vendredi 19 février 2010

Capas

Pesadas y amplias
desplegando alas
de flamenco
fugaces flotamientos
aplomadas de almidón
alas sin ligereza
dibujos de bailarinas huevudas
murattas de rosaleda
ilusiones de tango
y de vuelo
chimeneas tiernas de humos
domadoras de babas
excitadas
las capas mantienen el sueño
de una fiesta sin muerte
de un ballet
sin espada
Bailan pasos andados
de rondós de alegria
valses de marquesitos
tuteados por el espanto
Describen la inocencia
y su brevedad
el como arreglárselas para olvidar
el mal de la crueldad
el veneno de la muerte
el beso de los valientes
cuando el falo
negro
se acerca para reventar
la corola de rosas desplegada
ese pastel
azucarado
ese caramelo de violencia
apenas chupado
por el hocico de los negros
exhaustos ya
Las capas traicionan la confianza
de las bocas mendigantes
Están tan lejos
y tan cerca
una tormenta rosa
apenas pasada
una mariposa en el prado
una flor para destrozarla
un bailador para bailar
un compañero
de juego
Entonces los hombres con nalgas
de ópera
tienen trenzados y solturas
de bandidos
para amansar la furia
nueva
la que sale al pleno día
en abanicos de ilusiones
en vuelos de huida
hacia el cielo desnudo
delantales de mujeres
en casa
sobresaltos alados
para las capas de los maestros
con sandalias ceñidas
en el viento de las bombas
negras
Los negros tienen entonces valentías
alucinadas
de esperanzas de salir ilesos
a pesar de la madera de las barreras
y el cemento de la fiesta
y el espesor de los caballos
que van a salir
pronto

Patrick ESPAGNET
traduction Marcel Antoine Bilbao

dimanche 14 février 2010

Maxime Leroux

Maxime Leroux est mort. Les Noirs, le spectacle qu'il avait créé à partir des poèmes de Patrick Espagnet ne tournera plus dans les villes taurines, ne sera pas joué non plus au théâtre Edouard VII à Paris comme cela avait été prévu.



En hommage à l'acteur aficionado, ce poème de Patrick Espagnet :

CAPES

Lourdes et amples
déployant des ailes
de flamant
fugaces flottements
plombées d'amidon
ailes sans légèreté
dessins de ballerines couillues
remparts de roseraie
illusions de tango
et d'envol
cheminées tendres de fumées
dompteuses de baves
excitées
les capes entretiennent le rêve
d'une fête sans mort
d'un ballet
sans épée
Elles dansent des pas marchés
des rondeaux de gaité
des valses de petits marquis
tutoyés par l'effroi
Elles décrivent l'innocence
et sa brièveté
l'art et la manière d'oublier
le mal de la cruauté
le venin de la mort
le baiser des braves
quand le phallus
noir
s'approche pour crever
la corolle de rosés déployée
cette pâtisserie
sucrée
ce bonbon de violence
à peine sucé
par le mufle des noirs
déjà harassés
Les capes trahissent la confiance
des bouches mendiantes
Elles sont si loin
et si près
Un orage rosé
à peine passé
un papillon dans le pré
une fleur à déchiqueter
un danseur à danser
un compagnon
de jeu
Alors les hommes aux fesses
d'opéra
ont des entrechats et des souplesses
de bandits
pour apprivoiser la rage
neuve
celle qui sort au grand jour
dans des éventails d'illusions
des envols de fuite
vers le ciel nu
des tabliers de femmes
à la maison
des soubresauts ailés
pour les capes des maîtres
aux sandales plongées
dans le vent des bombes
noires
Les noirs ont alors des bravoures
hallucinées
d'espoir de s'en sortir
malgré le bois des barrières
et le ciment
de la fête
et l'épaisseur des chevaux
qui ne vont pas tarder
à arriver

Patrick ESPAGNET
Les Noirs

dimanche 7 février 2010

Toreros para la historia 5 Domingo Ortega

Autant le dire d'entrée, cet opus n°5 de Fernando Achucarro n'est pas le plus intéressant de la série. Il vaut plus par les scènes de campo tournées dans l'élevage du maestro que par les images de corrida. Il comporte en effet une grave lacune : rien sur la carrière du Diamant de Borox avant la guerre civile, époque la plus intéressante du torero durant laquelle il se forgea l'image d'un lidiador poderoso capable de dominer les toros les plus retors. On aurait aimé en avoir un aperçu, on regrettera donc que l'auteur n'ait pas disposé des archives correspondantes.
On peut voir, en revanche, d'abondants extraits de corridas et festivals des années 40 et 50. Domingo Ortega s'y montre élégant - sans doute avait-il gagné en élégance avec l'âge, car dans sa première époque c'est une qualité qu'on ne lui attribue jamais - et effectiste, obtenant des triomphes faciles devant le bétail diminué de l'époque. Parmi les images notables, celle d'un Miura cárdeno (285 kg en canal) à Séville en 1953 obtenant une belle chute de cheval.
Le toreo du Castillan est essentiellement basé sur son fameux trincherazo donné avec une main de fer dans un gant de velours et que le maestro poursuit en allant vers la queue de l'animal (manœuvre considérée comme un truc -un tranquillo- par ses contempteurs). Et c'est vrai que face au toro-novillo lidié après la guerre le procédé peut paraître abusif. Il se justifie pourtant face aux toros fuyards, aux alimañas de Victorino ou aux Miuras qui connaissent le grec et le latin. Hélas, aujourd'hui le public ignorant qui se presse aux arènes pour voir le toro tourner sans fin autour du matador siffle presque toujours le torero qui se risque à une telle lidia. Je garde précieusement au fond de ma mémoire une faena de Ruiz Miguel, à Las Ventas dans les années 70, face à un manso criminel d'Atanasio Fernandez, composée exclusivement de trincherazos à la manière d'Ortega et de doblones, faena qui valut au gaditano une énorme et unanime ovation.
La deuxième partie du film comprend une entrevue avec le torero qui parle notamment du dominio en el toreo : "dominer un toro c'est le faire aller où il ne veut pas aller et non se contenter de le faire passer ". Puis de nombreuses scènes de campo et tienta dans son élevage, celui de l'historique fer de Fernando Parladé.


A Valencia en 1936 dans une corrida donnée au profit des milices républicaines photo Finezas (Manuel Sánchis)

mardi 2 février 2010

Progrès etc.

J'étais, ce soir, tranquillement installé dans mon fauteuil, en train de lire l'excellent numéro de décembre du Magazine Littéraire consacré à Georges Orwell lorsque je suis tombé sur ces quelques mots de Pietro Citati, écrivain italien dont j'ignore tout. Un autre jour, ces mots auraient pu me déplaire ou tout simplement ne pas attirer mon attention, mais je ne sais pourquoi, aujourd'hui, ils m'ont parlé. Les voici :
"Le progrès est la plus stupide des religions. La seule chose qui compte ce sont les origines, et garder la foi en toutes les origines : ce qui est le contraire du progrès. Quelle stupidité que de vouloir trouver du plaisir dans le fait de toujours aller en avant. Ce qui me plaît à moi, aujourd'hui, c'est de m'arrêter, de reculer, de faire un pas de côté; et parfois en avant ou en hauteur."