dimanche 29 avril 2012

Balade flamenca (1)


Classiques photos de concert, détails, mouvements, portraits, moments volés à l'intime, Jean Louis Duzert - 20 ans de photographies flamencas - excelle en tout.
Dans ce livre aux mille richesses chaque page est un miroir qui nous ouvre à l'esprit du flamenco, chaque photo un monde dans lequel on ne se lasse pas de pénétrer.
Mais le meilleur des cantaores a besoin de toques, palmas y jaleos. C'est Ludovic Pautier qui, par ses mots riches et précieux, accompagne parfaitement le maestro photographe. En alternant récits, portraits, réflexions sur le cante, par la grâce d'une langue savoureuse et poétique, il réussit cette gageure de dire sa foi en cet art sans alphabet.
Pour les ordinaires spectateurs-lecteurs que nous sommes, un livre qui permet d'approcher ces lieux où, selon la formule de Lorca, ''les formes se fondent dans un désir qui brûle au dessus de leurs aspirations visibles''.

Jean Louis Duzert (photograhies), Ludovic Pautier (texte) - avec traduction en espagnol et en anglais,
Balada Flamenca - 20 ans de Flamenco dans l'œil du photographe,
Les éditions de l'atelier In8, 2011

jeudi 26 avril 2012

Cartels de Mont de Marsan, Orthez, Tyrosse

La corrida a ses raisons que la raison ignore. En cette année 2012, les ferias de Mont de Marsan, Tyrosse et Orthez vont avoir lieu en même temps. Du jamais vu dans le Sud-Ouest. Paradoxalement, le week-end précédent - rien moins que celui du 14 juillet - restera vierge de toute corrida.

Voici les cartels :

Mardi 17 juillet
Mont de Marsan
concours landais (21h)

Mercredi 18 juillet
Mont de Marsan
Parladé
Morante de la Puebla - J. M. Manzanares - Daniel Luque

Jeudi 19 juillet
Mont de Marsan
Margé
Enrique Ponce - J. J. Padilla - Mathieu Guillon (Alt.)

Vendredi 20 juillet
Mont de Marsan
Fuente Ymbro
Matias Tejela - Ivan Fandiño - David Mora

Samedi 21 juillet
Mont de Marsan
nov.  Alcurrucen (11h)
Conchi Rios - Juan Leal - Alvaro Sanlucar

Jandilla
El Juli - Alejandro Talavante - Thomas Dufau

Orthez
nov.  Fernando Pereira Palha  (11h)
Ivan Abasolo - Imanol Sanchez

Veiga Teixeira
Fernando Robleño - Paulita - Serafin Marin

Dimanche 22 juillet
Mont de Marsan
José Escolar Gil
Fernando Robleño - Javier Castaño - Julien Lescarret

Tyrosse
El Tajo y La Reina (Joselito)
El Fundi - Manuel Escribano - Ivan Fandiño


Si je n'ai pas trop mal compris, la responsabilité de cet embouteillage taurin incomberait aux Montois qui, sans se préoccuper des autres, ont décalé leur féria de quelques jours.
Une bonne raison, pour moi, de ne pas reprendre mon abonnement et de filer le samedi à Orthez et le dimanche à Tyrosse où El Fundi fera sa despedida française dans un cartel des plus intéressants.

Il n'en reste pas moins vrai que les corridas de Mont de Marsan sont bien plus attrayantes que celles de l'an dernier. Je constate toutefois que Simon Casas - pas plus que les autres - ne fait de miracles puisqu'on retrouve les matadors les plus précieux (Morante et Manzanares) face à l'un des pires élevages qui soit (Parladé). Et je constate aussi hélas que les voisins dacquois ne font pas mieux; on pourra en effet y voir nos deux compères avec du Zalduendo, élevage qui fracasse de manière parfaitement régulière depuis des années. Un beau gâchis en perspective!

vendredi 13 avril 2012

Arles 2012, corrida de Fuente Ymbro

Après les Miuras de la veille  encore une déception ganadera avec une nouvelle série de toros faibles ou invalides. FUENTE YMBRO est-il un élevage surévalué? qui produit trop? Réponse dans les semaines à venir.
Aujourd'hui seuls les deux derniers présentaient de l'intérêt. Le cinquième, un jabonero sucio de charge vibrante et de tête agitée permettait sans doute mieux que ce que nous proposa David MORA encore que sa faiblesse, masquée par une tauromachie linéaire, n'aurait peut-être pas supporté un toreo plus engagé.
Bonne actuacion d'Ivan FANDIÑO, le probe et sérieux matador basque (oreille et oreille).

