lundi 21 décembre 2015

Luis Segura : suerte rare et mala suerte

   Le public qui assista le 2 octobre 1966 à la corrida donnée dans les arènes de Barcelone eut l'occasion de découvrir une suerte rare, donnée par le matador Luis Segura.
   Le diestro madrilène a réalisé une bonne faena au cinquième toro de Hoyo de la Gitana mais, en fin de combat, le toro prend querencia contre les barricades. Luis Segura appuie alors la pointe de l'épée sur la barrière et, de la main gauche, fait passer la bête sous le pont ainsi formé par l'acier, dans un espace des plus réduit. Le public n'en est pas encore revenu quand Segura entre pour un pinchazo, puis une magnifique estocade qui tombe l'animal. Oreille. (Source : reseña de José Riba Ledo dans Toros n° 803)
   J'ignore si une telle suerte avait été donnée avant lui ou si elle fut reprise par d'autres par la suite (je verrais bien un torero comme Jesulin de Ubrique dans le rôle). Ce qui peut en faire le charme ici c'est son côté improvisé et spontané. Dans son livre Tauromachies à l'usage des aficionados, José Luis Ramon la nomme "el puente del valor" et en attribue la paternité à Luis Segura, sans précisions supplémentaires.

Afficher l'image d'origine

   Mais revenons sur l'auteur de la suerte. Bien qu'il ait connu son heure de gloire au début des années soixante, Luis Segura est aujourd'hui bien oublié. Romanesque, voire picaresque, sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille et s'acheva tragiquement.
   Il nait en 1938 à Madrid (on peut rêver époque plus facile pour débuter dans la vie). En 1958, il prend l'alternative à Las Ventas et, l'année suivante, au cours de la San Isidro, il sort a hombros de la Monumental ce qui ne manque pas de donner un coup de fouet à sa carrière. Mais l'époque est riche en figures de premier plan et, bien que son toreo classique soit reconnu d'excellente qualité, il ne parvient jamais à se hisser au plus haut niveau. Il connait toutefois quelques belles journées, en particulier en France où on le voit, en 1962, à Nîmes, donner une grande faena, pleine d'art et de dominio à un manso perdido de Graciliano Perez Tabernero. Sa fibre artistique s'exprime également à travers la peinture. En 1968 il décide de tenter sa chance au Mexique où il s'installe.
   Une tentative de retour en Espagne au début des années soixante-dix signera sa fin tragique. C'est d'abord une malencontreuse aventure. Dans l'unique but de se faire de la publicité, il organise avec son frère Everildo un remake de l'exploit du matador Diego Mazquiaran "Fortuna" qui, le 23 janvier 1928, avait, sur la Gran Via madrilène, expédié ad patres un toro qui avait pris la poudre d'escampette sur le chemin de l'abattoir. Le 9 mars 1973, les deux pieds nickelés lâchent un novillo dans les jardins de la Plaza de España. Luis intervient aussitôt de cape et d'épée et occit le novillo. Mais la police (toujours pleine de malice) trouve l'aventure douteuse et le maestro passera quelques semaines en prison. Deux ans plus tard, la vie de Luis Segura se terminera tragiquement dans une plaza de toros. Le 16 février 1975 il torée un festival à Valdemorillo. Alors qu'il vient de passer de cape son premier adversaire et rejoint la barrière, il s'écroule victime d'un infarctus. Il décédera dans les arènes. Ainsi s'achève la vie d'un artiste et d'un aventurier.

Afficher l'image d'origine

mardi 8 décembre 2015

Quelques photos de la temporada

 Naturelle  de Miguel Abellan à Madrid face à un Parladé. On voit bien le fameux point d'interrogation inversé. Le torero s'est croisé au maximum et joue remarquablement de la ceinture. Madrid adore, oreille pour Abellan!


 Madrid, Ivan Fandiño, un homme seul
 "Encerraíto me ves
  en mi soledad
  con el torito de mi pena negra"


 Alejandro Marcos à Parentis face à un novillo de Castillejo de Huebra. Un réel espoir du côté de Salamanque, avec le Zapato de Oro à la clé.













  Joselito Adame, un des meilleurs torero de 2015, ici à Bayonne.










Photos Velonero (On peut cliquer sur les photos)

dimanche 15 novembre 2015

Bilan 2015

Ma corrida rêvée

6 toros de PEDRAZA de YELTES
         RAFAELILLO
         Diego URDIALES
         Joselito ADAME


   Prosaïques, fantastiques, poétiques, ce sont les rêves qui nous portent. En ces temps sombres, la tragique réalité a tôt fait de les transformer en cauchemar. Il ne faut pas abdiquer.

   Les ganaderos de Pedraza de Yeltes vont peu à peu augmenter leur camada mais ils réussiront à maintenir la force et la bravoure actuelle de leurs toros. L'élevage deviendra un élément indispensable de toutes les ferias sérieuses. Certains éleveurs, dans la plus grande discrétion, viendront y acheter quelque semental.
   Avec son cœur qui est immense et sa technique qui est excellente, Rafaelillo continuera à se battre comme un lion contre les fauves les plus terribles. Il saura aussi, comme il a pu parfois le faire au cours de cette temporada, profiter de toros plus pastueños pour les toréer avec temple et douceur. Mundillo, aficion, grand public, tous reconnaitront sa valeur et il toréera désormais un nombre respectable de courses parmi lesquelles certaines en compagnie des principales figures.
   Diego Urdiales aussi va toréer davantage, il maintiendra la rigueur et la pureté de son toreo. Quelques-unes de ses actuations illumineront les prochaines temporadas comme celle de Bilbao cette année a illuminé la feria basque.
   Joselito Adame a montré dans toutes les arènes où il a toréé cette saison qu'il était un torero complet et ambitieux. Il deviendra une authentique figure internationale. Son expérience, sa technique,son courage vont lui permettre d'affronter au Mexique des toros autrement plus importants que ceux que les figures y affrontent actuellement. L'aficion du pays aztèque va s'en trouver toute ragaillardi.

