dimanche 17 février 2013

Roger Wild, Chatos en Espagne

Roger Wild est un peintre et dessinateur suisse (espagnol par sa mère) décédé en 1987. Il fait partie de cette lignée d'artistes et d'intellectuels que l'amour de l'Espagne a magnifiquement inspirés. Il nous offre ces Chatos en Espagne pour le plus grand plaisir de notre palais et aussi, un peu, pour nous aider à revivre, par la magie de sa langue riche et de son regard subtil, les moments si lumineux que l'on peut connaître sur les chemins de l'Espagne profonde.

"Ceux que l'Espagne émeut pour le bon motif, les hispanisants bon teint se méfient d'abord des sortilèges de l'Andalousie où ils voient des pièges, assez ordinaires, concrétisant à la puissance suprême la pacotille de l'espagnolisme courant : œillets grenat, œillades derrière les grilles, pompons, castagnettes, ronde grégaire du tourisme organisé.
 Combien apparaissent plus pures et authentiques les séductions sévères de l'inexorable Castille!
 Pourtant, lorsqu'on pénètre plus avant dans la connaissance de cet admirable pays, semé de mirages et d'enchantements, où le climat légendaire peut être reconstitué partout, l'accent unique du miracle andalou ne tarde pas à s'imposer. Et non plus comme un conglomérat de choses uniquement aimables et légères mais au contraire, fortes, puissantes, profondes, de personnalité inimitable, pleines de gravité, mais d'une gravité à ce point ombrageuse et pudique qu'elle se voile de grâce, se grise, s'étourdit pour mieux donner le change."

Le toreo, le cante, la peinture sont les clefs qui vont permettre l'accès au monde hispanique le plus secret et le plus intime.

"La tauromachie ne s'explique pas, elle se sent. Est-ce à dire qu'on ne puisse utilement disputer sur elle?
 Ce serait méconnaître le penchant de l'aficionado à raisonner éperdument des choses de la corrida. Raffiner sans cesse sur son plaisir ou son déplaisir, jouer à replonger dans l'ombre ce qui depuis trop longtemps était radieux et en faire resurgir ce qui semblait voué au montón, voilà, semble-t-il, l'axe d'élection où oscille sa méditation pendulaire lorsque dans les longs hivernages, loin des ruedos, il rumine les faenas qui l'ont exalté ou déçu.
 Dans la placeta d'un élevage, on torée des vachettes. Deux diestros en vogue, un maître retiré, le ganadero, quelques amateurs ont successivement travaillé dans l'indifférence des assistants. Un jeune bouvier de treize ans, front têtu, oreilles décollées, s'essaye à son tour. La mince silhouette se tend, s'infléchit, torse cambré, pieds immobiles. Les bavardages cessent, il n'a fallu que quelques passes pour fixer l'attention. 
 Mesurer le dosage de superbe, d'adresse, de grâce, la part de va-tout, de prédestination, d'"on ne sait quoi", d'angel qui font dire de ce bouvier minable mais soudain transfiguré : el chaval tiene algo torero. C'est à la reconnaissance de ce je ne sais quoi qu'il nous a paru essentiel de dédier nos soins."

Lorsqu'il se fait défenseur de la corrida Roger Wild convoque de savoureux souvenirs. Ainsi cette évocation de Paul Valéry :

"Des hommes de grand mérite qu'il nous a été donné d'approcher, presque tous étaient tauromaches de cœur sinon de fait.
 Je ne rencontrais jamais Valéry qu'il ne me demandât les yeux incendiés de malice - cette gentillesse amusée était une de ses parures - "Tenez vous pour le Recibir ou pour le Volapié?" Écho, résurgence de discussions d'aficionados que son enfance sétoise avait fidèlement enregistrées. Je prenais un air très entendu, découvrant des cimes vertigineuses de savoir, l'altissime poète estimait prudent de changer de sujet."

Enfin, dans un dernier texte Ferroviaro (Réhabilitation du picador) qui fait figure de manifeste, il va jusqu'à trouver des accents très "militants" pour défendre, contre "les vividores de la fiesta", le tercio de pique qui "demeure l'un des points culminants de la corrida".



