vendredi 30 juillet 2021

Novillada de La Quinta à Roquefort pour le 15 août

 


 

   Cela fait 70 ans qu'ont été inaugurées les arènes de Roquefort. L'affiche de cette année reproduit celle de 1951 qui annonçait une novillada sans picadors avec des novillos de Lescot pour Pepe Luis Marca (futur apoderado de Paco Ojeda), les frères Carlos et Paco Corpas et l'éleveur Christian Lescot comme rejoneador. 
   Un point commun peut être trouvé entre les deux cartels. La présence en 2021 de deux novillos de Turquay qui sont élevés à quelques encablures de la ganaderia Lescot (aujourd'hui manade de taureaux camarguais) sise à Saintmartin-de-Crau. Les novillos santacolomeños d' Emmanuel Turquay auront la lourde responsabilité de partager l'affiche lors de la novillada non piquée matinale avec deux novillos de La Quinta qui représente aujourd'hui le meilleur de l'encaste santa coloma.
   L'après-midi la novillada piquée verra, en toute logique, le retour des La Quinta qui avaient donné pleine satisfaction en 2019.

   En voici deux exemplaires :
 




mardi 27 juillet 2021

Mont-de-Marsan : Madeleine 2021

    


   
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   Comme les bons toros, cette feria est allée a mas pour se terminer par l'apothéose de la corrida de Pedraza de Yeltes.
   Après Vic, elle a eu aussi le mérite de montrer qu'une feria taurine pouvait exister sans le secours d'une feria populaire, rappelant ainsi à ceux qui auraient tendance à l'oublier que la fête taurine est constitutive de toutes nos ferias.


Les toros
 
   La présentation des toros a été supérieure à celle de l'année 2019, elle a bénéficié de l'offre pléthorique qui existe actuellement dans tous les élevages en raison du nombre réduit de corridas.
 
   Les Jandilla, cinqueños, aux armures longues et astifinas, sans graisse superflue, constituaient un lot magnifique. Malheureusement le ramage ne correspondit en aucune manière au plumage. D'abord en raison de leur faiblesse : le 1 est faiblissime puis les 2 et 2 bis doivent être renvoyés au corral pour invalidité. Après ce préambule catastrophique on était peu enclin à apprécier la mauvaise caste des suivants qui se traduisit par des charges brusques et sans fixité.

   Très bien présentés aussi les Alcurrucén, avec leur typique corps ensellé. Ils firent des sorties timides puis sautèrent dans les capes qu'on leur présentait, enfin se montrèrent plus bravucones que braves au cheval en une quinzaine de piques et décevants à la muleta où ils finirent souvent sosos, de demi-charge. Le premier fut le plus intéressant. Imposant et puissant, il fut châtié durement trois fois avant de prendre deux rations supplémentaires au réserve (bronca). Le cinquième, pas totalement exploité, se montra très noble au troisième tiers mais avec de la fadeur.

   Comme toujours on attendait beaucoup des Adolfo Martin. Et l'on fut déçu. De présentation honorable mais discrète, le lot se montra bravito au premier tiers (12 rencontres), partant sans rechigner vers le cheval mais y poussant peu. Leur caractéristique fut ensuite la sosería, avec pour les 2 et 3 une innocente noblesse et un dernier toro suffisamment mobile pour permettre un final triomphal. En somme le lot torériste de la feria.

   Changement de décor avec le grand lot de toros de Pedraza de Yeltes le dernier jour qui, pour leur présentation au Plumaçon, permirent une tarde d'une telle intensité qu'elle restera dans le souvenir de tous les spectateurs. Tout avait pourtant mal commencé avec le premier, un grand bœuf qui laissa présager le pire. Mais les quatre suivants furent très proches du toro idéal dont rêve chaque aficionado. Imposants de charpente, irréprochables d'armures (terrifique le 5). Et braves. S'élançant avec franchise vers les canassons, ils poussèrent avec ténacité, arc-boutés sur leurs pattes arrières. Trois fois les 3 et 5, placés à chaque rencontre plus loin du cheval. Un bémol ? Oui, celui de n'avoir jamais renversé les chevaux. Mais la fête se poursuivit au troisième tiers car tous chargèrent le drap rouge sans hésiter, avec une grande noblesse le 2 et le 5 (vuelta al ruedo à chacun), avec plus d'âpreté les 3 et 4. Et tous résistèrent à la mort bouche cousue. Le 6, seul noir du lot, sera un ton en-dessous. Vuelta triomphale finale du mayoral en compagnie d'Alberto Lamelas dans une grande ferveur populaire.