   J'ai fait un rêve, c'est toujours ça de pris au réel.


     2014 
















Joselito Adame à Bayonne face à un Domingo Hernandez (photo Velonero)

mardi 10 novembre 2015

Cui-cui



Bougrain-Dubourg obligé de battre en retraite face à un sacré pinson!

photo Gaizka Iroz AFP

jeudi 29 octobre 2015

Liste des traités de tauromachie à pied



   Cette liste n'est pas exhaustive, elle prend en considération les principaux ouvrages de langue espagnole jusqu'à la somme que constitue Los Toros de Cossío.



   - Diego Ramírez de Haro
     El tratado de la brida y jineta y de las caballerías que en entrambas sillas se hacen y enseñan a los caballos y de la formas de torear a pie y a caballo
     XVIe siècle   dernière édition 1961
Nous sommes à l'époque où le toreo à cheval pratiqué par les nobles est à son apogée. De nombreux traités paraissent au cours des XVIe et XVIIe siècles. L'auteur de celui-ci, pratiquant reconnu, envisage le cas où le cavalier tombé de sa monture doit terminer la lidia à pied.

   - Anonyme
     Cartilla en que se notan algunas reglas de torear a pie, en prosa y en verso
     manuscrit, bibliothèque d'Osuna,   fin XVIIe siècle   édité en 1960
Premier réel traité de tauromachie à pied cette cartilla, restée à l'état de manuscrit, pose les principes du cargar la suerte et de l'estocade a recibir. Elle a été publiée par la Unión de Bibliofilos Taurinos en 1960 (collection Carmena 3)

   - Eugenio García Baragaña
     Noche fantástica, ideático divertimiento que demuestra el método de torear a pie
     Madrid, 1750   dernière édition 1960 (avec la Cartilla)
Il s'agit du premier traité de tauromachie à pied imprimé. García Baragaña s'inspire largement de la Cartilla d'Osuna dont il a eu connaissance.

   - José Daza
     Precisos manejos y progresos condonados en dos tomas, del mas forzoso peculiar del arte de la Agricultura, que lo es del toreo, privativo de los españoles
     manuscrit 1778   dernière édition 1999
Daza avait été un varilarguero réputé. Son ouvrage permet de mieux comprendre la tauromachie du XVIIIe siècle encore mal définie entre les vestiges de la tauromachie équestre de l'aristocratie et les influences populaires des traditions navarro-aragonaises d'un côté, andalouses de l'autre.
     
   - José Delgado "Pepe Hillo"
     Tauromaquia o arte de torear
     Cadiz, 1796    Madrid, 1804
C'est José de la Tixera qui tient la plume. L'ouvrage, typique du siècle des Lumières, recense et classe tout ce que l'on doit faire dans une arène pour mener à bien la lidia des toros.

   - Francisco Montes "Paquiro"
     Tauromaquia completa
     Madrid, 1836
Cette fois ce serait le journaliste Santos López Pelegrín "Abenamar" qui aurait apporté sa collaboration à l'écriture. L'œuvre est si bien conçue qu'elle servira de matrice à tout ce qui s'écrira ensuite au XIXe siècle.
   
   - José Sánchez de Neira
     El toreo : gran diccionario tauromaquico
     Madrid, 1879  2 volumes    dernière édition 1988
Contient le premier dictionnaire taurin d'importance.

   - Sánchez Lozano
     Manuel de tauromaquia
     Sevilla, 1882
Outre son aspect technique, le livre comprend une partie encyclopédique avec des notices sur les toreros, les toros célèbres, les plazas de toros.

   - Rafael Guerra "Guerrita" (sous la direction de), Leopoldo Vázquez, Luis Gandullo, Leopoldo López de Saa
     Tauromaquia
     Madrid, 1896  2 volumes

   - Amós Salvador
     Teoría del toreo
     manuscrit, 1908    Madrid, 1962    dernière édition 2000
Ecrite en 1908, publiée une première fois dans le journal La Voz en 1933, puis en 1962 sous forme de livre par la Unión de Bibliófilos Taurinos, l'œuvre du Riojano fait aujourd'hui autorité en ce qui concerne le toreo de la période pré-belmontine.

   - Tomas Orts y Ramos "Uno al Sesgo"
     El arte de ver los toros
     Barcelona, 1928    dernière édition 2000
Prend en compte les apports de Joselito et Belmonte.

   - José María de Cossío
     Los Toros tratado técnico e histórico
     Madrid, 1943-1961
On dit le Cossío et c'est tout dire!
   