Roger Wild, Chato en Espagne, dessins et ornements de l'auteur, Robert Laffont, 1964
On peut le trouver chez les bouquinistes.

samedi 9 février 2013

Expertise des cornes 2012

On peut trouver sur le site de l'UVTF le bilan complet de l'expertise des cornes concernant la temporada 2012.
Comme en 2011, un seul toro a été reconnu afeité sur ses deux cornes. Il s'agit d'un exemplaire du Conde de Mayalde combattu lors de la feria pascale arlésienne.
 En revanche, le nombre d'arreglados déclarés a nettement régressé. On était monté à 38 en 2011 ce qui constituait une manière déguisée de pratiquer l'afeitado. On est retombé en 2012 à 18 arreglados, une baisse importante et un progrès qui était nécessaire à la crédibilité de l'opération.
On remarquera toutefois l'abus de cette pratique par l'élevage de Fuente Ymbro qui a eu recours à sept reprises au procédé (3 toros à Bayonne (!), 2 à Mont de Marsan, et 2 à Béziers).

J'ai établi un bilan par ville en totalisant cornes déclarées non conformes par l'expertise et arreglados déclarés par les ganaderos. Voici les résultats, de la cité la plus vertueuse à la plus laxiste :

1- Vic Fezensac         0    (1)
2- Mont de Marsan     2    (3)
3- Dax                        2  +  1    (3)
4- Arles                      5  +  1    (6)
5- Bayonne                2  +  6    (8)
6- Béziers                  8    (9)

Honneur enfin aux élevages qui n'ont eu ni corne déclarée non conforme ni arreglado :
Cebada Gago
Flor de Jara
Domingo Hernandez
Baltasar Iban
Margé
Zalduendo

 et parmi eux, honneur suprême, ni corne touchée, ni arreglo, ni fundas :
Cebada Gago
Baltasar Iban





mardi 5 février 2013

Feria de Vic Fezensac 2013 : les cartels



Samedi 18 mai
18h  corrida-concours
2 La Quinta  2 Murteira Grave  2 Margé
Diego Urdiales - Javier Castaño

Dimanche 19 mai
11h  corrida
José Escobar
Rafaelillo - Manuel Escribano - Paco Ureña

18h  corrida
Cebada Gago
Fernando Robleño - Fernando Cruz - David Mora

Lundi 20 mai
17h corrida
Adelaida Rodriguez
Juan Bautista - Ivan Fandiño - Alberto Aguilar

Le principal changement de l'année concerne la corrida-concours. Elle quitte sa place habituelle du dimanche matin pour débuter la feria le samedi après-midi; trois élevages y seront représentés par deux toros chacun ; enfin, le cartel homme se présente sous forme d'un mano a mano (ce qui me paraît problématique car le concept corrida-concours et le concept mano a mano semblent plutôt opposés que complémentaires, mais sans doute a-t-on voulu que chaque diestro puisse lidier un exemplaire de chaque élevage).
Variété d'encastes et de pays donc pour la concours en espérant qu'il subsiste au moins deux toros encastés dans l'élevage de La Quinta et qu'ils sortent précisément à Vic. Au vu des dernières performances de l'élevage ce n'est pas gagné. Pour Murteira Grave ce sera le retour d'un élevage historique de la feria du toro vicoise. Margé quant à lui est l'élevage français le plus régulier de ces dernières temporadas.
Les autres toros ont été choisis dans des ganaderias qui ont plutôt brillé lors de la dernière temporada. Rien à redire donc, en espérant que la présentation sera irréprochable ce qui n'a pas toujours été le cas à Vic ces dernières années.
Côté toreros on reverra avec plaisir pas moins que Javier Castaño, Diego Urdiales, Alberto Aguilar et Fernando Cruz. Manquent en revanche à l'appel Sergio Aguilar (une injustice de plus à son égard) et Joselillo qui n'avait pas démérité lors de ses dernières prestations ici.
Attention braves gens après le gag de l'an dernier retour de la corrida du lundi à 17 heures cette année!
Enfin, une novillada de Valdellan sera courue le vendredi 9 août en nocturne.


















Sergio Aguilar en 2012