vendredi 26 août 2011

Bilbao, mardi 23 août 2011



 Principe de base de l'aficionado (comme du torero) : savoir attendre (aguantar).

Les toros de Nuñez del Cuvillo
Aux antipodes du toro actuel habituellement lourd, manso, rajado ou bobalicon.
Ceux du jour : braves, mobiles, nobles, con alegria... et une pointe de genio.
Une alchimie rare mais précieuse.
Nobles y con genio car ils furent des toros exigeants, francs dans leur attaque mais toujours prêts à donner de la corne à droite ou à gauche, toujours prêts à un retour fulgurant.
Braves : tous sortis au galop cherchant le combat; tous morts bouche close en résistant; 13 piques sans hésitations, quelques unes a caballo levantado, d'autres en poussant jusqu'aux planches, d'autres - un bémol - en sortant seuls.
Alegria dans la charge : capacité à illuminer le gris du sable et le gris du ciel.

Genèse d'une faena
Dès sa sortie, Cacareo laisse apparaître une coquetterie dans le galop. Pas une vraie boiterie, pas une faiblesse mais, parfois, comme une irrégularité, une ébauche de claudication. Habituelles protestations du public et hésitation générale, on attend que le toro trébuche pour de bon ou qu'il s'affale pour que le président sorte le mouchoir vert. Mais rien de tout cela, malgré le désordre de la lidia le toros va a mas, prend deux piques et ne montre aucun signe de faiblesse. Morante s'avance vers lui avec sa cape, le toro y plonge sans hésiter et répète avec codicia... Des possibilités s'ouvrent ... La résignation  (on ne verra rien ) fait place à un espoir encore fragile. Car le picador, malgré la sonnerie des clarines, est toujours là en embuscade, la cuadrilla regarde ailleurs et le toro vient prendre une troisième pique.
Après un tercio de banderilles sans problème, Morante attaque Cacareo par des doblones impitoyables, certains donnés à deux mains, en gagnant le centre. Moment magnifique mais incertain car on ne sait (Morante le sait-il lui-même?) s'il s'agit du prélude à une grande faena ou à une estocade crapuleuse. Sur les étagères les avis sont partagés... Et Morante met sa muleta dans la main droite... La suite, il faut l'avoir vue ou l'imaginer. Mais attention, pas de contresens, il ne s'agit pas d'une faena faite de langoureux étirements. Non, une faena de lidiador, maciza, profonde, inspirée, construite. Elle se termine comme elle avait commencé, par du toreo à deux mains, cette fois de classiques ayudados por alto.

Les deux autres
José Maria Manzanares s'accroche face au 5 qui a ses aspérités, et finit par le dominer. Bonne estocade. Oreille. Mais qu'il est difficile de passer après Morante!
David Mora est remarquable à la cape dans deux quites, l'un par chicuelinas, l'autre par gaoneras. Très bonne faena au 3 en citant de loin mais échec à la mort. Face au 6, il prend tous les risques devant un toro aux charges courtes et brusques.

Aujourd'hui était le jour.

Photo : Alfredo Alda/EFE

jeudi 25 août 2011

Dur d'être un Miura...

Si vous pesez moins de 600 kg, on vous dit petit et fuera de tipo.
Si vous êtes brave et noble, le chœur des toristas éplorés déclame que décidément les miuras ne sont plus ce qu'ils étaient.
Si vous êtes un vrai fils de pute et sautez au cou du cheval  et au ventre du matador, le chœur des vierges toreristas vous traite de morucho.
Mais tout le monde se met d'accord, avec raison, lorsque vous êtes invalide pour vous juger inapte au combat de l'arène.

Pour le retour des Miura à Bilbao, après presque une décennie d'absence, j'ai vu (par l'intermédiaire du petit écran) quelques très beaux toros (le 1 sardo de 549 kg, le 3 cárdeno de 535 kg), un toro brave et exigeant (le 1), deux fils de pute (le 4 et le 5). Ce qui fait trois toros intéressants (une bonne moyenne), mais, hélas, pas de toro complet et surtout deux toros invalides qu'il fallut renvoyer au corral. Chez Miura un problème récurrent qui n'a toujours pas trouvé de solution.

