mardi 26 septembre 2017

Logroño



























Samedi 23 septembre 2017   Plaza de toros couverte La Ribera   Logroño (La Rioja)
beau temps
demi-arène

6 toros de Victorino Martin, braves et nobles (12 piques, vuelta à Verdadero, le second) pour Curro Díaz (une oreille, silence), Juan Bautista (deux oreilles, une oreille) et Roman (silence, applaudissements)

Remarquablement présentés (tous furent applaudis à leur sortie), sans un atome de graisse, aux armures offensives mais harmonieuses, les toros de Victorino Martin ont permis à la feria de San Mateo de se terminer par une tarde triomphale. Ce fut, à la vérité, un lot de Victorino que l'on pourrait qualifier de moderne. C'est à dire d'une bravoure discrète au cheval et d'un comportement avenant à la muleta. Tous, à des degrés divers, permettaient  en effet de construire des faenas de qualité. La palme dans ce domaine revint à Verdadero, le second, dont la charge franche et inépuisable sur les deux axes toucha le public au point que (comme souvent en pareil cas) celui-ci  demanda l'indulto. Un président con criterio ramena le tout à son juste prix : une vuelta al ruedo.
Mais le véritable triomphateur de l'après-midi fut un torero. Un torero qui vit actuellement une période de plénitude torera. Tout ce que fit aujourd'hui Juan Bautista sur le sable de la plaza de Logroño, que ce soit à la cape, à la muleta ou épée en main fut marqué sous le sceau de la classe, de la sincérité mais aussi de l'efficacité lidiadora. Parmi tant d'excellence, je mettrai en exergue ses mises en suerte au cheval, remarquables de variété, de précision, d'art.
Curro Díaz donna au premier toro une faena belle et concise, parfaitement adaptée à son adversaire. Une oreille après une entière desprendida.
Roman, qui ne tuait que sa deuxième corrida de Victorino, eut en outre le désavantage de passer après Juan Bautista. Malgré ses efforts il eut du mal à trouver la bonne distance et le bon rythme face à deux adversaires de qualité, en particulier le sixième, le plus encasté du lot.

mercredi 20 septembre 2017

Ramuntcho


   Il y a chez les écarteurs gascons comme chez les matadors de toros des toreros de classe. Christian Vis "Ramuntcho" en faisait partie. Si, des courses landaises de mon enfance dans les arènes de Saintgor où les frères Vis étaient toujours présents, je me souviens surtout de Guillaume, le cadet, plus spectaculaire et plus controversé, c'est en 1976, quelques années plus tard, lors de sa victoire au concours landais de la Madeleine, que je découvris vraiment l'art de Ramuntcho. Ce jour-là, la beauté profonde des écarts de l'aîné des frères gitans me fit sentir à quel point la tauromachie landaise pouvait être parfois, au même titre que l'espagnole, une discipline capable d'atteindre une réelle dimension artistique. Lorsqu'il m'arrivait par hasard d'apercevoir Ramuntcho, maigre comme un loup qui a refusé de porter le collier, autour d'une arène, je repensais toujours à sa superbe sur le sable du Plumaçon. Qu'il repose en paix.

NB   Un livre lui avait été consacré il y a quelques années :
Maurice Violet, Ramuntcho, prince des écarteurs, 1994


dimanche 17 septembre 2017

Retour heureux de Fernando Cruz

   La plaza de toros de Casarrubios del Monte (Toledo) n'est pas de celles qui créent l'événement. Et ce qui s'y passe n'a pas vocation à rester dans les annales de la tauromachie. Mais pour ceux qui aiment le toreo de Fernando Cruz ce samedi 16 septembre 2017 n'était pas un jour comme les autres : après quatre années sin torear, à Casarrubios del Monte (Toledo), Fernando Cruz a toréé et tué deux toros.
   Grâce à la télévision de Castilla La Mancha on pouvait suivre la corrida sur son petit écran.
   La vérité oblige à dire que tout a commencé médiocrement. Caramesino de Los Eulogios est un toro d'apparence discrète mais qui peut se facher lorsque, par exemple, il poursuit les banderilleros jusqu'aux planches. Hormis deux véroniques et deux derechazos, Fernando se montre desconfiado et en termine d'une affreuse estocade atravesada.
   Tout va changer à la sortie de Noticioso, un toro basto, distrait, sin fijeza de Daniel Ramos. Le toro a néanmoins montré qu'il possède un fond de caste en se précipitant sur le piquero dès qu'il l'a aperçu. Fernando l'entreprend avec décision et la faena connaitra d'excellents moments. Derechazos, remates par naturelles et pecho, ayudados por bajo sont empreints de classe et de naturel. Le public chante ses olés, le visage du torero s'ouvre, il sourit et finit très ému lorsqu'il regagne les barrières, sous l'ovation, après une estocade desprendida.
   Fernando s'est senti torero, il est heureux et nous aussi.