberto Lamelas  Potrillo
 
 
 

 

















Curro Sanchez le mayoral et Thomas Dufau

jeudi 28 juillet 2022

Madeleine 22 (3)

  
   Les fêtes de la Madeleine ne seraient pas complètes sans leur partie landaise. Après la victoire la veille de Kenji Valdes lors du concours landais, c'est encore un écarteur qui tient la vedette en ce début de première corrida de la feria. Cyril Dunouau a décidé de se risquer à écarter, avec l'accord d'Antonio Ferrera, le premier toro de Victoriano del Rio. Mais le fauve ne mord pas à la feinte, il envoie son vis-à-vis dans les airs et le reprend durement au sol. Sur les gradins, tout le monde le voit mort, pourtant il se relève, indemne, ce sera le miraculé de la Madeleine. 
 
   Une feria taurine ce sont aussi des spectacles essentiels pour l'avenir de la tauromachie.
   La non piquée du jeudi matin vit Juanito, Tristan Barroso, Manuel Roman et Cristiano Torres à leur avantage face à un cocktail varié de ganaderias locales. 






  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
    Le samedi matin la novillada piquée avait attiré une demi-arène.






   Le succès d'une course dépend aussi beaucoup de la qualité des cuadrillas. On voit ici face aux Pedraza, Mathieu Guillon aux banderilles et les deux picadors, eux aussi héros du jour et réclamés par le public pour une ovation finale, German Gonzalez et Juan José Esquivel. Tous de la cuadrilla de Thomas Dufau.




   
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Toutes les photos sont de Laurent Bernède (cliquer dessus pour les agrandir).

mardi 26 juillet 2022

Madeleine 22 : a mas comme les bons toros (2)

     Samedi : La Quinta
    Belle après-midi de toros grâce à un lot de La Quinta dont la mobilité encastée maintint en permanence l'intérêt en piste. Un lot brave en 13 piques, que l'on aurait aimé mieux mis en valeur au cheval. Les meilleurs : le 4 qui ne trouva hélas pas son maître en la personne d'Antonio Ferrera et le 5 qui plongeait avec délice et douceur dans les leurres. Le plus difficile : le 6, un de ces santacolomas qui ne lâchent jamais leur proie. A l'issue de la course, le public appela fort justement et de manière spontanée le mayoral à saluer.
   Antonio Ferrera (bronca, sifflets), en perdition, a gâché deux bons toros. Devant le tambour major il stoppa sa faena à la première difficulté. Face à la caste du quatrième il ne put tout simplement pas, privé de toute ressource morale pour surmonter la difficulté de son adversaire et l'hostilité du public.
   Bonne après-midi en revanche pour Gines Marin, torero de classe, auteur de faenas complètes et adaptées à ses adversaires, perdant le triomphe à la mort (salut, une oreille).
   Le jeune Angel Tellez, récente révélation de la San Isidro madrilène (il remplaçait à ce titre Emilio de Justo), a pleinement confirmé tout le bien que l'on disait de lui. Il toréa avec une vaillance et une sincérité de tous les instants. Ses naturelles au troisième eurent la griffe d'un grand torero (vuelta). Il fut débordé par le sixième dont les difficultés dépassaient ses actuelles capacités mais ne baissa jamais les bras, c'est ainsi que l'on apprend.

