dimanche 30 avril 2017

Un grand moment de tauromachie

   Tout a commencé par un des plus énormes batacazos qui se puisse voir. Platino, 570 kilos de colère noire, portant le fer d'Albaserrada, venait d'entrer en action. Aux banderilles, il accrocha Montoliu fils qui rendait hommage à son père, décédé ici même il y a 25 ans. A la muleta, un démon : puissant, encasté, sauvage, d'une charge toujours magnifiquement enragée.
   Mais face à lui un torero, un grand torero : Antonio Ferrera, avec son savoir accumulé, sa soif de vaincre, son désir de montrer ses capacités de lidiador. Et Antonio Ferrera a gagné la partie, a dominé la fiera, a fait se lever d'admiration le public de Séville. Un grand moment de tauromachie.
   Merci  Platino, élevé sur les terres de Victorino Martin, merci Antonio Ferrera, maestro aguerri en mille batailles, d'avoir, en ce samedi 29 avril 2017, sur le sable de la Maestranza, montré à tous ce que pouvait être la grandeur de l'art taurin.

NB : Modestement vu sur le petit écran

jeudi 27 avril 2017

Palomo Linares

   En 1972, à Madrid comme partout en Espagne, l'aficion est déclinante, usée par plus de trente ans de franquisme durant lesquels le peuple aficionado est mis, lui aussi, sous l'éteignoir de la dictature. Les puissants en profitent : les toros ne sont la plupart du temps que des novillos afeités; partout les figures coupent, à bon compte, des montons d'oreilles. Mais lorsque le 22 mai, en pleine San Isidro, le président Pangua octroie une queue à Palomo Linares dans une corrida où il ne se coupa pas moins de neuf oreilles et une queue, face aux gentils et très peu armés toros d'Atanasio Fernandez (les domecqs de l'époque), au delà de l'euphorie de l'instant, le scandale est d'importance. La polémique enfle et dans les jours qui suivent le président doit démissionner.
   Auparavant, Palomo Linares avait été un novillero puntero, épigone du Cordobés dont il avait l'allure de chulo ainsi que l'origine sociale modeste (fils de mineur de Linares et lui-même apprenti cordonnier). Pris en charge durant toute sa carrière par les Lozano, son parcours de torero sera toujours relativement protégé. A ce titre, la temporada 1969 est restée dans les annales. En compagnie d'El Cordobés il écuma plazas de troisième catégorie et portatives devant un bétail indécent.
   Tout ceci n'empêche pas qu'il fut un bon torero et un homme à la personnalité accusée. Il était un matador populaire bien que le public lui fît parfois cher payer ses facilités et ses protections.
   Lorsque, à la fin des années soixante-dix, j'eus l'occasion de le voir, à Pamplona (devant des Pablo Romero), à Séville (en compagnie relevée : Curro et le Viti), son toreo, déjà assagi, ne m'a pas laissé de souvenir marquant, si ce n'est celui de sa silhouette fluette dans ses costumes blancs.
   Qu'il repose en paix.


















   NB :  Palomo Linares fut longtemps propriétaire, avec les Lozano, du prestigieux et ancien fer de Graciliano Pérez-Tabernero. Le fer appartiendrait aujourd'hui à ses fils mais j'ignore totalement s'il reste encore à la finca El Palomar de Seseña des descendants des fameux santacolomas de Graciliano.





















La personnalité complexe de Sebastian Palomo l'a poussé à s'exprimer également à travers la peinture. Après avoir parcouru la toile en quête de son œuvre j'ai été très agréablement surpris par le niveau de ses créations. Le hasard fait qu'a lieu actuellement au palais de l'infante Luis à Boadilla del Monte (Madrid) une rétrospective de son œuvre. Palomo Linares torero et artiste peintre!

