vendredi 29 septembre 2023

Moralzarzal

 


 
Lundi 25 septembre 2023                 Moralzarzal
très beau temps
un tiers d'arène

Six novillos d'Angel Luis Peña (10 piques, 2 chutes, excellents) pour Ruben Nuñez (salut, une oreille), Victor Barroso (une oreille, silence) et Pepe Luis Cirugeda (palmas, silence).

À 50km de Madrid, au pied de la Sierra de Guadarrama, la ville de Moralzarzal s'est développée en accueillant urbanizaciones et chalets destinés à un public aisé, passant de 2000 habitants en 1991 à 12 000 en 2011. Depuis 2005, elle s'est équipée d'une plaza de toros couverte de type Saint Sébastien (6000 places) un brin mégalomaniaque mais qui n'est pas réduite à une coquille vide car, outre la feria taurine de fin septembre, elle permet de nombreuses activités durant l'année et accueille plusieurs commerces en rez-de-chaussée.
Le chemin de l'aficionado est souvent semé de déceptions heureusement compensées par de divines surprises. Comme celle de ce jour. En effet sortirent des chiqueros six novillos pleins de feu de l'élevage voisin et peu connu d'Angel Luis Peña. Tous très bien présentés, braves, puissants, nobles, encastés. Les tercios de pique connurent une grande animation avec des charges violentes mais franches se soldant par deux énormes batacazos et le départ à l'infirmerie de Raul Lopez, picador de Victor Barroso, chargé au sol par le cinquième novillo. Une surprise encore plus grande lorsque l'on sait que l'élevage est annoncé d'origine Jandilla via Daniel Ruiz, un sang produisant plus fréquemment des bédigues générant l'ennui que de véritables toros de combat.
Face à un tel lot, qui n'avait pas de mauvaises intentions mais qu'il fallait dominer, la modeste terna de novilleros connut des fortunes diverses. 
Le Mexicain Ruben Nuñez sortit grandi de son combat face au brave et poderoso quatrième tué d'un magnifique volapié (oreille). 
Victor Barroso, qui s'était comporté de manière totalement ridicule il y a quelques semaines en annonçant sa retirada quelques jours avant la novillada de Yonnet à Roquefort qu'il devait toréer le 13 août dernier pour annoncer son retour au lendemain de ladite novillada, n'a pu cette fois éviter de se retrouver devant un adversaire de respect, le cinquième, qui blessa son picador et mis en déroute la cuadrilla. Il ne parvint pas à s'imposer à la fiera mais tua rapidement. Auparavant il avait montré face au second, le plus facile de l'envoi, qu'il possède le sens du temple mais il avait vite versé dans les culerinas, signe d'un manque certain d'ambition. Le longiligne Pepe Luis Cirugeda fit ce qu'il put c'est à dire peu.
Après une telle novillada on ne peut que se réjouir de la caste montrée par les pupilles d' Angel Luis Peña ce jour.  Un  élevage  qui montre  la voie ?

mercredi 27 septembre 2023

Talavera de la Reina

 


 
 
Samedi 22 septembre 2023      Talavera de la Reina (Tolède)
très beau temps                            La Caprichosa
casi lleno
 
Deux toros de Los Espartales pour Diego Ventura (silence, une oreille), deux toros de Juan Pedro Domecq (mobiles) pour Alejandro Talavante (une oreille, une oreille) et deux toros de Santiago Domecq (vuelta au 3) pour Tomas Rufo (deux oreilles et la queue, deux oreilles).
 
On ne peut pénétrer dans la vieille plaza de toros de Talavera de la Reina sans ressentir une émotion particulière. Ici, il y a maintenant plus d'un siècle, a été tué, sur une faute d'inattention, José Gomez ''Joselito'' par le toro Bailador de l'élevage local de la Viuda Ortega. La Caprichosa a sans doute très peu changé depuis le tragique jour. Avec ses vieilles pierres mêlées aux briques, sa toiture couverte de tuiles, elle possède un sabor añejo incomparable. Ce qui a changé en revanche c'est l'environnement sonore. Les flons-flons d'autrefois ont été remplacés par le boum-boum de la sonorisation du Campo de Feria tout proche battant tous les records de décibels et recouvrant les arènes et même la ville entière d'un bruit insupportable. Ah ! la belle époque !
Le cartel du jour possédait la vertu de la variété. Hormis les mises à mort du rejoneador, on peut dire que la tarde se déroula à la perfection, chacun y mettant du sien : les toros, les toreros, le public, le président. Le genre d'après-midi qui laisse peu de souvenirs profonds.
Avec leur bravoure mesurée qui les fait suivre les chevaux sans se lasser ni donner l'impression de vouloir les attraper, les toros d'encaste murube sont aujourd'hui largement plébiscités par les rejoneadors. Ceux du jour, malgré la faiblesse du 4, ont parfaitement joué leur rôle. Il ne faut toutefois pas enlever le mérite qui revient à Diego Ventura car il se montra sobre, templé, professionnel, le tout sans la moindre fausse note (sauf à la mort).
Alejandro Talavante était venu avec ses Juan Pedro Domecq, peu offensifs d'armure mais mobiles. Il lui permirent de donner libre cours à un toreo plutôt superficiel, bien terminé épée en main.
Tomas Rufo, enfant du pays, est accueilli avec ferveur et générosité. Il a bénéficié de deux bons toros de Santiago Domecq, en particulier le brave sixième qui prend une très belle pique de Manuel Jesus Ruiz , ovationnée par la plaza entière. Tomas Rufo donna le meilleur de lui-même, tua en s'engageant et coupa abondance de trophées.

