vendredi 31 août 2007

Aux Armes etc...

Je voudrais réagir au texte Aux Armes de Elbatacazo que je viens de lire dans le blog de Campos y Ruedos. Quelle position avoir dans le débat entre pros et antis corrida? Quelle est la meilleure façon de défendre notre passion? Le débat sur le sujet est inépuisable et vieux comme la corrida. Voici quelques réflexions en vrac.

Je suis tout à fait d'accord avec Elbatacazo lorsqu'il critique le mode de défense qui consiste à édulcorer les aspérités du combat et à n'en présenter que le côté artistique. Personnellement quand j'aborde ce sujet avec quelqu'un qui ne le connaît pas ou quand j'accompagne a los toros quelqu'un qui y va pour la première fois, j'insiste toujours sur le côté sanglant: on va voir combattre et mourir 6 toros et 6 toros qui combattent et qui meurent, ça saigne!


C'est vrai aussi que le débat avec les antis n'a pas pour but de les faire changer d'avis pas plus qu'ils ne sont en mesure de faire changer d'avis les aficionados. Mais attention danger, car le débat entre pros et antis s'adresse en réalité à tous les autres, c'est à dire à la majorité (silencieuse) susceptible de venir grossir les rangs des uns ou des autres. C'est pourquoi je pense qu'il est dangereux de laisser le monopole du discours sur la corrida aux antis.


Quelqu'un de très fort, par exemple, pour défendre la corrida (dans les discours), c'est Simon Casas. C'est, entre toutes ses activités taurines, celle qu'il sait faire le mieux. Sans doute parce que lui aussi en parle avec passion.


Pour terminer (provisoirement) voici un extrait de Mort dans l'après-midi d'Ernest Hemingway écrit en 1932 : "A en juger par l'enthousiasme que j'ai vu montrer pour la corrida sous la République, la course de taureaux moderne continuera en Espagne en dépit du grand désir de ses politiciens actuels, à l'esprit européen, de la voir abolir, afin de n'avoir plus de gêne intellectuelle à se trouver différents de leur collègues européens qu'ils rencontrent à la Société des Nations, aux ambassades et aux cours étrangères. Actuellement, une violente campagne est menée contre les courses de taureaux par certains journaux, subventionnés par le gouvernement; mais tant de gens tirent leur gagne-pain des nombreuses branches de l'élevage, du transport, du combat, de l'alimentation et de l'abattage du bétail de combat, que je ne crois pas que le gouvernement les abolira, même s'il se sentait assez fort pour le faire."

dimanche 26 août 2007

Ce que j'ai vu à Bilbao les jeudi 23 et vendredi 24 août



Toros de El Ventorrillo pour Enrique Ponce, El Juli et Ivan Fandiño

Toros de Garcigrande (4) et Ortigao Costa (2) pour Enrique Ponce, Sébastien Castella et José Maria Manzanares


- des arènes pleines

- un public infumable (particulièrement le jeudi)

- des lidias catastrophiques

- la pluie tomber

- des beaux toros

- 7 toros exécrables : 3 de El Ventorrillo, 3 de Garcigrande, 1 d'Ortigao Costa

- 3 toros assez bons
Campasolo de El Ventorrillo, mobile et encasté dans la muleta d'Enrique Ponce
Dueño de Garcigrande et Animado de Ortigao Costa, combattus par Sébastien Castella

- une belle faena manquant de ligazón d'Enrique Ponce

- une valeur sûre : Sébastien Castella

- la joie d'Ivan Fandiño lors de son tour de piste une oreille en main

- un quite par gaoneras et une belle estocade du même

- une belle paire de banderilles de Juan José Trujillo

Pocas cosas.



Et samedi à 18 heures lorsque El Cid a traversé seul le ruedo gris de Bilbao, j'étais chez moi en train de bichonner mes pieds de tomates.

