jeudi 26 septembre 2019

Cayetano, toros y Logroño

   J'ai cru remarquer qu'il était taurinement correct de faire la fine bouche devant la succession impressionnante de triomphes de Cayetano. Le dernier en date, à Logroño, m'a pourtant paru tout à fait convaincant. Voilà un torero qui tue recta, torée avec élégance et efficacité et, chose non négligeable par les temps qui courent, amène du monde aux arènes. L'aîné des Rivera Ordoñez, descendant d'une lignée impressionnante de grands matadors, n'était en rien obligé d'assumer une partie des responsabilités de cette temporada comme il l'a fait. Déjà riche et célèbre, il aurait pu se contenter de promener dans les arènes sa silhouette glamour en prenant le minimum de risque. Mais il a été pris par ce désir de toréer, cette aficion, ce désir de gloire aussi peut-être. Au nom du père ?


   Je ne pense pas que les producteurs de toros de feria soient en concurrence tant ils sont sûrs de vendre leur marchandise. On le voit bien avec les Juan Pedro Domecq, toujours présents à l'affiche malgré le nombre considérable de corridas qu'ils gâchent depuis des années. La dernière en date, une des plus importantes de l'année, celle de Ronda.
   A Logroño, ce sont les Nuñez del Cuvillo qui, une fois encore, ont donné lundi le spectacle de la faiblesse et du manque de caste.
   Il en est allé tout autrement avec les Domingo Hernandez "Garcigrande" courus samedi. Sans faiblesse, supportant les deux piques (réglementaires ici), de bravoure inégale mais avec toujours un fond de caste suffisant pour susciter l'intérêt, ils ont offert au public ce minimum sans lequel une tarde de toros n'en est pas vraiment une. Lundi, en fin d'après-midi, Miliciano, sobrero de Domingo Hernandez sorti en lieu et place de l'invalide sixième Nuñez del Cuvillo, s'est même permis de donner la leçon. Il a chargé avec bravoure tout au long de sa lidia au point se voir gratifier du mouchoir bleu.
   Trop de malfaçons dans l'usine andalouse, de meilleurs réglages dans la production salmantine.


mercredi 18 septembre 2019

Sangüesa





















Samedi 14 septembre 2019      Sangüesa (Navarra)
très beau temps
media entrada

6 toros de José Luis Osborne (6 piques, mobiles) pour Javier Herrero (une oreille, silence), Imanol Sanchez (une oreille, une oreille) et Miguel Angel Pacheco (une oreille, une oreille).

La petite ville navarraise de Sangüesa est avant tout célèbre pour le magnifique portail sculpté de l'église Santa Maria la Real, joyau de l'art roman. En septembre, les corridas de la feria ont des cartels modestes mais la présentation du bétail est soignée. Plusieurs Osborne lidiés ce jour avaient un trapío digne de l'image du toro de combat que l'on aperçoit encore de temps en temps lorsqu'on parcourt les routes d'Espagne. Pour ce qui est de la caste, en revanche, ce n'est pas aujourd'hui que l'on pourra annoncer le retour au premier plan des toros de la célèbre devise andalouse. Leur manque de force limita le tercio de pique à son minimum mais un fond de bravoure leur permit de garder une mobilité suffisante pour donner une course sans ennui. Il faut dire que, de leur côté, les trois modestes du jour, en particulier Javier Herrero et Imanol Sanchez, n'ont pas ménagé leur peine pour plaire au public et triompher. C'était émouvant de les voir partir à l'assaut avec le même cœur, la même détermination que s'ils avaient toréé à Las Ventas.
Javier Herrero pratique un toreo sincère et engagé. Il fait partie de ces matadors  qui, bien que cantonnés depuis toujours aux arènes de troisième catégorie, semblent encore y croire dur comme fer.
Imanol Sanchez torée très peu lui aussi. Il ne joue pas la carte de la finesse mais il a de l'abattage, pose les banderilles avec succès et donne le meilleur de lui-même.
Miguel Angel Pacheco, révélation de la dernière feria vicoise, est, des trois, celui qui a le plus de possibilités. En témoignent les bonnes naturelles qu'il donna à son premier. Son estocade basse au 3 et son positionnement marginal au 6 aurait cependant dû l'empêcher de couper chaque fois l'oreille de ses adversaires.

mardi 17 septembre 2019

Navalcarnero





   


 

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 12 septembre 2019  Navalcarnero (Madrid)  plaza de toros Felix Colomo
beau temps
un tiers d'arène

6 novillos de Casasola (6 piques, faibles) pour Francisco de Manuel (une oreille, une oreille), Fernando Plaza (salut, salut) et Isaac Fonseca (salut, salut).