Les matadors
 
   Miguel Angel Perera fit preuve de maîtrise technique en dominant deux toros différents, l'un faible, l'autre de mala casta. L'épée est toujours son point faible, mais il a justifié pleinement sa présence en remplacement du néo-retraité Enrique Ponce.
 
   Daniel Luque a lui aussi dominé deux mauvais toros et a mal tué. Très beau début de faena au réserve d'Antonio Bañuelos dont il accompagnera ensuite les fuites continuelles avec un grand sens de l'esthétique.
 
   Rude journée pour le local Thomas Dufau, honoré en piste en début de corrida à l'occasion des 10 ans d'alternative prise en ces mêmes arènes. On l'imagine rêvant, en guise de cadeau, de jandillas au sang bleu et donc à la noblesse avenante. Il en fut tout autrement. L'encasté troisième le contraint à rester sur la défensive, puis le dernier de la tarde lui met par deux fois la corne dans le ventre, la première fois sans sommation. Le corps endolori mais miraculeusement indemne, le Landais joue alors la carte du courage qui aurait pu lui valoir des lauriers sans un échec à la mort. 

   Face aux Alcurrucén, Diego Urdiales fut le seul matador de la terna à connaitre le succès. Une sereine maturité semble l'habiter et son toreo artistique, con empaque, toujours adapté aux conditions du toro reçut un accueil chaleureux du bon public montois. Il coupa l'oreille du quatrième après un pinchazo et une bonne entière pour une faena d'art subtil à un toro médiocre.

   Paco Ureña a connu une matinée discrète. Son premier adversaire avait des charges violentes, brusques, désordonnées et personne ne lui en voulut de ne pas s'arrimer. En revanche un torero de sa classe est capable de tirer parti mieux qu'il ne le fit de la noblesse fade du cinquième.

   Emilio de Justo, face à deux toros de charge réduite, joua excessivement de la voix et d'une vaillance un peu vaine. Il est des jours où il faut savoir ne pas triompher.

   Le one-man-show d'Antonio Ferrera face aux Adolfo Martin a été une grande réussite. Tout semblait parfaitement orchestré : déjà deux oreilles coupées à la mort du troisième et deux nouvelles oreilles au dernier qui se prêta parfaitement au jeu dans une ambiance survoltée. J'ai personnellement beaucoup aimé la mise en suerte systématique des toros à la pique depuis l'autre bout de la piste. Une innovation du maestro qui prête à débat et sur laquelle il faudra revenir. J'ai beaucoup aimé aussi sa manière de tuer à deux occasions par ce que l'on pourrait appeler un recibir al encuentro, le torero marchant vers le toro fixé à une quinzaine de mètres. Autre innovation d'une puissance émotive extraordinaire.
   Ce que l'on pourra en revanche reprocher au torero c'est son jeu de cape limité et très mobile ce jour ainsi que des faenas, certes en recherche de pureté, mais taillées sur le même patron. 
   Il faut enfin souligner qu'il piqua remarquablement le sixième portant le public au rouge vif et préparant ainsi l'apothéose finale d'une tarde qui fut un vrai évènement parfaitement géré par le professionnalisme du maestro.

   Chef de lidia pour la soirée des pedrazas, Lopez Chaves connut une journée accidentée. Il n'y avait rien à tirer du premier, le seul manso de la journée. Il fut pris violemment par le quatrième en début de faena, heureusement sans autre dégât que vestimentaire. Face à un animal à la charge soutenue et brusque, Domingo reprit peu à peu l'ascendant en un combat émouvant. Chaude vuelta après échec à la mort.

   Gomez del Pilar, en demi-teinte, connut de bons moments à chacun de ses coriaces adversaires mais sans jamais parvenir à s'imposer totalement.

