mardi 27 novembre 2007

Toreo de salon et autres nouvelles du prix Hemingway 2005


Avec les éditions Au Diable Vauvert comme maître d'œuvre et éditeur, Simon Casas Production comme principal partenaire financier et Laure Adler comme présidente du jury, le prix Hemingway c'est pas de la gnognote.

Olivier Deck en fut le premier lauréat grâce à une courte et savoureuse nouvelle capillo-taurine qui montre qu'on peut "être torero" sans avoir jamais été torero.

Bien sûr, la faiblesse de ce genre de recueil c'est qu'on est dans l'inégal et l'hétéroclite. Mais c'est aussi son charme, on ne sait pas à l'avance sur quoi on va tomber : du léger ou du pesant, de l'humour tendre ou de l'ironie grinçante, un regard d'initié ou de néophyte.

J'ai bien aimé aussi l'originalité iconoclaste de L'homme qui tua Ferdinand le Taureau d'Antoine Martin.
Dans la veine "un regard tendre sur les humbles de la profession", L'ultime toro de Ramon Garcia d'Annie Barrière et La demi-estocade de l'Equatorien Ivan Oñate m'ont fait penser à ce chef-d'œuvre de la littérature taurine qu'est La grande saison de Fernando Quiñones, recueil de nouvelles de l'écrivain andalou paru aux éditions Verdier en 2003.
Quant au texte qui clôt Toreo de salon, une nouvelle d'anticipation d'Olivier Boura censée se dérouler en 2017, sa lecture fait froid dans le dos.


mercredi 21 novembre 2007

Un coup de poignard dans le dos des aficionados


Les faits

Le 3 octobre André Viard a envoyé au président de la République une lettre lui demandant "de ne pas interdire l'entrée des arènes à nos enfants dès lors qu'ils sont accompagnés de leurs parents". Cette lettre était signée par les différentes associations ayant paraphé l' ''Appel de Samadet'' alors que toutes n'étaient pas au courant du contenu de ladite lettre.

Les conséquences

  • Pour l'instant aucune du point de vue législatif; mais imaginons que le président de la République prenne l'auteur de cette lettre au mot et interdise l'entrée de tout spectacle taurin aux enfants non accompagnés de leurs parents!
  • La reconnaissance implicite de la dangerosité morale des spectacles taurins pour les enfants alors que les études statistiques sur la violence et les avis des spécialistes indiquent le contraire ( cf site FSTF).
  • La division du monde taurin puisque, devant une telle bévue, il a fallu que la revue TOROS essaie de rattraper les choses et lance des initiatives pour le statu quo de la législation actuelle. Au passage quelques amabilités ont été échangées et le consensus qui s'était dégagé lors de l'appel de Samadet a volé en éclat. Pour les amabilités voir le site Terres Taurines des 29 et 30 octobre ainsi que le blog de Campos y Ruedo du 2 novembre "La vieille dame" répond à André Viard.
  • Un homme complètement déconsidéré, André Viard, dont la naïveté butée (ou bien l'esprit de soumission) font peine à voir.

PS En me relisant, je m'aperçois que j'ai attribué à l'actuel président de la République des pouvoirs qu'il n'a pas. Jusqu'à nouvel ordre, en effet, et bien que cela ne saute pas aux yeux actuellement, nous vivons dans un régime de séparation des pouvoirs (séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires). Le président de la République ne décide donc pas des lois, il y a des députés élus pour cela. Or il me semble que ces gens-là ont d'autres chats à fouetter. (Décidément, il va aussi falloir que les amis des bêtes se préoccupent de nettoyer la langue française de ses expressions inconvenantes!)