A 30 kilomètres de Madrid, sur la route de Talavera de la Reina, le pueblo de Navalcarnero, entouré de zones résidentielles et commerciales, possède une vieille tradition taurine. Il a la particularité de proposer des encierros nocturnes (1 heure du matin). La folie bâtisseuse qui s'est emparée de l'Espagne au début des années 2000 a conduit à la construction d'une étonnante plaza de toros inaugurée en 2006. Surdimensionnée pour le lieu (7500 places), couverte, elle a un air de parenté avec les vaisseaux extraterrestres de San Sebastian et de Logroño. Le public y est peu exigeant mais la présidence sut raison garder.
Les novillos de Casasola (origine domecq via Matias Bernardos) ont déçu par leur manque de force et de caste. Seul le troisième alla a mas après avoir, comme ses frères, fait une sortie prometteuse immédiatement suivie de signes de faiblesse face aux picadors.
Francisco de Manuel est une valeur sûre de la novilleria. Il a un physique avantageux, pratique un toreo élégant et, comme son bagage technique est déjà bien avancé, il coupe une oreille à chacun de ses médiocres adversaires.
Hormis un quite par gaoneras, Fernando Plaza, muleta souvent accrochée et toreo sans personnalité, ne fit rien de vraiment convaincant.
Isaac Fonseca est un vrai novillero qui transmet la joie qu'il éprouve à toréer. Il avait triomphé la veille à Arganda del Rey face aux novillos de Victorino Martin. Aujourd'hui il montra qu'outre ses qualités de torero classique il avait, comme le veut la tradition mexicaine, un répertoire riche et varié. Malheureusement sa petite taille est un handicap à l'heure de vérité.                                                                                                                                                                                                        

lundi 16 septembre 2019

Arganda del Rey





















Mercredi 11 septembre   Arganda del Rey (Madrid)   plaza de la Constitución
beau temps, vent frais
lleno

6 novillos de Victorino Martin (6 piques, petits, vifs, ovation au 6) pour Antonio Grande (silence, silence), El Rafi (vuelta, une oreille) et Isaac Fonseca (silence, deux oreilles).

Arganda del Rey, à l'origine grosse bourgade castillane, est aujourd'hui complètement intégrée à la banlieue madrilène. Au cœur de la vieille ville, entre église et mairie, on monte chaque année des gradins assez imposants et, durant une semaine, la plaza de la Constitución devient un des haut lieux de la tauromachie castillane. Novilladas, concours de recorte, capeas, encierros rythment la journée pour le plus grand plaisir d'une aficion populaire et entendue.
Ce jour avait un caractère exceptionnel puisque Victorino Martin avait consenti à faire lidier une novillada, ce qui constitue une rareté pour la ganaderia. Si, ces derniers temps, les toros du fer d'Albaserrada ont trop souvent ressemblé à des novillos, on se doute que les novillos du jour  furent plus proche du trapío d'un eral que de celui d'un utrero. La plupart d'entre eux furent sifflés à leur entrée en piste. Aucun n'était en mesure de supporter plus d'une pique. Toutefois, par la suite, leur vivacité, leur piquant, leur caste permirent une soirée entretenida; les 5 et 6 furent les plus nobles.
Antonio Grande pratique un bon toreo classique et élégant, il fut parfois débordé et tua laborieusement.
El Rafi domina ses deux adversaires et donna une faena complète au cinquième qu'il sut soumettre dès les premières passes. On pourra cependant reprocher au Nîmois sa tendance à profiter de sa grande taille pour toréer despegado.
Le Mexicain Isaac Fonseca fut la révélation de la tarde. Un toreo sincère et profond, une entrega de tous les instants établirent une connection rapide avec les gradins. Il coupa les deux oreilles du sixième après une faena classique avec en point d'orgue de magnifiques naturelles.

