mercredi 21 décembre 2022

Encierros en Castille

 

Casarrubios del Monte (Tolède)   17 septembre 2022 

 
















Les toros qui seront lidiés l'après-midi défilent l'un après l'autre dans les rues de la ville jusqu'aux arènes. C'est long et fastidieux (plus de deux heures), très peu de coureurs se risquent devant un toro seul, mais on ne résiste pas au plaisir de voir ainsi galoper six magnifiques animaux de Dolores Aguirre.




























L'entrée dans les arènes puis dans les corrales n'est pas toujours chose facile.
 
 










On lâche ensuite un novillo que l'on peut approcher avec moins de risque.

 













On remet ça une fois la nuit venue, avec l'avantage pour les fantômes de pouvoir participer.



Yunquera de Henares (Guadalajara)    19 septembre 2022
 
Ici, c'est à cheval que l'on accompagne le toro.

















L'attente 











 
Il arrive

















Aqui está













Un belle bête qui, à la poursuite des cavaliers, préfèrera le jeu avec la paille et les mozos.

jeudi 8 décembre 2022

Bilan 2022

   Maintenant que les miasmes de l'animalisme radical ont été (provisoirement) évacués et que les donneurs de leçon en ont pris une bonne, nous pouvons nous consacrer à nouveau aux choses sérieuses de l'arène plutôt qu'aux simagrées d'hommes politiques aux valeurs dévoyées.
 
   Il faut le dire : la temporada 2022 a été bonne. En quantité et en qualité. Le nombre de spectacles a dépassé celui de 2019, année de référence antérieure au covid. Depuis déjà plusieurs années, le public espagnol  a considérablement rajeuni (mais peut-être est-ce la perception erronée d'un homme qui vieillit) et, si en France le mouvement est moins marqué, nous avons eu, à l'occasion des récents évènements politiques, le plaisir de constater que les jeunes aficionados avaient pris une part non négligeable dans les actions entreprises pour défendre notre culture.
   La qualité ce sont d'abord les toros qui la donnent par leur présentation et leur caste. La caste est bien sûr fluctuante, mais les aficionados, selon leurs goûts, ont une idée des élevages qu'il vaut mieux éviter pour ne pas connaitre une après-midi décevante. Sauf rares exceptions, la présentation a été excellente dans les arènes de première catégorie, bénéficiant cette année encore de nombreux lots cinqueños, invendus des années covid. Et puis, lorsque l'on considère la temporada de haut niveau réalisée par Morante de la Puebla, Daniel Luque, Roca Rey et El Juli, on se dit que l'on a connu des époques moins fastes. Sans oublier les nombreuses corridas toristes qui constituent des ferments d'aficion et qui, aussi bien en France qu'en Espagne, ont parfois connu de belles réussites.
 

Ma corrida rêvée

                 6  toros de Victoriano del Rio  6
      Morante de la Puebla - Daniel Luque - Roca Rey
 

   Ce que Morante a fait au cours de la saison est un petit miracle qu'aucun aficionado, même morantiste, n'aurait osé espérer il y a quelques années. Toréer cent corridas avec cette fraicheur, cette joie d'être dans la plaza, cette créativité et bien sûr cet art et cette profondeur a été comme un souffle de subtils et enivrants parfums andalous répandus dans le monde taurin durant toute cette temporada. Ce qui semblait réservé aux champions du pegapasisme a été accompli par un artiste à la personnalité incomparable ! On n'ose rêver à une temporada 2023 du même niveau.
  Daniel Luque, comme les années précédentes, est resté sur les sommets : dominio, art et sens des responsabilités. Il y a longtemps que la France a découvert ses qualités et le soutient, mais une partie de l'Espagne l'ignore encore. Quand on pense que les organisateurs de Bilbao n'ont pas été capable de lui faire une place lors des dernières Corridas Générales !
   C'est précisément sa journée héroïque de Bilbao qui a marqué le sommet de la saison d'Andrés Roca Rey. Le Péruvien est le rêve de toutes les empresas car il assure à lui seul la billetterie. Un perle rare ! Notre rêve : qu'il trouve un équilibre entre quantité et qualité, avec de temps en temps un geste face à une ganaderia dite toriste ou une tarde épique comme celle qu'il a connue sur les bords du Nervion. 
   On n'oubliera pas que cette temporada aurait dû être la grande temporada d'Emilio de Justo. La mala suerte a voulu qu'il en soit autrement mais rendez-vous est pris pour 2023.