   Admirable Alberto Lamelas, venu dans la ''capitale landaise'' pour triompher quoi qu'il en coûte et qui, aujourd'hui, connut un sorteo favorable (deux toros de vuelta) et sut en profiter. Il accueillit chacun de ses adversaires par une larga a puerta gayola puis s'attacha à construire des faenas classiques et dominatrices où se côtoyèrent des moments de grande limpidité tel un magnifique changement de main et d'autres plus accrochés. Grosse frayeur lorsque l'impressionnant cinquième le renversa et le chercha longuement au sol avec ses dagues suraigües sans autre dommage là encore que vestimentaire. Estoconazo au 2 et entière desprendida au 5 avec oreille chaque fois et émouvant triomphe.

   Ainsi se termina, par une corrida de verdad, cette feria atypique où les extérieurs de la plaza semblaient sinistrés par on ne sait quelle calamité, mais où le public, à l'intérieur, avait gardé intacte la flamme de l'aficion.



  
   
  

mardi 20 juillet 2021

Tyrosse

 

 



 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Dimanche 18 juillet 2021       Tyrosse      arènes Marcel Dangou
très beau temps     
entrée covid avec laissez-passer sanitaire 

Six toros de Pagès-Mailhan (7 piques, nobles, encastés) pour Thomas Dufau (salut, deux oreilles), Sergio Flores (deux oreilles, salut) et Joaquin Galdos (une oreille, deux oreilles).

Les arènes de Saintvincent-de-Tyrosse (Semisens en gascon) sont joliment décorées par des ferronneries réalisées par l'artiste Jean Ducasse. Malgré l'annulation des fêtes, une corrida avait été organisée et ce fut une de ces rares tardes où la combativité des toros, la qualité du travail des toreros, l'efficacité des estocades se conjuguent pour la plus grande joie du public.
La mort prématurée de Philippe Pagès (on célébra sa mémoire par une minute d'applaudissements) ne lui aura hélas pas permis d'assister au combat plein d'alegria des toros qu'il avait contribué à élever. Tous sortirent avec la fougue de ceux qui veulent en découdre et cognèrent dur contre les planches. C'est en général un signe de qualité que confirma la suite de leurs peleas, en particulier au troisième tiers où leurs charges vives, longues, plongeant dans les muletas avec avidité, permirent aux hommes de donner le meilleur d'eux-mêmes. Plus réservé le tambour major et dur, bronco l'imposant cinquième.
Après l'avoir accueilli par deux largas de rodilla au fil des barrières et donné au quite des chicuelinas serrées, Thomas Dufau sut parfaitement s'accorder avec le quatrième en une très bonne faena classique dans sa première partie, suivie de luquesinas et de manoletinas. Estocade entière et deux oreilles.
Dès les doblones initiaux, Sergio Flores affirma son ascendant sur la charge du 2. Maîtrise qui ne cessa plus dans une faena complète et variée. Une entière et deux oreilles. Il confirma ses qualités de dominio face au plus compliqué cinquième en réussissant à lui extorquer, par la vertu du toreo croisé, de méritoires droitières.
Joaquin Galdos fut parfois débordé par la codicia du troisième dont la bravoure aurait mérité d'être mise en valeur (et tempérée) par une deuxième pique. Il comprit la leçon au 6 qu'il plaça à distance pour une deuxième rencontre. Très bonne faena du Péruvien, classique, précise, qui cette fois s'accouple parfaitement avec son adversaire, les deux allant a mas en de magnifiques séries de naturelles et de derechazos. Très belle estocade finale (deux oreilles) qui conclut parfaitement une tarde triomphale.
À la sortie, des visages heureux.

mercredi 14 juillet 2021

Vic Fezensac 2021 (suite)


 




   La journée de dimanche a connu des moments de grande qualité, de ces moments rares et précieux que nous offre la tauromachie lorsqu’une rencontre a lieu entre un toro sérieux et un torero en pleine possession de ses moyens.

 

Corrida de Hoyo de la Gitana

   Bonne surprise que cette corrida de Hoyo de la Gitana, d’un trapio imposant, sérieuse, brave (14 piques), avec un bémol : une faiblesse de pattes latente qui empêcha certains toros de donner toute leur mesure et obligea à changer les 6 et 6 bis en raison de problèmes locomoteurs.

