dimanche 22 mai 2022

Le retour des toros en Gironde

    Après les affolements covidiens qui ont conduit à deux années sans festejos majeurs, le mois de juin verra le retour à une situation normale en Gironde avec les traditionnelles novilladas et corridas de Captieux et de La Brède.

 

     Captieux

Dimanche 12 juin
17h   novillada
Alcurrucén
Yon Lamothe - Jorge Molina - Cristian Parejo

 

 
     La Brède 

Samedi 25 juin 
11h30  novillada sans picadors
Alma Serena - La Espera
Juanito - Cristiano Torres

18h   corrida
Fuente Ymbro
Curro Diaz - Juan Leal - Dorian Canton
 






lundi 16 mai 2022

L'esprit de la bravoure

    Les aficionados ont répertorié dans le comportement du toro de lidia un certain nombre de signes distinctifs de bravoure. Pousser contre cheval et piquero, arc-bouté sur son arrière-train (los cuartos traseros), en est un bien connu. Un autre, juste antérieur dans le déroulement du combat, est son inverse.  Lorsque, sous la force de l'impulsion et de l'impact, le toro soulève ces mêmes pattes arrière. Un moment rare et spectaculaire. Ce dimanche 15 mai, jour de San Isidro, Majadero premier toro de la ganaderia El Parralejo, s'est retrouvé un long instant avec le train arrière comme happé par le ciel, semblant ne pas vouloir retomber sur le sable de la plaza. Un moment où flotta sur l'arène l'esprit de la bravoure.

















   Mais les hommes aussi sont braves et particulièrement les toreros. Cet esprit flotta à nouveau et se diffusa sur toute la plaza lorsque Gines Marin, grièvement blessé dès le début de sa faena au troisième toro (on vit très nettement la corne transpercer la cuisse de part en part) se maintint en piste jusqu'à la mort de son adversaire avant de rejoindre l'infirmerie sur ses propres pieds. En toute simplicité, sin aspavientos. En torero.

jeudi 12 mai 2022

Quand El Juli se croise

    ... il commotionne Madrid et y fait, enfin, l'unanimité. Et même si, pour deux pinchazos, Julian n'est pas sorti par la grande porte (laissons là ces affaires de comptabilité) il a mis Las Ventas en folie et a écrit une des grandes pages de la plaza madrilène.
   Le maestro avait déjà coupé une oreille à son très noble premier cinqueño devant lequel il excella en véroniques et qu'il tua d'une manière plus sincère qu'habituellement. Mais Gañafote, le quinto La Quinta, est un toro difficile : abanto de salida, de charge incertaine, brusque, con extraños. En se plaçant toujours dans le terrain du fauve, Juli établit peu à peu sa domination, règle et améliore la charge et finit par donner des passes d'une longueur et d'une profondeur inimaginables quelques minutes auparavant. Le public  est debout et rugit de plaisir, la plaza - comme la bête - est rendue. Il ne reste plus qu'à tuer ... on connait la suite et El Juli finit en larme dans le burladero. Qu'importe ! La vuelta al ruedo est apothéosique et le souvenir de cette faena rejoindra celui des plus grandes vues en ces lieux.



dimanche 8 mai 2022

Génie de Morante

    Voir cette œuvre, vivre ce moment - même à travers le petit écran - c'est, pour un morantiste, pour un aficionado tout simplement, accéder au Paradis, un paradis qui mêle l'émotion la plus profonde avec un sentiment de perfection indépassable.
   Il faut d'abord préciser qu'un tel chef-d'œuvre n'a été possible que parce qu'il y eut rencontre d'un torero et d'un toro. Aucune des bédigues de Garcigrande sorties mercredi ne l'auraient permis. Ballestero, pourtant du même élevage, était différent. Il se substitue à un invalide du fer titulaire d'Alvaro Domecq. C'est un imposant cinqueño, negro, de 550 kg. Il se montre très compliqué à la cape lors d'une réception inhabituellement longue et peu brillante. Le toro est méfiant, parcourt toute la plaza, fuyant. Morante donne beaucoup de passes dans le but de canaliser sa charge, il y parvient quelque peu en toute fin. La première pique est prise au réserve (carioca). La seconde au picador de turna (nouvelle carioca). Face à une charge brusque et incertaine, Juan José Trujillo prend des risques aux banderilles et se fait applaudir. A la fin du second tercio, le toro est à nouveau au toril, il faut aller le chercher et Lili se trouve en difficulté. Morante, à la barrière, observe, souriant, et lance une plaisanterie à son peon. Ces longs moments de brega ont certes montré que Ballestero avait gardé toute sa puissance et suivait la cape sans hésiter mais, à ce stade, rien n'est écrit, rien n'est prévisible. Il faut un torero et il y a Morante. Le chef-d'œuvre peut commencer.
   Comment peut-on donner la faena entière dans un terrain si réduit alors que le toro vient de passer la moitié de sa vie publique à visiter le vaste ruedo de la Maestranza ! Comment peut-on dominer avec ce naturel un toro qui a une charge si soutenue ! Et quelle ligazon dans les passes ! Comme le toro passe près du corps ! Comme la muleta parait petite mais ferme et douce à la fois, imposant au toro des trajectoires toujours maîtrisées.
   Je n'ose imaginer ce que fut cette faena pour les privilégiés qui l'ont vécue dans la plaza avec les vibrations des vieilles pierres de la Maestranza, la chaleur du olé de Séville, la folie d'un public acquis au génie de Morante.