samedi 17 novembre 2007

Ecologie et corrida

Depuis des années, je suis frappé par le fait que, très souvent, les mouvements écologistes (ou certains de leurs leaders) et en particulier le parti des Verts qui est censé les représenter sont partie prenante (voire à la pointe) dans les luttes contre les corridas. Cela me paraît être une aberration totale et il me semble, qu'au contraire, les écologistes devraient être de fervents défenseurs de la cause taurine.
Première raison : L'existence du taureau de combat
Sans corrida, il y a belle lurette que les taureaux sauvages auraient disparu de notre planète. Leur maintien, lié au maintien de la corrida, est un gage de biodiversité.
Deuxième raison : Les élevages de taureaux de combat
Ce sont des élevages extensifs qui utilisent de vastes domaines impropres à d'autres activités agricoles rentables. Grâce à la présence des taureaux, des milliers d'hectares sont entretenus et soustraits aux risques d'incendie qui seraient très importants si ces mêmes terres, laissées à l'abandon, devenaient des friches. En outre, la présence des taureaux éloigne toute activité humaine indésirable et permet à la faune sauvage de se développer en toute liberté.
Troisième raison : La préservation d'un rapport particulier aux animaux
Il s'agit de traiter chaque espèce animale en fonction de sa nature et de ce qu'elle représente pour nous. A ce titre, la manière dont est traité le taureau de combat est exemplaire. Il est élevé durant quatre années dans une liberté et une tranquillité auxquelles bien peu d'animaux élevés sur notre planète ont droit. Il est tué avec tout le respect dû à sa nature d'animal puissant et agressif : en public et en combattant.

NB
1- Ce texte doit beaucoup aux dits et écrits de Francis Wolff.
2- Pour ceux qui avaient cru à un danger du côté du Grenelle de l'Environnement, une petite visite sur le site internet permet de se rendre compte que la corrida n'avait rien à voir dans cette affaire autrement plus sérieuse et importante, et quand bien même il en aurait été question, elle n'avait rien à y perdre et sans doute à y gagner la reconnaissance de son utilité écologique.

lundi 12 novembre 2007

Philosophie de la corrida de Francis Wolff (2) - citations

Voici les premières lignes du livre de Francis Wolff:
"Il s'agit d'abord d'une tentative de traduction: à défaut de pouvoir se guérir de ses passions, un philosophe doit s'efforcer de les dire dans l'idiome de la raison. Il s'agit donc aussi, pour l'auteur de ses lignes, de s'acquitter d'une dette: rendre à la corrida un peu de l'expérience singulière qu'elle offre et des mille bonheurs qu'elle lui donne en les transposant dans une langue étrangère universellement accessible, celle des concepts et des arguments. Il s'agit en somme de faire d'un objet d'amour un objet de pensée." (Avant-propos, p9)
C'est ce que le philosophe a tenté - et réussi selon moi - dans son livre ainsi que dans les conférences qu'il donne actuellement. Dernièrement à Saintsever. J'ai eu personnellement l'occasion de l'entendre à Bordeaux où il fut grandement aidé dans sa tâche par un quarteron de brigittebardots locales qui lui donnèrent la possibilité de réfuter, avec maestria et sens de la tolérance, leur moralisme bêtifiant et désinformé.


"La corrida donne à ceux qui l'aiment et la comprennent des émotions, des joies, aussi profondes et raffinées que les arts les plus esthétiquement corrects." (p 10)

"En fait, ce qui est un ''art'', ce n'est sans doute pas la corrida elle-même, c'est ce que l'on appelle le toreo, c'est à dire l'action du torero qui leurre les taureaux lorsque, équipé d'une simple cape ou d'une muleta, il en provoque et esquive les charges successives. Le toreo obéit en effet aux règles les plus classiques des beaux-arts (peinture, musique, littérature) et répond à l'exigence fondamentale de tout art humain : mettre en forme une matière. Le toreo est l'art de donner forme humaine - familière - à un matériau brut - ou du moins étranger : la charge du taureau."
(p 13)


Qu'est-ce que la corrida? se demande Francis Wolff dans un prologue savoureux écrit sous la forme d'un dialogue socratique.
"Serait-ce une sorte de drame inclassable, l'ornithorynque des pratiques humaines, un défi à l'ordre établi entre jeu et sérieux, entre profane et sacré, entre représentation et réalité, entre tragédie vraie et performance plastique?" (p 15)