   Ce jour, Lopez Chaves connut une grande tarde, proche de la perfection. La lidia de son premier Hoyo de la Gitana constitua un modèle du genre. Tout ce qu’il fit à ce toro âpre fut précis, adapté, efficace. Pas un geste de trop, pas une passe superflue, une faena courte, pour une domination totale sur un toro qui ne demandait qu’à extérioriser sa caste austère. Une leçon de maître. Une oreille après une demi-estocade. Le Salmantin récidiva face au quatrième, plus avenant. Son sitio parfait, ses naturelles profondes soulevèrent l’enthousiasme du public qui l’obligea à accomplir deux tours de piste après une mise à mort laborieuse qui le priva de tout trophée. Grande journée de Lopez Chaves qui restera dans la mémoire de tous les aficionados présents.

   Avec un toreo beaucoup plus superficiel, Manuel Escribano fit appel à son expérience et à la variété de son jeu pour passer la rampe (salut, silence).

   Adepte d’un toreo répétitif et en ligne, Miguel Angel Pacheco passa totalement inaperçu.

 

Corrida de José Escolar Gil

   Il y a des corridas qui, comme les bons toros, vont a mas, ce fut le cas de celle-ci commencée dans la fadeur et l’ennui et terminée par un grand triomphe.

   Le petit ruedo vicois avait bénéficié pour l’occasion d’un lot d’une présentation supérieure qui en temps normal aurait été lidié à Madrid ou Pampelune. Mais les arènes de Las Ventas tournent au ralenti et, en cette semaine de San Fermin, les rues de la capitale navarraise restent désespérément désertes.

   Les quatre premiers Escolar Gil ne refusent pas l’appel des picadors (3 piques chacun)  mais pêchent par leur fadeur au point de permettre la sieste habituelle des jours sans toros. Il faut dire que de leur côté les toreros n’aident pas.

    Octavio Chacon est loin de son niveau d’il y a quelques années, on le sent usé prématurément par les rudes combats qu’il a déjà mené. Il laisse échapper les possibilités qu’offre, en particulier à gauche, son second adversaire.

   Manchero, le cinquième, est un magnifique cardeno. Il prend trois piques en poussant de verdad puis fait preuve d’une belle noblesse bien qu’entachée elle aussi de soseria. Alberto Lamelas n’est pas l’homme de la situation. Sans sitio, destemplado, le vaillant batailleur qu'il est ne peut en tirer profit malgré l’appui des tendidos qui l’avaient affectueusement appelé à saluer en début de corrida en souvenir de ses exploits accomplis en ce même ruedo.

   Jusqu’à ce moment, on peut dire que l’après-midi est un échec aussi pour les toreros qui n’ont jamais su prendre la mesure de toros à contrestyle de ce cartel de guerriers.

   Mais sort Cantador, plus petit malgré ses cinq ans bien sonnés, qui va changer la donne. Trois piques prises en brave pour lui aussi mais il possède en outre le nerf, la codicia, l’alegria qui manquaient à ses frères et qui vont donner du relief à ses charges répétées durant le troisième tiers. Gomez del Pilar saura profiter de ce remarquable adversaire, en particulier dans d’énormes séries de naturelles qui feront lever le public. Il arrête judicieusement la faena après un léger accrochage sans laisser au toro le temps de reprendre le dessus. Une entière, résistance du toro, deux oreilles pour Gomez del Pilar et vuelta pour Cantador. Final heureux d’une feria plus que jamais indispensable.

 

 


mardi 13 juillet 2021

Vic Fezensac 2021

 

   Afin de ne pas laisser deux ans de suite Vic Fezensac sans feria taurine, le Club Taurin Vicois avait eu la bonne idée de reporter les corridas données traditionnellement pour Pentecôte au weekend des 10 et 11 juillet. Un pari réussi puisque les étagères confortablement garnies montraient que le public des habitués avait répondu présent sans que pour autant la jauge autorisée (demi-arène) soit totalement atteinte. Cela a permis de relancer les corridas toristes particulièrement mises à mal à la suite des mesures de restriction que nous subissons depuis maintenant près d’un an et demi. Souhaitons que la feria de Céret qui se déroulera samedi et dimanche prochain connaisse le même succès. Il en va de la survie de beaucoup de ganaderias bravas sans lesquelles la tauromachie perdrait beaucoup de sa saveur.

