vendredi 30 juin 2017

Quelques photos en hommage à Ivan Fandiño

Ivan Fandiño a illuminé de sa torería de nombreuses temporadas dans le Sud-Ouest. Son pundonor, son toreo sincère et dominateur avaient fait l'unanimité auprès de l'aficion. Voici, en guise d'hommage, quelques photos de Laurent Bernède.






















Orthez 2010























Vic 2013

































Bilbao juin 2012




dimanche 25 juin 2017

Corrida de La Brède

   6 toros de Fuente Ymbro (9 piques, ovation au 4 et 6) pour Curro Díaz (silence, deux oreilles), Roman (salut, silence) et Tomas Campos (silence,deux oreilles).
   A l'issue du paseo émouvante minute d'applaudissements en hommage à Ivan Fandiño.

   Les FUENTE YMBRO du jour, bien présentés compte tenu de la catégorie de la plaza, furent majoritairement mansos, attirés par les planches. Malgré tout, ils maintinrent l'intérêt de la tarde par leur mobilité et leurs charges parfois âpres qu'il fallait dominer.
   Les deux extrêmes pour Curro DIAZ. Un premier, remarquablement armé, cinqueño, mais très faible et manso à l'ancienne c'est à dire retranché dès le début du combat aux tablas. Le maestro de Linares abrégea d'un bajonazo. Le quatrième bis remplaça le titulaire qu'il fallut puntiller après qu'il se soit rompu les cervicales en heurtant un burladero lors de sa sortie tonitruante (bravo, au passage, à l'habileté du puntillero). Ce fut le seul qui poussa à la pique avec les riñones, puis sa charge brusque permit à Curro Díaz de montrer sa facette de torero lidiador. Sur la droite, il améliora et domina en plusieurs séries bien construites la charge encastée de son adversaire. Deux oreilles après une demie basse d'effet rapide.
   Si ROMAN veut continuer sa route dans la profession il va falloir qu'il se penche sur ses carences à l'épée. Il sut prendre par deux fois la mesure de ses adversaires mais on regrettera qu'à son premier il soit bien vite passé aux faciles culerinas au détriment de possibles naturelles.
   Tomas CAMPOS constitua l'heureuse surprise de la tarde. Voilà un torero sincère qui foule des terrains de vérité. Au sixième, faena complète avec de remarquables naturelles et derechazos. Une entière et deux oreilles.



Tomas Campos

lundi 19 juin 2017

Ivan Fandiño, grand torero

   La première fois que j'ai vu toréer Ivan Fandiño c'était à Bilbao en 2006, un an après son alternative en ce même lieu. Il fut vaillant au possible et un des La Quinta du jour l'envoya à l'infirmerie. L'année suivante, la Junta Administrativa l'inclut dans un cartel de luxe. Ponce, Juli et lui, natif de la toute proche Orduña, dans le rôle du torero local et pas cher : un outsider ! Il tint son rôle à la perfection, ne ménagea pas sa peine - j'ai le souvenir d'un quite par gaonera de asusto - et coupa, face à des Ventorrillo con genio, la seule oreille du jour.
   De fait, durant toute sa carrière, Ivan Fandiño consacra son énergie, son courage, sa valeur à sortir de ce rôle d'outsider, de segundon, que le mundillo avait décidé d'assigner à ce Basque à la tauromachie brute mais d'une sincérité telle qu'elle pouvait faire de l'ombre aux figures. Et ce qui fut magnifique c'est qu'il y parvint !
   De 2011 à 2014, de sa conquête de l'Espagne et de la France jusqu'à sa grande porte madrilène, ces quatre temporadas furent pour lui des temporadas de plénitude. Son assurance, son toreo dominateur, sincère et pur (qui s'exerça face à tout type de toros), ses estocades a toda ley lui permirent d'obtenir des succès continus dans quasiment toutes les arènes où il toréa. Dans notre Sud-Ouest il devient le torero de base des principales ferias. En Espagne, il est considéré comme le triomphateur des temporadas 2012 et 2013. Ivan Fandiño est devenu un grand torero. Un moment symbolise parfaitement la réussite de l'homme et du torero : le paseo qu'il effectue, seul, dans les arènes de Madrid le 29 mars 2015. Sur son seul nom le matador basque a réussi à afficher le no hay billetes à la Monumental un dimanche de mars !
   La suite sera plus difficile. La corrida se déroule mal, le matador semble avoir perdu la confiance et la sérénité qui le faisaient dominer tous les toros. Déjà, fin 2014, on avait noté une baisse de régime après une blessure (violent choc avec perte de connaissance) survenue dans les arènes de Bayonne. Comme on pouvait s'y attendre personne ne lui fera de cadeau. Voilà le torero à nouveau marginalisé. A nouveau, il mettra toute son énergie à tenter de redevenir le Fandiño des années triomphales.
   Jusqu'à ce samedi 17 juin lorsque Provechito, toro de Baltasar Iban, délaisse la cape d'un peon pourtant parfaitement placé, pour reprendre au sol ce corps qu'il vient de renverser.
   La vie d'un torero tient parfois à très peu : un mouvement, une ombre, un coup de vent, un hasard qui se transforme en destin. C'est aussi pour cela que nous les admirons.