   En ce qui concerne les toros, le choix de Victoriano del Rio est en adéquation avec le côté mainstream du cartel. Il faut reconnaitre que le ganadero madrilène, contrairement à beaucoup de ses concurrents commerciaux, a su préserver un fond de caste dans son bétail. Ce qui nous a valu le bon lot et la grande tarde de Bilbao. Il a été capable de fournir 9 lots complets dans les arènes de première catégorie espagnoles, le plus souvent avec succès. La France, toutefois, a été beaucoup moins bien traitée, peut-être parce que les arènes de première catégorie françaises sont loin du niveau des arènes espagnoles de catégorie équivalente pour ce qui concerne les corridas de figuras.
   Ceci n'empêche pas de rêver pour la saison prochaine d'un affrontement entre les trois figures du cartel et des élevages tels ceux de Baltasar Iban (excellents à Vic-Fezensac) ou Pedraza de Yeltes (excellents à Mont-de-Marsan).

   Le bon déroulement de la temporada passée, l'heureuse issue des derniers évènements hexagonaux  ne doivent pas nous faire oublier que l'équilibre de la fiesta est fragile. Et particulièrement, dans l'époque troublée que nous vivons depuis quelques mois, du point de vue économique. Le porte-monnaie des aficionados et du grand public n'étant pas extensible, il va falloir trouver des solutions pour contenir les coûts de production des spectacles taurins. Réduire les cachets des figures paraît une évidence. Mais
aussi trouver des moyens pour aider les novilladas avec ou sans picadors, sous peine de disparition de ce qui constitue le fondement de la corrida. Réduire les frais de cuadrillas ? Créer un fond  mutualisé qui permettrait de palier aux incertitudes financières ? L'union sacrée qui a prévalu ces derniers mois dans le monde taurin français pourrait être mise à profit pour s'attaquer sérieusement au problème.
 
 

 
 
 











Souvenir de la grande faena de Morante à Séville le 23 septembre (photo Aplausos)
 
 
 

vendredi 25 novembre 2022

Bouffonnerie

   Ainsi, lors de cette journée du 24 novembre si longtemps attendue, tout s'est terminé par une sinistre bouffonnerie. Aymeric Caron et ses amis de La France Insoumise ont tout d'abord souhaité avancer l'examen de leur proposition de loi contre les corridas afin de bénéficier de davantage de temps. Ceci au détriment d'un autre projet concernant l'augmentation du SMIC, puis, en fin d'après-midi, voyant que l'échec était inévitable, ils ont carrément retiré leur texte. Une espantada digne de Rafael Gomez "El Gallo" (on fera  pour l'occasion l'honneur à Monsieur Caron de le comparer au grand torero gitan)!
   Il fut un temps où la gauche avait pour vocation de défendre les hommes et les femmes, particulièrement les plus faibles et les plus pauvres, contre un système économique (le capitalisme) qui les exploitait. Il faut croire que ces temps sont révolus puisqu'elle fait passer aujourd'hui au premier plan la soi-disant défense des animaux. Pauvre gauche, déboussolée, autosatisfaite, se rêvant en donneuse de leçon aux barbares méridionaux! Une journée qui pourrait laisser des traces dans ce parti au nom désormais ridicule que les circonstances de la vie politique ont  provisoirement placé en position dominante à gauche.
   De fait, les véritables vainqueurs de cette journée pleine de palinodies ce sont bien les toros, comme je l'ai lu sous la plume de Patrick Beuglot. Ces toros que les aficionados vénèrent  et qui, grâce à la corrida, vont pouvoir continuer à vivre quasiment en liberté durant plusieurs années, avant de mourir dans l'arène, en combattant au cours d'un cérémonial public, plutôt que dans l'anonymat d'un sordide abattoir. Et cela correspondra à leur nature d'animaux sauvages et agressifs.
   À la manière de celui des peuples dits primitifs, l'animalisme du monde taurin est bien plus respectueux de la nature et du monde animal que celui, totalitaire et pervers, des bonnes âmes de La France Insoumise.



lundi 21 novembre 2022

Défense de la corrida : quelques citations

 "Je compris que le taureau était bien loin de donner infailliblement dans le leurre: pris entre les caprices de la bête et l'exigeante attente des spectateurs, le torero risquait sa peau; ce danger était la matière première de son travail...Chaque combat était une création; peu à peu, je démêlai ce qui en faisait le sens et parfois la beauté."
(Simone de Beauvoir, La force de l'âge, 1960)