     Dimanche : Le grand spectacle des Pedraza
 

 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   Pour la deuxième année consécutive, les toros de Pedraza de Yeltes ont conclu les fêtes de la Madeleine de la meilleure façon qui soit : par un lot de grande bravoure et poder. 15 piques prises avec ténacité et deux chutes en témoignent d'autant que, par la suite, les salmantins gardèrent toute leur mobilité même si certains eurent en fin de faena tendance à vouloir rejoindre les planches. De ce lot complet, deux toros bien différents ressortirent. Jacobo, le troisième, afficha d'emblée caste et personnalité. Il se précipite sur le cheval dès qu'il l'aperçoit dans le ruedo et lui saute au cou. Après ce préambule, le tercio sera épique. Sur la première pique il désarçonne le cavalier puis jette tout le monde à terre. Il pousse dur à la seconde mais sort seul. La troisième relève du jamais vu : sur le choc, le piquero est soulevé à l'horizontale et retombe à deux mètres du cheval. La quatrième est supérieure : toro, cheval et piquero longuement arcboutés dans un effort contraire de poussée et de résistance. Ovation de gala pour German Gonzalez, héros de ce tercio hors du commun. Par la suite, le toro montrera beaucoup de tempérament et de mobilité et sera fort justement primé d'une vuelta.
   Deslumbrero, autre colorado typique de l'encaste sorti en sixième position sera lui aussi honoré d'une vuelta al ruedo. Son comportement correspondra davantage aux critères d'une bravoure normalisée. Il prend trois piques en poussant longuement et fixement. Il est placé une quatrième fois face au cheval mais il tarde à s'élancer et le changement de tiers est judicieusement demandé. Grande ovation à Juan José Esquivel son picador. Il fait preuve ensuite d'une grande fixité et charge avec noblesse sur les deux axes.
   Thomas Dufau a su se montrer digne d'un tel sorteo. Pour contenir les charges soutenues du 3 il dut raccourcir les séries et les remater en deux temps par molinete et pecho. Bien que souvent à la limite de la rupture il put ainsi rester maître de la situation. Après une belle entière il fut récompensé par une oreille. Face à l'excellent Deslumbrero, sa faena posée, classique, de bon goût lui ouvrit à nouveau les portes du succès (une oreille). Un final un peu long et une demi-estocade après pinchazo lui coûtèrent sans doute la deuxième oreille. Belle journée pour le Landais qui avait besoin de ce triomphe après une longue période maussade.
   Très belle faena aussi d'Alberto Lamelas au second toro, avec un toreo très reposé, en particulier par naturelles pleines de douceur et de temple. Une grosse oreille après une estocade engagée. Il parut fatigué au cinquième (la chaleur ?) où l'on revit le Lamelas brusque et précipité face à un toro vif et collant (pegajoso) qu'il ne réussit jamais vraiment à canaliser.
   Avec une réussite moindre, Lopez Chaves pratiqua lui aussi un toreo de qualité mais sans parvenir au succès de ses camarades de cartel.
   Au final, sortie a hombros du mayoral et de Thomas Dufau, point d'orgue d'une feria dont les trois dernières journées eurent du contenu et satisfirent aficion et grand public.

lundi 25 juillet 2022

Madeleine 22 : a mas comme les bons toros (1)

    Voici quelques notes et impressions sur une feria montoise qui, hormis le jour de Morante et des Garcia Jimenez, a connu des tardes intéressantes et, comme les bons toros, est allée a mas pour se terminer avec le grand spectacle des Pedraza. L'affluence du public est elle aussi allée en augmentant, les corridas de fin de semaine (proches du plein total) ayant connu une affluence supérieure aux corridas toreristes du mercredi et jeudi (4/5ème).
 
     Mercredi : deux toreros 
   Très inégal en âge, trapío et caste, sans aucun bon toro, le lot de Victoriano del Rio avait un côté fond de tiroir, en l'occurrence fond de campo. Il constitua une déception dans une temporada où abonde, dans d'autres ruedos, ce que l'élevage produit de meilleur. Le succès de la tarde revint à deux toreros qui ont su tirer le meilleur de toros anodins.
   Antonio Ferrera et Daniel Luque ont eu à peu de choses près un sorteo identique. Peu motivé et sans sitio, le natif des Iles Baléares a rendu copie blanche (silence, silence) tandis que le Sévillan affirmait sa classe et son pouvoir sur les toros. Il tua en outre de deux estoconazos (deux oreilles, une oreille). L'un parait être au bout du rouleau, l'autre semble marcher sur l'eau, il peut avec tous les toros et torée avec une classe de grand maestro.
   Diego Urdiales a pu profiter de la noblesse fade du cinquième pour donner plusieurs naturelles de qualité supérieure. A montrer dans les écoles taurines. Mais l'ensemble de son ouvrage manqua de dominio. Oreille après estocade entière. Il n'avait rien pu tirer du second en querencia permanente près des tablas.

