mercredi 27 octobre 2021

Deux films taurins : Nuestro tiempo et Dune

    Nous avions parlé en début d'année de l'indispensable livre de Guy Suire sur le cinéma et la tauromachie. Deux nouvelles œuvres cinématographiques d'importance sont sorties depuis.

Nuestro tiempo
 
   Ce film du cinéaste mexicain Carlos Reygadas retiendra l'attention des aficionados car il se déroule dans une ganaderia de l'État de Tlaxcala. On y voit de nombreuses scènes de campo qui dénotent la bonne connaissance du sujet par le réalisateur et même son aficion : vie des toros, tri, tienta a campo abierto. On y voit aussi le matador Sergio Flores s'entrainant. Pour rester dans le registre taurin, même si c'est plus anecdotique, lors d'une impressionnante séquence visuelle au cours de laquelle nous survolons la mégapole de Mexico, on reconnait la plaza de toros Monumental. Et le dernier mot du film revient aux toros : un violent combat les oppose qui se terminera par la mort de l'un d'eux. De fait, tout au long du film, le réalisateur met en correspondance ce qui relève de la nature, de l'instinct  et ce qui relève de la culture. Ainsi la magnifique première séquence durant laquelle des enfants jouent dans la boue d'un étang. Ainsi le sujet principal du film  qui montre un couple (les ganaderos) qui se délite lorsque l'attrait sexuel qui les unissait  se trouve remis en question. Le sujet est certes un peu convenu d'autant que ne manquent ni l'amant, ni le pacte d'infidélité entre époux. Mais le talent de Carlos Reygadas qui est l'un des meilleurs cinéastes mexicains actuels lui permet de donner, avec l'aide des toros, de l'intérêt à la situation.
   Pour terminer, il est nécessaire de préciser qu'il s'agit d'un film lent (3 heures) et d'une grande beauté formelle. Nuestro tiempo vient nous rappeler que notre temps n'est pas fait que de faciles séries de consommation courante, le cinéma qui prend son temps y tient encore sa place ... et les toros aussi.
 




Dune
   Ce n'est pas sans une pointe de satisfaction que les aficionados auront constaté que, dans son adaptation du chef-d'œuvre de science-fiction qu'est Dune, le cinéaste Denis Villeneuve a maintenu les références taurines que contenait l'œuvre originale de Frank Herbert.
   Le grand-père de Paul a en effet perdu la vie au cours d'un combat contre un taureau. C'est avec un grand respect pour cet ancêtre vertueux et exemplaire que, lors du départ pour la planète Arrakis, ses descendants font suivre la tête du taureau meurtrier ainsi qu'une sculpture et le portrait en torero de cet éminent membre de la famille Atréides. Ils continueront ainsi à orner la salle à manger du nouveau palais familial.
   La référence à la tauromachie parait logique si l'on rappelle que ce qui fonde le pouvoir des personnages principaux et notamment du héros Paul Atréides, c'est la maîtrise de soi, en particulier de sa peur, et la capacité à diriger, par sa force mentale, des puissances bien supérieures. En somme le fait d'agir en torero !


mercredi 20 octobre 2021

Aire-sur-l'Adour : novillada concours

 


Cette novillada concours aturine à l’alléchant cartel, initialement prévue le 1er mai, a bénéficié d’un temps magnifique mais a déçu par l’absence de novillo suffisamment complet pour remporter le prix.

   L’albaserrada de JOSE ESCOLAR est magnifiquement présenté mais il montre des signes de faiblesse. Trois piques malgré tout, la meilleure la dernière. A la muleta une charge réduite, de peligro sordo. Carlos Olsina est pris sèchement sur une tentative de naturelle et file sur ses propres pieds à l’infirmerie. Après intervention médicale, il en ressortira en fin de course pour lidier le dernier novillo.

   Artaban un burraco de YONNET arbore fièrement son armure, son absence de morillo le rend en revanche plus modeste. Il charge de loin au premier tiers pour deux piques en quatre rencontres (chiffres qui s’expliquent par la maladresse honnête du piquero) sans toutefois insister sous le châtiment. Il fait ensuite preuve d’une noblesse fade.

   Le buendía de FLOR DE JARA est bien roulé mais court d’armure. Il fait une sortie de manso puis prend trois piques sans se livrer. La muleta convaincante de Manuel Diosleguarde révèle sa noblesse.

  Avant l'arrastre de ce troisième novillo, l'émouvant recueillement au son du pasodoble Ivan Fandiño nous rappelle que les acteurs de ce spectacle extraordinaire qu'est la corrida se jouent le vie de verdad. On a trop souvent tendance à l'oublier.