"Il reste qu'on ne pénètre pas dans des arènes sans que l'inconscient ne propose un choix entre le parti du taureau et le parti de l'homme. Pour ma part, profane, j'avoue me porter d'abord du côté du premier, considéré comme un condamné à mort, inexorablement. Mais ce sentiment intime cède devant l'évidence qu'un taureau est un bœuf extrêmement privilégié, qui a joui de cinq années de liberté absolue pour conforter ses dispositions belliqueuses et que, pour lui aussi, l'apothéose du combat est un mode d'expression."
(Antoine Blondin, 1978)
 

"La vie opulente du taureau s'épanouit, au terme d'une trajectoire de quatre à six ans, dans ce dernier quart d'heure qui lui donne son sens. Supprimer les corridas, ce serait du même coup supprimer le taureau, ce chef d'œuvre de l'art et de la vie." (Michel Tournier, Petites proses, 1986)
 

"Los Toros sont entrés dans le débat politique où se joue un choix - le mot n'est pas trop fort - de civilisation, dont l'enjeu est: la mondialisation - ou non - et donc la banalisation de notre comportement et de notre être même." (Jean Cau, La folie corrida, 1992)
 
 
"Tant  que tigre pourra égorger la gazelle, le faucon la colombe, le requin le thon, le loup la brebis ou le renard la poule, prétendre interdire à l'homme d'affronter le taureau dans une lutte épique, esthétique et éthique équivaudrait à le priver des droits que l'on accorde aux autres espèces et à porter ainsi atteinte à sa nature. Qui peut concevoir un tel projet, si ce n'est ceux qui veulent en finir avec l'humanisme ?" (André Viard, Terres Taurines n° 60, 2016)
 
 
"Assister aux courses de taureaux est un acte volontaire et l'appréciation qu'elles méritent relèvent du choix de chacun. Je comprends parfaitement qu'il y en ait qui éprouvent du rejet et du dégoût, comme d'autres devant tant de spectacles, habitudes et démonstrations culturelles différentes. Mais que cela permette aux autorités, en arguant de la puissance morale institutionnalisée, de décider si elles sont compatibles ou pas avec notre citoyenneté, voilà qui traduit abus de pouvoir et arrogance. Interdire un jeu à l'indubitable racine littéraire et artistique, rigoureusement codifié et stylisé au long des siècles, dont jouissent maintes personnes et qui garantit une forme de vie et un type de développement économique, lié au paysage et à l'élevage, exige un peu plus qu'un respectable mais non généralisable haut-le-cœur de certaines sensibilités." (Fernando Savater, Tauroética, 2011)


"Qui aime la corrida aime forcément les taureaux. Il se rêve sûrement lui-même en taureau - il n'y a guère d'exception à cette règle. Il se dit simplement ceci : de toutes les espèces animales que l'homme s'est appropriées pour servir ses fins, de toutes les espèces qui peuplent l'imagination des hommes, un des sorts les plus enviables n'est-il pas celui de cet animal qui vit librement pour mourir en combattant ? Comparez ! (Francis Wolff, Philosophie de la corrida, 2007)
 
 

                                                                        photo Laurent Bernède
 



 
 
 




vendredi 18 novembre 2022

Défense de la corrida

    Les assauts en cours contre la corrida ont contraint les aficionados à sortir du bois. À prendre, contre leurs habitudes, leur bâton de pélerin pour expliquer leur passion. Les arguments sont bien sûr en lien avec les attaques reçues et avec l'esprit de l'époque. Ils sont donc aujourd'hui d'ordre politique, écologique et animaliste. Et dans ces trois domaines ils ne manquent pas de force.

   Voici par l'Observatoire National de la Culture Taurine (ONCT), à demi réveillé d'une longue léthargie, les 20 raisons de ne pas interdire la corrida. 
   Mais aussi, malgré un paragraphe qui semble avoir subi un bug informatique ou grammatical, le beau texte de l'Union Taurine Jeunesse de France.
   La bible argumentative reste le petit livre de Francis Wolff, 50 raisons de défendre la corrida. L'œil contraire avait commis il y a quelques années déjà un résumé du livre qui est encore régulièrement visité. Je remets les liens correspondants. Et je viens d'apprendre l'excellente initiative de l'UVTF qui a remis un exemplaire de ce livre à chaque député. Voilà un geste intelligent !
   En lien aussi, deux magnifiques textes écrits par la rejoneadora Lea Vicens et par l'aficionado nîmois Patrick Charmasson.
   
