mardi 23 octobre 2007

Le prix du courage de Jean-Claude Mouchès


Ce livre, paru en 2000 aux éditions Atlantica, constitue un hommage au courage des écarteurs landais. Son auteur est un médecin de campagne aujourd'hui retraité, installé à Mugron au cœur de la Chalosse, haut lieu de la course landaise. Un médecin comme, paraît-il, on a, de nos jours, du mal à en trouver. Nos jeunes diplômés de médecine préférant les attraits de la ville ou bien le confort plus rémunérateur d'une spécialisation sans âme.
Pendant des années, le docteur Mouchès a été le médecin de service des courses de sa région. Cela lui a permis de côtoyer le monde de la course landaise de l'intérieur, de nouer des relations d'amitiés avec certains acteurs.
Dans ce livre, avec émotion et humour, il raconte la ténacité, le mépris de la douleur, la grandeur souvent mêlée de dérisoire des héros, célèbres ou obscurs, de ce jeu ancestral.
"La course landaise a toujours suscité chez moi une très forte émotion. Dès que je prends place sur les gradins et que résonne la fameuse Marche cazérienne, un mélange de peur, d'angoisse et de passion accélère mon cœur." Emotion liée à un drame d'enfance que l'auteur nous raconte dès les premières pages.
Puis ce sont des anecdotes où l'on sent la tendresse du médecin pour ses patients si peu ordinaires. Les clichés y deviennent réalité telles ces infirmeries insalubres et dénuées du moindre équipement dans lesquelles le vin blanc fait bien souvent office de principale thérapeutique.
Le livre est illustré de beaux dessins de l'ancien écarteur Vincent Iribarnégaray.

mercredi 17 octobre 2007

Zaragoza

La feria du Pilar est un véritable festival de défilés et de processions en tous genres. Offrandes de fleurs, de fruits, Rosario de cristal, gigantes et cabezudos. Le tout dans une débauche de costumes traditionnels et avec une ferveur pagano-chrétienne qui ne se dément pas. Cette année, j'ai découvert un extraordinaire groupe de derviches tourneurs de la Vierge Marie, coiffés de plumes de faisan, les chevilles entourées de grelots de bois marquant le rythme de leurs danses. Un must.
Sur le plan taurin, les cartels des deux derniers jours étaient particulièrement attrayants avec, côté bétail, la présence de l'élevage triomphateur de la San Isidro madrilène ces deux dernières années, et de la mythique ganaderia de Miura. Belle occasion de voir si Victoriano del Rio était capable de fournir deux lots de qualité dans une même temporada et de juger du niveau actuel des pensionnaires de Zahariche après plusieurs années de déclin.
Les Victoriano del Rio constituèrent un défilé de toros laids et faibles. Excluons de ce désastre ganadero le second, exception du jour, beau, brave et noble, bien qu'il soit allé a menos pour finir son combat réfugié aux tablas. Tous les autres faibles de pattes voire invalides et d'une présentation disparate. Ils furent arrastrés sous les protestations du public et le cinquième fut renvoyé aux corrals et remplacé par un pupille de El Serrano.
Quant à la corrida de Miura, ce fut un défilé de mansedumbre éléphantesque. Le ton fut donné par le premier, d'une telle hauteur que sa tête dépassait la barrière, il pouvait s'informer ainsi de tout ce qui se passait dans le callejon. Mais l'apothéose arriva avec le cinquième, un moineau gris de 702 kg qui, s'il avait eu une trompe et de grandes oreilles, aurait pu facilement passer pour un éléphant échappé du zoo de la ville. La lidia de ces deux animaux fut d'un intérêt médiocre car leur absence de caste leur faisait traîner pitoyablement leur carcasse disproportionnée et inutile. Quelques satisfactions malgré tout dans ce lot. Surtout en comparaison avec les précédentes corridas que j'avais vues de ce fer. Tout d'abord les armures étaient belles et non pas de simples moignons comme trop souvent au cours de ces dernières années. Enfin aucun ne fut invalide ni même faible de pattes. Certains eurent leur intérêt. Le second qui permit à Rafaelillo de faire une assez bonne faena. Le troisième, un vrai miura celui-ci, alla a mas et finit sa vie en sachant le grec et le latin, poussant le tendre Jesus Millan à la limite du troisième avis. Le quatrième de plus longue charge à la muleta. Mais l'impression dominante fut celle d'un manque cruel de combativité, parfaitement illustrée par le comportement du dernier toro de la feria qui passa sa vie publique à fuir le combat et à chercher la porte du toril.
En ce qui concerne les matadors, la corrida du samedi permettait de revoir Salvador Vega, un peu oublié au cours de ces dernières années. Sous la houlette de Zorita l'actuel empresa de Zaragoza, il a néanmoins réussi à toréer une quarantaine de corridas et à faire à nouveau un peu parler de lui en cette fin de temporada. Entre le numero uno El Juli et la jeunesse montante de Miguel Angel Perera, devant des toros de garantie et dans une feria de primera, le rendez-vous était important. Tout commença à merveille. Il touche le meilleur toro, le torée magnifiquement à la cape, intervient au quite, la lidia est parfaite, la faena bonne, le public conquis, les deux oreilles se profilent mais il faut tuer et Salvador ne tue pas. Tout se réduit donc à un salut au tercio avec le sentiment que le torerito de Malaga a peut-être manqué la marche qui pouvait le ramener dans le circuit des grandes ferias.
Chez les banderilleros, très bon Corruco des Algeciras de la cuadrilla de Salvador Vega, ainsi que José Mora et Pascual Mellinas de la cuadrilla de Rafaelillo qui saluèrent après avoir banderillé, sans s'émouvoir, le miura de 702 kg.

