mardi 26 mai 2009

Liste des toreros tués en France

Ce sont 16 toreros qui, en un siècle et demi de tauromachie française, ont péri (ces statistiques ne prennent pas en compte la course camarguaise ni la course landaise).
  • 1866 Francisco Carrasco "Mathas" novillero à Nîmes
  • 1894 Nicolas Alvarez "Mallet" banderillero à Avignon par Croquemort de Desfonds
  • 1896 Severino Perez "Titet" novillero à Perpignan
  • 1896 Manuel Comeche "Espartero de Valencia" novillero à Nîmes par un toro de Dijol
  • 1905 Miguel Villalonga "Fabrilito" novillero à Nîmes par Bosco de Papinaud
  • 1913 Eduardo Serrano "Gordet" novillero à Toulouse par un toro de Victorino Cortes
  • 1913 Juan Garcia novillero à Istres par un toro de Lescot
  • 1920 Agustin Garcia Malla matador à Lunel par un toro de Lescot
  • 1921 Isidro Marti Flores matador à Béziers par Aceituno de Alipio Perez Tabernero
  • 1922 José Belza novillero à Nîmes par un toro de Robert
  • 1925 Martin Basauri "Pedrucho II" novillero à Marseille par Ramoneur de Saurel
  • 1932 José Andres "Andresillo" banderillero à Auch par un toro de Lescot
  • 1941 Emilio Soler "Canario" novillero à Marseille par un toro de Lescot
  • 1951 Juan Evangelista "El Blanco" banderillero à Miramas par Azulejo de Lucien Cartier
  • 1999 José Muñoz picador à Vic Fezensac par Manchonero de Victorino Martin
  • 2017 Ivan Fandiño matador à Aire-sur-l'Adour par Provechito de Baltasar Iban
source : André Lopez Lorente Nomenclature en hommage aux victimes du toreo édité par la Société Taurine "La Muleta" 2007

vendredi 22 mai 2009

Hommage à José Muñoz, picador de toros

Il y a très exactement 10 ans, se nouait à Vic Fezensac un drame taurin qui vit le décès du picador José Muñoz, écrasé sous son cheval à la suite de la chute provoquée par le toro Manchonero de Victorino Martin.
En 10 ans, le monde a quelque peu changé, internet s'est développé, les blogs sont apparus. Mais les cahiers d'écoliers existaient déjà et les tiroirs pour les y ranger aussi. J'exhume donc aujourd'hui ce que j'avais écrit le lendemain de ce jour où la mort rôdait sur Vic Fezensac. Il s'agit de la simple description de ce que j'ai vu depuis les gradins.

" Lorsque Uceda Leal eut mis son toro en suerte, José Muñoz tenta vainement de manœuvrer son cheval pour lui faire prendre une position adéquate; malgré les coups d'étriers qu'il lui donnait, le cheval restait désespérément immobile ce qui suscita des quolibets dans le public; au bout de plusieurs secondes un péon s'avança vers le toro - celui-ci n'avait pas déclenché sa charge puisque rien ne bougeait en face de lui- et à l'aide de sa cape le rapprocha du cheval; d'un coup de tête, le toro renversa alors cheval et picador; le piquero se trouva bloqué par la barrière près de laquelle il se trouvait et ne put pas se laisser tomber à distance du cheval; le cheval entièrement retourné par la puissance du toro retomba sur le picador; ils restèrent ainsi plusieurs secondes car le toro s'acharnait sur le cheval, puis un quite éloigna le toro, le cheval fut enlevé et José Muñoz, désarticulé et déjà quasiment mort, fut amené rapidement à l'infirmerie de la plaza. Le fait que le cheval soit resté avant et pendant la pique sans réaction laisse supposer qu'on lui avait injecté une dose massive de calmants."

