Ainsi donc Bernard Domb Cazes alias Simon Casas vient d'obtenir que lui soit confiée la gestion des arènes de Madrid pour les quatre prochaines années. Je ne sais s'il faut se réjouir du succès des ambitieux mais il est certain que depuis des années le Simounet ne rêvait que de ça et que tout, dans ses actions, tendait vers ce but ultime : diriger Las Ventas, l'apothéose de sa carrière dans les affaires!
Dans la capital del toreo, des Français, Nimeño II, Juan Bautista, Sébastien Castella, se sont déjà illustrés en toréant magnifiquement et en sortant par la grande porte. Depuis les bureaux, il ne reste à Simon Casas qu'à être à la hauteur de la lourde tâche qui lui a été confiée. Il partira avec un certain nombre de casseroles accrochées à ses basques. La manière bien peu chevaleresque avec laquelle il a roulé dans la farine pas moins que les Choperitas et le señor Baillères pourrait lui valoir quelques inimitiés en retour (encore que, dans ce milieu, on sait faire bonne figure lorsqu'il s'agit de ménager ses intérêts). D'autre part, sa gestion des arènes de Nîmes ne plaide pas en sa faveur, pas plus que certaines de ses déclarations ou sorties intempestives. Mais l'homme est intelligent, incontestablement dynamique et suffisamment caméléon pour s'adapter à tout type de situation et d'arène.
¡Suerte para Madrid!
mercredi 28 septembre 2016
mardi 27 septembre 2016
Hoyo de la Gitana
A une trentaine de kilomètres de Salamanque, au cœur du campo charro, sur la commune de Vecinos, se trouve Galleguillos, finca emblématique de la famille Pérez-Tabernero.
Nous sommes à la mi-septembre et pourtant vaches et utreros ont encore de l'herbe, certes sèche, jusqu'au genou. Solo pan, dit le ganadero, le jambon viendra s'il se met à pleuvoir.
Très ibarreña de type (origine Graciliano oblige), la camada de l'an prochain ne manque pas d'allure, parfois on retrouve l'empreinte des sementals de Joaquin Buendía utilisés dans les années soixante.
Novillos pour Arnedo. Ici on n'utilise pas les fundas; cela nécessiterait trop de manipulations pour les toros ce qui risquerait de dénaturer leur nécessaire sauvagerie, pensent les éleveurs.
La plaza de tienta est tirée à quatre épingles, comme toutes les installations de la finca. Sur le mur extérieur les fers familiaux d' Alipio Pérez-Tabernero et de Pilar Población del Castillo. Mais ceci est une autre histoire (compliquée) sur laquelle nous reviendrons prochainement.
Au cours de cette temporada Hoyo de la Gitana a lidié un toro (puissant et encasté) à la corrida-concours de Vic Fezensac, six toros (coriaces) à Orthez, et douze novillos à Calasparra et Arnedo (prix du meilleur novillo de la feria à Calasparra).
Nous sommes à la mi-septembre et pourtant vaches et utreros ont encore de l'herbe, certes sèche, jusqu'au genou. Solo pan, dit le ganadero, le jambon viendra s'il se met à pleuvoir.
Très ibarreña de type (origine Graciliano oblige), la camada de l'an prochain ne manque pas d'allure, parfois on retrouve l'empreinte des sementals de Joaquin Buendía utilisés dans les années soixante.
Novillos pour Arnedo. Ici on n'utilise pas les fundas; cela nécessiterait trop de manipulations pour les toros ce qui risquerait de dénaturer leur nécessaire sauvagerie, pensent les éleveurs.
La plaza de tienta est tirée à quatre épingles, comme toutes les installations de la finca. Sur le mur extérieur les fers familiaux d' Alipio Pérez-Tabernero et de Pilar Población del Castillo. Mais ceci est une autre histoire (compliquée) sur laquelle nous reviendrons prochainement.