... Mais c'est encore plus dur d'être un matador de Miura. Les trois du jour se firent violemment prendre, heureusement sans conséquence grave. Juan José Padilla lors de l'estocade au 4 qui lui mit la corne dans le ventre. Rafaelillo sur un extraño du 5, au cours d'une faena héroïque. Raul Velasco par le 3 dès son troisième doblon. Honneur à eux qui se montrèrent courageux et professionnels.

mardi 16 août 2011

Roquefort 2011 une excellente journée taurine


Tout a commencé, en ce dimanche 14 août, par un hors d'œuvre savoureux composée de quatre erales de Gallon, nobles avec, pour les trois derniers, une pointe de genio qui donna du piquant à la matinée.
Abel Robles et Fernando Rey firent tous deux preuve d'un excellent bagage technique. Avec pour le Catalan du Centre Français de Tauromachie un classicisme de bon aloi qui sent encore un peu le bon élève appliqué.
Le malagueño F. Rey a, lui, plus de spontanéité et même de capacité à improviser. Il connecte facilement avec le public... et avec ses novillos, en foulant les terrains adéquats et en templant les embestidas. Mais il a encore tendance à vouloir trop en faire ce qui lui valut des fins de faenas difficiles face à des novillos encastés qui reprenaient l'ascendant.
Deux novilleros avec lesquels on devrait pouvoir compter l'an prochain dans la catégorie des novilladas piquées.

Le plat de résistance de la journée était servi à partir de 18 heures. Et quel plat! Un lot de novillos de Fidel SAN ROMAN (encaste Villamarta par Guardiola) d'un trapío extraordinaire. Tous ovationnés à leur sortie (sauf le quinto aux cornes abîmées) avec, au final, un sixième à la beauté sculpturale. Un lot qui ne se fit pas prier pour aller au cheval (14 piques, 2 chutes). A la muleta, le 1 est bronco et le 5 parado, mais les quatre autres recèlent une belle noblesse avec des charges profondes. Certes pas des toros de 80 passes mais, à  mon humble avis, de quoi donner 20 ou 30 passes parfaites car on pouvait les toréer en se livrant pleinement. Ce qui bien sûr n'arriva pas... les miracles sont rares.
Revenons sur le sixième car, outre son trapío parfait, il était aussi d'une grande bravoure et noblesse. Hélas une vuelta de campana à la sortie de la première pique l'empêcha certainement de donner sa pleine mesure. Toutefois le grand moment de la course vint à la troisième pique. Déjà lourdement châtié ( deux piques en poussant fort plus la vuelta de campana), il est replacé à distance pour une troisième charge, accourt au galop à l'appel du piquero et pousse de tout son corps, les deux cornes bien plantées dans le peto. L'ovation est tonitruante, englobant toro et picador (Juan Charcos Reinosa), malgré la position un peu trasera de la pique. A la muleta, il charge sur les deux cornes avec une remarquable franchise mais très vite l'énergie lui manque et sa charge s'éteint. Vuelta malgré tout pour ce brave guardiola qui nous a rappelé les glorieux combats de ses ancêtres des années 70 et 80. A noter par ailleurs la bonne corrida récente de Salvador Guardiola à la feria de Malaga. Un encaste qui ne demande qu'à revenir au premier plan.
Mais revenons à Roquefort et aux novilleros du jour.
Carlos DURAN fait partie des humbles de la profession. Il torée peu, n'a pas la planta torera, mais il s'applique, essaie de faire les choses bien. Au quatrième, quelques bons moments sur la corne droite et une bonne estocade lui valurent une oreille.
Mathieu GUILLON a manqué de corazon.
Javier JIMENEZ mena une lidia parfaite face au 6, puis par son positionnement sincère il réussit , tant que le novillo avait de la charge, à donner des muletazos de qualité. Une excellente estocade et une oreille.