   Ibarreño est un santacoloma léger de l’élevage craulenque de TURQUAY. Il remate aux tablas puis offre sur la première pique la meilleure poussée de l’après-midi, hélas ! il en sortira exsangue, comme annihilé par l’effort accompli. La deuxième pique ne sera qu’une formalité mais le petit novillo reprend des couleurs au troisième tiers où il aurait mérité un autre traitement que celui offert par Montero.

   Le pedrajas de L’ASTARAC est bien en chair mais sa motricité laisse à désirer, ce qui l’empêche sans doute de donner toute sa mesure. Il a la chance de tomber entre les douces mains de Diosleguarde qui le fera repartir au desolladero une oreille en moins.

   Le pupille du rare élevage AGUSTINEZ (croisement Veragua-Santa Coloma) a été décalé en sixième position afin de permettre à Carlos Olsina, sortant de l’infirmerie après opération, de le lidier. Le novillo fait illusion à sa sortie et permet au Biterrois une belle réception par véroniques et rebolera. Mais le novillo tire vite le rideau : deux piques anodines et plus de charge au troisième tiers.

   Chez les novilleros Manuel DIOSLEGUARDE (salut, une oreille) a fait excellente impression. Son toreo classique, élégant, efficace lui donne quelques atouts dans la perspective d’un passage au niveau supérieur.

   Carlos OLSINA est encore très vert et très maladroit. Son retour en piste après blessure et intervention chirurgicale plaide en sa faveur.

   Malgré une oreille (de peu de poids), MONTERO a confirmé ce jour sa mauvaise temporada.

   Cette novillada a connu peu de réussite mais la formule du concours a permis d’en maintenir l’intérêt jusqu’au bout.


lundi 4 octobre 2021

Parentis-en-Born (2)

 



 




















Samedi 2 octobre 2021    Parentis    nouvelles arènes Roland Portalier
temps couvert et doux
trois quarts d'arène
 
Six novillos de Los Maños (12 piques, inégaux) pour Manuel Diosleguarde (applaudissement, une oreille), Miguel Aguilar (silence, une oreille) et Cristian Parejo (une oreille, vuelta).

La commune de Parentis a cassé sa tirelire pour rénover les arènes Roland Portalier. Une tirelire qui devait être bien garnie car Parentis ce sont les uniques puits de pétrole français, sans compter les industries chimiques (fabrication du précieux charbon actif) que l'on aperçoit sur la photo 2, ainsi que le tourisme. En tous cas, les architectes s'en sont donné à cœur joie pour couvrir l'édifice d'un manteau blanc et rendre son accès plus facile. Comme toujours dans le cas des arènes couvertes, le problème vient de l'acoustique, extrêmement désagréable.
Le public avait répondu présent et l'animation qui régnait autour des arènes avant et après la course semblait vouloir tirer un trait sur deux années privées de toute convivialité.
Les santacolomas aragonais  de Los Maños, correctement présentés à l'exception du petit second, constituèrent un lot intéressant mais sans toro complet. Le meilleur pour le torero, le tambour major, d'une grande franchise à la muleta. A la pique, le dernier offrit un beau combat en trois rencontres citées de loin mais il se réserva au troisième tiers. Tous eurent le défaut de manquer de fixité sur les leurres, ce fut particulièrement notable au moment de la mise à mort. Peut-être la conséquence de l'éclairage électrique.
Manuel Diosleguarde aurait dû couper les oreilles du facile premier. Il le toréa avec aisance et fluidité mais trop superficiellement pour emporter l'adhésion totale des étagères. Il tua en outre de manière défectueuse en deux temps. Même aisance avec le quatrième avant un final plus heurté. Oreille après une entière trasera efficace.
Face à deux adversaires qui posaient des problèmes, le Mexicain Miguel Aguilar fit toujours preuve de vaillance et de sincérité. Il fut souvent mis en difficulté par le cinquième, un âpre manso con casta, mais son opiniâtreté et une estocade contraire engagée lui permirent de couper l'oreille.
Cristian Parejo m'a paru très torero. Une chose difficile à définir mais que l'on sent à sa manière d'être face au toro et de transmettre un supplément d'émotion au public. Face à des novillos qui avaient tendance à sortir de suerte la tête haute, il eut du mal avec le troisième temps de ses passes. Mais il donna d'excellents pechos, très toréés, qui lui permirent de terminer somptueusement ses séries.
Sans connaitre de hauts faits d'armes, cette novillada inaugurale des nouvelles arènes résulta entretenida.