 
 
ONCT   20 raisons de ne pas interdire la corrida

Un éco système culturel à haute valeur ajoutée

-1 / La tauromachie est une culture ancestrale enracinée dans les régions du sud, documentée depuis 1289 à Bayonne et inscrite au patrimoine culturel immatériel français depuis 2011. Deux millions de français apprécient la corrida et selon les sondages fournis par Caron, 20% de la population n’en souhaite pas l’interdiction.

-2 / Interdire la corrida équivaudrait à abolir leur liberté culturelle et à priver ces territoires de leur identité. Aucun député, hormis ceux de LFI et d’EELV, n’a reçu mandat des électeurs pour commettre un ethnocide sans précédent depuis l’interdiction des langues régionales.

-3 / L’interdiction des corridas équivaudrait à interdire la profession de torero inscrite au répertoire des métiers en 1936 par le Front Populaire et bénéficiant du statut d’artiste intermittent depuis 1977, ainsi que celle d’éleveur dont le rôle est primordial dans la conservation d’écosystèmes fragiles, ainsi que dans la préservation d’une biodiversité en France.

-4 / L’interdiction porterait un coup fatal au commerce des 56 villes taurines qui bénéficie de l’importante économie induite par les corridas, seul spectacle vivant à ne bénéficier d’aucune subvention publique en France.

Le Taureau n’est pas un animal de compagnie.

-5 / Préservé de la domestication grâce à des tauromachies parfois millénaires, il est la seule race bovine à avoir conservé le caractère sauvage de son ancêtre l’aurochs. Son agressivité naturelle est le fait générateur de toutes les tauromachies.

-6 / Le taureau de combat n’éprouve que très peu de douleur. Il possède une spécificité endocrinienne, sorte de bouclier hormonal, qui le singularise des autres espèces : il possède plus de cellules productrices d’hormones, et tout particulièrement de béta-endorphine, laquelle provoque une réponse analgésique au stress et à la douleur. Le taureau en produit sept fois plus que n’importe quel animal et dix fois plus qu’un être humain. Son organisme secrète aussi d’importantes quantités de sérotonine, substance neurochimique synthétisée dans le cerveau qui accentue son caractère naturellement agressif. Si tel n’était pas le cas il fuirait le combat et la corrida n’existerait pas. A contrario, sans les corridas cette race unique disparaitrait.

-7 / Dans les élevages, à peine 7% des animaux sont destinées aux arènes et certaines reproductrices vivent en liberté jusqu’à l’âge de 22ans ; privilège inconnu pour les autres races bovines.

-8 / Moins de 1000 taureaux sont combattus chaque année dans les arènes françaises, quantité dérisoire au regard des 3 000 000 d’animaux destinés quotidiennement à l’abattoir.

-9 / La corrida est un art de vivant en constante évolution dont la finalité est d’élever la fureur du combat vers une dimension esthétique dans le cadre éthique très strict pour respecter le taureau. Elle est une métaphore du passage de l’état de nature à celui de culture. Sa complexité provient du fait que le réel y est codé dans un rite.

-10 / Pour les aficionados, la corrida est un rite de passage et de partage qui permet à l’homme de se confronter à la précarité de l’existence et à la finitude de la vie en affrontant la mort. En ce sens, elle est un vecteur important de socialisation, de transmission, de cohésion et d’intégration entre les générations de communautés très diverses.

La menace antispéciste

-11 / Le député Caron représente l’antispécisme à l’assemblée nationale. Interdire la corrida n’est pour lui qu’une première étape qui permettrait d’attaquer ensuite toute exploitation des différentes espèces par l’homme au mépris de l’héritage de la révolution néolithique.

-12 / Le députés qui voteraient l’interdiction des corridas seront un jour sommés d’interdire toutes les formes de chasse, de pêche, d’équitation, d’élevage, foie gras, animaux de compagnie en ville, l’alimentation carnée, les abattages rituels…

-13 / Interdire la corrida équivaudrait donc à ouvrir une brèche dans les modes de vie ancestraux des français en assumant une responsabilité historique de rupture.

-14 / Selon le député Caron et divers sociologues, la corrida est moribonde. Quel intérêt les députés auraient-ils donc à interdire au risque de soulever la colère des populations discriminées, alors qu’il suffit d’attendre sa disparition ?