Lástima, otra vez sera.

mercredi 22 août 2007

Grandeur et faiblesse du sang domecq

                               Trois novillos de Gallon dans les corrales roquefortois 

Je viens d'assister à deux courses avec des toros d'origine domecq. La novillada du 15 août à Roquefort avec du bétail de Gallon et, le lendemain, une corrida de Domingo Hernandez "Garcigrande" à Saint Sébastien. Deux courses qui me sont apparues assez révélatrices de ce qu'est devenu aujourd'hui cet encaste.
Tout d'abord la présentation. Magnifique le lot de novillos de Roquefort. Il est difficile de présenter un lot plus homogène, aussi harmonieux de forme, avec des armures aussi bien développées. Beau et sérieux également le lot de Saint Sébastien avec cinq toros pesant entre 500 et 515 kg ce qui correspond au juste poids de cet encaste.
Face au cheval, aucun toro fuyard, presque tous poussant avec fixité, certains, en particulier chez les Garcigrande, insistant longuement dans leur poussée contre le cheval et difficiles à sortir de la pique. Des toros qui peuvent être qualifiés de braves au cheval. Il faut noter que contrairement aux Gallon, les Garcigrande bénéficièrent d'excellentes mises en suerte par les maestros (Finito de Córdoba, José Tomas, El Cid).
Enfin à la muleta, presque tous firent preuve d'une grande fixité, tous combattirent au centre sans réticence, certains avec une charge longue, en particulier les 3, 5 et 6 de D. Hernandez et sans jamais rajarse.
Jusqu'à présent nous sommes dans l'excellence mais, car il y a un mais, pour tous, une faiblesse latente ou manifeste. Des toros qui manquent de poder: aucune chute de cavalerie à signaler. Des picadors qui lèvent la pique très vite (Saint Sébastien) ou des tercios écourtés (Roquefort, 9 piques). Un invalide total (le premier D. Hernandez). D'autres dont la caste ne peut s'exprimer totalement, le sixième de l'arène basque, cité plein centre par le Cid en début de faena accourt magnifiquement mais s'affale au troisième derechazo. La plupart qu'il faut cuidar ce qui ôte beaucoup d'émotion au spectacle.
Il a donc manqué une chispa de poder aux novillos de Roquefort pour être un grand lot; je pense que les frères Gallon en sont conscients et qu'ils vont chercher à y remédier. S'ils y parviennent, ils pourraient devenir un élevage de tout premier ordre. Si l'on se fie aux bons résultats obtenus par Ricardo Gallardo avec les Fuente Ymbro, il semble que la gageure soit possible. D'autres ganaderias comme Guadaira ou Antonio Palla semblent également être sur une voie prometteuse.
Après cette rafale d'optimisme, il ne s'agit certes pas d'oublier qu'une grande partie des élevages d'origine domecq est constituée de sous-produits de la maison mère dénués de la moindre parcelle de bravoure et que ce qui intéresse le plus ces éleveurs-là, c'est de vendre en produisant des toros inodores, incolores et sans saveur.

mardi 21 août 2007

José Tomas, enfin

Jusqu'à ce jeudi 16 août à Saint Sébastien, j'avais assisté à 10 corridas où toréait José Tomas, il avait coupé 10 oreilles. A vrai dire, rien que de très banal, des prestations en demi-teinte qui m'avaient laissé indifférent, voire hostile. Aujourd'hui, j'ai enfin vu José Tomas.
En une après-midi, il a tout justifié: la passion et l'aura qui entourent son retour, l'engouement des foules, les analyses dithyrambiques sur son toreo et sa personnalité. Pourquoi?