   Les courses connurent du point de vue purement taurin les déceptions et les ratés habituels. Ils sont ici pain béni pour la partie la plus radicale du public qui, sans ces manquements, serait frustrée de ne pouvoir exprimer son mécontentement et son savoir. Elles connurent aussi, particulièrement le dimanche, de nombreux moments exaltants, d’un très haut niveau.  

 



 








Novillada de Raso de Portillo

   La feria débute en fanfare avec Aceñero, excellent novillo de Raso de Portillo qui prend trois piques à tuer toute la camada de Juan Pedro Domecq. On comprendra bien vite l’acharnement du piquero (bronca) : il sait. Il sait que Carlos Aranda n’est pas dans le coup. Le malheureux novillero, inhibé par la peur est totalement incapable de mettre à profit les qualités de son adversaire . Malgré le traitement reçu, le novillo a gardé de l’allant et ses charges semblent claires aussi bien à droite qu’à gauche, mais lorsque l’on ne peut pas … Aranda abrège et en finit laborieusement sous les sifflets d’un public sans compassion. Le novillo, partition restée silencieuse, est ovationné lors de la vuelta unanimement demandée par les gradins.

   Le reste du lot (18 piques) sera toujours intéressant mais ne pourra maintenir ce niveau.

   La matinée aura permis la découverte de José Cabrera. Un vrai novillero qui se donne à fond, plante les banderilles, torée avec sincérité. Le natif d’Almeria instrumenta à ses deux novillos des naturelles de grande qualité (vuelta – vuelta). A revoir.

   Calerito remplaçait le Mexicain Isaac Fonseca, blessé. Il torée avec finesse mais pèse peu sur ses adversaires. Il connut avec le sixième un véritable désastre au descabello (trois avis).

 

Corrida concours

   La corrida concours a été décevante à tous points de vue : toros, matadors, piqueros.

   Le pensionnaire de Fraile est de grand trapio, negro, l’armure fine et ouverte. Il poussote sous trois piques correctement données par Francisco Peña. Sa corne gauche est possible mais Perez Mota ne trouve pas la clé.

   Le Barcial est lui aussi parfaitement dans le type : rond, bas, berrendo en negro. Il prend trois piques sans pousser puis se contente de déambuler en marchant dans le ruedo.

   Gambito de Peñajara est magnifique : sardo, imposant, l’ armure très développée et astifina. Il pousse avec fixité en trois piques sous lesquelles ils est consciencieusement assassiné par Carlos Perez Hernandez. Il avait pourtant montré un bon potentiel de noblesse lors des passes de cape de mise en suerte. Mais l’œuvre est accomplie et l’animal arrive moribond au troisième tiers.

   Belugo, negro classique de chez Yonnet prendra lui aussi trois piques mais il montre peu d’entrega et va a menos. Il chargera avec noblesse mais aussi avec soseria à la muleta. Un yonnet dépourvu de la caste que l’on s’attend à trouver chez les pupilles de l’élevage camarguais.

   Très beau et très imposant aussi le pensionnaire de San Martin (trois piques) mais il montre des signes de faiblesse et va a menos.

   Barbatriste de Los Maños porte nos derniers espoirs. Son aspect anovillado est une première déception. A la pique, son comportement est très inégal, alternant brèves poussées et fuites. Une quatrième pique est superflue. Doté d’une belle charge, le bicho sera le meilleur de la soirée à la muleta même si lui aussi va a menos.

   On pourra peut-être regretter que ce certes médiocre assortiment de toros n’ait pu bénéficier de la plus-value que peut apporter l’oficio et le sens de la lidia de certains maestros.

   Perez Mota, sans être catastrophique, eut beaucoup de mal à se centrer.

   Sergio Serrano fut bruyant, brusque et peu efficace.

   Quant à Adrien Salenc, malgré le meilleur sorteo, il est entré (et sorti par la même occasion) par la petite porte. Il fit assassiner le bon Peñajara par son piquero ce qui lui mit, fort justement, le public à dos. Après un bon début , sa faena au Los Maños s’effilocha pour finir dans l’indifférence.