Afficher l'image d'origine
     
     
   















Les quatre premiers volumes constituent l'édition de base.
L'édition complète actuelle en comprend 12.
Il existe également une version condensée en deux volumes.

mardi 6 octobre 2015

Le sacre d'Alexandre Duthen

 





















 Le championnat de France des écarteurs, épreuve au long cours qui réunit les meilleurs écarteurs de la saison face aux meilleures vaches, voit toujours la victoire de celui qui aura su être le plus régulier et le plus lucide tout au long de l'après-midi. Ce fut encore le cas cette année à Mont de Marsan avec le premier titre d'Alexandre Duthen qui, à 25 ans, a atteint la maturité lui permettant d'exprimer sa grande classe d'écarteur et de dominer vaches et adversaires.
   Mais la compétition n'est jamais aussi passionnante que lorsque plusieurs écarteurs peuvent jusqu'au dernier moment prétendre au titre, et le final à suspens de cette édition 2015 fut des meilleurs crus. Au début du dernier tiers de la course, avant la sortie des quatre "tueuses" Aloha (Deyris), Paquera (Armagnacaise), Fidelia (Dargelos) et Ibiza (Deyris), cinq écarteurs sur six pouvaient encore raisonnablement caresser l'espoir de brandir à la fin de l'après-midi le bouclier du vainqueur. Seul Vincent Muiras bien qu'aguerri en mille batailles (8ème participation et dernière annoncée) avait pris un départ trop laborieux pour pouvoir inquiéter. Et lorsque Mathieu Noguès se fit sèchement éliminer par Paquera il restait encore quatre prétendants. Tourniquets, intérieurs, Loic Lapoudge, toujours plein de panache, tente le tout pour le tout, mais il sera plusieurs fois sévèrement touché. C'est finalement Ibiza la nouvelle et redoutable corne d'or qui rendra son verdict. Duthen, en pole position, assure par deux extérieurs remarquables dont le premier en sortie de loge. Pour espérer le devancer, les autres doivent impérativement tourner deux fois à l'intérieur et, devant une telle vache, c'est quasiment mission impossible. Thomas Marty, très concentré tout au long de l'épreuve, réussit le premier d'un cheveu, la tension est à son comble, mais il mordra durement la poussière lors de sa seconde tentative. Alexandre Duthen, qui est par ailleurs le meilleur écarteur de la saison (vainqueur de l'Escalot) sera, en toute logique, le nouveau champion de France.

Classement
   1 - Alexandre Duthen 150 p.
   2 - Thomas Marty     142 p.
   3 - Cyril Dunouau     136 p.
   4 - Loïc Lapoudge     132 p.
   5 - Vincent Miuras    115 p.
   6 - Mathieu Noguès   abandon


 Coup de théâtre chez les sauteurs, Fabien Napias et David Laplace se disputent le titre face à Folga (Deyris) mais ils sont pris tous les deux, laissant le succès à Guillaume Vergonzeanne en embuscade, très heureux de profiter de l'aubaine. A noter les bons débuts du jeune Etienne Grenet.
   1 - Guillaume Vergonzeanne 76 p.
   2 - Fabien Napias      73 p.
   3 - David Laplace      71 p.
   4 - Etienne Grenet      69 p.





mardi 29 septembre 2015

Se couper la coleta

   Il est 19 heures passées de quelques minutes. Romancero, novillo cárdeno d'Ana Romero git sur le sable. Au centre de la piste, un jeune homme s'avance vers la présidence pour la saluer une dernière fois. Il vient de s'arracher la coleta et de tuer son dernier toro. Dans le vacarme de l'arène couverte d'Arnedo - cacophonie des orchestres des peñas qui recommencent à jouer, sifflets du public, applaudissements de ceux qui ont compris - il retourne maintenant vers la barrera, le visage embué de larmes.
   Pour Louis Husson une nouvelle vie commence.




 Louis Husson  27 septembre 2015 Arnedo

vendredi 18 septembre 2015

Clivage ?

   "La critique de la défaillance du toro-toro est toujours plus sévère que celle du toro moderne. Comme si la défaillance était dans la nature propre du second, et inadmissible dans celle du premier." (Manolillo, Toros n° 2007-08, septembre 2015)

   Il a raison, Manolillo, c'est en tout cas ainsi que, personnellement, je juge bien souvent les toros. Une différence de traitement qui mérite qu'on s'y attarde.
   Une mauvaise corrida "moderne" (entendons par corrida moderne une corrida pour figures, en général d'origine domecq) est quelque chose de si attendu par l'aficionado qu'il se contente de pester pour la forme. Il y a en effet pour ce type de toro une logique ganadera bien particulière. La recherche exclusive de la toréabilité au derniers tiers, et, a minima, d'un toro qui ne gène pas trop la figura, va de pair avec la réduction du nerf et de la force au minimum exigible, et implique que les produits d'une telle alchimie sont toujours sur le fil du rasoir. Pour un qui atteint les objectifs de toréabilité de l'éleveur, de nombreux autres, faibles et décastés, n'apportent qu'ennui à l'aficionado et au grand public.
   Au contraire, on attend systématiquement de la force et de la caste de la part des élevages qui s'enorgueillissent d'élever du "toro-toro". Et si en plus, cerise sur le gâteau, ils ont de la bravoure et de la noblesse, tant mieux.
   Et lorsque sortent des chiqueros des toros faibles, décastés, sosos, ennuyeux, l'aficionado estimera qu'il y a tromperie sur la marchandise s'il s'agit d'un fer réputé "dur". S'il s'agissait en revanche d'un élevage moderne, il se dira que c'est le prix à payer pour voir les figures et que demain, peut-être...
   On en est là aujourd'hui, dans cet état schizophrénique subi par l'aficionado. Subi mais parfois entretenu, car le parti-pris ou bien les positions trop rigides voire carrément sectaires contribuent aussi à cliver les jugements. Ainsi il est parfois difficile à un aficionado "toriste" d'admettre l'excellence du comportement de certains toros issus de ganaderias "commerciales". Et, à l'inverse, dès que sort un lot très encasté dont la lidia est compliquée mais passionnante, on entend le chœur des effarouchés (dirigé par certains critiques taurins) clamer que ces toros sont illidiables, d'une époque révolue.
   Heureusement, parfois, les lignes se rapprochent. A Madrid, la semaine dernière, le bon jeu des toros de Saltillo, que d'aucuns attendaient de muy mala casta, a permis à deux modestes parmi les modestes de couper des oreilles. Et je me souviens de l'excellente corrida de Nuñez del Cuvillo qui, en 2011, à Bilbao, avait permis à Morante de la Puebla un triomphe de lidiador et d'artiste et avait fait suer la goutte à Manzanares fils et à David Mora. Il n'y avait plus alors de corrida toriste ou torériste mais LA CORRIDA.

