jeudi 25 février 2021

Parentis : changements et inquiétudes

    La cité landaise de Parentis en Born a depuis l'an dernier une nouvelle maire. Si la prise de pouvoir donne de l'appétit, elle oblige aussi. A utiliser par exemple les compétences de ceux qui se sont frottés aux dures réalités de l'organisation taurine. Depuis quinze ans c'est le cas des aficionados de l'ADA (Association Des Aficionados de Parentis) qui sont parvenus à maintenir le prestige (et même sans doute à l'accroître) des arènes Roland Portalier et à faire vivre économiquement la partie taurine de la feria de Sen Bertomiu.
   Or, par un récent communiqué, la mairie a fait savoir qu'elle avait décidé, après un vote du Conseil Municipal, de procéder désormais à l'organisation des manifestations taurines en régie directe en s'appuyant sur un Comité Consultatif Taurin et, pour toutes les questions administratives, sur le prestataire de service (inchangé) Alain Lartigue. L'ADA se trouve donc de facto remerciée  et la convention qui la liait à la municipalité annulée. Voilà qui est bien mal payer quinze années de services rendus, et voilà qui constitue aussi une prise de pouvoir risquée à l'heure où bien des arènes de la région connaissent des difficultés pour assurer la rentabilité de leurs novilladas. Grâce à sa politique de qualité, notamment en ce qui concerne le choix des novillos et la volonté de favoriser des lidias complètes, l'ADA était parvenue à fidéliser un public qui venait parfois de loin. Il semblerait que ce soit précisément  cette politique, jugée trop rigoureuse, qui ait conduit à cette surprenante éviction. Un fait qui ne peut qu'inquiéter les aficionados...
   Deux novilladas sont annoncées pour début août dans des arènes rénovées et couvertes. Souhaitons que le respect du public, donc de l'éthique taurine (ça va de pair bien entendu) qui a toujours été le souci de l'ADA soit maintenu par la nouvelle équipe. C'est ce respect qui fait le succès et la réputation d'une plaza de toros.
 
 
 


 
En quinze ans le public de Parentis a pu vibrer au combat des novillos de :
   Robert Margé
   Raso de Portillo
   Moreno de Silva (Saltillo)
   Murteira Grave
   Paco Madrazo
   Valdellan
   Salvador Guardiola Fantoni
   Yonnet
   Los Maños
   Monteviejo
   Aguadulce
 
 et apprécier le courage et le talent des novilleros :
   Joselito Adame
   Alberto Lamelas
   Juan Ortiz
   Luis Gerpe
   César Valencia
   Guillermo Valencia
   Manolo Vanegas 
   Juan Carlos Carballo

 

Le projet des nouvelles arènes 














Les anciennes arènes se transforment en lieu multiactivités. Elle seront couvertes (couverture centrale amovible en été) et pourront accueillir 2600 spectateurs en configuration tauromachie et 1500 en configuration concert.


samedi 13 février 2021

Les taureaux font leur cinéma

 

 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
    Ce sinistre hiver aura au moins apporté deux satisfactions aux aficionados bordelais. La publications de deux livres de grand intérêt : Bordeaux capitale tauromachique d'Antoine Briscadieu publié par l'UBTF, sur lequel nous reviendrons ultérieurement ; et Les taureaux font leur cinéma de Guy Suire dont nous parlons aujourd'hui.
   Guy Suire est un infatigable animateur de la vie culturelle bordelaise et aquitaine. Il a longtemps dirigé le café-théâtre L'Onyx pour lequel il a écrit et mis en scène de nombreuses pièces. Il a aussi beaucoup écrit sur le parler local et tenu pendant des années une chronique Les mots d'ici dans le journal Sud-Ouest. C'est également un grand cinéphile et un aficionado de catégorie. Deux passions qu'il a pu marier avec bonheur en se mettant en quête, des années durant, de tout ce que le cinéma a produit sur le thème de la corrida depuis ses origines jusqu'à nos jours. Ce sont plus de 350 films qui sont ici répertoriés par année de sortie et analysés. La grande richesse du livre vient du fait que chaque film fait l'objet de commentaires avisés qui replacent l'œuvre dans son contexte à la fois cinématographique et tauromachique. Et comme Guy Suire est un homme d'humeur et d'humour (plutôt marrounayre que carignous) ses notices ne manquent pas de piquant.
   Mais il faut voir les films. Entre la désespérance du temps qu'il fait et celle du navire couronné qui persiste à rester bien amarré au port, l'aficionado pourrait bien avoir dans les semaines qui viennent du temps à consacrer au visionnage de quelques films, même si ceux-ci sont parfois loin d'être des chefs-d'œuvre du septième art. On en trouve quelques uns dans les magasins spécialisés ou bien sur internet (plutôt en Espagne pour les films produits dans ce pays) mais la plupart n'ont pas été réédité ; dans ce cas les hasards des recherches sur internet peuvent nous valoir de belles surprises. Voici cinq films que l'on peut voir actuellement sur la "toile" et qui, bien sûr, s'apprécient encore plus le livre de Guy Suire à la main à la lumière des informations que celui-ci nous apporte.