photo Bertrand Langlois AFP

lundi 12 juin 2017

Novillada de Captieux : retour brutal à la médiocrité

   6 novillos de Luc et Marc Jalabert (6 piques, une chute) pour Pablo Aguado (silence, silence), Diego Carretero (silence, silence) et Andy Younes (une oreille, deux oreilles)
   C'est dur de passer après Vic, surtout avec un lot de domecqs quasi-invalides : un retour brutal à la médiocrité. Rien à reprocher à la présentation, ni à un fond de bravoure bien présent. Mais tous les novillos sortirent de la pique hébétés, incapables de mettre un pied devant l'autre sans tituber.
   Pablo Aguado, depuis sa Séville natale, a fait beaucoup de kilomètres pour pas grand chose car, face à deux invalides, il n'y avait, de fait, pas grand chose à faire.
   Diego Carretero, encore très vert, se fit prendre deux fois par le second novillo (con sentido) et fut souvent embrouillé et bousculé face au brusque cinquième, mais il fit preuve de ténacité et parvint à donner, en se croisant et en baissant la main, quelques naturelles de qualité. Il fut peu aidé, au final, par un puntillero particulièrement calamiteux.
   J'ai vu à Andy Younes (le sauveur de l'après-midi) beaucoup de qualités. Il est puesto, con sitio. C'est assurément un torero de la alegria qui connecte facilement avec le public, avec tout le côté superficiel que cela suppose, mais il m'a semblé également capable de pratiquer un toreo plus épuré, avec temple et ligazon. De plus tueur efficace et engagé.





vendredi 9 juin 2017

Vic remet les pendules à l'heure

   Les 24 toros et 2 novillos qui ont été lidiés pendant la dernière feria de Vic Fezensac ont tous été solides et mobiles. Tous ont pris au moins deux vraies piques, la majorité en a pris trois, et certains,exceptionnellement, quatre. Beaucoup d'entre eux furent authentiquement braves, beaucoup firent preuve également de noblesse, offrant ainsi aux toreros la possibilité de montrer leur savoir-faire, voire leur art.
   Ainsi, en trois jours, la feria vicoise a remis les pendules à l'heure. Elle a montré non seulement ce que devrait être un toro de combat mais ce qu'il est encore réellement aujourd'hui quand on se donne la peine de l'élever, de le mettre à l'affiche, de le toréer.

mercredi 7 juin 2017

Vic : la corrida-concours 2017

   Tendero est un MIURA de cinq ans, sardo et haut. Il ne se livre pas à la cape. Il prend 4 piques avec bravoure, partant de loin, sans se faire prier. Lopez Chaves le met remarquablement en suerte et Manuel Bernal pique à la perfection (ovation). A la muleta, le pensionnaire de Zahariche reste mobile en début de faena avant de se réserver et de chercher ce qui se passe derrière le leurre. Un bon miura. Double vuelta pour Lopez Chaves et bronca homérique au président qui a refusé l'oreille (la bronca se renouvellera jusqu'à la fin de la course chaque fois qu'il voudra annoncer le toro suivant).
    L'astifino negro de VALVERDE prend trois piques sans éclat, manque de fixité, sa charge restera incertaine du début à la fin de son combat. Silence.
   Tacholero de CUADRI montre d'entrée son exquise noblesse dans la cape de Michelito. Brave mais tardo sous trois piques, il ira ensuite a menos et la soseria dominera. Un cuadri classique.
   Le pensionnaire d'OLIVEIRA IRMAOS est un vieux morucho (il approche les 6 ans) basto, laid d'armure, sans doute oublié un temps au fin fond du campo portugais. L'intérêt de sa vie publique en Armagnac résidera dans l'attitude de Lopez Chaves qui mettra tout en œuvre pour éviter que sa lidia ne tourne à la confusion. Il y réussira parfois. Pitos au toro, salut au matador.
   Minero de VALDELLAN sort seul deux fois de la pique. C'est un toro vif et mobile au troisième tiers. Trop sans doute pour Morenito de Aranda qui se contente d'expédier les affaires courantes. Palmas au toro et pitos au matador.
   Jardinero, santacoloma de l'élevage aragonais de LOS MAÑOS sera le toro de la feria (qui en a pourtant compté beaucoup de bons). Sortie magnifique, toro con trapío et caste. A la pique, un seigneur : il part quatre fois de plus en plus loin avec vivacité et franchise pour quatre vraies piques (très bien Gabin Rehabi). C'est un toro fort, imposant, à la charge soutenue. Hélas le sort a voulu que, par on ne sait trop quelle aberration, il tombe entre les mains de quelqu'un qui n'avait rien à faire dans la piste de Vic. Trop de toro pour trop peu de torero. Lors des deux tentatives de naturelles, Jardinero suit l'étoffe avec noblesse et va se retourner loin, laissant aux spectateurs les regrets de ce combat tronqué. Vuelta au toro après forte pétition.

