mardi 31 janvier 2012

Ad Arenas : le Palais-Gallien à Bordeaux



Le Palais-Gallien de Bordeaux n'est pas un palais et il n'a rien à voir avec un quelconque Gallien, que celui-ci soit empereur ou médecin. Il s'agit, qu'on se le dise, des arènes antiques de Burdigala, qui pouvaient accueillir au temps de leur splendeur, il y a presque 2000 ans, plus de 20 000 spectateurs.
La très intéressante exposition que l'on peut voir jusqu'au 8 juin à l'archéopôle d'Aquitaine (Domaine Universitaire à Pessac) retrace l'histoire du monument.
Après avoir été, au cours des siècles, successivement, carrière, bourrier, lieu de plaisirs tarifés, lotissement immobilier, il n'en subsiste plus aujourd'hui qu'une porte monumentale et quelques assises de gradins. Des fouilles et études récentes ont permis de préciser la date de sa construction (entre 90 et 150 ap. J.-C.). Dès le début de l'exposition, une animation numérique 3D permet de visualiser l'amphithéâtre tel qu'il était à l'époque romaine; la ressemblance avec les arènes actuelles d'Arles et Nîmes est frappante et l'on se dit que, si les vicissitudes de l'Histoire n'en avaient décidé autrement, ce pourrait être aujourd'hui une plaza de toros à l'égal de celles du Midi méditerranéen...

Dossier exposition "AD ARENAS! Histoires du Palais-Gallien de Bordeaux"


Ruines du Palais-Gallien en 1710 par Alix

dimanche 22 janvier 2012

Partager la galette

Les matadors négocient des nouveaux droits télé plus avantageux pour eux. Rien à redire, devant le toro c'est bien eux qui risquent leur vie. Si argent il y a, et il paraît qu'il y en a car la création, l'an dernier, de la chaîne Canal + Toros aurait été un succès, autant qu'ils en soient les bénéficiaires plutôt que les organisateurs ou les actionnaires de la dite chaîne.
Et, de ce blog modeste et naïf, j'imagine qu'on pourrait, grâce à cette manne télévisuelle faire d'une pierre plusieurs coups.
Ne pas oublier les matadors modestes.
Ne pas oublier les cuadrillas.
Ne pas oublier les ganaderos.
Ne pas oublier de créer un fonds destiné à promouvoir la fiesta et à organiser des novilladas.
Ne pas oublier, enfin et surtout, le vrai public (celui qui pose ses fonds de pantalon sur les gradins et peut agir sur le spectacle). Si la télé paie plus, les spectateurs pourraient payer moins; en cette période de crise ce ne serait pas du luxe. Rien de plus triste, en effet, qu'une corrida télévisée devant des gradins vides...
Mais le pire, ce qui nous guette peut-être, serait que la corrida devienne un jour un spectacle uniquement télévisuel, le public (la claque) n' étant plus constitué que d'invités de complaisance.


samedi 14 janvier 2012

En hommage à Diego Puerta


Voici deux textes en hommage à Diego Puerta le grand torero sévillan (en activité comme matador de toros entre 1958 et 1974) récemment disparu.
Le premier est un extrait d'une reseña de Don Pepe parue dans le quotidien Sud Ouest en 1960. Elle relate son grand triomphe lors de la feria de Seville.

