mercredi 29 mars 2023

Alejandro Fermin en torero

    On sait que le vent est l'ennemi des toreros, la mort de l'infortuné Victor Barrio en est sans doute, dans l'histoire récente de la tauromachie, le plus tragique exemple. Dimanche, à Cercedilla, dans la Sierra de Guadarrama, les drapeaux claquaient dans le ciel pur castillan et les muletas étaient soulevées comme des vieux chiffons. C'est à la suite d'une de ces rafales qu'Alejandro Fermin, soudain mis à découvert, se retrouva avec la corne de son opposant dans la cuisse. On l'emmena à l'infirmerie, mais très vite le torero en revint, cuisse rougie et orifice de la cornada bien visible. Il donna d'admirables naturelles à son adversaire puis le tua avec difficulté. Le public obtint pour lui l'oreille du courage et de la toreria et ce n'est qu'après avoir accompli le tour de piste qu'il regagna l'infirmerie pour se faire opérer d'une cornada de double trajectoire et de trente centimètre de profondeur. C'est ainsi que les matadors sont grands !
   Jusqu'à ce jour le nom d'Alejandro Fermin n'avait eu que peu de résonance. Après cette épreuve, il mérite l'attention des aficionados (et des organisateurs), non seulement pour son courage mais aussi pour sa manière d'être dans la l'arène et son toreo.
 
   Cette corrida de la copa Chenel avait aussi pour intérêt la présence de trois toros de la ganaderia Quintas, annoncée avec des origines Vicente Martinez. Si le second, berrendo en negro, fut retiré pour invalidité, les deux autres, par leur piquant et leurs charges vibrantes furent des toros pourvoyeurs d'émotion. Solero, premier sorti, était un magnifique sardo, ensabanado en capirote tout droit sorti des estampes du XIXè siècle. Il prit une pique en poussant et fut un toro encasté, de charge courte mais vibrante. Le troisième, un petit noir, prit deux piques en se défendant, puis garda toute sa vivacité. C'est à lui que le vent montra le chemin de la cuisse du torero.

   















Alejandro Fermin en Cercedilla

mardi 28 mars 2023

Croquis de la fête taurine (poèmes 2)


Toros de Gerardo Ortega

Comment ne pas être ému par 
cette allure
cette force 
ce mouvement 
En moi les premiers émois du toro  



Victorino Martin

Cornes levées fracas sur la place
Les gris
Los grises
Faut-il fuir ou les défier ?

 


Comte de La Corte

Ce  corps d' athlète  si  fin  et  ces
deux
cornes
qui s'allongent démesurément pour attraper la mort











poèmes 1

lundi 13 mars 2023

La foi d'Isaac Fonseca


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Torres de la Alameda (Madrid), deuxième corrida de la copa Chenel
 
   Le lourd toro de Lopez Gibaja a pris deux piques sans s'employer  et a gardé toute sa mobilité. Isaac Fonseca le cite au centre du ruedo pour une passe changée. L'animal fuse sur le torero, le prend et le reprend violemment. Pendant qu'on emmène le maestro inanimé à l'infirmerie mobile, tout le monde imagine le pire. Mais, miracle de la tauromachie, celui-ci revient en piste au bout de quelques minutes. Son costume et son corps ont visiblement souffert mais, dans l'émotion d'une tauromachie authentique, il trouvera, face à ses deux adversaires, les solutions aux problèmes posés. Ce fut, grâce aux caméras de Telemadrid, ma première émotion de la temporada.
   Attention à Isaac Fonseca ! Ce petit Mexicain déborde d'énergie  et de courage mais aussi d'intelligence et de sens de la lidia. Si les toros ne le mangent pas, il pourrait être l'un des toreros les plus intéressants de la temporada. Heureuses les arènes qui l'ont mis ou le mettront à l'affiche. D'autres, comme Séville qui l'a pourtant vu triompher avec force l'an dernier en tant que novillero, n'ont pas daigné lui offrir le moindre contrat, réservant toutes les places pour un trop-plein de figures.
 
   L'autre intérêt de la course résidait dans la présence des toros de Concha y Sierra. On sait que l'élevage est l'un des rares de la cabaña brava à posséder une origine vazqueña. Contrairement aux puissants et difficiles veraguas, les conchaysierras représentent la face la plus douce de l'encaste, ce qui leur a longtemps permis de figurer dans les principales ferias avant de connaître un inexorable déclin. Ces dernières années, Jean-Luc Couturier a tenté de sortir l'élevage du bache avant de le revendre à un ganadero de Guadalajara. Sur les quatre lidiés ce dimanche, deux montrèrent des qualités qui laissent à penser que le travail accompli ne l'a pas été en vain. Le cinquième, d'une mobilité inépuisable et le sixième, d'une belle noblesse, ouvrent des espérances pour un possible renouveau de ce fer historique.  
 