samedi 7 mai 2022

Un tercio de piques

    Le second Nuñez del Cuvillo trébuche à plusieurs reprises, à nouveau à la sortie de la première pique. Mouchoir vert présidentiel. Espantoso, 573 kg, sobrero du même fer va nous valoir un tercio de pique sortant de l'ordinaire.
   Il se précipite avec fougue vers le cheval et soulève son avant-train, puis s'acharne dans sa poussée. A caballo levantado ! L'équilibre semble à tout moment devoir se rompre mais cavalier et cheval, avec un sang froid remarquable, parviennent à éviter l'effondrement. Vive émotion et grande ovation.
   La deuxième pique, plus classique, est excellemment donnée et confirme la bravoure du toro. José Palomares, piquero de Juan Ortega, quitte le ruedo sous une unanime ovation.
   Ce public sévillan, si prompt à s'enthousiasmer pour l'art ou le travail des matadors - et il ne manqua pas ce jour d'occasions de le faire - est également capable d'exprimer son intérêt, voire sa passion, pour un beau tercio de piques. Voilà qui est réconfortant ... mais hélas trop rare en ces lieux.



vendredi 6 mai 2022

Paco Ureña, toujours présent

    Paco Ureña avait été le triomphateur de la temporada 2019 et aurait dû en recueillir les fruits en 2020. On sait ce qu'il en est advenu. 2021 a été une année noire pour lui : problèmes d'apoderamiento, croche-pieds du mundillo, perte de moral et, pour couronner le tout, grave blessure lors de son dernier contrat de la saison. Et 2022 a commencé dans la difficulté. Le mundillo taurin est bien connu pour fonctionner sur d'autres critères que celui de la reconnaissance du talent : il est exclu de Valence, de Séville, de Madrid. Il n'a dû sa participation à la San Isidro qu'à sa proposition de tuer six toros en solitaire et il se retrouvait ce jour à Séville en substitution d'Emilio de Justo.
   Face à un très mauvais lot de Garcia Jimenez, le Lorqueño a montré qu'il était  toujours là, avec son toreo engagé, pur, parfois marqué d'accès baroques. Face à son premier adversaire, retors et incertain, il fut d'une sincérité totale qu'il paya d'un voltereta impressionnante mais heureusement sans conséquence grave. Tout au long de l'après midi il a montré qu'il était toujours un torero de classe et de pundonor.
   C'est une bonne nouvelle. On devrait pouvoir compter sur Paco Ureña durant cette temporada. Suerte maestro !



jeudi 5 mai 2022

Séville, ville moderne

    Les temps changent. Une  nouvelle rubrique ''Vu à la télé'' s'impose. Non pas reseñas complètes, d'autres le font très bien, mais quelques mots sur un moment "vécu" à travers le petit écran.

   Nouvelle Porte du Prince hier à Séville. Après celles de Daniel Luque et de Tomas Rufo, la troisième depuis le début de la feria. La septième pour le Juli, dans son jardin sévillan. Quel paradoxe ! El Juli torero de Séville ! Julian Lopez est pourtant l'exact contraire de Curro Romero qui fut le grand torero de la ville au cours de la seconde moitié du siècle précédent. Les Sévillans aiment donc aussi ce qui fonctionne et s'il est un torero qui fonctionne parfaitement c'est bien le Juli. Tout ce qu'il a fait hier fut exactement adapté au toro, au public, aux circonstances. Et terriblement efficace. Pourtant son toreo manque de profondeur, conséquence de sa réticence à fouler des terrains plus risqués. Son toreo manque aussi d'art. On ne le lui reprochera pas car l'art ne se commande pas et le Madrilène a su compenser cette absence par des faenas d'une grande fluidité et d'un grand naturel mais aussi par un temple parfait - jamais le toro n'a accroché sa muleta lors de la première faena, dont les excellentes passes de poitrine furent la conclusion parfaite de ses séries. Faut-il parler des estocades ? Rien de nouveau dans ce domaine : Juli a inventé et systématisé le julipié et ne sait tuer que de cette manière. Le saut qu'il effectue pour passer la corne a pour conséquence un placement très en arrière de l'épée. Un président responsable aurait dû calmer les ardeurs du public sévillan et n'accorder qu'une seule oreille à son premier toro.
   Les toros justement. De Domingo Hernandez ''Garcigrande''. La perfection ! Ils en rêvaient, Domingo Hernandez l'a fait ! Avec suffisamment de bravoure pour charger. Avec aussi cette pointe de mansedumbre qui les conduit à s'ouvrir vers les barrières et donc à garder une charge légère et sans réelle codicia. Avec suffisamment de force pour ne pas s'écrouler ni se réserver. Une alchimie parfaitement réussie - sauf lorsque la mansedumbre prend le dessus -, exactement celle que Juan Pedro Domecq a échoué à obtenir.
   On peut prévoir un avenir radieux à la feria de Séville. Il y a pléthore de bons toreros et l'on peut imaginer désormais des Portes du Prince quotidiennement ouvertes. Séville, ville moderne.