vendredi 11 septembre 2015

Exploit

   A Bayonne dimanche, deux toros ont montré un réel attrait pour la fuite vers les planches. Le troisième "Campanito" m'a paru être un champion en ce domaine. A la sortie de la deuxième passe de muleta donnée par Adame assis sur le marche-pied côté ombre, il fila comme un bolide vers les barrières opposées du soleil. Un exploit qui met à mal les récentes performances des pensionnaires de Dolores Aguirre.
   Encore quelques efforts, Domingo Hernandez, vous êtes en passe de devenir la nouvelle coqueluche de l'aficion torista!


















Dans quelques secondes Campanito (le bien nommé) sera de l'autre côté de la piste.

lundi 7 septembre 2015

Bayonne

 




















Dimanche 6 septembre 2015    Lachepaillet   Bayonne
beau temps frais et venteux
lleno

6 toros de Domingo Hernandez "Garcigrande" (12 piques) pour Sébastien Castella (salut, salut), Ivan Fandiño (salut, salut) et Joselito Adame (silence, une oreille).

En remplissant les vastes arènes de Lachepaillet (10 000 places, les plus grandes du Sud Ouest), le public avait répondu à l'attrait de l'affiche. Pour autant, si elle fut entretenue, la tarde n'atteignit jamais les sommets espérés.
L'élevage de Domingo Hernandez est actuellement l'un des plus prisés des organisateurs et des matadors pour la régularité des triomphes qu'il permet à ces derniers. Le lot du jour fut inégal en tout, présentation et caste. Détaillons.
On voit rarement - encore plus rarement dans ce genre de course - un toro atteignant les six ans (né en septembre 2009), qui plus est armé de dagues longues et astifinas. C'est tout à l'honneur de Sébastien Castella de l'avoir combattu. Mis en confiance par ses bonnes charges à la cape il commit l'erreur de le faire trop peu piquer (une pique et un picotazo) et se retrouva au troisième tiers avec un adversaire donnant des coups de tête à tout-va.
Le second  alla a mas, avec du piquant dans la muleta de Fandiño. Mauvais, le troisième qui rompit le combat dès le second muletazo pour fuir à l'autre bout de la piste.
Le quatrième, laid, se laissant toréer de loin comme de près, était un de ces toros qui ont fait la réputation commerciale de l'élevage. Idem pour le 5 faible et fadasse.
Le 6 enfin constitua un cas d'école de toro qui change radicalement de comportement au cours de sa lidia et se dégonfle comme un ballon de baudruche (rajarse). Noir, petit mais bien fait et bien armé, il charge à la cape avec codicia, raclant même l'arène de ses cornes. Il prend deux piques sérieuses en poussant de tout son corps comme un vrai brave (une troisième est demandée par certains spectateurs mais la présidence change le tiers) puis se montre vif et fixe aux banderilles. Tous les attributs, enfin, d'un toro authentiquement brave. ... Patatras! à l'issue de la deuxième série il s'enfuit, lui aussi, vers les tablas où il se cantonnera, désormais à la défensive comme le vrai manso qu'il est devenu.

Sébastien Castella actua avec la sérénité ... et l'engagement minimal de quelqu'un qui a déjà la temporada jouée et bien jouée. Il n'alla pas à la guerre avec le piquant premier et, peu aidé, il est vrai, par une musique d'enterrement, se cantonna vite au 4 dans un toreo de proximité sans grand intérêt.
Comment va le malade? Plus la saison avance et plus on ausculte chaque actuation d'Ivan Fandiño dans l'espoir d'y trouver des raisons d'espérer. La situation est pesante car malade il y a effectivement : nervosité, tics, difficulté à trouver le sitio, engagement moindre ... mais volonté intacte. Face à l'exigeant second, le Basque connut, au milieu des approximations, quelques réels bons moments qu'une épée défaillante laissera sans prix. Mais est-ce bien raisonnable de pointer son épée vers le ciel pour tuer un toro brave? Il abdiqua trop vite face au fade cinquième dont, en d'autres temps, il n'aurait fait qu'une bouchée, donnant l'impression d'un homme atorado.
Joselito Adame, mal servi, coupa l'oreille de consolation du dernier toro grâce à un recibir d'effet rapide. On tua en général défectueusement tout l'après-midi.
En préambule à la corrida, le rejoneador Leonardo Hernandez fut sobre et précis (oreille) face à un murube de Los Espartales, gros, brave et faible.




lundi 31 août 2015

Novillada-concours de Saintperdon



   Après deux années de novillada-concours de haut niveau, cette édition 2015 a été une déception. L'après-midi fut un festival de mansedumbre ou de faiblesse qui n'épargnèrent aucun des six novillos présentés. Aussi sera-t-on bref dans le compte-rendu de leur combat.