Pour le jeune Thomas DUFAU cette corrida constituait un test d'importance. Elle était située loin de ses terres d'Aquitaine sur lesquelles il bénéficie de la présence d'un public tout acquis à sa cause. Il était opposé à un élevage considéré comme sérieux et dont la présentation correspondait à ce que l'on est en droit d'attendre d'une arène de 1ère catégorie.
Son premier adversaire avait montré de l'invalidité au cours des deux premiers tercios et avait été protesté en conséquence. L'affaire se présentait donc mal, mais, grâce à un début de faena engagé et alluré, Thomas sut gagner la sympathie du public ... et du toro qui consentit à se livrer. Ce fut là le meilleur de son après-midi. Car, comme il le fait trop fréquemment, il passa alors aux sempiternelles culerinas qui nous privèrent de quelques naturelles sur la bonne corne gauche du bicho et ne recueillirent que de tièdes applaudissements. Une entière très en arrière et salut au tiers.
Face au sixième, un toro imposant, solide et encasté, le Landais ne trouva jamais ses marques. Il avait commencé sa faena par des cambios qui portèrent sur le public. Puis on sentit qu'il y avait trop de toro pour lui - sa carrière très protégée jusqu'ici ne lui a pas permis d'en voir beaucoup d'aussi sérieux. Il s'inhiba, se mit en danger mais eut le pundonor de tuer d'une bonne entière.


jeudi 12 avril 2012

Arles 2012, corrida de Miura

Chaque lot de MIURA combattu ramène l'aficionado à la même question, celle de la fidélité à la légende. Cette légende s'est construite peu à peu, à partir d'événements extraordinaires parmi lesquels la mort de nombreux matador tient une place essentielle. Chaque course est l'occasion de comparer le comportement des toros que l'on voit ici et maintenant avec l'idée que l'on se fait de ce que doit être un toro de Miura. Cet idéal du Miura pourrait tenir, sous sa forme épurée, en trois mots : présentation, puissance, dangerosité.

Qu'en fut-il des Miuras de cette feria arlésienne?

En ce qui concerne la présentation, on peut la considérer comme bonne et conforme à la légende avec même une heureuse surprise pour les cornes. Il y a en effet belle lurette que je n'avais vu des pitones aussi astifinos chez Miura. Il me vient à l'esprit la miurada de 1993 (ma première miurada en ces lieux) où tous les toros arboraient des armures détruites, parfois de simples moignons.
Ce qui peut inquiéter en revanche c'est l'uniformisation des robes. Cinq toros sur six cárdenos, voilà qui est inhabituel dans un élevage connu pour la grande variété de ses pelages.

En ce qui concerne le poder ce fut une véritable bérézina à laquelle l'élevage ne nous a ces derniers temps que trop habitué. Il y eut deux toros invalides (le 4 et le 5), impropres au combat de l'arène; deux toros d'une grande faiblesse (le 2 et le 3); le premier sans faiblesse mais sans poder. Seul le dernier fut conforme à l'image que l'on peut se faire d'un Miura.

