mardi 25 septembre 2018

4 toros de Victorino Martin pour Emilio de Justo


1er toro :  Filigrana, Dax samedi 8 septembre
   Filigrana est un toro léger, il a sa pointe de caste. La muleta d'Emilio de Justo, d'un temple parfait, sait lui donner confiance et allonger son parcours. Il parvient à lier des séries de derechazos et fait preuve d'une élégance certaine. Après une estocade tombée et une forte pétition, l'oreille est accordée. Outre l'estocade, je vois un bémol dans le toreo que le torero nous a proposé : l'usage abusif du pico de la muleta. Il me fait alors penser à une grande figure aujourd'hui vieillissante mais toujours au sommet après plus de 25 ans d'alternative. Emilio sera-t-il son successeur?

2ème toro :  Filipino, Dax samedi 8 septembre
   Filipino a clairement indiqué qu'il n'était pas question de le titiller sur sa droite. A gauche, sa charge est courte et brusque. C'est du côté du cœur qu'Emilio monte à l'assaut. Il se croise, le consent à fond et, peu à peu, construit sa domination par des naturelles qu'il n'est pas question de lier entre elles mais qui sont de plus en plus limpides. C'est de l'excellent travail, précis, valeureux, efficace. Un toreo  à l'opposé de celui pratiqué à son toro précédent. Après une media lagartijera d'effet fulminant il coupera une nouvelle oreille.

3ème toro :  Mocito, Mont de Marsan samedi 22 septembre
   Le matin, Emilio a appris le décès de son père. Honorer son contrat est la meilleure façon d'honorer le défunt. Il brinde la mort de Mocito à sa mémoire. Le victorino possède sur la droite une charge vibrante, son armure est astifina. Trois séries de derechazos engagés, dominateurs, avec un temple qui soumet la charge du toro. De la grande tauromachie. Mais dès la première passe à gauche le torero est  bousculé, repris dans les airs, blessé à la cuisse. Il est amené à l'infirmerie. Quelques instants plus tard Emilio revient, grimaçant de douleur, la cuisse fortement bandée. Quel pundonor! Une dernière série magnifique à droite, une mise à mort en deux temps, un dernier salut au ciel, et pendant qu'on réclame l'oreille, le retour entre les mains des chirurgiens. Emilio Serrano Torres peut reposer en paix, son fils est torero.

4ème toro :  Matraca , Mont de Marsan samedi 22 septembre
   Matraca est le toro de l'après-midi. Il commence par faire des choses étranges à la cape, puis comme ses frères du jour il répond tardivement, après avoir beaucoup réfléchi, à l'appel du picador. A la muleta, sa charge est puissante, violente, terriblement encastée mais peut-être moins sournoise que celle de ses prédécesseurs dans le ruedo. Il ne sera pas toréé par le natif de Cáceres qui se trouve à ce moment-là sur la table d'opération de l'hôpital de Mont de Marsan, mais on peut imaginer ce que sa lidia aurait pu donner entre les mains d'un Emilio de Justo aussi décidé, aussi sincère et talentueux qu'il le fut face à Mocito. Pour l'aficionado, dans une temporada, nombreux sont les rendez-vous inachevés, celui-ci ouvre des espérances pour l'avenir.
   Au delà des moments difficiles qu'il est en train de vivre, nul ne sait quel sera le futur d'Emilio de Justo, mais, à considérer ce qu'il a fait tout au long de la temporada et particulièrement devant des toros aussi compliqués que peuvent l'être ceux de Victorino Martin, on n'hésite pas à imaginer les grands moments qu'il a la capacité de nous faire vivre, pour peu que l'emporte sa version du toreo la plus pure et la plus sincère.
¡Ánimo, Maestro!

photo Laurent Bernède

lundi 17 septembre 2018

Riaza




















Vendredi 14 septembre 2018       Riaza (Ségovie)
très beau temps
demi-arène

6 novillos de La Quinta (10 piques), défectueux d'armure, nobles  pour Pablo Atienza (division d'opinions, une oreille), Cristobal Reyes (silence, silence) et Francisco de Manuel (une oreille, une oreille)

