Finir la temporada à Arnedo est un vrai plaisir : l'Espagne profonde et populaire, une aficion de verdad - celle qui ne prend pas les vessies pour des lanternes - fière de présenter chaque jour des novillos au trapío irréprochable devant les meilleurs novilleros du moment.
Et puis, cette année encore, pendant la traditionnelle procession, les voisins navarrais ont tenté de voler les saints du pueblo, San Cosme y San Damián, mais la vigilance des habitants d'Arnedo a réussi à les en empêcher. Le monde va donc continuer à tourner et la feria peut se dérouler sous les meilleurs auspices.
En cette fin de saison, le descastamiento des pupilles de LA QUINTA commence à devenir préoccupant. Après les 6 toros de Bilbao, voici 6 novillos sans la moindre once de caste. Ni bravoure, ni poder, ni noblesse.
Le lendemain, les novillos de JAVIER MOLINA étaient tous magnifiquement présentés. En ce qui concerne le comportement, ni bien, ni mal, regular comme on dit judicieusement en castillan.
Pour les novilleros, le passage par Arnedo est une réelle épreuve. D'abord en raison du sérieux des novillos qu'ils doivent combattre, ensuite du fait du niveau d'exigence du public local.
Ainsi, la manière de toréer marginale et abusante de pico d'Antonio NAZARE ne rencontra que silence et indifférence polie.
Mario AGUILAR montra davantage de sincérité et d'envie mais il n'y avait rien à tirer des mules de La Quinta qui lui échurent.
Juan Manuel JIMENEZ toucha,lui, les deux moins mauvais de l'après-midi et laissa une bonne impression (vuelta).
Le lendemain, le peu d'engagement et de recours de Juan Luis RODRIGUEZ laissa le public totalement indifférent.
En revanche, Javier CORTES toréa remarquablement son premier novillo. Il le reçut par des véroniques genou ployé puis réalisa une excellente faena, les mains basses, sincère et muy templada, consentant à fond la charge du novillo. Une oreille après une estocade et trois descabellos. Déjà vu plusieurs fois à son avantage à Roquefort, Javier Cortés a montré aujourd'hui une nouvelle dimension de son toreo qui en fait une des valeurs les plus prometteuses de l'escalafon novilleril.
Santiago NARANJO a toréé toute l'après-midi avec une entrega de vrai novillero. Présent aux quites, sobre et sincère aux banderilles, ne s'affligeant pas malgré plusieurs cogidas face à un sixième novillo impressionnant et pas assez piqué, il coupa l'oreille du courage et du pundonor. Lui aussi sort renforcé de sa prestation à Arnedo.
Les Sévillans ayant, semble-t-il, des soucis avec l'état de leur ruedo, je leur conseillerais de débaucher, lors du prochain mercato, les areneros d'Arnedo. Leur étonnante énergie survitaminée pourrait peut-être les aider à résoudre leurs problèmes...