Le lot de Palha en deux mots : joli et plaisant. Une corrida comme on aimerait en voir face aux vedettes de l'escalafon à la place des habituelles limaces produites en série par les élevages dits "de garantie". Avec deux toros braves : Camarito (un petit frère?) et Bandeirito (honoré d'une vuelta justifiée par trois piques prises en poussant et une belle noblesse), à savoir le lot d'Alberto Aguilar. Ce dernier ne laissa pas passer l'occasion de triompher pleinement. Il fallait du culot pour attaquer Bandeirito plein centre par deux excellentes séries de naturelles. Trois oreilles pour le protégé de Fernandez Meca et une promesse qui, sous nos yeux, est en train de devenir réalité.
Morenito de Aranda torée bien et joliment. Mais il a manqué quelque chose à son toreo pour emporter vraiment l'adhésion.
Medhi Savalli est un cas. Une cape, une paire de banderilles dans les mains, il se montre efficace, sûr de lui, artiste même parfois; mais, dès qu'il prend muleta et épée, on assiste à un effondrement psychologique et physique. On le sait, être torero est avant tout une affaire de mental et pour lui là est vraiment le nœud du problème.
Corrida de Victorino Martin
Cinq ans bien sonnés, armés pour la guerre, une tonne de dynamite au bout de chaque corne. Les trois derniers des estampes, avec mention au cinquième : plus beau, plus sérieux, plus impressionnant, impossible. Un corridón de Victorino.
Et pourtant une déception - sans doute exagérée - mais une déception tout de même.
Les causes?
Un manque de bravoure et de poder : malgré douze piques honorablement prises, aucun n'a poussé de verdad, à aucun moment la cavalerie n'a été mise en difficulté.
Et, conséquence de ce premier manque? l'absence de noblesse. 6 alimañas 6. Avec des nuances certes, les deux de Juan Bautista plus abordables, les deux du Fundi peut-être améliorables, les deux de Rafaelillo des tueurs à gages.
En fin de compte, une corrida pour Vic et j'irai même jusqu'à dire une corrida rassurante : il y a toujours du nerf, du genio, de la méchanceté brute chez Victorino.
El Fundi est moralement au fond du trou. J'ai fait partie des rares spectateurs à l'applaudir lors de sa sortie des arènes. Je me disais "on ne le reverra plus, il mérite bien un dernier hommage". Et pourtant, qu'est-ce qui nous dit qu'il ne sera pas là l'an prochain plein d'entrega et de dominio, pour un adieu réussi cette fois.
Rafaelillo : à l'impossible nul n'est tenu.
Juan Bautista, personnellement je l'ai trouvé bon. Venir à Vic tuer une corrida cinqueña de Victorino et en repartir sans s'être décoiffé, sans avoir sali son costume blanc, sans s'être à aucun moment affligé mais en ayant donné une magnifique série de naturelle (les seules passes de l'après-midi), je dis bravo. Eso es muy torero.