Une interdiction politique contraire à la hiérarchie des normes

-15 / La France est le pays des libertés et ne peut pas devenir celui des interdictions en cédant aux injonctions d’une police des mœurs cynique dont la volonté de déconstruction des institutions et de morcellement de la société n’est plus à démontrer. Quel intérêt, les députés respectueux de l’état de droit auraient-ils à dérouler le tapis rouge devant LFI et l’antispécisme en accentuant le triple clivage qui gangrène la société : urbains / ruraux, Nord/Sud, mondialistes hors sol / enracinés, alors que le pays aspire à l’apaisement et à davantage de décentralisation ?

-16 / La France a inclus dans son bloc de constitutionnalité la préservation du pluralisme des courants d’expression socioculturels et le conseil constitutionnel a consolidé deux principes fondamentaux : celui d’égalité et celui du droit à la différenciation des collectivités territoriales. A ce titre, interdire la corrida serait doublement inconstitutionnel.

-17 / La France s’est engagée à garantir la liberté et la diversité des expressions culturelles en ratifiant la convention de l’UNESCO de 2005. A ce titre, une loi d’interdiction serait en contradiction avec le bloc de conventionnalité.

-19 / Le parlement Européen a précisé le 5 mai 2010 que l’article 13 du traité de Rome sur le fonctionnement de l’Union Européenne prévoit que les états membres doivent tenir pleinement compte des exigences du bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles, tout en respectant les usages des Etats membres en matière notamment de rites religieux, de traditions culturelles et de patrimoines régionaux. Interdire la corrida contreviendrait donc aussi au droit européen, ainsi que le conseil d’état l’a rappelé dans une décision récente.

Une position de bon sens

-20/ Dans le cadre constitutionnel existant une position de bon sens permet de tenir compte de la liberté culturelle et du constat dressé par les sociologues et les opposants à la corrida :

-Lorsque le temps aura fait son œuvre la corrida disparaitra sans traumatisme pour les populations concernées ni préjudice pour les collectivités territoriales taurines

-Mais tant que cette culture réunit un nombre suffisant de citoyens dans les arènes et tant qu’elle est revendiquée par des collectivités territoriales comme faisant partie de leur patrimoine légitime au regard de leur droit à la différenciation, la France a le devoir de la respecter conformément à ses engagements et à sa constitution.

 

 

 

 Lettre    Union Taurine Jeunesse de France

« Nous, jeunesse taurine du Sud de la France,

Attachés aux valeurs de la République Française de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, prenons la plume aujourd’hui pour faire part de notre colère après l’annonce faite par Monsieur Aymeric Caron, de vouloir déposer une proposition de loi visant à interdire les courses de taureaux.

Nous, jeunesse issue de 100 villes et villages de tradition taurine, nous élevons contre ces attaques qui vont à l’encontre même des principes de notre République Française. Nous réclamons le droit à l’enracinement et à la préservation de nos identités régionales. Contre l’État centralisateur, contre la suppression des cultures locales, contre la standardisation et la globalisation des modes de vie, et pour la préservation des exceptions culturelles !

Filles et fils de territoires de culture taurine, nous avons grandi autour du culte millénaire du taureau. Nos arrières grands-parents, nos grands-parents et nos parents nous ont transmis ces valeurs. Nous y avons puisé l’amour profond pour nos régions, nos terroirs, nos paysages et nos coutumes. Notre culture n’est pas le fait de quelques arriérés moribonds, elle est vivace, dynamique, portée par des jeunes qui vivent pleinement dans leur temps et sont conscients des enjeux écologiques de l’époque. Nous n’avons pas de leçons à recevoir en matière de respect de nos écosystèmes et de nos taureaux de la part d’hommes politiques urbains, élus d’arrondissements parisiens ou de régions qui ne connaissent rien à nos modes de vie et à nos traditions. 

Chez nous, le taureau, quel qu’il soit, est Roi. Il vit libre et meurt en combattant. Nous lui refusons une mort anonyme, clinique et mécanisée. Nous lui offrons de mourir comme il a vécu : en combattant. Le seul moyen pour l’homme de mettre à mort cet animal sacré, c’est de mettre sa propre vie en danger.

Nous pouvons concevoir que cela échappe totalement à une société hors-sol, qui veut cacher la mort et ne connaît plus rien des animaux non-domestiques.

Qu’elle souhaite en revanche interdire tout ce qui ne lui ressemble pas et aplanir le réel pour effacer toute différence culturelle, nous ne nous y résoudrons pas.

