vendredi 28 mai 2021

Les leçons d'un désastre

   














 
   Rien de mieux que la réalité pour donner des leçons. La réalité ce furent les gradins désespérément vides de l'arène de Vista Alegre lors de la récente "feria de San Isidro" organisée à Carabanchel par l'empresa Matilla. Les figures, levant les yeux vers les tendidos, ont pu constater l'ampleur des dégâts. Même le cartel qui a le mieux fonctionné (Urdiales, Manzanares, Roca Rey) n'a pas réussi à afficher le no hay billetes (qui n'aurait été qu'une demi-entrée, covid oblige).
   Sauf exceptions (El Cordobés, José Tomas en fin de carrière) il a toujours fallu trois figures pour remplir une arène. Il y a un siècle, Joselito et Belmonte toréaient ensemble et en compagnie relevée : El Gallo, Gaona. Mais une autre condition que l'on a eu trop tendance à oublier ces derniers temps est nécessaire. Trois figures oui ... mais aussi des prix raisonnables à la taquilla.
   Or avec des tarifs qui étaient le double de ce qu'ils sont à Las Ventas, les aficionados ne se sont pas déplacés jusqu'à Carabanchel malgré des cartels indiscutablement bien construits.
   Mais le désastre de Vista Alegre ne sera pas sans effet positif s'il contribue à modérer les cachets qu'exigent les vedettes. Il serait temps que celles-ci, vivant encore dans l'euphorie de leur coup de force victorieux de 2014 contre l'empresa de Séville, prennent conscience de leur responsabilité ... et de leur fragilité. La contemplation du ciment  nu mais éloquent des gradins désertés de Carabanchel peut contribuer à les y aider !
   Avec des cachets décents pour les toreros et des bénéfices décents pour les organisateurs (qu'ils soient privés ou publics), partout sur la planète taurine on devrait pouvoir assister pour un prix décent à une corrida de figures. Cela a toujours été le cas depuis que la corrida existe et si l'on veut qu'elle reste un spectacle populaire il n'y a pas de raison que les choses ne continuent pas ainsi. Car les corridas de figures, même si elles sont loin d'être toute la tauromachie, ni même toujours sa partie la plus intéressante, en constituent un élément essentiel pour son maintien.
   Si ces dernières décennies ont vu un accroissement généralisé des inégalités dans nos sociétés  qui s'est traduit par une augmentation démesurée de la richesse des plus riches - et les figures n'ont pas été les dernières à profiter du mouvement - la crise sanitaire que nous venons de traverser va peut-être marquer un changement de cap qu'il serait bon de mettre à profit ...
 
 
PS : J'ai réussi à dénicher ce billet sur internet (site Toros de Lidia).
 

 
 

 
 
 
 
 
 
 
Pour une place équivalente il en coûtera  52 € à Las Ventas, 58 € à Mont-de-Marsan, 76 € à Bayonne, 82 € à Arles et Nîmes et 100 € à Séville.

lundi 10 mai 2021

Mont-de-Marsan : les cartels de la Madeleine 2021

    


    Après une année 2020 sans toros, le Comité des fêtes de Mont-de-Marsan annonce une feria taurine pour la fin juillet. Feria taurine uniquement car les conditions sanitaires ne permettent pas l'organisation d'une fête populaire. Voici les cartels :

Vendredi 23 juillet
18h   corrida
Jandilla
Enrique Ponce - Daniel Luque - Thomas Dufau

Samedi 24 juillet
11h   corrida
Alcurrucén
Diego Urdiales - Paco Ureña - Emilio de Justo

18h corrida
Adolfo Martin
Antonio Ferrera (unico espada)