   Le Partido de Resina est ovationné à la sortie pour son trapío typique de pablorromero. Il est inconsistant sous une pique et un picotazo puis de charge incertaine au troisième tiers.
   Le Parladé (domecq) est laid de type. Sans doute était-il brave et noble mais sa faiblesse ne lui permet pas d'exprimer ses qualités (deux petites piques, une bonne charge à droite mais tournant vite à la sosería).
   Le pensionnaire de Dolores Aguirre (atanasio fernandez) est un manso typique de la casa. A la muleta il vire au bronco.
   L'imposant burraco d'El Cubo (murube + domecq)  est un manso désordonné et puissant qu'une troisième pique bien donnée et bien prise va fixer. Il semble soumis en début de faena mais à la première occasion il prend violemment Louis Husson qui s'en tire heureusement sans dégât majeur.
   L'astifino Astarac (gamero civico) est lui aussi un manso coureur (dominante de la soirée) qui ne se livre ni à la pique ni à la muleta.
   Enfin, le santacoloma d'El Añadio est ovationné pour son trapío parfait. Hélas, très vite, il montre une faiblesse qui rend le tercio de pique sans objet. Il se reprend en début de faena où sa caste s'exprime par des charges répétées avant de s'éteindre définitivement.
   En résumé, deux novillos (domecq et santacoloma) avec, sans doute des qualités, mais faibles, et quatre mansos dont certains auraient eu leur intérêt dans une autre course mais impropres pour une concours. Et le sentiment, en fin de compte, que cette novillada-concours a constitué un panorama assez révélateur de l'état actuel de la cabaña brava.

   Du côté des hommes, Louis Husson continue à ne pas progresser, Joaquin Galdos tira tout le parti possible du Parladé mais le tua très mal et le Colombien Juan de Castilla, vaillant et sincère, à revoir.

   Prix au meilleur novillo et au meilleur tercio de pique non attribués. Président inadapté à ce type de course.
   Emouvante minute d'applaudissement en hommage à José Cubero "Yiyo" tragiquement tué à Colmenar Viejo par Burlero il y a trente ans.

L'affiche 2015




















La plus belle pique de la tarde

lundi 17 août 2015

Roquefort



















































Samedi 15 août 2015   Monumental des Pins   Roquefort
beau temps frais
demi-arène

6 novillos de Pedres (12 piques, ovation aux 2 et 3) pour Louis Husson (silence, silence), Andrés Roca Rey (deux oreilles, vuelta) et Joaquin Galdos (deux oreilles, une oreille).

Les novillos de Pedres étaient tous de forte corpulence comme il est de tradition ici. Quelques pointes vite escobillées seront le seul bémol de la présentation. Au premier tiers, leur comportement fut incertain; il faut  dire que le tercio de pique fut rendu difficile par l'incapacité des chevaux (cavalerie Heyral) à se mouvoir et à obéir aux cavaliers. Une peine. Leur vertu principale résida, à l'exception du premier, arrêté, dans la qualité de leur charge au troisième tiers. Charge codiciosa pour les 2 et les 3, plus pesante, qu'il fallait savoir consentir pour les autres.
L'or péruvien s'est répandu à profusion sur le ruedo roquefortois par la grâce de ces deux authentiques promesses de grands toreros que sont Andrés Roca Rey et Joaquin Galdos. Roca Rey plus vertical, Joaquin Galdos jouant davantage de la ceinture et d'un temple remarquable - le brusque sixième ne toucha la muleta qu'une seule fois de toute la faena. Un point commun : le courage et l'entrega qui transmettent l'émotion du toreo aux gradins.
Au quatrième novillo, la comparaison fut cruelle pour Louis Husson, pourtant très bon à la cape, mais en difficulté épée en main et, surtout, sans idées claires sur la manière de se servir efficacement d'une muleta.
Demi- arène d'un public de qualité qui sortit enchanté de la course.

lundi 10 août 2015

Parentis































 


















Dimanche 9 août 2015   arènes Roland Portalier   Parentis
beau temps frais
lleno

4 novillos de Castillejo de Huebra, 2 de José Manuel Sanchez (2 et 4), mansos, pour Miguel Angel Leon (silence, salut), David de Miranda (silence, silence) et Alejandro Marcos (silence, silence).

Les murubes du Campo Charro ont tous fait preuve de mansedumbre. La plupart s'enfuyaient au contact du fer (un vingtaine de piques) et se réfugiaient aux tablas en cours de faena. La palme revint au dernier, manso perdido  qui plus est reparado de la vista, un novillo réellement illidiable. Comme points positifs on notera la finesse de type du premier, le tercio de pique bien mené au 2, qui vint de loin et avec force quatre fois ... mais sortit seul de suerte, la mobilité du lot avec une belle noblesse pour le 5.
Miguel Angel Leon, discret face au 1, réalisa une faena correcte au 4 (un colorado de type différent), bien estoqué. Public et présidence restèrent assez froid; faire jouer la musique aurait au moins permis de ne pas entendre le groupe d'imbéciles avinés et irrespectueux qui sévit au soleil.
David de Miranda, hormis la vaillance, semble avoir peu d'atouts dans son jeu  pour réussir dans la difficile profession de matador. Il aligna les passes destempladas face aux belles charges du 5.
Alejandro Marcos réalisa le plus torero de l'après-midi face au troisième qu'il toréa de manière très pure. Mais le novillo était faible et sans transmission ce qui limita la portée de son travail. Dans une ambiance électrique, il réussit à se débarrasser avec sang froid et en temps voulu du garbanzo negro de sixième.






samedi 8 août 2015

15 août à Roquefort

Bien sûr il y aura ce jour-là corrida à Béziers, une belle novillada est annoncée aussi à Valverde del Camino, sans doute quelque autre course sur la planète taurine, mais le samedi 15 août, je serai à Roquefort.






