Le taureau permet dans le Sud de la France de préserver des écosystèmes rares. Il est le garant de l’équilibre environnemental de nos territoires.

À l’heure où notre planète s’embrase et où l’urbanisation à outrance menace dangereusement la ruralité, la tauromachie a un rôle majeur tant sur la préservation de la biodiversité que sur le respect animal. Pour un taureau, c’est 2 à 3 hectares de terres sanctuarisées. Interdire les courses de taureaux, c’est éliminer une race millénaire et avec elle, les milliers d’hectares (plus de 30 000 en France préservés par le mode d’élevage extensif nécessaire à nos taureaux). 

Enfin, chez nous, l’économie du taureau est indispensable à la santé économique de nos territoires. Elle fait vivre nos agriculteurs, nos jeunes, nos cafetiers, nos restaurateurs et hôteliers. Elle représente des milliers d’emplois et près de 100 millions d’euros de retombées sur les territoires taurins du Sud de la France.

Qu’il soit landais, camarguais ou de combat, c’est cette culture centenaire qui continue de rassembler en masse des millions de passionnés dans nos villes et villages (2,5 millions par an).

Nous ne sommes pas des barbares à civiliser ! La société française évolue, avec dans cette évolution, l’avènement d’une intolérance chronique aux différences culturelles, ethniques ou religieuses. Monsieur Aymeric Caron qui souhaite déposer cette proposition de loi, avec la complicité d’associations animalistes plusieurs fois condamnées pour leur activisme irresponsable, fait partie de ces gens nourris à l’intolérance. Il souhaite universaliser son mode de vie, ses options morales, ses convictions personnelles. Nous le répétons avec force : les jeunesses du sud ne se laisseront pas dicter leurs nouvelles mœurs par ces ayatollah de l’animalisme.

Les traditions taurines dans le Sud de la France sont légales, constitutionnelles et constituent une part immense de nos identités régionales, du Sud Est au Sud Ouest.

Dans un sondage réalisé par l’IFOP pour Sud Radio en juin dernier, les habitants des villes taurines ont plébiscité la corrida. L’enquête menée auprès de la population des communes disposant d’une arène de première catégorie, soit Arles, Bayonne, Béziers, Dax, Mont-de-Marsan, Nîmes et Vic-Fezensac, est nette. 78% des habitants considèrent que la corrida fait partie de leur patrimoine culturel, 72% que les corridas ont toute leur place dans leurs fêtes, 71% sont opposés à toute mesure d’interdiction. Aymeric Caron, né à Boulogne-sur-Mer, si loin du sable de la première arène, est donc prêt à amputer des millions d’habitants du Sud de la France de leur identité, au nom d’une idéologie déconnectée de la réalité.

La tauromachie promeut des valeurs essentielles, comme la solidarité, le lien intergénérationnel, l’enracinement, la défense d’écosystèmes exceptionnels ou encore l’abnégation, dont notre société à tant besoin. Dans une France qui perd ses repères, et tend à se plonger dans un individualisme mortifère, vouloir mettre fin aux traditions taurines fédératrices de millions de passionnés dans le Sud de la France est inacceptable. La tauromachie est vecteur d’intégration rassemblant la population sans distinction d’origines géographiques, sociales et de générations.

Pour nous, tolérer cette nouvelle attaque à l’encontre de la corrida aujourd’hui, c’est laisser la porte ouverte demain à la remise en question des traditions camarguaises et landaises. Et nous savons bien que les animalistes ne s’arrêteront pas à la corrida. Les tauromachies, toutes les tauromachies, forgent l’identité de nos territoires.

Nous, 100 jeunes de villes et villages de traditions taurine, réaffirmons notre fierté d’appartenir à une si belle et riche culture, dans toute sa diversité. Nous ne vous demandons pas de nous aimer, mais simplement de nous laisser le droit d’exister tels que nous sommes : avec nos différences et notre identité propre. Nous appelons ainsi les députés de tous bords, qu’ils soient à gauche de l’hémicycle, au centre, ou à droite, à se mobiliser pour la défense de nos libertés régionales, des libertés individuelles, de nos traditions et de notre histoire. »

 


 

 

Cinquante raisons de défendre la corrida (1)

Cinquante raisons de défendre la corrida (2)

Cinquante raisons de défendre la corrida (3) 

 

Lea Vicens, torera française : Lettre aux anti-corrida 

 

Patrick Charmasson   Oui à la corrida, Monsieur Caron