Au cours de cette temporada Hoyo de la Gitana a lidié un toro (puissant et encasté) à la corrida-concours de Vic Fezensac, six toros (coriaces) à Orthez, et douze novillos à Calasparra et Arnedo (prix du meilleur novillo de la feria à Calasparra).
jeudi 15 septembre 2016
Salamanque
Mardi 13 septembre 2016 La Glorieta Salamanca
temps frais et venteux
demi-arène
6 toros d'El Pilar (7 piques, ovation au 4, sifflets au 3) pour Enrique Ponce (une oreille, deux oreilles), Javier Castaño (palmas, une oreille) et José Garrido (silence, une oreille)
Beaucoup de jeunes et d'aficion dans les vastes arènes de Salamanque mais peu de grand public. On peut penser que le prix des places pratiqué par la casa Chopera, organisatrice en ce lieu, y est pour quelque chose.
La tarde commença dans l'émotion par une minute de silence à la mémoire d' Alipio Perez-Tabernero Sánchez décédé à Salamanque le jour même, puis par une ovation à Javier Castaño qui, à la faveur du remplacement de Roca Rey, retrouvait le ruedo de son arène d'adoption après les problèmes de santé que l'on sait.
Les toros d'El Pilar ont été meilleurs que ce que leurs dernières sorties laissait craindre. Inégalement mais bien présentés, astifinos, aucun ne s'illustra à la pique, mais le 2 et le 4 par leur comportement encasté, furent intéressants de bout en bout.
Après plus de 25 ans au sommet, Enrique Ponce est encore habité par une énergie et une soif de triomphe hors du commun. Face à la charge vive et encastée de Bellito, quatrième toro de l'après-midi, il dut aller au-delà de ses facilités habituelles pour, après une longue faena pleine de haut et de bas, parvenir à dominer pleinement son adversaire.
Plus que jamais le meilleur de Castaño c'est sa cuadrilla. Voir Fernando Sánchez avancer vers le toro con desparpajo et clouer entre les cornes est tout un spectacle. Quant à Marco Galan il ne lui a fallu que trois passes pour assurer la brega du cinquième, pourtant manso, une pour chaque paire de banderilles.
José Garrido remplaçait Alejandro Talavante. Il fut le moins bien servi mais confirma qu'il est un torero sur qui il va falloir compter. Il donna au 6 un récital par véroniques gagnant du terrain et toréant avec une cape réduite au minimum qui fit lever les tendidos. Le grand moment de la tarde.
vendredi 2 septembre 2016
Retour sur Bilbao
Depuis que je la fréquente, la feria de Bilbao a connu bien des hauts et des bas.
Dès mon premier rendez-vous avec elle, elle m'a posé un lapin. Il a suffi que le Viti tâte deux fois de son escarpin noir le sable gris et humide de Vista Alegre en faisant la moue pour que la corrida soit annulée. C'était un samedi, il avait fait une averse avant la corrida comme cela arrive parfois au Pays Basque, la plaza n'était remplie qu'aux deux-tiers malgré l'intérêt du cartel (toros de La Corte, Viti, Paquirri, Teruel). Les toros de La Corte avaient, parait-il, des cornes terribles. Le lendemain c'était ma première miurada. Dans ma jeune naïveté je m'imaginais que les pensionnaires de Zahariche allaient tout casser, ils se contentèrent d'être beaux et intéressants, les toreros se donnèrent à fond (Manolo Cortes, Roberto Dominguez, El Puno). On peut voir, si je me souviens bien, quelques magnifiques photos de cette course dans l'édition originale de Miura du Tio Pepe.
La ville et la région furent frappées de plein fouet par la crise des vieilles industries qui ravagea aussi à la même époque le nord et l'est de la France, la feria déclina peu à peu. La violence politique n'arrangea rien et l'irruption d'une vraie fête populaire dès qu'on fut certain que le cadavre de Franco ne bougerait plus sembla plutôt déranger la sérieuse ordonnance du rituel taurin bilbaino. Les éléments naturels se mirent de la partie et, le 26 août 1983, au lendemain d'un succès tonitruant d'Espartaco, le centre de Bilbao fut dévasté par les eaux qui emportèrent tout et tuèrent plusieurs dizaines de personnes.