 

Un toro, un novillero

 Corrida concours à Madrid !  Des élevages prestigieux, un public (un tiers de plaza) compétent prêt à s'enflammer au spectacle de la bravoure, un temps idéal. Le résultat sera bien sûr mitigé : beaucoup de déceptions pour quelques bons moments.
   Pour Partido de Resina, élevage en équilibre instable, l'occasion était bonne de montrer la possibilité d'un renouveau. La présentation est supérieure (ovation). Les 510 kg de Cabañito sont une preuve de plus que le trapío n'a rien à voir avec le poids. Ni avec la caste hélas ! Car il est faible et soso, et sa fadeur recouvre ses éventuelles qualités d'une chape de plomb. 
   Le  Samuel Flores est fidèle à l'image que l'on a des  toros de  l'élevage : de grandes cornes maladroitement posées sur un corps mal dessiné. Il n'a pas le moindre atome de caste. Voilà encore, pour un élevage en difficulté, une belle occasion de se montrer sous un bon jour perdue.
   L'exemplaire de Victoriano del Rio sera, dans l'ordre, très mal piqué, bien toréé, mal tué. Il sera applaudi à l'arrastre car, à défaut de vraie bravoure, il possédait cette mobilité et cette vivacité qui rendent une sortie intéressante.
   L'ensabanado de Peñajara est une gravure de mode qui reçoit à sa sortie une ovation nourrie. Il est tardo face au cheval mais permet un excellent tercio de pique à Antonio Peralta (prix du meilleur picador) puis un grand tercio de banderilles à Marcos Prieto et Diego Valladar. Il tire ensuite le rideau et n'a pas une passe à la muleta.
   Le pensionnaire de José Escolar est laid, semblant un toro que l'on avait caché au fond des pâturages de Lanzahita. Il est de surcroît victime d'un mauvais sorteo. Malgré son fond de noblesse, il est mal mis en valeur par une cuadrilla et un matador catastrophiques.
   Enfin vint Sombrero (vainqueur du concours), classique colorado de la maison Pedraza. Il met les reins de manière impressionnante à la première pique, pousse encore à la seconde et tout le monde se réjouit à l'avance au spectacle de la troisième. C'est sans compter sur l'incroyable maladresse de Gomez del Pilar qui a demandé le changement de tiers et sur l'incroyable incompétence du président qui l'accorde alors que nous sommes dans une corrida concours et que sort enfin un toro brave. Et si je parle de maladresse en ce qui concerne le torero c'est parce qu'il était évident que sa demande allait lui mettre le public à dos (et ce bien au-delà du tendido 7). Ce qui arriva et le déstabilisa pour la suite du combat.
   Serafin Marin eut un comportement adapté à celui attendu d'un torero qui participe à une corrida concours et quelques gestes de classe qui montrent qu'il vieillit bien.
   Ruben Pinar, très médiocre en tout.
   Quant à Gomez del Pilar, il ne peut que s'en prendre à lui-même d' avoir suscité l'hostilité du public envers lui alors qu'il a paradoxalement été celui qui a le mieux toréé.


Un novillero. Ancien pueblo situé entre Alcala de Henares et Guadalajara, Azuqueca de Henares a vu sa population croître exponentiellement ces dernières années pour atteindre aujourd'hui 36 000 habitants. La ville ne s'est pas dotée d'une plaza de toros mais elle donne chaque fin septembre un cycle de novilladas dans une plaza portatil. De nombreuses peñas animent la fête et chaque matin ont lieu encierros et lâchers de novillos dans la plaza.
   Lors de la novillada piquée du 22 septembre un novillero dont on a encore peu entendu parler a attiré mon attention par la qualité de son toreo et de ses estocades. Cid de Maria a débuté cette année dans le circuit des novilladas piquées  et a toréé avec succès quelques novilladas dans sa province natale de Guadalajara. Pour ce que j'en ai vu et jugé ce jour, le sitio qu'il occupe, sa recherche de pureté et de profondeur font de lui un novillero à suivre et auquel on ne peut que souhaiter un avenir peuplé de toros.
 
 



 
 
 


dimanche 10 septembre 2023

Croquis de la fête taurine (poèmes 7)

 
Nimeño II 
 
Nimeño se meurt. Nimeño est mort pour la tauromachie.
Un toro de Miura l’a renversé et nos rêves de pur toreo avec.
Pauvre Nimeño  seul  dans ta solitude
Esprit prisonnier de ce corps inerte
Rêvant faenas de rêve, déroulant douce muleta de serge
au rythme adouci du toro
Rêve perpétuellement brisé par un toro de Miura
          perpétuellement brisé par un toro de Miura
                                          brisé par un toro de Miura
                                                     par un toro de Miura
                                                            un toro de Miura
                                                                 toro de Miura