dimanche 8 septembre 2019

Emilio de Justo seul face à six Victorino Martin

   S'annoncer seul face à six toros est une épreuve mais elle est encore plus grande lorsqu'il s'agit de six toros de Victorino Martin dont on sait que la caste laisse peu de répit à ceux qui ont l'honneur de les affronter. Il a fallu qu'Emilio de Justo fasse appel à toutes ses qualités morales et, bien sûr, taurines pour sortir grandi de ce challenge.
   S'ils furent tous très intéressants au troisième tiers, générant de l'émotion et ne laissant aucune prise à l'ennui, les victorinos eurent, une fois encore après le récent scandale montois, une présentation sujette à caution. Rien à reprocher aux armures, en revanche on se demande ce que donne à manger le ganadero à ses toros pour obtenir des bichos d'un si faible volume, sans morillo ni présence physique. Cela contribue sans doute à ces tercios de piques si anodins, tels ceux de ce jour ; pour autant il ne faut pas croire que leur combat s'en trouve facilité. Vifs, répondant à chaque cite, encastés, ils constituaient un lot qui demanda en permanence les papiers à l'homme qui, seul, devait les affronter. Le grand mérite d'Emilio de Justo est d'avoir réussi à s'imposer à tous. Cette emprise il la construisit dès la réception à la cape qui fut chaque fois claire et dominatrice. A la muleta, son engagement sincère, la précision de ses toques (peu appuyés comme il se doit avec les victorinos) et la fermeté des trajets qu'il imposa malgré la pression de la charge lui permirent de résoudre les problèmes  que posaient ses adversaires. Il réussit chaque fois à leur imposer des séries complètes terminées par de magnifiques pechos. Il donna la faena la plus aboutie avec le troisième, noble, montrant qu'il était capable, également, de jouer de la souplesse de ses poignets.
   Mais dans cette après-midi de grande responsabilité, il dut lutter aussi avec lui-même. Il accumula en effet les échecs avec les aciers (en particulier avec les 1 et 3) à tel point que l'on put craindre à un moment que le succès lui échappe. Finalement il retrouva ses marques à l'épée avec les deux derniers pour en terminer par un estoconazo qui lui ouvrit les portes du triomphe.
   Les enjeux de la tarde et la crispation liée aux échecs à l'épée l'empêchèrent sans doute, en particulier avec le 5, de libérer pleinement sa facette la plus artiste dont on sait qu'il est également pourvu.
   Face aux six toros l'Extremeño se borna à un toreo classique basé sur les passes fondamentales, mais il faut reconnaitre que ce n'était pas une après-midi qui se prêtait aux fioritures.
   Final heureux donc avec salida a hombros (la générosité présidentielle sur certains toros compensa les échecs à l'épée sur d'autres) pour un torero qui a montré solidité et sens des responsabilités. Un torero sur lequel on peut compter.

                                                                    photo Frédéric Augé

mardi 3 septembre 2019

Révolution de palais à Mont de Marsan

   En année préélectorale, une feria de la Madeleine médiocre qui s'est terminée par une bronca généralisée aux organisateurs en raison de la présentation indécente de plusieurs toros de Victorino Martin, ne pouvait laisser le maire sans réaction.
   Nous avons donc appris que Charles Dayot avait mis en place une nouvelle organisation (voir communiqué de presse) pour la feria 2020. Marie Sara est remerciée et remplacée par Jean Baptiste Jalabert et Alain Lartigue, Guillaume François ne sera plus membre de la Commission Taurine Extra Municipale.
   Il s'agit d'un camouflet pour le duo Sara - Casas et, pour Juan Bautista, c'est une bataille remportée de manière inespérée et sans coup férir dans la dérisoire course au pouvoir qui l'oppose désormais à Simon Casas.
   Mais, pour l'aficionado, l'important est ce qui se passera sur le sable du Plumaçon. Quand on sait la médiocrité générale dans laquelle est tombée la feria d'Arles depuis qu'elle est gérée par la famille Jalabert, en comparaison de ce qu'elle était à l'époque d'Hubert Yonnet, on ne peut qu'être inquiet pour l'avenir de la feria montoise. Toutefois, on sait aussi qu'Alain Lartigue a l'habitude, dans notre région, de travailler en bonne entente avec plusieurs clubs taurins et comités locaux. Cela peut être une ouverture pour qu'une Commission Taurine plus représentative participe plus efficacement à l'élaboration de la feria.
   Rendez-vous donc en juillet prochain, en attendant un nouvel appel d'offre pour les années suivantes ...

communiqué de presse de la mairie

lettre ouverte de Guillaume François (avec poids en canal des toros)