   ♦ Yo he visto la muerte    de José María Forqué   avec Luis Miguel Dominguin    1967
   Injustement méconnu, Yo he visto la muerte est un très bon film de docufiction sur le thème de la mort. "C'est un des films qui mérite place au soleil pour son originalité, ses quatre épisodes de face à face avec la mort sous des angles divers, la fluidité réussie fiction-réalité, une impressionnante affiche avec Andrés Vázquez, Antonio Bienvenida, Alvaro Domecq père et fils, Luis Miguel Dominguin", précise Guy Suire.

   ♦ Fray torero      de Saez de Heredia    avec Paco Camino    1966
   Une curiosité ! Un scénario à la limite du grotesque, mais des thèmes intéressants comme les rapports de l'Eglise et de la société espagnole ou la corruption, que Saez de Heredia, par ailleurs chantre de Franco et de son régime, est mal placé pour exploiter. "Ce Paco, fray torero, incontestable dans l'art de toréer des années 60 et 70, se révèle laborieux comédien. On doubla même sa voix pour les projections en salle de cette unique participation cinématographique, qu'il confesse comme un hasard."

   ♦ Aprendiendo a morir    de Pedro Lazaga    avec Manuel Benitez "El Cordobés"   1962
   El Cordobés n'est encore qu'un novillero mais en passe de devenir la vedette que l'on sait. Ce film a pour mission d'y contribuer. "Avec le temps, ce film prend valeur de document référent sur la période et du phénomène sociologique que représente Manuel Benitez, torero icône de l'Espagne des années 60-70. Une vie en forme de bestseller".
    
   ♦ El Litri y su sombra    de Rafael Gil    avec Miguel Baez "Litri"    1959
   Une bonne occasion de mieux connaitre la saga des Litri et, grâce aux nombreux extraits de courses, de découvrir le toreo du plus célèbre d'entre eux ... et les toros qu'il combattait. "Séquences spéciales du film dans les arènes de Huelva, de Malaga, bétail de Joaquin Buendía et Felipe Bartolomé et extraits importants filmés lors de courses du Litri avec ses appels éloignés du taureau, ces litrazos où, l'épée dans la main droite et la muleta repliée dans le dos, Miguel Baez déployait, lorsque la bête arrivait à juridiction, son étoffe pour réaliser sa passe. Sans oublier de regarder les gradins. Sa griffe à lui".

   ♦ Arènes sanglantes  (Blood and sand)   de Fred Niblo   avec Rudolf Valentino   1922
   Une sobre adaptation du roman de Blasco Ibañez. "Ce film borne, marque une date. La tauromachie quitte sa province, étend sa superficie. Le monde découvre la planète taureaux avec les studios californiens pour levier et Valentino en officiant ... Rudolf, star brillantinée, œil de velours, profil de timbre ou de pièce de monnaie, paupières lourdes, dans son costume de lumière, explose le box-office, part à la conquête de l'univers".
   
 

NB  Cliquer sur les titres pour voir les films
 
D'autres films à voir ici

et sur L'œil contraire : ici ou là ( Orson Welles , dessins animés )