Le cartel ne manque pas d'intérêt. Les novillos de Pedres (domecq de Salamanque via Matias Bernardos) sont beaux, comme le veut la tradition locale. Les fundas qui les affublent rendent, hélas, les photos irregardables. Le duo de novilleros péruviens est ce qui se fait de mieux actuellement (toutes catégories confondues) et Louis Husson est à la recherche d'un second souffle.

samedi 1 août 2015

Azpeitia le cœur de l'aficion basque

   Les arènes d'Azpeitia sont nichées entre montagnes embrumées, édifices religieux et usines désaffectées.




































 
 On y garde la mémoire du banderillero José Ventura Laca tué en 1846. Avant l'arrastre du troisième toro, le public se lève, dans le ruedo même les mules se figent pendant que la musique joue un zortziko en l'honneur du modeste banderillero guipuzcoan. Moment d'émotion.



 

Lorsque l'on voit la composition des cartels et particulièrement le choix des ganaderias (Cuadri, Ana Romero et Pedraza de Yeltes pour cette année) on ne doute pas de la qualité de l'aficion locale. La corrida de ce 31 juillet sera passionnante de bout en bout. D'abord grâce aux toros. Les Cuadri sont d'un tamaño impressionnant, digne de n'importe quelle arène de première catégorie. Un bémol en revanche pour certaines armures abîmées. Porté par une caste évidente, leur volume ne les empêche pas d'aller toujours de l'avant. De fait tous, sauf le mauvais cinquième qui lorgne en permanence les verts pâturages qui surplombent les arènes, font preuve d'une des qualités qui a toujours été la force de la ganaderia : la noblesse. Noblesse pesante toutefois, qui nécessite de la part des toreros placement adéquat, choix des terrains approprié et temple. Ne pas confondre avec ces toros qui se font la faena tout seuls. Leur comportement face au cheval est plus mitigé. 10 piques sous lesquelles seuls le 1 et le 6 pousseront - par moments - con los cuartos traseros.
   Les matadors de leur côté ont le plus souvent essayé de donner le meilleur d'eux-mêmes. Ils en ont hélas payé le prix fort pour deux d'entre eux. Paulita, après une faena templée mais un peu marginale au premier (seul faible de patte de l'après-midi) recevra une cornada au cou lors de la mise à mort. On ne peut s'empêcher de penser que les molinetes spectaculaires mais brusques par lesquels il termina sa faena avaient montré la voie au toro.
   Perez Mota sera lui aussi pris lors de l'estocade au quatrième (cornada dans la cuisse). Il avait auparavant remarquablement toréé le 2, en particulier par naturelles. Une oreille.
   Sergio Serrano torée peu, très peu même. A ce jour sa réputation n'a pas dépassé le cercle des amis de sa ville natale, Albacete. Alors, combattre trois Cuadri de 600 kilos  dans l'après-midi, c'était en quelque sorte jour de fête pour lui. Il est resté sobre, modeste, essayant de faire les choses bien, n'y parvenant que rarement ... sauf au dernier, un bon Cuadri (annoncé à 680 kilo!) face auquel son courage, sa tête froide lui permirent de garder le sitio. Deux oreilles après une belle estocade qui tue instantanément.
   Je découvrais ce jour les arènes d'Azpeitia, une belle découverte, un lieu où l'on sent battre le cœur de l'aficion basque.
  

mercredi 1 juillet 2015

Corridas en Catalogne 2015


Céret

samedi 11 juillet
Dolores Aguirre
Fernando Robleño - Alberto Aguilar - Alberto Lamelas

dimanche 12 juillet
matin   Juan Luis Fraile
 Sanchez Vara - Morenito de Aranda - Perez Mota

tarde   Adolfo Martin
 Luis Miguel Encabo - Diego Urdiales - Fernando Robleño

site de l'ADAC






















Millas

dimanche 9 août
novillada-concours
Concha y Sierra - Valverde - Meynadier
Hubert Yonnet - Gallon - L'Astarac
Lilian Ferrani - Joaquin Galdos - Pablo Aguado

dimanche 21 juin 2015

Corrida de La Brède : mais où est donc passé Lopez Simon?

Samedi 20 juin 2015
6 toros de Pedres (6 piques) pour Eugenio de Mora (silence et silence), Curro Diaz (1 oreille, 2 oreilles) et Juan Leal (saluts, 2 oreilles).

   Rien dans la presse, rien sur internet, pas d'affiche à la taquilla ni sur la porte des arènes. La surprise est donc totale lorsque, assis sur les gradins et parcourant la feuille de sorteo distribuée par un placier, je vois le nom d' Eugenio de MORA en lieu et place de celui de Lopez Simon. Mais où est donc passé Lopez Simon?
  Le remplaçant, il est vrai mal servi, joua parfaitement le rôle du fantôme de l'absent (silence et silence).
   Curro DIAZ fut en revanche the right man in the right place. Conjuguant élégance torera et desmayo, le styliste de Linares eut tout au long de ses deux faenas des gestes magnifiques. Son toreo, toujours précis, épuré, était parfaitement adapté à la noblesse de ses vis à vis. Le premier, plus vif, tutoya parfois sa muleta; il sut toréer sans l'obliger son second, un réserve burraco du même élevage, qui n'aurait pas supporté un toreo plus engagé. On regrettera simplement ses estocades desprendidas.
   Face au 3, un caniche écorné, Juan LEAL torchonna quelques aller-retours sans intérêt. Guère mieux face au dernier, le meilleur toro de l'après-midi, mais sa jeunesse souriante, un final encimiste comme il les affectionne et une excellente estocade au second essai lui valurent deux oreilles.
   Les toros de PEDRES correctement présentés, sauf le 3, laid et sans cornes, imprésentable même dans une portative. Faibles, nobles, de peu de caste; le 2 et le 6 un ton au-dessus.