C'est ainsi que j'ai vu mourir José Muñoz. Ces images ne m'ont pas quitté.




photo : AP


NB La cuadra de caballo qui officiait à l'époque à Vic n'était pas la même qu'aujourd'hui.

dimanche 17 mai 2009

Toreros para la historia 1

A quoi ressemblait le déroulement d'une corrida au début du XXème siècle? Grâce aux tous premiers documents tournés peu après l'invention du cinématographe, le premier volet de la série de Fernando Achucarro donne sans doute la meilleure réponse possible à cette question qui taraude tout aficionado. Depuis la sortie du toril, avec les picadors déjà en piste, jusqu'à la mort, toutes les phases de la lidia sont présentes dans cette compilation d'une quarantaine de minutes dont le but est aussi de nous montrer, même de manière fugace, les principaux toreros de l'époque. Ricardo Torres "Bombita" et José Gomez "Joselito" sont ceux que l'on voit avec le plus de continuité.
Quelques images frappent l'esprit : l'arrivée en calèche de Luis Mazzantini aux arènes de Madrid en 1901, le style particulier de Machaquito pour tuer, la mort encastée d'un toro con trapío à Valence.
Les quites sont le moment où les toreros peuvent montrer leur brio et leur virtuosité. Mais ils répondent aussi à une nécessité absolue de la lidia car il est impératif de détourner le plus rapidement possible le toro du cheval (non protégé) et du picador (souvent à terre). Il s'agit également de détourner le regard du public du spectacle peu ragoûtant que constitue le cheval blessé ou agonisant.
A la muleta, les passes hautes, le toreo genou plié, les molinetes sont donnés avec une grande élégance. Il n'est bien sûr pas question de conduire la charge du toro sur une grande distance pas plus que d'enchaîner les passes sans solution de continuité comme cela se fait aujourd'hui.
L'impression que me donnent ces images est que toréer, à cette époque, c'est affirmer sa capacité à défendre son terrain contre les assauts du toro et si possible le faire avec élégance. C'est ce que réussit souvent Joselito, que l'on voit ici, au début de sa carrière, à Séville, le jour de son alternative en 1912, et à Madrid, l'année suivante, lors de la despedida de Bombita. "Joselito, qui pratiqua merveilleusement l'art prestigieux du toreo à la Pepe-Illo, fut, à coup sûr, l'intelligence vive naturelle la plus extraordinairement sensible. Aussi le toreo en ses mains paraissait-il magie, prodige, merveille, intelligible jeu de Birlibirloque." (José Bergamin)


Et pourtant, c'est Joselito que les toros tuèrent.

Joselito expuesto en su casa de Madrid, dessin de Vázquez Diáz

mardi 5 mai 2009

Grain de sable

Cette année, comme chaque année, je mourrais d'envie d'aller à Séville.
Mais le grain de sable!
Cette année, comme (presque) chaque année, au fur et à mesure que parvenaient les compte-rendus catastrophiques, je remerciais le grain de sable.
Ça dure depuis toujours. Bien sûr, il y a les bénis des dieux - j'en connais - qui sont allés à Séville juste l'année où Curro a été sublime chaque jour.
Mais en cet an de grâce 2009, il semble que l'on soit tombé bien bas, au point que l'Union des Abonnés de Séville s'est fendue d'un communiqué incisif...qui, n'en doutons pas, fera changer les choses.
Alors l'an prochain, c'est promis, la feria sera grandiose...et j'y serai...


NB Pour les non hispanophones, le communiqué remet en cause le maintien de l'empresa Pagès à la tête des arènes de Séville. Il lui reproche le manque d'imagination des cartels ainsi que la présentation des toros, impropre d'une plaza de première catégorie.
En ce qui concerne les éleveurs voici la traduction du paragraphe 3 :
Nous censurons la grande majorité des ganaderos pour la préoccupante dégénérescence dans l'élevage du toro brave. Avec la sélection qui se pratique aujourd'hui nous observons des toros qui manquent de mobilité, de caste et de force pour supporter une lidia complète, cette situation aboutissant à des spectacles tels ceux que l'on a vus ces derniers jours à Séville, où la suerte de varas dans la majorité des cas est simulée, la fadeur des charges réduit les éléments essentiels de la fiesta que sont l'émotion et l'art véritable, ainsi qu'une faiblesse et invalidité des toros qui constituent une dégénérescence et une manipulation de la lidia.