Au cours des années 90 et au début des années 2000 la feria, comme la ville, a peu à peu retrouvé son lustre pour connaitre un apogée au tournant des années 10 de ce nouveau siècle.
Aujourd'hui, presque 20 ans après l'ouverture du Guggenheim (1997) et presque dix ans après le début de la crise économique (2008) la ville est resplendissante mais la feria taurine va mal. Elle a perdu une partie de son public et son identité s'est brouillée. Depuis trois ou quatre ans, il manque chaque jour 1000 à 2000 spectateurs à Vista Alegre pour éviter le spectacle désolant qu'offrent ces sièges bleus inexorablement inoccupés. Encore que, à bien y regarder, il s'est produit à l'intérieur des arènes un étrange phénomène de migration. Les tendidos hauts de l'ombre et une grande partie des tendidos soleil se sont vidés alors que les gradas ombre sur lesquelles n'étaient éparpillés, de tout temps à jamais, que quelques centaines de spectateurs sont aujourd'hui très abondamment peuplés. Quand on sait qu'une grada ombre vaut 18 € alors qu'un tendido haut en vaut 70, on comprend, crise économique aidant, la logique de ce mouvement. C'est, en tout cas, un sacré manque à gagner pour celui qui fait les comptes à la fin de la feria.
Toujours est-il que ce public, que j'ai toujours trouvé plan-plan et passif (bien loin du mythe du public le plus intransigeant d'Espagne qui avait cours à une époque très lointaine) a eu cette année à plusieurs reprises des réactions assez virulentes et toujours justifiées. Je ne parle pas de la bronca à Morante, qui dans toutes les arènes de la géographie taurine, est constitutive du morantisme, mais plutôt, par exemple, des quolibets qu'aura entendu tout au long de la course Victorino Martin pour son lot minable en tout, des sifflets entendus ce même jour par les deux toreros (Curro Diaz et Paco Ureña) pour des prestations bien en-dessous de ce que l'on était en droit d'attendre d'eux compte tenu de ce qu'ils ont montré cette temporada en d'autres lieux, des sifflets lors du paseo de la corrida du vendredi justifiés par les magouilles d'arrière-boutique qui ont empêché l'inclusion de Javier Jimenez au cartel. Un public qui a voulu rappeler aux organisateurs que l'avenir de la feria passait par son respect.
Un avertissement de plus à la Junta Administrativa et à la casa Chopera qui, jusqu'à présent, dans les mesures qu'ils ont prises, n'ont réussi qu'à écorner l'image de sérieux qu'ont toujours eue les toros à Bilbao. Cette année outre la gestion désastreuse de l'absence de Roca Rey, la présentation des toros de Victorino Martin est un bon exemple de cette dégradation : des toros qui avaient un trapío propre à une arène de deuxième catégorie mais en aucun cas adapté aux attentes du public de la plaza de Bilbao.
... mais du monde aux gradas qui sont habituellement quasiment vides.
Dès mon premier rendez-vous avec elle, elle m'a posé un lapin. Il a suffi que le Viti tâte deux fois de son escarpin noir le sable gris et humide de Vista Alegre en faisant la moue pour que la corrida soit annulée. C'était un samedi, il avait fait une averse avant la corrida comme cela arrive parfois au Pays Basque, la plaza n'était remplie qu'aux deux-tiers malgré l'intérêt du cartel (toros de La Corte, Viti, Paquirri, Teruel). Les toros de La Corte avaient, parait-il, des cornes terribles. Le lendemain c'était ma première miurada. Dans ma jeune naïveté je m'imaginais que les pensionnaires de Zahariche allaient tout casser, ils se contentèrent d'être beaux et intéressants, les toreros se donnèrent à fond (Manolo Cortes, Roberto Dominguez, El Puno). On peut voir, si je me souviens bien, quelques magnifiques photos de cette course dans l'édition originale de Miura du Tio Pepe.
