samedi 26 juin 2010

Corrida de La Brède : Un Mexicain et un Andalou


6 toros d'Adelaida RODRIGUEZ pour Uriel Moreno "El ZAPATA" (salut et deux oreilles), Curro DIAZ (une oreille et une oreille), Julien LESCARRET (silence et silence)
Lot d'Adelaida RODRIGUEZ aux armures discrètes, ternes au cheval sous 6 piques puis avec de la noblesse et de la vivacité en début de faena mais une tendance à s' éteindre rapidement et à chercher l'abri des barrières. Le meilleur (et le plus beau) le 4, le pire le 3,en fuite perpétuelle.

El ZAPATA, qui faisait sa présentation en France, nous offrit à son premier la panoplie complète des clichés sur le toreo mexicain,le tout dans une certaine approximation. Mais face au sérieux 4 il montra qu'il avait du bagage, toréant plus classiquement avec sécurité et dominio. Il planta une formidable paire de banderilles al quiebro al violin au fil des planches (oui, c'est possible) tout à fait risquée et réussie. Tueur sûr et efficace, il laissa l'image d'un bon professionnel.

Curro DIAZ toréa dans sa ligne de torero artiste, sincère et classique. Il eut des gestes magnifiques et une assurance dans le sitio qui lui permit de lier quelques belles séries.

Julien LESCARRET fut en difficulté avec ses deux adversaires. Compréhensible avec le 3 qui sautait dans la muleta avant de s'enfuir au triple galop vers les barrières mais l'intéressant et encasté sixième aurait mérité une faena moins nerveuse et plus dominatrice.

Pour bien nous rappeler qu'on était dans une portative, on eut droit, au cinquième, à une demande éhontée d'oreille de la part de la cuadrilla de Curro Diaz avec palinodie présidentielle et oreille que l'on va chercher dans la nature bien après l'arrastre du toro.




vendredi 25 juin 2010

Luis Francisco Esplá

Le 20 juin dernier, dans les arènes d'Alicante, Alejandro Esplá, qui venait de prendre l'alternative, a coupé la coleta de son père Luis Francisco. En guise d'hommage, après 35 années de torería du maestro alicantino, cet extrait d'une reseña de Claude Pelletier parue dans le numéro 1256 de la revue "Toros" qui rend compte de son grand triomphe pamplonais du 9 juillet 1985 et constitue aussi une belle analyse de son toreo :



Allegro brillantissimo !
Luis Francisco ESPLA est un prodigieux metteur en scène du spectacle taurin. Et un interprète ahurissant. Ce garçon a des trouvailles fabuleuses. Dix fois ce soir, le Levantin s'est lancé dans une aventure technique particulière : audace de répertoire à la cape, prouesses de terrains aux banderilles, gageures de distances au recibir. On a parfois douté : « Cette fois, il se "plante". Il va trop loin ! » Dix fois le magicien a réussi son tour avec une aisance, une maîtrise qui confondent. Façon d'être et conception de l'acte à l'ancienne, toreo de défis tenus et de bravades assumées... et l'on songe aux coplas d'au­trefois, du temps de la « Maricastaña » :
En el café de Chinitas
dijo Montes a su hermano :
Este toro ha de morir
antes de las cuatro y média...
Y era Paquiro en la calle
un torero de cartel !
Quel immense professionnel ! Et quel succès gigantesque ! J'ignore si Esplá est un artiste, mais je le sais grand vir­tuose. On peut douter de son génie, mais j'affirme qu'il a un talent fou. Et pourquoi faudrait-il primer toujours l'application laborieuse, quand la souveraine aisance a de si belles séductions ? Laissons-nous donc aller...
On a vu des « orticinas », des faroles inversés golden-twenties, une « roblesina » coruscante, des mises en suerte -en manière de « galleo » virevoltant, un recorte définitif, sur la hanche, toile rassemblée, presque le « capote al brazo » du pauvre Reverte ou du Gallo, l'ancien. Le tout parfum de rose ancienne, cartel de toros haute époque !