Au pied de la sierra de Guadarrama, à quelques encablures de l'autoroute Burgos - Madrid, Riaza est une petite ville éminemment taurine. Pour la feria, on monte sur la plaza Mayor une arène métallique où se pratiqueront durant une semaine toutes les formes de tauromachie. La novillada piquée de ce jour voyait combattre des novillos de La Quinta. Hélas! tous ont des armures très abimées. Si les deux premiers (andarin le 1, bronco le 2) ont leurs difficultés, les quatre suivants déclinent toutes les nuances de noblesse et de douceur que peuvent posséder, parfois, les santacolomas.
Pablo Atienza, de Ségovie, est le régional de l'étape. Face au très pastueño quatrième il aura de jolis gestes mais restera superficiel.
Cristobal Reyes fait preuve d'une belle sincérité dans toutes ses interventions. Malgré l'incroyable incompétence de la cuadrilla (3 banderilles plantées pour 6 passages) le cinquième buendía gardera toute sa franchise et permettra au Jerezano des moments de toreo remarquable. Impossible en revanche de tuer de manière plus calamiteuse qu'il ne le fit.
Francisco de Manuel se situe, lui, à un niveau supérieur. Il a la planta torera, de l'assurance, du dominio, ce qui lui vaut de couper une oreille à chacun de ses novillos, laissant l'impression d'un torero aux grandes possibilités.

dimanche 16 septembre 2018

Villa del Prado






















Mardi 11 septembre 2018   plaza de toros Los Alamos   Villa del Prado (Madrid)
très beau temps
demi-arène

6 novillos de La Guadamilla, très bien présentés (7 piques, ovation au second) pour Pablo Atienza (une oreille, silence), Rafael Gonzalez (deux oreilles, silence) et Pablo Mora (silence, une oreille)

La Guadamilla, voilà un nom qui rappellera quelques souvenirs aux plus anciens. On les a souvent vus en France à la fin des années soixante-dix. Je me souviens avoir assisté à une fameuse novillada dans les anciennes arènes d'Istres, puis ils firent sensation à Roquefort, enfin ils furent choisis par les Vicois pour arbitrer un mano a mano entre Ruiz Miguel et Curro Vazquez. Ils annonçaient à l'époque une origine santa coloma; aujourd'hui, c'est sans surprise le sang domecq qui coule dans leurs veines. Le lot du jour, fort, très armé, était d'une excellente présentation. Ce fut d'ailleurs cette présentation qui donna de l'intérêt à la course car, du côté de la caste, à l'exception du second, brave et noble, ils se montrèrent plus discrets.
Pablo Atienza resta en dessous de la noblesse du premier, il tira en revanche quelques belles naturelles de l'énorme quatrième.
Rafael Gonzalez, plus pueblerino, coupa, malgré un échec à gauche, deux oreilles du second pour des derechazos liés et une entière efficace.
Pablo Mora m'est apparu comme le plus puesto des trois. Son travail méritoire face au calamocheando dernier lui valut une oreille justifiée.
 Hormis l'église il reste peu de choses du passé à Villa del Prado car la ville a été pillée et incendiée en 1838 durant les guerres carlistes. Aujourd'hui, elle s'anime pour les fêtes patronales de septembre. On donne, dans les modernes et confortables arènes, des novilladas précédées le matin d'un encierro. Les gradins de l'ombre se remplissent d'un public local populaire et sérieux, ceux du soleil où se tiennent les jeunes des nombreuses peñas sont plus bruyants.

mercredi 5 septembre 2018

Retour en photos sur la novillada du Comte de la Maza à Roquefort

Grâce aux photos de Laurent Bernède, un petit retour sur la novillada du 19 août dernier à Roquefort.
















Les novillos (tous marqués du 5) ont fait sensation par leur trapío
























 Le mayoral aussi a de l'allure



















Pas toujours braves mais on a vu quelques belles piques



















Les novilleros présents ne se sont pas émus outre mesure; du courage et du sang froid, ils possèdent les bases pour pouvoir continuer leur route. Ici Kevin de Luis.




 
 Aquilino Giron




  



















Il y eut aussi quelques bons professionnels dans les cuadrillas. Salut d'El Ecijano.