dimanche 19 février 2017

Pourquoi ils vont voir des corridas

   J'avais un chèque-cadeau à la FNAC. Je vais au rayon tauromachie. Là, pas grand chose à se mettre sous la dent. A Bordeaux pour les toros il vaut mieux aller chez Mollat. Mais je finis par trouver, perdu entre les chevaux et les sports divers et variés, ce petit livre publié chez Atlantica : Pourquoi ils vont voir des corridas, textes réunis par Marc Delon.
   Une perle! Tout m'a plu : les textes, les photos, tout.
   Il y a quelques années déjà, qui voulait pouvait envoyer, via internet, un texte pour répondre à cette question : "Pour quelle(s) raison(s) allez-vous voir des corridas ?" Au final, une sélection d'une quarantaine de réponses. Des courtes, des très élaborées. Des textes d'aficionados inconnus y côtoient ceux de pointures de la critique taurine, jusqu'à celui d'une académicienne! Bien sûr on a sorti pour l'occasion sa plus belle plume et l'écriture est parfois un peu endimanchée, mais jamais au détriment de la sincérité. Et ça fonctionne, c'est toujours intéressant, parfois beau et émouvant. Je l'ai lu avec le plaisir de me sentir membre de cette grande et belle famille de l'aficion. Mais on peut aussi l'offrir, comme le recommande Marc Delon, à son anti préféré, ou bien à sa belle mère qui ne comprend pas toujours pourquoi on file si souvent, par monts et par veaux, à la recherche du mystère des toros braves et de leur combat.

Pourquoi ils vont voir des corridas, textes réunis par Marc Delon, Atlantica, 2013

jeudi 9 février 2017

Quelques citations sur l'art de toréer

   A L'œil contraire on aime bien les citations. On les considère comme des formes poétiques brèves qui nous séduisent, parfois, par leur beauté formelle, mais aussi, bien sûr, comme des éléments de réflexion qui nous aident à mieux appréhender notre passion.
   En voici quelques unes sur l'art de toréer :

   "Le torero qui effraie le public dans l'arène par sa témérité ne torée pas, il est au contraire sur ce plan ridicule, à la portée de tout homme de jouer sa vie; alors que le torero mordu par le duende donne une leçon de musique pythagoricienne, et fait oublier qu'il lance constamment son cœur sur les cornes."
( Federico Garcia Lorca, Jeu et théorie du duende, 1933)

   "Torero es quien permanece dentro de la suerte, dilatando el tiempo en que sucede y, con su ligazón, haciendo posible que el toreo se articule, se convierte en lenguaje, y, por tanto, haga de un juego un arte con capacidad de discurso, el nacimiento del interprete, la posibilidad de un marco de expresión personal."
   "Torero est celui qui reste au centre de la suerte, dilatant le temps au cours de son accomplissement et, par la liaison entre les passes, rendant possible que le toreo s'articule, se transforme en langage, et, ainsi, fait d'un jeu un art avec une capacité de discours, la naissance de l'interprète, la possibilité d'un contexte d' expression personnelle."
(José Carlos Arevalo)

   "Toréer c'est détourner de soi, enrouler autour de soi ce qui devrait venir droit sur soi, droit en soi ... C'est conduire la charge naturelle et instinctive de ce désir de pierre, sur une trajectoire autre et, en un sens, anormale : courbe! Or "conduire ailleurs", "détourner", en latin se disent "seducere". Et se traduisent d'un mot : séduire. Toréer c'est séduire.
(Jean - Le Carpentier, Ecrire la corrida, préface, 1987)

   "No existe en el mundo occidental ninguna ceremonia capaz de conmover y elevar con semejante fuerza al ser humano. [...] A lo largo de mi vida he gozado de las mejores expresiones del arte, en música, danza, ópera y teatro, pero nada es comparable al ritual taurino.
   "Dans le monde occidental il n'existe aucune cérémonie capable d'émouvoir et d'élever l'être humain avec une telle force. [...] Tout au long de ma vie j'ai pu bénéficier des meilleures expressions de l'art, à travers la musique, la danse, l'opéra et le théâtre, mais rien n'est comparable au rituel taurin."
(Albert Boadella, Adios Cataluña, 2007)

   "Le propre de l'émotion taurine c'est qu'elle allie le désintéressement du beau à l'intérêt suprême, la vie; c'est qu'elle produit de la beauté sur fond de risque de mort... C'est pourquoi la beauté taurine est si forte, si violente, si déchirante."
(Francis Wolff, Philosophie de la corrida, 2007)


Beaucoup d'autres citations sur L'œil contraire, parmi lesquelles :
                    21 janvier 2007 (Défendre la corrida)
                    19 juillet 2008   (Alvaro Domecq)
                    28 janvier 2016 (Diego Bardon)