Aux banderilles, et pour jargonner moderne, une indescriptible maîtrise des relations spatio-temporelles ! Indes­criptible, donc ne décrivons pas. A la muleta, simplement agréable, fleuri, enlevé. Puis il cadre parfaitement... recule à quinze pas, avance jusqu'à la distance d'attaque, le toro « s'arranque » seul de six, sept mètres, Esplá se bloque et pose un pinchazo recibiendo invraisemblable ! Et comme personne n'a compris, il récidive, même technique, pour une demi-épée parfaitement lagartijera. Effet fulmi­nant, muleta lancée pile sur la dépouille et Pamplona dé­clenche le cataclysme !
Deux oreilles, la queue exigée par le public (hum !... et la gauche ?), mouchoir bleu normal et sollicité par Esplá pour « Campesino », un « burraco » de rêve, chaud et no­ble, de José Luis Osborne.



Photo Juan Pelegrin, reportage complet (et magnifique, comme toujours) de la despedida du maestro sur son site Blog (de fotos) de Manon.

dimanche 20 juin 2010

Hemingway, un grand aficionado (3)

Citations de Mort dans l'après-midi (suite)

"Le taureau est l'élément principal de la fiesta, et ce sont les taureaux que les toreros à hauts salaires essaient constamment de saboter, en exigeant un élevage qui les diminuent de taille et de corne et en les combattant aussi jeunes que possible." (chapitre 14 )

"Un torero qui peut faire une grande faena est au sommet de sa profession aussi longtemps qu'on le croit encore capable de l'exécuter, si les conditions sont favorables; mais un torero qui a montré son incapacité à faire une grande faena lorsque les conditions sont bonnes, qui manque de talent artistique et de génie à la muleta, même s'il est brave, suffisamment adroit et qu'il ne manque pas de connaissance dans son métier, sera toujours un des hommes de peine de l'arène et sera payé en conséquence." (chapitre 18)

"Il est impossible de croire quelle puissance d'émotion, quelle intensité spirituelle, et quelle pure et classique beauté peuvent être produites par un homme, un animal, et un morceau de serge écarlate drapé sur un bâton. Si vous refusez de la croire possible et que vous teniez à regarder tout cela comme une insanité, vous êtes à même de vous prouvez que vous avez raison en allant à une course de taureau où rien de magique ne se passe; et il y en a beaucoup; toujours assez pour vous permettre de vous prouver que vous aviez raison, pour votre satisfaction personnelle. Mais si jamais vous devez voir la vraie faena, vous saurez la reconnaître. C'est une expérience que vous aurez ou que vous n'aurez pas dans votre vie. Cependant, il n'y a aucune façon d'être sûr de voir jamais une grande faena, sinon d'aller à de nombreuses courses de taureaux. Mais si jamais vous en voyez une, terminée par une belle estocada, vous le saurez, et il y aura bien des choses que vous aurez oubliées avant que le souvenir ne vous en ait quitté." (chapitre 18)

"La course de taureaux a toujours été considérée par les chroniqueurs contemporains comme étant dans une période de décadence. Pendant l'époque dont on entend parler aujourd'hui comme l'âge d'or de tous les âges d'or, celle de Lagartijo et de Frascuelo, qui était réellement un âge d'or, l'opinion généralement exprimée était que les choses prenaient une mauvaise voie; les taureaux étaient beaucoup plus petits et plus jeunes, ou bien ils étaient gros mais poltrons. (...)
D'après les différentes sources où j'ai puisé et d'après tous les témoignages contemporains, l'époque des plus gros taureaux et du véritable âge d'or à Madrid fut celle de Lagartijo et de Frascuelo, qui furent les plus grands toreros des soixante dernières années, jusqu'à Joselito et Belmonte. L'époque de Guerrita n'était pas l'âge d'or; Guerrita fut responsable de l'introduction de taureaux plus jeunes et plus petits (j'ai relevé les poids et consulté les photographies). Les gros taureaux revinrent à l'époque de Machaquito, Bombita, Pastor et Gallo, et la taille des taureaux décrut sensiblement à l'âge d'or de Joselito et Belmonte, bien qu'ils aient souvent combattu les plus grosses espèces de taureaux. A présent, les taureaux sont gros et vieux pour les matadors sans influence, petits et jeunes chaque fois que le torero est assez puissant pour mettre la main ou son influence dans leur choix." (chapitre 19)





En 1924, Hemingway face à une vache dans les arènes de Pampelune, tiré du site Sanfermin.com

samedi 19 juin 2010

Hemingway, un grand aficionado (2)

