jeudi 22 février 2024

Lejos de los árboles

   

 
   Lejos de los árboles est un long métrage documentaire tourné entre 1963 et 1970 par Jacinto Esteva Grewe, un des fondateurs de l'École de Barcelone. Le film, longtemps en butte à la censure, finit par sortir sur les écrans en 1972, en toute confidentialité. Il faut dire que le sujet en est rude. Bien loin des espagnolades destinées à donner aux touristes une image édulcorée du pays du soleil et des castagnettes, il s'agit, à travers des images brutes et brutales de fêtes et de rites populaires de l'Espagne profonde, de montrer la manière dont les Espagnols se confrontent aux éternelles angoisses de l'humanité : la mort, le mal. 
   On y voit par exemple la fête des possédés de la Vierge à Lalin (Pontevedra), la procession des pénitents à San Vicente de Sonsierra (La Rioja), la cérémonie de l'âne jeté de la falaise à Granera (Barcelona).
   Si la force du film vient de la force des images, sa faiblesse vient du fait que le spectateur a du mal à saisir quelle est l'intention de l'auteur.
   Est-ce un film anthropologique ? Dans ce cas il lui manque l'objectivité et la rigueur d'un regard qui se voudrait scientifique.
   Est-ce une dénonciation de pratiques obscurantistes ? Au-delà de la fascination morbide qu'exercent certaines séquences, ceux qui voient dans l'histoire de l'humanité une lente marche vers le progrès seront tentés de le penser.
   Est-ce un film à thèse (Seul l'art permettrait de transcender les affres de l'esprit humain) ? La conclusion ainsi que certaines séquences, celles liées à la tauromachie notamment, pourraient le laisser croire.
   La tauromachie justement occupe une place non négligeable dans le film. Il y a une longue séquence sur les fameux Bous a la mar de Denia (Alicante) ainsi qu'un montage très travaillé qui met en parallèle la rudesse d'une capea de village (Elche de la Sierra, Albacete) avec la ritualisation sophistiquée d'une corrida à Barcelone (avec le matador Chamaco).
   Entre la richesse des thèmes abordés, l'ambiguité du regard du cinéaste et le choc des images, on sort de la vision de ce film trouble et fascinant comme ayant reçu un sacré coup à l'estomac.
                                                
 
 
 

 
 
Pour en savoir plus et en particulier la liste des différents lieux de tournage :

lundi 5 février 2024

Croquis de la fête taurine (poèmes 10)

 
Cuadri 

Un barrage d'eaux noires
se rompt
Coup hardi 
emportant tout sur son passage




Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas

La perfection existe-t-elle ?
Si oui
elle ressemble
à un toro de Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas




Cebada Gago

Ah ! ces bogues dagues qui piquent
et 
qui
s'activent dans le cirque et dans les cœurs