mardi 11 avril 2017

Mont de Marsan 2017, les cartels de la Madeleine

mardi 18 juillet
concours landais

mercredi 19 juillet
Juan Pedro Domecq
Curro Díaz - José María Manzanares - Thomas Dufau

jeudi 20 juillet
matin : novillada sans picadors

Nuñez del Cuvillo
Enrique Ponce - Alejandro Talavante - Ginés Marín

vendredi 21 juillet
La Quinta
Juan Bautista - Ivan Fandiño - David Mora

soir : corrida portugaise

samedi 22 juillet
Torrealta
Sébastien Castella - José Garrido - Roca Rey

soir : novillada piquée
Patrick Laugier "Las Dos Hermanas"
Tibo Garcia - Adrien Salenc - Baptiste Cissé

dimanche 23 juillet
Adolfo Martin
Alberto Aguilar - Emilio de Justo - Alberto Lamelas

   Ce qui domine à la lecture de ces cartels c'est une impression de conformisme. De fait, à Mont de Marsan comme ailleurs, il ne fallait pas attendre beaucoup de fantaisie de la part de la plus importante empresa actuelle (ici le duo Simon Casas - Marie Sara). Toutefois parmi les points positifs on notera l'absence du Juli et de Morante  qui devrait avoir pour conséquence une meilleure présentation du bétail et un budget plus facile à équilibrer. Tout le monde y trouve son compte, l'aficionado comme le trésorier.
    En ce qui concerne les ganaderias, on aura droit à trois fois du domecq. Je fais partie de ceux qui pensent que deux fois aurait été largement suffisant laissant ainsi une ouverture à une plus grande variété d'encastes. Du côté des hommes je me réjouis de la présence de José Garrido et de Ginés Marín. D'autres jeunes comme Roman, Javier Jimenez ou l'Arlésien Thomas Joubert auraient également pu trouver leur place dans certains cartels. Je pense en particulier à celui de la corrida de La Quinta; la terna annoncée eut été parfaite il y a quelques années mais aujourd'hui, il faut bien le dire, elle sent le réchauffé.

  PS : J'ai, pour mon malheur, visionné la vidéo de présentation des toros. On n'y voit que bichos aux cornes emprisonnées et ganaderos démagogues et autosatisfaits. On jugera sur place en juillet.


  


lundi 3 avril 2017

Gamarde




Dimanche 2 avril       Arènes couvertes       Gamarde
pluie (à l'extérieur)
lleno

6 toros de José Cruz (inégaux, 8 piques, ovation pour le 4 et le 6) pour Curro Díaz (salut, deux oreilles), Thomas Dufau (une oreille, une oreille) et Joaquin Galdos (silence, une oreille).

 Les printemps sont pluvieux en Aquitaine et lorsque, comme aujourd'hui, les averses succèdent aux averses, on se dit que Gamarde, avec ses arènes couvertes et fermées, est le lieu idéal pour accueillir la première corrida de la saison.
Les toros de José Cruz (origine domecq), inégaux de volume et d'armures, ont trop souvent péché par excès de faiblesse bien que tous aient fait preuve de mobilité et de noblesse. Le dernier, brave et puissant, fut le meilleur de l'après-midi. A noter que quasiment tous rematèrent violemment aux burladeros, le magnifique second s'y brisa une corne alors qu'on s'employait à le placer pour une intervention du sauteur landais Fabien Napias. Il fut remplacé par un toro du même fer.
Déjà à son avantage face à son premier adversaire, fade, dans une faena toute entière donnée de la main gauche, Curro Díaz fut magistral à son second. Tout ce qu'il faisait était juste, adapté, dominateur. Parar, templar, mandar, conjugués à tous les temps et à tous les modes face à un toro, médiocre au départ, qui se livre de plus en plus et finit par paraitre meilleur qu'il n'était. Deux oreilles après un mete y saca et une estocade desprendida.
Deux entières portées avec foi (témoignage de ses progrès dans cet exercice) et d'effet rapide permirent à Thomas Dufau de couper chaque fois une oreille. Il commence bien sa faena au 2bis par des droitières liées mais le toro, distrait, lui échappe en fin de faena. Même scénario avec le 5 qui, après un début par cambiadas au centre, prend bien vite la poudre d'escampette pour se réfugier aux tablas.
Joaquin Galdos, après une faena templée mais forcément sans écho au faible troisième, eut du mal à s'accorder à la charge puissante du 6.