Pour votre serviteur, cette journée roborative avait été précédée, le vendredi, par un apéritif dacquois aigrelet servi avec des tapas avariées. Un lot sans trapío, faible et complètement décasté d'El Pilar devant lequel seul Morante, au 4, se justifia.

Et suivie, le lundi et toujours à Dax, d'un champagne éventé venant des caves extremeñas de don Victorino Martin. Six animalcules peu armés, indignes d'une plaza sérieuse. Les seules bulles vinrent d'une très jolie faena de Sergio Aguilar et d'une autre faena très templée de Diego Urdiales.

NB Victor Barrio novillero initialement prévu au cartel de Roquefort va bien. Merci. Si vous voulez des nouvelles plus complètes vous en trouverez sur le blog Aficion a los toros de Florent Moreau.

mardi 9 août 2011

Parentis : piquants Valdellan

Il m'est venu à l'esprit à la fin de cette novillada que les toros des années 40 et 50 devaient ressembler au physique comme au moral à ce lot de VALDELLAN combattu dimanche à Parentis. Le scandale de ces  années là étaient que des novillos étaient combattus à la place de toros par les plus grands maestros de l'époque (qui y rajoutaient de surcroît dès qu'ils le pouvaient un soupçon d'afeitado). Le scandale d'aujourd'hui c'est que plus personne ne veut les combattre et les organisateurs doivent se rabattre pour composer leurs cartels sur les novilleros les plus modestes qui soient.
Pas de graisse ou de muscle inutile qui étouffent, des armures sans exagérations. De la mobilité, du piquant, de la caste. Avec des scories : face au cheval, hésitations, contournements, poussées brèves; à la muleta des charges brusques et nerveuses. Mais aussi parfois une grande noblesse (le 4 et le 5 pour se régaler toreando) et surtout la volonté de ne jamais abdiquer, de toujours charger et recharger ce cheval (une vingtaine de piques) ou cet homme qui viennent faire intrusion sur leur territoire. Et quand l'heure de la mort a sonné ne pas s'effondrer, toujours faire face, tenir debout jusqu'au dernier souffle.
Deux novillos donc pour triompher, les autres pour montrer sa technique et (ou) son courage. En face trois modestes parmi les modestes. Modestes mais honorables : Daniel MARTIN, Juan Manuel JIMENEZ, Sergio BLANCO. Ce fut parfois pénible (les trois avis au premier novillo), souvent brouillon (les troisièmes tiers), parfois réussi (la cape et la brega). Avec mention au picador Roberto Barriga pour trois belles piques au quatrième, données avec la simplicité des choses évidentes.

vendredi 5 août 2011

Le taureau de New York



Difficile de photographier le taureau de Wall Street, tout le monde veut poser en sa compagnie. Bel exemple du pouvoir toujours actuel du mythe du taureau. En bonus donc une belle touriste inconnue.
Lorsque, par une nuit d'hiver de 1989, le sculpteur Arturo di Modica a placé, en toute illégalité, sa statue à Wall Street, il a déclaré  que son œuvre symbolisait "la force, le pouvoir et l'espoir du peuple américain pour le futur". Même si, depuis, les crises ont succédé aux crises, c'est encore à quelques mètres de là que se joue, dit-on, le sort du monde. En ce moment même ce sont les financiers de Wall Street qui mèneraient le bal dans la crise de la dette européenne...
Quant au peuple américain, il trime dur : à New York chaque jour des dizaines de milliers de manutentionnaires, cuisiniers, marchands ambulants, serveurs, trieurs de poubelles, éboueurs, nettoyeurs, gardiens en tout genre assurent à la perfection l'intendance d'une ville en perpétuelle effervescence. Quasiment tous afro-américains, portoricains ou émigrés de fraîche date.





Pas de doute, c'est un taureau. Avec celle de DSK, la plus célèbre paire de couilles de New York!




Comme un encierro immobile dans les rues de New York... le seul endroit de la ville où ça ne bouge pas.