PS   Réponse à la question : que l'on se rassure Lopez Simon n'est ni blessé, ni malade, il se porte même à merveille. Pourtant annoncé ici dès avant ses triomphes madrilènes, ce qui lui a laissé du temps pour préparer son itinéraire, il a tout simplement confondu le chemin de La Brède avec celui d'Istres, où il remplaçait José Maria Manzanares dimanche matin (Internet m'apprend qu'il y a même indulté un "toro" de Zalduendo). Voilà qui témoigne de bien peu d'égard envers ceux qui lui avaient fait confiance lorsque sa situation n'était pas aussi florissante qu'aujourd'hui. Muy mal torero!
  

mardi 16 juin 2015

Flor de Jara

















La flor de jara c'est la fleur de ciste. Carlos Aragon Cancela qui a racheté à Javier Buendía la ganaderia Bucaré (origine santa coloma issue directement du partage des Joaquin Buendía) a choisi ce nom parce qu'au printemps, les contreforts de la sierra de Guadarrama, près de Colmenar Viejo, sont couverts de cistes en fleur dont la couleur rappelle le pelage cárdeno claro qui domine dans l'élevage.
   S'il est poète - et le paysage idyllique dans lequel grandissent ses toros incite à l'être - le ganadero est aussi revendicatif. Il regrette que les figuras d'aujourd'hui imposent systématiquement les toros d'origine domecq au détriment des autres encastes. Il estime que cela produit une uniformisation de la fiesta et que le public se lasse de savoir à l'avance ce qui va se passer dans l'arène. Il pense que les encastes aujourd'hui marginalisés, tels que le sien, permettraient de rompre cette uniformisation, ce qui attirerait davantage de public aux arènes.
   L'an dernier l'élevage a fait lidier, essentiellement en Castille, 19 novillos et une cinquantaine d'erales. Au cours de la présente temporada deux novilladas piquées devraient être combattues dont une à Villaseca de la Segra. Si tout se déroule comme prévu, on pourrait revoir en 2016 des toros (cinqueños) de Flor de Jara dans d'importantes arènes françaises et espagnoles.
   En France l'élevage s'est surtout illustré à Vic Fezensac : excellente novillada en 2009, conclue par un tour de piste du mayoral; Generoso vainqueur de la corrida-concours de 2011; brave corrida enfin en 2012 avec une vuelta à Rabinegro, second de la tarde. Depuis, de ce côté-ci des Pyrénées, les sorties de l'élevage ont été discrètes. Alors en 2016, peut-être...

















 Generoso vainqueur de la corrida-concours vicoise en 2011



















Les cuatreños devraient connaitre un printemps de plus. L'éleveur justifie les fundas par le fait que l'encaste santa coloma produit des animaux aux cornes peu développées et qu'une trop grande usure les empêcherait de paraitre dans des plazas importantes.



















Un semental avec son lot de vaches. Pour avoir un plus grand nombre de familles et éviter ainsi la consanguinité Carlos Aragon Cancela utilise un grand nombre de sementals (plus d'une quinzaine).


photos Velonero

jeudi 28 mai 2015

Une photo de Medhi Savalli


















   Le hasard du clic a fait rentrer dans mon petit appareil cette photo de Medhi Savalli toréant le cinquième toro de Valdellan dimanche matin à Vic.
   Je ne me sens pas particulièrement compétent pour analyser la technique du toreo - les commentaires d'aficionados plus pointus sont les bienvenus - mais il me semble que cette photo montre bien pourquoi et comment l'Arlésien est passé à côté (au sens propre comme au figuré) de ce noble toro de Valdellan.
   Résumons la situation : Medhi Savalli a été mis en difficulté par la caste de son premier adversaire mais son second, Huerfanito, seul cárdeno du lot, fait preuve d'une belle noblesse en particulier sur la corne droite. Medhi s'en rend parfaitement compte et exploite la longue et claire charge en plusieurs séries de derechazos templés. Pourtant le public reste tiède, la faena ne monte pas aux étagères.
   Sur la photo on voit bien que torero et toro sont sur des lignes parallèles. Le toro est dirigé par le pico de la muleta. Le torero s'appuie comme il le doit sur la jambe de sortie mais c'est pour allonger la passe en ligne droite et non pour charger la suerte en dirigeant le toro vers l'intérieur par une ligne courbe, ce qui marquerait la domination et l'emprise de l'homme sur le toro.
   Certes il se donne chaque dimanche des dizaines de derechazos comme celui-ci, ils permettent même de couper des oreilles. Mais, devant un public plus exigeant, si l'on veut obtenir un succès indiscutable susceptible de relancer une carrière, cette manière de toréer ne suffit pas.