Dimanche 25 juillet
11h   novillada sans picadors

18h   corrida
Pedraza de Yeltes
Lopez Chaves - Alberto Lamelas - Gomez del Pilar

   Le vide et l'attente augmentent le prix de ces magnifiques cartels. On regrettera simplement qu'une novillada piquée ne soit pas organisée. Cela devrait faire partie du cahier des charges de toute feria dans une arène de première catégorie. On regrette aussi qu'un lot de Cuadri (il y en avait un prévu pour la feria 2020) n'ait pas trouvé place cette année dans la programmation.
   Du côté des porteurs de coleta on note le somptueux cartel du samedi matin. Concernant l'encerrona d'Antonio Ferrera on peut penser que s'il a accepté d'affronter seul six toros d'Adolfo Martin, le natif d'Ibiza n'a pas l'intention de se contenter de faire de la figuration sur le sable du Plumaçon. Rappelons qu'après une période idyllique avec le public du Sud Ouest au début de sa carrière, la rupture a vite été consommée et un lourd passif s'est instauré depuis. L'aficion espère donc avoir le plaisir de découvrir enfin la plénitude que l'ancien monsieur 100 000 volts du toreo a désormais atteinte si l'on considère ses très convaincantes prestations espagnoles de ces dernières années.
 

Il est important de signaler aussi l'annonce récente d'une corrida à Orthez :

Mercredi 14 juillet
17h30   corrida desafio 
Juan Luis Fraile - Pedres - Fraile de Valdefresno - Sanchez Herrero - El Risco - Julio Garcia
Octavio Chacon - Alejandro Marcos - El Adoureño
 

ainsi qu'à Tyrosse :
 
Dimanche 18 juillet
corrida
Pagès-Mailhan 


Décidément, après le silence de mort de 2020, le mois de juillet 2021 s'annonce comme tonitruant en France !


  

samedi 8 mai 2021

Éclaircies

   

 
   On le sait, la tauromachie est en crise permanente. Et de ce point de vue on a été gâté ces derniers temps. D'un côté la crise sanitaire, d'un autre côté l'agressivité antitaurine de certains partis politiques espagnols. Mais ces derniers jours le sombre voile de pessimisme qui s'était abattu sur le monde taurin s'est un peu déchiré ...

   D'abord sur le front de l'épidémie. L'Espagne retrouve peu à peu un mode de vie qui, s'il ne permet pas les grandes ferias populaires de type San Fermin, va tout de même donner la possibilité d'organiser dans des conditions convenables de nombreuses corridas.
   La France, quand à elle, est semble-t-il en train de se dégeler. Les progrès de la vaccination sont nets et l'on s'achemine vers un été taurin tel qu'on n'a pas oser le donner l'an dernier.
   Bien sûr rien n'est encore définitivement gagné et de nombreuses inconnues subsistent en particulier l'important problème des jauges autorisées, mais l'annonce toute fraîche (on y reviendra) de corridas à Orthez et Tyrosse et d'une feria taurine d'importance pour la Madeleine montoise est un nouveau signe encourageant.
 
   Ensuite sur le front politique. Nous pensons ici, comme la grande majorité des aficionados, je crois, que la tauromachie appartient à tous et que sa meilleure défense consiste donc à avoir des partisans dans tous les camps (voir ici pour ce qui concerne la gauche). Mais ces dernières années, la visibilité et l'agressivité permanente du puissant lobby antitaurin sur la scène médiatique et sur le terrain idéologique, largement favorisées par le développement d'internet, a pu laisser croire à certains représentants politiques que le discours antitaurin ou, pour les plus madrés, une sournoise neutralité teintée d'hostilité, pouvait favoriser leur succès. Mirage du monde virtuel !
  Avec le retour du monde réel, celui des votants, les élections madrilènes viennent de nous offrir un salubre et réjouissant démenti à cette croyance. Car il est patent au vu de la très nette victoire d'Isabel Diaz Ayuso qu'une conclusion, modeste mais très importante pour nous, peut être tirée de ces résultats. La voici : soutenir ouvertement la tauromachie (et la candidate a assumé ce soutien jusqu'au bout) n'enlève pas la moindre voix lorsque l'on se présente devant le suffrage du peuple. C'est déjà beaucoup et c'est une bonne leçon pour tous les politiciens pusillanimes !
   Mais il n'est pas interdit d'aller plus loin et de penser que le fait de se déclarer antitaurin a pu empêcher certains partis de se développer au delà de leur cercle de petits bourgeois intellectuels et bienpensants de centre ville. Il y a en Espagne, et en particulier dans la région de Madrid une importante aficion populaire qui ne peut se retrouver dans ces partis au discours antitaurin (et qui plus est donneurs de leçons), fussent-ils de gauche. 

   Ces éclaircies sont les bienvenues. Ne boudons pas notre plaisir ... en attendant de nouvelles épreuves.



    image : Claude Monet