La feria du Pilar est un véritable festival de défilés et de processions en tous genres. Offrandes de fleurs, de fruits, Rosario de cristal, gigantes et cabezudos. Le tout dans une débauche de costumes traditionnels et avec une ferveur pagano-chrétienne qui ne se dément pas. Cette année, j'ai découvert un extraordinaire groupe de derviches tourneurs de la Vierge Marie, coiffés de plumes de faisan, les chevilles entourées de grelots de bois marquant le rythme de leurs danses. Un must.
Sur le plan taurin, les cartels des deux derniers jours étaient particulièrement attrayants avec, côté bétail, la présence de l'élevage triomphateur de la San Isidro madrilène ces deux dernières années, et de la mythique ganaderia de Miura. Belle occasion de voir si Victoriano del Rio était capable de fournir deux lots de qualité dans une même temporada et de juger du niveau actuel des pensionnaires de Zahariche après plusieurs années de déclin.
Les Victoriano del Rio constituèrent un défilé de toros laids et faibles. Excluons de ce désastre ganadero le second, exception du jour, beau, brave et noble, bien qu'il soit allé a menos pour finir son combat réfugié aux tablas. Tous les autres faibles de pattes voire invalides et d'une présentation disparate. Ils furent arrastrés sous les protestations du public et le cinquième fut renvoyé aux corrals et remplacé par un pupille de El Serrano.
Quant à la corrida de Miura, ce fut un défilé de mansedumbre éléphantesque. Le ton fut donné par le premier, d'une telle hauteur que sa tête dépassait la barrière, il pouvait s'informer ainsi de tout ce qui se passait dans le callejon. Mais l'apothéose arriva avec le cinquième, un moineau gris de 702 kg qui, s'il avait eu une trompe et de grandes oreilles, aurait pu facilement passer pour un éléphant échappé du zoo de la ville. La lidia de ces deux animaux fut d'un intérêt médiocre car leur absence de caste leur faisait traîner pitoyablement leur carcasse disproportionnée et inutile. Quelques satisfactions malgré tout dans ce lot. Surtout en comparaison avec les précédentes corridas que j'avais vues de ce fer. Tout d'abord les armures étaient belles et non pas de simples moignons comme trop souvent au cours de ces dernières années. Enfin aucun ne fut invalide ni même faible de pattes. Certains eurent leur intérêt. Le second qui permit à Rafaelillo de faire une assez bonne faena. Le troisième, un vrai miura celui-ci, alla a mas et finit sa vie en sachant le grec et le latin, poussant le tendre Jesus Millan à la limite du troisième avis. Le quatrième de plus longue charge à la muleta. Mais l'impression dominante fut celle d'un manque cruel de combativité, parfaitement illustrée par le comportement du dernier toro de la feria qui passa sa vie publique à fuir le combat et à chercher la porte du toril.
En ce qui concerne les matadors, la corrida du samedi permettait de revoir Salvador Vega, un peu oublié au cours de ces dernières années. Sous la houlette de Zorita l'actuel empresa de Zaragoza, il a néanmoins réussi à toréer une quarantaine de corridas et à faire à nouveau un peu parler de lui en cette fin de temporada. Entre le numero uno El Juli et la jeunesse montante de Miguel Angel Perera, devant des toros de garantie et dans une feria de primera, le rendez-vous était important. Tout commença à merveille. Il touche le meilleur toro, le torée magnifiquement à la cape, intervient au quite, la lidia est parfaite, la faena bonne, le public conquis, les deux oreilles se profilent mais il faut tuer et Salvador ne tue pas. Tout se réduit donc à un salut au tercio avec le sentiment que le torerito de Malaga a peut-être manqué la marche qui pouvait le ramener dans le circuit des grandes ferias.
Chez les banderilleros, très bon Corruco des Algeciras de la cuadrilla de Salvador Vega, ainsi que José Mora et Pascual Mellinas de la cuadrilla de Rafaelillo qui saluèrent après avoir banderillé, sans s'émouvoir, le miura de 702 kg.
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