mercredi 3 octobre 2007

Loic Lapoudge champion de France des écarteurs, un écart extraordinaire de Denis Lazartigues


Le championnat de France des écarteurs constitue chaque fin de saison un moment privilégié où les meilleurs écarteurs de l'année affrontent les meilleures vaches. Et en course landaise les meilleures vaches se sont généralement les plus puissantes et les plus vicieuses. Si on fait un parallèle avec la corrida c'est un peu comme si en fin de temporada les matadors triomphateurs décidaient de mettre leur suprématie en jeu en se mesurant aux élevages les plus coriaces du campo bravo. On peut toujours rêver.
Malgré la concurrence de la coupe du monde de rugby les coursayres occupaient les trois quart des arènes de Dax. Et ils ne furent pas déçus car on assista à un spectacle de haute volée qui se termina en apothéose. Quelle caste torera chez ces écarteurs qui, malgré des tumades à faire frémir le plus endurci des légionnaires, se replacent, après s'être relevé en titubant, face à la vache qui vient de les prendre et la dominent par un écart de pure foi humaine!

La domination de Loïc Lapoudge
Ce fut une course de jeunes puisque sur les 6 meilleurs écarteurs de l'année sélectionnés 4 avaient entre 20 et 22 ans. Un gage d'avenir pour la course landaise.
Rémi CORRIHONS
Le Montois n'a pas confirmé aujourd'hui sa bonne saison. Il n'a jamais réussi à se libérer et quand il a voulu tenter le tout pour le tout Siboria l'a envoyé sèchement à l'infirmerie.
Christophe DARZACQ reçut à l'issue du paseo le trophée du vainqueur de l'Escalot. Sa prestation fut pourtant bien décevante, jamais il ne réussit à se hisser au niveau d'une telle compétition.
Vincent MUIRAS commença le concours très timidement. Pour sa première participation, on le sentait concentré mais impressionné. Peu à peu il prit confiance au point de tourner quelques beaux intérieurs.
Denis LAZARTIGUES, lui aussi novice à ce niveau, montra d'entrée de jeu qu'il était un prétendant sérieux au titre. Il finit la course par un écart sublime sur lequel nous reviendrons. De la graine de champion.
Christophe MALET est un beau dauphin. Il réalisa de magnifiques intérieurs ce qui lui permit de prendre la tête du championnat à mi-parcours. Puis les touches se succédèrent, parfois violentes, et Christophe n'était plus en mesure, à la fin du concours, de lutter pour le titre.
Loïc LAPOUDGE se joua de toutes les difficultés d'une telle épreuve avec maestria -et avec le sourire. Il domina toutes les vaches (à l'exception de la corne d'or Darrigada), ne s'affola pas lorsque Chritophe Mallet passa en tête, mais plaça deux intérieurs de feu à Siboria pour assurer son emprise définitive sur le concours. Un beau titre qui en annonce d'autres.
En espérant que Benjamin de ROVERE, très grièvement blessé cette année au mois de juin, pourra disputer ses chances l'année prochaine.

L'écart de Denis Lazartigues
Il reste deux écarts à faire à Darrigada avant que ne s'achève le concours. Denis Lazartigues se présente face aux loges. La corne d'or s'élance et le catapulte dans les airs. Le choc est si violent qu'on entend son bruit sourd dans toute l'arène. Mais Lazartigues se relève et se replace, il étend son mouchoir blanc sous ses pieds. Pendant que la vache accourt à l'appel de l'écarteur, celui-ci fait un tour complet sur lui-même et au moment précis où il se retrouve face aux cornes, alors que toute l'arène le voit pris, un écart millimétré se joue de la bête. La clameur du public est immense, tout le monde est debout et l'ovation à l'écarteur interminable. Pendant ce temps Darrigada tourne dans l'arène, perdue, le mouchoir blanc de l'écarteur coincé dans un de ses sabots.

Le concours de saut
Très intéressant aussi le concours de saut avec un très beau final car les trois prétendants se tiennent dans un mouchoir de poche. Ils firent un sans- faute sur Layalie. Victoire finale de Nicolas Vergonzeanne sous une forte division d'opinion comme on les aime dans le milieu de la course landaise. Il remporte son huitième titre égalant ainsi le record de Michel Dubos.

Les résultats
Ecarteurs
1- Loïc Lapoudge 164
2- Christophe Malet 147
3- Denis Lazartigues 137
4- Vincent Muiras 131
5- Christophe Darzacq 127
Rémi Corrihons abandon sur blessure

Sauteurs
1- Nicolas Vergonzeanne 81
2- Emmanuel Lataste 80,5
3- Dominique Larié 79
4- Guillaume Vergonzeanne 77




photo: un écart de Loïc Lapoudge




lundi 1 octobre 2007

Journal SUD OUEST

Je viens de prendre connaissance de l'article publié le jeudi 27 septembre dans le journal SUD OUEST, véritable apologie des mouvements intégristes animalistes, et mon sang ne fait qu'un tour. Je prends aussitôt ma plume pour écrire au journal la courte lettre suivante:

Je trouve choquant que SUD OUEST, par la voix du journaliste Jacky Sanudo, se soit fait le porte-parole des ligues anti-corridas. Il s'agit d'une manière grossière de mépriser vos lecteurs ainsi que la culture de votre région.

Certes ça ne va pas révolutionner la rédaction du journal mais ça fait du bien.