Dans la disproportionnée arène couverte d'Arnedo, même les jours où l'entrée est bonne, le public parait clairsemé. On y voit beaucoup d'enfants et d'adolescents, des familles, de bons aficionados, quelques Français, un grand torero. Il y a aussi des peñas bruyantes dont une particulièrement peu respectueuse des toreros et des aficionados à tel point qu'elle continua à cacophoner alors qu'un novillero attendait a portagayola.
De bonne caste les novillos d'Adolfo Martin mais manquant de la chispa qui en aurait fait un bon lot. Décastés les Guadalmena, avec toutefois deux exemplaires (les 3 et 6) qui permettaient beaucoup. Enfin la caste des Fuente Ymbro atténuée par une faiblesse de patte latente.
Se déroulant devant un public compétent, avec un président peu porté sur le triomphalisme, face à des novillos en général sérieux, le Zapatero de Oro est un assez redoutable examen de fin d'année pour la fine fleur des novilleros. Ici des carrières s'achèvent, d'autres prennent leur envol.
Samedi, devant les Adolfo Martin, la prestation de Jorge Molina, pourtant leader de l'escalafon, résulta de piètre qualité. Il fut sifflé en conséquence. Diego Bastos, victime d'une cuadrilla lamentable après laquelle il est difficile de toréer en confiance, montra qu'il a de l'allure, mais rien de plus. Daniel Medina en revanche rallia tous les suffrages. Il donna au troisième une belle faena, sincère, classique, pure, avec de magnifiques passages al natural (une oreille et à lui le prestigieux Zapato de Oro).
Dimanche, devant une belle entrée, le Riojano Fabio Jimenez, natif d'Alfaro, se fit trop souvent toucher la muleta pour espérer dominer ses adversaires. Manuel Caballero eut la malchance de toucher deux novillos totalement dénués de caste. Il laissa entrevoir oficio et classe naturelle. Cristiano Torres, bullidor, spectaculaire, connectant facilement avec le public, coupa avec justice l'oreille du troisième mais resta en dessous du sixième.
Lundi, Sergio Rodriguez ne justifia pas sa présence en remplacement d'Ismael Martin et n'écouta que le silence. Nek Romero, au contraire, a montré qu'il était un novillero puesto et dominateur, de plus bon capeador et tueur efficace. Il coupa une oreille à chacun de ses adversaires et fut, de ce fait, l'unique novillero de la feria à sortir a hombros. Sergio Sanchez actua face au dernier novillo de la feria avec la fougue et la verdeur d'un vrai novillero. Il sortit miraculeusement indemne d'une larga a puerta gaiola suivie d'une poursuite. Après une faena d'émotion, son mauvais maniement des aciers ne lui permit pas de tocar pelo.