Venons-en maintenant à leur dangerosité.
Avec deux extrêmes :
 - le sixième pose, à la muleta, de sérieux problèmes à son matador. Il accepte les passes et charge franchement à condition que le placement du torero soit parfait; ce qu'il refuse en revanche c'est le toreo lié qu'essaie de pratiquer Savalli : à la deuxième passe la charge se raccourcit et à la troisième il vient sur l'homme. Dondequiera, negro bragado cinqueño de 600 kg est le plus miura du lot, le seul du jour à sauver l'honneur de la devise.
 - à l'opposé, Remontisto, sorti en deuxième position fait preuve dans la muleta de Javier Castaño d'une noblesse qui confine très vite à l'innocence et à la fadeur. Il est auparavant allé au cheval avec facilité mais son manque de caractère s'il ne l'empêcherait pas d'être considéré comme un assez bon toro d'une ganaderia commerciale ne peut en faire qu'un médiocre Miura.
En fin de compte les meilleurs moments de la tarde, ceux où les Miuras furent le plus miuras eurent lieu lors de leur sortie en piste. Ils se montrèrent alors plein de fureur et les regards provocateurs qu'ils lancèrent aux occupants  du callejon - leur hauteur le leur permettait - restèrent hélas sans suite.

Mehdi SAVALLI fut, à ses deux toros, remarquable tant lors de ses réceptions à la cape pleines d'art, de sincérité et de dominio que lors de ses paires de banderilles qui mirent les étagères en ébullition. On se souviendra en particulier d'un quiebro inattendu au sixième. Hélas pour lui tout se complique par la suite.

mercredi 11 avril 2012

Arles 2012, la corrida des vieux : Ruiz Miguel for ever

 Ruiz Miguel, Victor Mendes, El Fundi.
Le cartel de la despedida arlésienne du Fundi avait tout l'air d'un OVNI traversant le ciel  de la planète taurine. Il faisait figure d'habile montage destiné à parer la mise à l'écart (justifiée) des vedettes pour cause de prétentions excessives. Bien sûr l'âge des participants (63 ans pour Ruiz Miguel et 53 pour Mendes) et l'éventuel manque de sérieux du bétail pouvaient faire craindre une tarde tournant au grotesque. Pourtant, l'annonce de ce cartel avait avant tout constitué, pour moi, un véritable bain de jouvence : l'impression d'être revenu, par le coup de baguette magique d'une fée taurine, un quart de siècle en arrière!
RUIZ MIGUEL, d'entrée, dissipa tous les doutes. Sans un atome de graisse, débordant d'énergie, sautant la barrière comme un jeune homme, il illumina l'après-midi par son enthousiasme et sa toreria. Toreria car il toréa avec une sincérité, un naturel, une pureté qui constituèrent une leçon de bien toréer à l'usage des jeunes générations. On retrouva aussi le Ruiz Miguel cabochard qui houspille sa cuadrilla (pourtant remarquable) et cabotin qui aime et suscite les applaudissements. Ce qu'on ne vit pas, en revanche, et il est bon de le préciser pour ceux, nombreux, qui le découvraient ce jour, c'est le belluaire aux nerfs d'acier, capable de réduire et de dominer les toros les plus âpres. Il profita, en effet, d'un sorteo particulièrement favorable. Un premier toro très bien présenté mais très noble et faible de pattes, puis un petit toro de réserve d'Antonio Palla, vif et noble mais qui, par manque de fond comme ses frères cadets du matin, baissa de pied après les deux premières séries. On ne saura donc jamais si, face aux 2, 5 ou 6, toros très sérieux, con casta y poder, on aurait retrouvé le Ruiz Miguel de légende, celui qui nous a tant fait vibrer il y a de cela  plus de vingt-cinq ans.

Malgré sa bonne volonté, face à deux toros qui excédaient largement ses possibilités actuelles, Victor MENDES n'a pas pu.

EL FUNDI, dans un jour noir, ne dut qu' à l'émotion légitime suscitée par sa despedida de recevoir des applaudissements. Mais la tauromachie a ses mystères, le lendemain il coupait une oreille à Madrid, plaza avec laquelle il a toujours entretenu des relations difficiles...

Respectueux d'eux-mêmes, de leur passé, du public, Ruiz Miguel, Victor Mendes et El Fundi sont venus à Arles avec la corrida la mieux présentée et la plus encastée de la feria. Six toros con trapío, majoritairement castaños, envoyés par le conde de MAYALDE, et dont l'origine contreras et domecq les apparente aux Baltasar Iban. Parmi eux trois toros de trois piques, gardant jusqu'à la fin du combat mobilité et volonté d'en découdre. Mayalde un élevage digne d'intérêt.