lundi 12 novembre 2007

Philosophie de la corrida de Francis Wolff (2) - citations

Voici les premières lignes du livre de Francis Wolff:
"Il s'agit d'abord d'une tentative de traduction: à défaut de pouvoir se guérir de ses passions, un philosophe doit s'efforcer de les dire dans l'idiome de la raison. Il s'agit donc aussi, pour l'auteur de ses lignes, de s'acquitter d'une dette: rendre à la corrida un peu de l'expérience singulière qu'elle offre et des mille bonheurs qu'elle lui donne en les transposant dans une langue étrangère universellement accessible, celle des concepts et des arguments. Il s'agit en somme de faire d'un objet d'amour un objet de pensée." (Avant-propos, p9)
C'est ce que le philosophe a tenté - et réussi selon moi - dans son livre ainsi que dans les conférences qu'il donne actuellement. Dernièrement à Saintsever. J'ai eu personnellement l'occasion de l'entendre à Bordeaux où il fut grandement aidé dans sa tâche par un quarteron de brigittebardots locales qui lui donnèrent la possibilité de réfuter, avec maestria et sens de la tolérance, leur moralisme bêtifiant et désinformé.


"La corrida donne à ceux qui l'aiment et la comprennent des émotions, des joies, aussi profondes et raffinées que les arts les plus esthétiquement corrects." (p 10)

"En fait, ce qui est un ''art'', ce n'est sans doute pas la corrida elle-même, c'est ce que l'on appelle le toreo, c'est à dire l'action du torero qui leurre les taureaux lorsque, équipé d'une simple cape ou d'une muleta, il en provoque et esquive les charges successives. Le toreo obéit en effet aux règles les plus classiques des beaux-arts (peinture, musique, littérature) et répond à l'exigence fondamentale de tout art humain : mettre en forme une matière. Le toreo est l'art de donner forme humaine - familière - à un matériau brut - ou du moins étranger : la charge du taureau."
(p 13)


Qu'est-ce que la corrida? se demande Francis Wolff dans un prologue savoureux écrit sous la forme d'un dialogue socratique.
"Serait-ce une sorte de drame inclassable, l'ornithorynque des pratiques humaines, un défi à l'ordre établi entre jeu et sérieux, entre profane et sacré, entre représentation et réalité, entre tragédie vraie et performance plastique?" (p 15)

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