La feria de novillada de Villaseca de la Sagra avait vu dans sa première partie le bon jeu des novillos de Cebada Gago, heureuse nouvelle pour les aficionados après les encierros médiocres de Vic et Pamplona. Du côté des novilleros, Jorge Molina et Sergio Rodriguez avaient triomphé face respectivement à ces mêmes Cebada Gago et aux Baltasar Iban. Après deux jours sans toros, la fin de semaine fut marquée par trois novilladas qui, par leur présentation et leur difficulté, remplirent d'émotion le coso tolédan.
Samedi 9 septembre : novillada de La Quinta
La ganaderia andalouse a présenté un lot un peu inégal mais comportant deux novillos magnifiques (4è et 6è). Leur comportement fut varié à l'extrême, ce qui est un bon antidote à l'ennui.
Avec le lot le plus favorable, le Mexicain Arturo Gilio (vuelta, une oreille) démontra posséder le sens du temple, sans toutefois parvenir à s'imposer totalement.
Solalito aura connu une après-midi éprouvante qui lui aura permis de montrer l'étendue de son courage et de sa volonté. Son premier adversaire, Hablador, se révéla un authentique barrabas. Le combat entre torero et novillo fut suivi par les spectateurs dans une tension extrême tant le danger et l'incertitude étaient présents en piste. S'il ne parvint jamais à dominer vraiment son adversaire, le Français ne baissa jamais les bras et son effort fut reconnu par le public lors d'une chaude ovation finale. Il fut mis à nouveau en difficulté par les demi-charges collantes du cinquième. Une journée difficile pour le jeune Nîmois mais il est des échecs qui font progresser et dont on ressort plus fort. Marcial Lalanda disait : "Je me souviens avoir toréé, dans des pueblos, des novillos très difficiles, et, comme je m'en plaignais à mon frère, qui s'occupait alors de mes affaires, il me répondit : ''C'est ainsi que tu apprends''.
Garcia Pulido passa inaperçu. Il toucha le meilleur La Quinta (6è) qui se vengea d'un picador crapuleux par un batacazo plein de fureur.
Samedi 10 septembre : novillos de San Martin (1,2,3) et Dolores Aguirre (4,5,6)
Encore une novillada qui eut son intérêt grâce à l'émotion apportée par la présence physique et les difficultés des novillos. Les San Martin, même si leurs charges manquaient de continuité, conservèrent une bonne mobilité. Il a manqué en revanche aux Dolores Aguirre ce fond de caste qui pousse à combattre jusqu'au bout.
José Antonio Lavado a de bonnes manières.
Avec un sorteo difficile, Cristian Pérez fit ce qu'il put. Son premier adversaire sema la panique au second tercio et blessa le banderillero Julien Merencino.
Alejandro Adame a donné deux faenas de grande qualité qui auraient pu lui valoir un triomphe important sans ses lacunes à l'épée.
Dimanche 11 septembre : novillada desafio Campo Charro
Le murube de Castillejo de Huebra est un beau novillo, hésitant à la pique et de charge courte et piquante.
Le Galache a un problème aux sabots postérieurs, il doit hélas laisser sa place au sobrero de San Martin, correct.
Le pupille de Paloma Sanchez Rico prend deux bonnes piques en poussant mais, malgré les sollicitations, il refuse de se lancer dans un troisième assaut.
Le santacoloma de Juan Luis Fraile possède le trapío habituel de la maison (ovation à la sortie) mais il se montre décasté.
Le niveau monte d'un cran avec Zorrero de Raso de Portillo (Valladolid annexé par le Campo Charro) qui prend deux bonnes piques puis garde une charge non dénuée d'aspérité. Il sera désigné vainqueur (?).
Vient enfin Resistente, imposant negro de Pedraza de Yeltes. Il prend trois piques en brave provoquant une chute énorme à la première, et garde une charge encastée et noble. Encore un excellent Pedraza !
Diego Peseiro s'est montré vaillant mais mauvais tueur.
Calerito s'est fait siffler à ses deux toros. Notons toutefois au novillo de Raso de Portillo une excellente réception par véroniques (dignes de celle du Greco que l'on peut voir au musée de Santa Cruz dans la toute proche Tolède).
Après l'avoir reçu a porta gayola, El Niño de las Monjas a achevé le Pedraza de Yeltes d'un affreux bajonazo qui concluait une faena vaillante mais brouillonne (division d'opinion).
Pendant trois jours un public chaud et bruyant a suivi avec passion les novilladas. Un public pour une large part local et familial, auquel s'ajoutent de nombreux aficionados de toda la vida, sans oublier quelques dizaines de Français séduits par le sérieux et la verdad qui émanent de la plaza de toros de Villaseca de la Sagra.