     Jeudi : Échec pour les arènes montoises
   Georges Orwell a inventé le concept de common decency que l'on pourrait caractériser avec Jean Claude Michéa de "sens commun qui nous avertit qu'il y a des choses qui ne se font pas". Cette corrida, imprésentable, fait partie de ces choses qui ne devraient pas se faire. Elle signe l'échec des nouveaux organisateurs, leur incapacité à faire respecter par une figure de la tauromachie (Morante de la Puebla) et par un marchand de toros (Garcia Jimenez, alias Matilla) une décence minimale correspondant à l'éthique de la tauromachie. Ces toros-là n'avaient rien à faire sur le sable du Plumaçon qui se targue d'être une arène de première catégorie et dont le public n'est pas prêt à prendre au sérieux ce qui s'accomplit devant des bichos aussi insignifiants. Au final, c'est la tauromachie toute entière qui sort affaiblit de cette après-midi.

     Vendredi : L'oreille de Rafaelillo
  











   Retour à la normale, et même un peu plus, avec le magnifique lot cinqueño des héritiers de Celestino Cuadri lidié vendredi.
   On essaie toujours de nous vendre les Cuadri comme des toros terrorifiques. Rien n'est moins vrai, le toro de Cuadri est foncièrement noble et les trois derniers de ce jour sont venus en apporter la preuve. Certes leurs armures et leur tamaño si imposants inspirent le plus grand respect, certes leur lidia a été compliquée ce jour aux deux premiers tiers, mais ils sont capables de livrer au troisième tercio des charges profondes qui rendent possible le meilleur toreo. Un regret bien sûr, c'est que de si beaux animaux se soient montrés si peu actifs au cheval. 12 piques ordinaires, les combats épiques face à la cavalerie sont restés une fois de plus dans nos rêves.
   En pleine forme, moral au plus haut, combattant comme jamais et bon torero, Rafaelillo fait plaisir à voir. Face au très bon quatrième, il donna une faena complète qui culmina en d'excellentes séries de naturelles templées, longues, profondes. Après une demi-estocade il coupa une grosse oreille qu'il fallut aller chercher au desolladero à la suite d'un énorme quiproquo entre présidence, alguazils, toreros et public.
   Octavio Chacon n'a été que l'ombre de lui-même. Il laissa le très noble cinquième sin torear.
   Damian Castaño toréa très peu de cape, coupant court à ses réceptions. Voulait-il préserver ses toros pour la faena ou bien ne se sent-il pas à l'aise dans le maniement du capote ? Il dut abréger son travail avec le troisième blessé à un pied, mais la noblesse du dernier lui permit de réaliser une excellente faena sur les deux cornes qui lui aurait valu un appendice sans son inefficacité répétée épée en main. Étrange manière de tuer que la sienne se profilant très loin du toro.
















mardi 19 juillet 2022

Tyrosse à l'ombre des platanes

 

 


A l'ombre des platanes qui entourent presque entièrement les arènes de Tyrosse, le public (demi-entrée) a pu passer une après-midi presque rafraîchissante en cette période de canicule. Si les platanes y sont pour quelque chose, le spectacle proposé favorisa également cette sensation. Tout d'abord les toros de Pagès Mailhan. Des buveurs de leurre, comme assoiffés de capes et de muletas. Avec dans la charge une pétillance dont les toreros purent pleinement profiter à condition de la contenir par des tracés sûrs et précis. On pourra en revanche reprocher aux fuenteymbros camarguais la modestie de trapío des quatre premiers, une propension à lorgner vers les planches à mi-faena et la discrétion de leur combat au premier tiers (7 piques).
   Morenito de Aranda coupa une oreille au premier pour une faena de bon goût  suivie d'une entière basse aux effets foudroyants. Centré et dominateur face au quatrième, une mise à mort à épisodes lui fit perdre le bénéfice du bel ouvrage.
   Thomas Dufau resta discret face au deuxième qu'il occit vilainement d'une estocade basse et atravesada. Il se montra sous un meilleur jour face au castaño cinquième, le plus imposant du lot, encasté. Après début par cambiadas au centre, il s'imposa peu à peu en séries de derechazos dominateurs et templés avant un final varié. Mais, comme trop souvent, il tua mal en plusieurs temps, perdant lui aussi le bénéfice d'une faena consistante ... et rassurante à quelques jours de sa confrontation avec les pedrazas montois.
   José Garrido, que l'on voit peu sous nos latitudes, se montra à son avantage. Bonne faena de torero classique au 3 et échec à la mort. Encore en verve avec le 6 notamment en d'excellentes naturelles. Bonne estocade et deux oreilles.
   On notera dans les cuadrillas le salut du toujours remarquable José Chacon au sixième et les habituelles bonnes prestations de Morenito de Arles et Fernando Sanchez.