Tout d'abord, parce qu'il s'est livré corps et âme à ses deux toros. De la première passe de cape jusqu'à l'estocade finale, il a donné le meilleur de lui-même.
Ensuite par sa personnalité extraordinaire. On le sent totalement habité par son toreo. Cela est saisissant pour nous, gens ordinaires qui contemplons le grain de folie d'un homme hors du commun. Et l'on ne peut s'empêcher de penser qu'il se situe dans la lignée des grands mystiques espagnols.
Enfin par sa technique et son inspiration. En voici quelques exemples ce jour où il eut à combattre les deux toros les moins propices au succès. Le premier était un gratteur impénitent. Or, en fin de faena, à l'issue de trois manoletines et d'un remate, le toro se trouva parfaitement cadré, à l'emplacement idéal et le maestro put l'estoquer sans un geste de plus. Ce qui constitue le nec plus ultra de la lidia et l'expression la plus parfaite de la domination d'un toro par un torero.
A son second adversaire, le début de la faena fut des plus savoureux avec au centre du ruedo et cité de loin l'enchaînement de deux molinetes différents et muy toreros, l'un belmontien (cambiado), l'autre classique (naturel).
Enfin cette dernière série de trois derechazos parfaitement enchaînés qui constituait à la fois le point d'orgue et l'aboutissement d'une faena auparavant peu brillante mais efficace puisqu'elle avait rendu cet enchaînement possible.
Un toreo que José Tomas, au-delà de son parti-pris évident de hiératisme, est capable de suffisamment maîtriser et penser pour l'adapter à la lidia de chaque toro.

Je ne sais comment le maestro de Galapagar a toréé dans les autres arènes cette année mais, à mon avis, on ne peut dans une temporada toréer ainsi plus d'une trentaine de courses au risque, comme Icare de se brûler les ailes. Poussé par sa quête d'absolu, il pourrait, oubliant qu'il y a un toro et qu'il faut le respecter, être tenté de dépasser cette ligne ténue qu'il y a, en tauromachie, entre l'Art et la Mort.
Par ailleurs, au cours de cette bonne corrida donostierra, Finito de Córdoba et El Cid se sont chargés, avec tout leur talent, de rappeler qu'il existe une autre forme de tauromachie, plus classique et tout aussi digne d'intérêt.

lundi 6 août 2007

Novillada de Margé à Parentis

Parentis, grande plaza de novilladas, présentait cette année deux fers intéressants. Celui de Margé samedi, le meilleur élevage français actuellement. Celui de Raso de Portillo dimanche, la ganaderia la plus ancienne d'Espagne. Je pensais que l'existence de cet élevage était plus symbolique que réelle et je regrette de n'avoir pas eu la possibilité d'assister au combat de ces toros mythiques. En tout cas, bravo aux organisateurs pour les avoir dénichés.
Mais revenons à nos Margé qui exprimèrent encore une fois toute leur caste dans le ruedo de Parentis. Un lot irrégulier mais à l'intérêt constant, à l'exception du quatrième, un manso démotivé. Le troisième trébucha longuement à la sortie d'une forte pique ce qui incita Joselito Adame à demander le changement, mais le novillo alla a mas et sa noblesse fut difficile à canaliser en début de faena. Le sixième, un véritable bravucon, prit trois piques en rentrant violemment dans le peto (chute à la première) mais sortant seul. Au troisième tiers sa corne gauche était importante.
Joselito Adame est un véritable novillero, comme tous devraient l'être et bien peu le sont. Avec de la vaillance, du dynamisme, de l'entrega. Ce jour, les résultats furent inégaux, un peu décevants même malgré une oreille.
Le meilleur de Chechu, ce fut sa cuadrilla d'un professionnalisme rare à ce stade de la compétition. Pour le reste il est exactement le contraire de Joselito Adame.
Heureuse initiative que celle des organisateurs d'allouer une prime au meilleur picador. On vit des mises en suertes bien exécutées et quelques belles piques. Marc Raynaud empocha fort justement les 200 € pour son tercio de pique exécuté au dernier Margé. Trois piques bien données qui contribuèrent à canaliser la fougue du novillo et à le rendre plus fixe au dernier tiers.
Pour finir sur une note négative, Parentis a droit incontestablement au titre de plaza de toros la plus poussiéreuse du Sud Ouest (peut-être même du monde entier): intérieur (c'est les riches de la barrera qui en prennent le plus) + extérieur (que fait la municipalité des revenus du pétrole?) + environnement (usine aux fumées inquiétantes à proximité).