   Les prix de la corrida-concours
meilleur toro : Jardinero de Los Maños
meilleure brega : cuadrilla de López Chaves : Jesus Talaván, Raul Ruiz, Gómez Pascual
meilleur picador : Gabin Rehabi
















Jardinero de Los Maños

mardi 6 juin 2017

Résumé chronologique de la feria de Vic 2017

Malgré le temps maussade, le millésime 2017 restera comme une belle réussite pour les pèlerins vicois. On y vit abondance de toros con trapío, poder, bravoure, noblesse. Les tercios de pique furent le plus souvent bien menés, quelques uns d'exception. Il y eut même quelques excellentes faenas et des toreros se révélèrent.

   Novillada de Raso de Portillo (samedi matin)
Les deux magnifiques santacolomas de RASO de PORTILLO lidiés en ce samedi matin ont lancé la feria de belle manière. Ils ont pris avec bravoure sept piques pour une chute. Et cela ne les empêcha pas de garder leur mobilité au troisième tiers.
Mario PALACIOS eut peur et ne put rester quieto devant le premier.
Miguel Angel PACHECO, par des cites lointains, sut profiter de l'allant de son adversaire. Vuelta après entière ladeada.
Un regret : que la pluie, en rendant la piste impraticable, oblige à arrêter la course et laisse deux novillos dans les chiqueros.

   Corrida de Dolores Aguirre (samedi après-midi)
Si l'on vous dit bravoure et noblesse vous ne pensez pas forcément aux toros de Dolores AGUIRRE. C'est pourtant les qualités que développèrent plusieurs toros de ce jour. En particulier le second, Carafea III (vuelta al ruedo), un beau burraco qui s'élança quatre fois à l'assaut de la monture de l'excellent Juan José Esquivel. Le suivant, Carafea II, fit preuve quant à lui d'une noblesse sans faille.
PAULITA, le moins bien servi, resta d'une discrétion exemplaire.
Octavio CHACON que l'on découvrait dans le Sud-Ouest laissa une excellente impression par son sens de la lidia et sa capacité à mettre en valeur les toros à la pique. Bonne faena et oreille de Carafea III.
Alberto LAMELAS connut, muleta en main, de bons moments face à son premier adversaire mais il tua par deux fois de manière catastrophique.

   Corrida-concours (dimanche matin)
Un très grand toro : Jardinero (6) de Los MAÑOS (vuelta et prix au meilleur toro) et deux toros intéressants : le MIURA (1) et le VALDELLAN (5) dans la corrida-concours sur laquelle je reviendrai en détail.
Deux grands tiers de pique par Manuel Bernal (1) et Gabin Rehabi (6).
Chez les matadors : LOPEZ CHAVES, l'homme de la situation; MORENITO de ARANDA, médiocre et MICHELITO, incapable.

   Corrida de Palha (dimanche après-midi)
Les toros de PALHA ont été bons : braves, nobles, de charge soutenue (salut du mayoral en fin de course).
Alberto AGUILAR ne fut aujourd'hui que l'ombre du torero qu'il était il y a quelques années. De plus tueur calamiteux.
Emilio de JUSTO (oreille, oreille) grâce à son toreo classique et engagé confirma ses bonnes prestations dans la région l'an dernier. Il gagnerait à moins crier durant les faenas mais c'est un torero à suivre avec intérêt.
Il y a beaucoup de douceur et de suavité dans le toreo de Ruben PINAR toutefois son positionnement par trop marginal l'empêche de dominer totalement et d'emporter l'adhésion.

   Corrida d'Alcurrucén (lundi après-midi)
Sous le soleil revenu est sorti sur le sable vicois un magnifique lot de cinq ans d'ALCURRUCÉN (origine Nuñez). Avec, en outre, des armures d'une longueur et d'un aigu qui faisaient frémir. Ce fut en revanche plus léger au niveau de la caste. Beaucoup de mansedumbre, peu de fond, mais une mobilité sans faille vers les chevaux ou sur les leurres qui favorisa une tarde entretenida.
 L'élégance de Curro DIAZ, sa douceur et son temple se jouèrent avec facilité de son premier adversaire qu'une entière portée en se mouillant les doigts foudroya (oreille). Face au quatrième qui jouait de la corne dans la muleta, l'artiste ne chercha pas à pousser le contre-ut (silence).
Grande faena de Juan BAUTISTA face au 3, prenant peu à peu l'ascendant sur son adversaire, le dominant dans un terrain réduit avec un toreo épuré. Recibir au second essai (oreille). L'Arlésien fut plus discret face au brusque cinquième (salut).
En ce jour d'alternative (la première octroyée en plaza de Vic Fezensac), le Vénézuélien Manolo VANEGAS (une oreille, vuelta) a impressionné par son oficio et la qualité de son toreo. Ils lui permirent de dominer deux cinqueños imposants, l'un querencioso, l'autre réticent à se livrer. Les qualités dont a fait preuve aujourd'hui le Sud-américain font de lui un authentique espoir.