La feria sevillane s'est terminée par deux funciones particulièrement animées qui ont recréé l'animation sur les gradins toujours archicombles de la Maestranza, après quatre tardes assez insipides. (...)
Il est vrai que le bétail sorti des chiqueros depuis le premier jour s'était révélé, dans l'ensemble, manso, soso, sans la moindre alegria, ôtant, de ce fait, son intérêt majeur au spectacle.
Le jeune Diego Puerta, par sa vaillance extraordinaire et son désir de triompher coûte que coûte, dans cette première feria importante, réussit à secouer intensément les tendidos, rapidement conquis, et qui, finalement, explosèrent dans l'ambiance admirable de la fiesta enfin retrouvée.
Toujours prêt a payer consciencieusement de sa personne, en prenant sans cesse et crânement des risques devant des adversaires lourds, d'une puissance extraordinaire, dangereusement armés, aux arrancadas parfois redoutables et d'une lidia pas toujours bien commode, Diego arracha les bravos à la foule et quitta les deux jours la plaza sur les épaules de ses admirateurs.
Le samedi, devant des toros mastodontes de Miura, qui donnèrent 355 kg de moyenne en canal, soit 31 arrobas, le chico eut un premier adversaire manquant d'entrain, dont il ne peut tirer, malgré sa volonté, qu'une faena sans relief sur la demi-charge de l'animal. On l'applaudit, néanmoins, pour son application soutenue. Son second ennemi, à l'armure redoutable et plein d'allant, devait lui donner l'occasion de se mettre en évidence. Après avoir demandé l'arrêt du tercio à la deuxième pique, le muchacho (il a 19 ans à peine) donna d'excellents doblones pour fixer le fauve, lia plusieurs derechazos vaillants. Puis, le Miura devint réservé, avisé, ne s'élançant qu'à bon escient. Il avait beaucoup appris depuis sa sortie du toril et lorsque le Sévillan l'entreprit de la main gauche, il fut pris par l'animal, lancé en l'air et retomba lourdement sur le sol. Il se releva, sans mal, revint à la charge en s'exposant encore davantage, fut accroché de nouveau, reprit la lutte avec encore plus de courage, attaqua avec rectitude pour une estocade entière concluante, dont il sortit sérieusement bousculé. on le transporta à l'infirmerie, où on lui apporta une oreille du bicho et d'où il ressortit presque aussitôt avec une contusion au menton.
Le lendemain, face à des toros de D. Angel et Rafael Peralta, qui accusèrent 323 kg à la romaine (23 arrobas), Diego Puerta, sans possibilité de briller avec son premier, à la charge hésitante et aplomado, liquidé honnêtement, mit tout le paquet au cinquième, armé veleto et triompha sur toute la ligne.
Quant on lui vit offrir la mort de cet adversaire au célèbre Juan Belmonte, tout le monde comprit qu'il n'y avait pas de dérobade possible pour le chico. Un brindis à l'ex-fameux torero impliquait, en effet, le don absolu de soi pour le triomphe final. Et c'est ce qui se produisit après une faena allègre, à base de plusieurs séries de naturelles liées, serrées, qui soulevèrent les gradins. Enfin, pour parapher ce trasteo, l'estocade de la feria portée en se risquant à fond, la corne droite déchirant sa chemise à la hauteur du cœur. La Maestranza, toute blanche de mouchoirs, fit au diestro une ovation monstre. Belmonte, lui-même, l'applaudit chaudement, tandis que le vainqueur, avec les deux oreilles en main, faisait deux tours de pistes dans le délire général.

Diego Puerta et le Miura (photo trouvée sur le site Sevillatoro)


Extrait maintenant de la revue Toros (n° 993, décembre 1974), cette évocation de Jean Isnard parue au moment de la despedida du torero.

C'était en juillet 1967, à la feria de Valencia. (...)
Ce beau châtain, de Torrestrella, sentait le fauve de race. Les peones l'attirèrent d'un burladero à un autre. Il accourut toujours spontanément, rapidement, avec autant d'agressivité que de rectitude dans l'attaque. Il venait droit comme une flèche. Puerta le reçut à genoux par une larga cambiada, puis ce fut l'abouchement quatre ou cinq fois répété en véroniques, toutes, même la première, accompagnées du "olé" scandé par la foule. C'est à la quatrième ou à la cinquième, quand on la croyait achevée, que le Torrestrella accrocha de peu la cape. Puerta, soucieux de n'être pas désarmé, la maintint solidement; l'étoffe ne céda pas, il fut déséquilibré, tomba en avant, face contre terre, sur sa cape qu'il n'avait pas lâchée. Sur le retour, le fauve tira un coup de corne à l'homme étendu mais, emporté par son élan, lui passa sur le corps, vira à quelques mètres. Quand il revenait à la charge, Puerta relevé d'un bond, l'embarquait pour quatre véroniques stupéfiantes, le repoussait dans son terrain. Puis il le "plia" au tercio dans la demi-véronique, l'écarta enfin dans le remate par le haut en manière de pecho, leurre réuni dans une seule main. Le Sévillan n'avait pas dû rester au sol plus d'une seconde. Il n'avait laissé à personne le temps d'arriver à son secours. Dans les six dernières passes, il avait gagné environ trois mètres sur l'adversaire. Vous imaginez les clameurs. On ne s'entendait plus.
J'occupais une place au soleil. La scène que je viens de décrire s'était déroulée en face de moi, à l'opposé de la piste. Quand Puerta me tourna le dos pour se diriger vers le burladero des toreros, je vis que sa culotte avait été déchiré par la corne dans le creux des reins, quelques centimètres au-dessous de la ceinture et parallèlement à celle-ci.
Voilà comment Puerta lançait une course.



 Je n'ai personnellement jamais vu toréer Diego Puerta mais je me souviens des récits de "vieux aficionados" racontant, de retour de Bilbao, les exploits du Sévillan en terre basque.
L'escalafon actuel manque cruellement d'un matador de sa trempe. Le Salmantin Juan del Alamo, après avoir suscité beaucoup d'espoirs semble être rentré dans le rang. Il a pourtant montré lorsqu'il était novillero des qualités qui pourraient en faire un torero dans la ligne de Diego Puerta. 2012 sera pour lui une année décisive.

dimanche 1 janvier 2012

Bonne Année 2012 Feliz Año Nuevo




En musique avec le flabutayre du Moun

Para  que queden clavadas
en lo alto las banderillas
está tocando la banda
por un son de seguidillas.

Et pour faire passer tout le mauvais de 2011 et attirer à nous le meilleur pour 2012 : de beaux et forts toros, de bons et honnêtes matadors, et, en cette période de crise, des prix à la taquilla qui baissent.