Bien que paru en 1932, Death in the afternoon (Mort dans l'après-midi, 1938 en France) reste aujourd'hui encore un des meilleurs livre d'initiation à la corrida. D'abord parce que Ernest Hemingway, en à peine une dizaine d'années et malgré une fréquentation forcément irrégulière du monde taurin, a réussi à connaître et à comprendre la tauromachie aussi parfaitement que les meilleurs aficionados espagnols. Ensuite, parce qu'on s'aperçoit, à la relecture du livre, que la corrida a très peu changé entre le début des années 30 et notre époque. Conséquence de la révolution belmontine, la faena de muleta est déjà devenue le moment le plus important du combat; le tercio de pique pose de nombreux problèmes (le peto introduit en 1928 est la dernière innovation d'importance); certains éleveurs - ceux de Salamanque, à cette époque - se sont lancés dans l'élevage de toros destinés à faciliter le triomphe des vedettes; on n'indulte pas mais on coupe oreilles, queues et même pattes à foison. Une différence : la mort des toreros. Fleming n'a pas encore sa statue devant les arènes de Madrid, c'est l'époque où la mort frappe le plus durement, en particulier les modestes (cf Nomenclature en hommage ... ).
En outre Hemingway a pleinement conscience des enjeux liés à l'évolution de la tauromachie ... mais laissons lui la parole, voici quelques extraits de son livre :


"La corrida est une institution espagnole. Elle existe, non pas pour les étrangers et les touristes, mais en dépit d'eux. Chaque modification qu'on y fait pour obtenir leur approbation, qu'on n'aura jamais, est un pas vers la suppression complète." (chapitre 1 )

"Tout le mal, dans la technique moderne de la course de taureaux, est qu'on l'a rendue trop parfaite. Elle se pratique si près du taureau, si lentement et avec une telle absence de défense ou de mouvement de la part du matador, qu'elle ne peut s'exécuter qu'avec un taureau à peu près fait sur mesure." ( chapitre 14 )

"Après avoir été aux courses de taureaux pendant un certain temps, après avoir vu ce qu'elles peuvent être, si elles finissent par signifier quelque chose pour vous, alors, tôt ou tard, vous êtes forcé de prendre une position définie à leur égard. Ou bien vous tenez pour les vrais taureaux, les toreros achevés, et vous espérez que de bons toreros se formeront, qui sauront combattre, comme sait faire, par exemple, Marcial Lalanda, ou qu'un grand torero se montrera, qui puisse se permettre de briser les règles comme fit Belmonte; ou bien vous acceptez la fiesta dans son état actuel, vous connaissez les toreros, vous comprenez leur point de vue; il y a toujours, dans la vie, de bonnes et valables excuses pour toutes les chutes; et vous vous mettez à la place du torero, vous portez au compte du taureau leurs désastres, et vous attendez le taureau qu'ils veulent avoir. Dès que vous faites cela, vous devenez aussi coupables que tous ceux qui vivent de la course de taureaux et la ruinent, et vous êtes plus coupable encore parce que vous payez pour aider à cette ruine." (chapitre 14 )

"Vous devez, comme spectateur, montrer que vous appréciez le travail bon et valable, même réduit à l'essentiel et sans éclat. Vous devez apprécier le travail bien fait et la mise à mort correcte d'un taureau avec lequel il était impossible de faire un exploit brillant." ( chapitre 14 )

à suivre...



En 1931 Heminway aux arènes de Pampelune avec son fils John et sa femme Pauline (publié par Fernando Hualde, Hemingway cien años y una huella)

mardi 1 juin 2010

Toros en Gironde

Juin est le mois des toros en Gironde. Voici les cartels :


dimanche 6 juin à 17h

novillos de El Freixo
Juan Manuel Jimenez - Patrick Oliver - Thomas Dufau

samedi 26 juin à 11h
erales d'El Palmeral
Mateo Julian - Fernando Adrian - Dorian Déjan

à 18h
toros d' Adelaida Rodríguez
El Zapata - Curro Diaz - Julien Lescarret






Deux curiosités dans ces cartels :

- la présentation en France en novillada piquée de la ganaderia El Freixo. Il s'agit de l'élevage de Julian Lopez ''El Juli'' acquis en 2003. La finca est à Olivenza (Badajoz) et l'origine domecq par Daniel Ruiz.

- la présentation en France du matador mexicain Uriel Moreno ''El Zapata'' (alternative en 1996). Il a une réputation de bon banderillero et coupe régulièrement des oreilles dans la Monumental de Mexico.