La ville et la région furent frappées de plein fouet par la crise des vieilles industries qui ravagea aussi à la même époque le nord et l'est de la France, la feria déclina peu à peu. La violence politique n'arrangea rien et l'irruption d'une vraie fête populaire dès qu'on fut certain que le cadavre de Franco ne bougerait plus sembla plutôt déranger la sérieuse ordonnance du rituel taurin bilbaino. Les éléments naturels se mirent de la partie et, le 26 août 1983, au lendemain d'un succès tonitruant d'Espartaco, le centre de Bilbao fut dévasté par les eaux qui emportèrent tout et tuèrent plusieurs dizaines de personnes.
Au cours des années 90 et au début des années 2000 la feria, comme la ville, a peu à peu retrouvé son lustre pour connaitre un apogée au tournant des années 10 de ce nouveau siècle.
Aujourd'hui, presque 20 ans après l'ouverture du Guggenheim (1997) et presque dix ans après le début de la crise économique (2008) la ville est resplendissante mais la feria taurine va mal. Elle a perdu une partie de son public et son identité s'est brouillée. Depuis trois ou quatre ans, il manque chaque jour 1000 à 2000 spectateurs à Vista Alegre pour éviter le spectacle désolant qu'offrent ces sièges bleus inexorablement inoccupés. Encore que, à bien y regarder, il s'est produit à l'intérieur des arènes un étrange phénomène de migration. Les tendidos hauts de l'ombre et une grande partie des tendidos soleil se sont vidés alors que les gradas ombre sur lesquelles n'étaient éparpillés, de tout temps à jamais, que quelques centaines de spectateurs sont aujourd'hui très abondamment peuplés. Quand on sait qu'une grada ombre vaut 18 € alors qu'un tendido haut en vaut 70, on comprend, crise économique aidant, la logique de ce mouvement. C'est, en tout cas, un sacré manque à gagner pour celui qui fait les comptes à la fin de la feria.
Toujours est-il que ce public, que j'ai toujours trouvé plan-plan et passif (bien loin du mythe du public le plus intransigeant d'Espagne qui avait cours à une époque très lointaine) a eu cette année à plusieurs reprises des réactions assez virulentes et toujours justifiées. Je ne parle pas de la bronca à Morante, qui dans toutes les arènes de la géographie taurine, est constitutive du morantisme, mais plutôt, par exemple, des quolibets qu'aura entendu tout au long de la course Victorino Martin pour son lot minable en tout, des sifflets entendus ce même jour par les deux toreros (Curro Diaz et Paco Ureña) pour des prestations bien en-dessous de ce que l'on était en droit d'attendre d'eux compte tenu de ce qu'ils ont montré cette temporada en d'autres lieux, des sifflets lors du paseo de la corrida du vendredi justifiés par les magouilles d'arrière-boutique qui ont empêché l'inclusion de Javier Jimenez au cartel. Un public qui a voulu rappeler aux organisateurs que l'avenir de la feria passait par son respect.
Un avertissement de plus à la Junta Administrativa et à la casa Chopera qui, jusqu'à présent, dans les mesures qu'ils ont prises, n'ont réussi qu'à écorner l'image de sérieux qu'ont toujours eue les toros à Bilbao. Cette année outre la gestion désastreuse de l'absence de Roca Rey, la présentation des toros de Victorino Martin est un bon exemple de cette dégradation : des toros qui avaient un trapío propre à une arène de deuxième catégorie mais en aucun cas adapté aux attentes du public de la plaza de Bilbao.
Bilbao 25 août 2016 ( Victorino Martin, Curro Diaz, Paco Ureña) des vides inquiétants à l'ombre (c'est pire au soleil)
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