 

 














photo 1 : Isaac Fonseca   Torres de Alameda (site Copa Chenel)
photo 2 : Coscorron de Concha y Sierra quinto de la tarde (blog Toro en el Campo)

mardi 7 mars 2023

Mont-de-Marsan, les cartels de la Madeleine 2023

 

Mardi 18 juillet 
concours landais
 
 
Mercredi 19 juillet 
18h   corrida
Garcigrande
Roca Rey - Tomas Rufo - Yon Lamothe (Alt.) 
 

Jeudi 20 juillet
11h   novillada sans picadors

18h   corrida
El Pilar
Sébastien Castella - Daniel Luque - Dorian Canton
 

Vendredi 21 juillet 
18h   corrida
Cebada Gago
Lopez Chaves - Fernando Robleño - Jesus Enrique Colombo
 

Samedi 22 juillet
11h   novillada
Cuillé
Solalito - Tristan Barroso - X

18h   corrida
La Quinta
Daniel Luque - Emilio de Justo - Clemente
 

Dimanche 23 juillet
18h   corrida
Pedraza de Yeltes
Rafaelillo - Alberto Lamelas - Thomas Dufau


   Comme l'an passé voici des cartels bien équilibrés entre torisme et torérisme. Ils ont aussi la vertu de donner leur chance à de jeunes toreros.
   Ce qui frappe d'emblée à leur lecture c'est le nombre important de postes occupés par des matadors régionaux. Et cela ne relève pas d'un régionalisme ou d'un nationalisme malsains mais me semble plutôt révélateur de la vitalité de la passion taurine dans notre Sud-Ouest. Yon Lamothe vient d'accomplir deux excellentes campagnes de novillero qui lui valent, conformément à la tradition, une alternative de luxe dans la ville de sa naissance. Dorian Canton a séduit à plusieurs reprises l'an dernier par la qualité de son toreo. Après un long bache, Clemente, dont les dispositions artistiques étaient évidentes dès ses premières novilladas piquées, a su saisir les chances qui se sont offertes à lui, en particulier dans le Sud-Est. Enfin, Thomas Dufau fera sa despedida de l'arène qui l'a vu triompher à plusieurs reprises, notamment l'an dernier face aux Pedraza de Yeltes qu'il affrontera à nouveau cette année. Un passage de relais en quelque sorte.
   Il est habituel ici de doubler le triomphateur de l'année précédente. Ce sera cette année le cas de Daniel Luque (3 oreilles l'an passé) qui, outre cela, s'est affirmé depuis plusieurs temporadas comme l'un des toreros les plus complets et les plus constants dans le triomphe depuis la disparition d'Ivan Fandiño.
   Une présence qui détonne en revanche c'est celle de Jesus Enrique Colombo. Le bouillant Vénézuélien a certes triomphé l'an dernier dans l'arène bayonnaise, mais qui n'a pas triomphé l'an dernier à Bayonne ? On vient d'apprendre qu'il sera désormais apodéré par Piles père et fils, et l'on ne peut que souhaiter que ceux-ci lui enseignent la voie suivie par Victor Mendes plutôt que celle prise par El Soro.
   Une injustice enfin : l'absence de Gines Marin qui avait largement payé de sa personne l'an dernier face à la caste des La Quinta.
   Des La Quinta que l'on retrouvera cette année ainsi que les Pedraza, tous deux excellents lors de la feria 2022. Une bonne surprise est toujours possible avec les El Pilar et les Cebada Gago. À propos des El Pilar, il est bon de savoir qu'ils sont à l'origine des Pedraza (Juan Pedro Domecq par Maria Antonia Fonseca). Il sera intéressant de noter points communs où différence entre les deux fers. Quant à la présence des Garcigrande, ils sont trois au moins à s'en réjouir : les trois toreros du jour.
   Peu d'arènes espagnoles de cités équivalentes au chef-lieu landais peuvent se prévaloir de ferias du même niveau. Nous ne mesurons pas toujours la chance que nous avons. Bien sûr il reste aux organisateurs à être capables de faire venir au Plumaçon des toros d'une présentation digne de la classification des arènes en première catégorie ... et de l'attente des aficionados.