mercredi 27 mai 2015

Vic : les mystères de Dolores

   Plus je vois de corridas de Dolores Aguirre et plus je trouve cet élevage passionnant. Voilà des toros qui rompent avec le formatage et la prévisibilité installés dans les arènes par l'envahissement du sang domecq.
   Si l'on prend en compte uniquement leur comportement au cheval, les toros du jour peuvent être qualifiés de braves. En témoignent les 17 piques qu'ils ont prises en poussant le plus souvent avec rage et fixité. A noter à nouveau après Aire, l'excellente prestation de Juan Antonio Agudo au second toro de l'après-midi. Agudo est, à ma connaissance, le seul picador capable de piquer dans le morillo.
   Si l'on considère le reste de leur combat, ce serait plutôt le qualificatif de manso qu'il faudrait employer. Ils furent abantos à leur sortie puis, face à la muleta, ils hissèrent le drapeau blanc avec la mobilité galopante de ceux qui cherchent clairement la fuite.
   Ce paradoxe nous conduit à un autre.
   Ils étaient difficiles car leur puissance et leurs courses désordonnées pouvaient être ardues à canaliser.
   Ils étaient faciles car leur fuite n'eut jamais de mauvaises intentions. D'ailleurs, les vieux briscards que sont Rafaelillo et Sanchez Vara passèrent un après-midi confortable, se contentant de les toréer élégamment sur leur voyage naturel, se gardant bien de les contraindre, jusqu'à ce que, inéluctablement, leur mansedumbre  les conduise à refuser le jeu proposé. Pas de triomphe, mais pas d'échec et des risques limités à la gestion des affaires courantes.
   L'attitude d'Alberto Lamelas fut autrement intéressante et révélatrice. A ses deux toros, il se croisa, alla chercher la corne contraire et, malgré un défaut de temple évident, réussit à soumettre leur charge à sa volonté. Et ses deux toros se grandirent, oublièrent les planches et se centrèrent sur la muleta dominatrice que leur proposait le torero. Ils retrouvèrent la bravoure qu'ils avaient exprimée face au cheval.

mardi 26 mai 2015

Un dimanche à Vic


Matin
   6 toros de Valdellan (19 piques, vuelta au 6 Cubano) pour Paulita (applaudissements, silence), Medhi Savalli (silence, silence) et Curro Valencia (une oreille, une oreille avec blessure).
   Vuelta finale de la cuadrilla de César Valencia en compagnie des deux picadors Alberto Sandoval et Ivan Garcia et du mayoral.

Après-midi
   6 toros de José Escolar Gil (13 piques) pour Fernando Robleño (silence, silence), Alberto Aguilar (silence, silence) et Rafael Cerro (silence, silence).


   Deux corridas à la présentation indiscutable aussi bien au niveau des armures que du volume des toros. De beaux et imposants toros comme on veut les voir ici à Vic. En revanche une grande différence entre la matinée, passionnante de bout en bout, et la soirée, qui se traîna dans un ennui profond. Et cette différence nous la devons à la caste, notion pas toujours facile à définir mais dont la journée offrait une belle démonstration pratique de ce qu'elle est et de ce qu'est son absence. Les toros du matin en étaient abondamment pourvus, ceux de l'après-midi en manquaient cruellement. Y mettre des mots : vivacité, énergie, tempérament, agressivité, pouvoir.
   Les toros de Valdellan possédaient toutes ces qualités. De fait, ils poussèrent avec force sous les piques et trois d'entre eux offraient  au troisième tiers de réelles possibilité de succès. Le troisième auquel Cesar Valencia coupa une oreille, le quatrième que Paulita ne toréa jamais et le cinquième à côté duquel passa Medhi Savalli. La matinée se termina en apothéose avec l'imposant Cubano, un magnifique combattant comme on les aime ici. Il enflamme le public dans un tercio de pique d'anthologie malgré quelques ratés du piquero. Il mettra ensuite la cuadrilla en difficulté au deuxième tiers. Puis, sa tête toujours haute, sa puissance, sa mobilité en feront un adversaire redoutable pour le jeune Vénézuélien qui sera pris en tentant de porter l'estocade à toro non fixé.
   Il m'a semblé retrouver chez certains Valdellan la caste des Fraile bayonnais de la grande époque (même origine Graciliano), jusque dans la manière du quatrième de se briser une corne contre le burladero (il fut remplacé par un toro du même fer).

   Malgré leur trapío digne de tous les éloges, les Escolar Gil de l'après-midi ont souffert de la comparaison. Sosería, toros allant a menos, se décomposant. Une perte de caste assez inquiétante pour un élevage qui, il y a peu, chassait sur les terres de Victorino. Aujourd'hui ils ressemblaient davantage à de mauvais buendías qu'à des albaserradas encastés.
   La terna de la tarde, médiocre du début à la fin - on regretta l'absence de Sergio Aguilar - n'aura rien arrangé mais elle n'aurait pu, au mieux, que masquer les carences de fond du lot.


La sortie de Cubano (photo Velonero)

vendredi 22 mai 2015

Notes sur quelques jours passés à Madrid (2)

Le tercio de piques
   Je m'étais imaginé innocemment que le temps des chevaux-forteresses était révolu y compris à Madrid. Il n'en est rien. Le cheval de Madrid est toujours un char d'assaut entouré d'un caparaçon muraille de Chine. Les toros se estrellan consciencieusement deux fois chacun contre eux puis repartent dégoûtés vers d'autres combats. Un toro de 600 kilos réussit à peine à les faire trembloter.
   Même Tito Sandoval aux ordres de Miguel Abellan pique comme un cochon et refuse un cite de loin.
   Le 7, juste derrière, qui monte sur ses grands chevaux dès qu'un toro trébuche ou qu'un torero se trouve un poil décentré, est quasiment aphone lors du tercio de piques.
   Dans de telles conditions, ce sont les toros braves et puissants qui ne peuvent s'exprimer et montrer leurs qualités au premier tiers. A Madrid aussi les corridas sont incomplètes.

mercredi 20 mai 2015

Notes sur quelques jours passés à Madrid

La blessure de Jiménez Fortes
   Jiménez Fortes est venu à Las Ventas a por todas.
   D'entrée sa volonté et ses bonnes manières lui valent la sympathie du public.  Il a coupé une oreille à son premier toro et la puerta grande est à moitié ouverte lorsque sort Droguero, 640 kg, cinqueño, un colorado de Salvador Domecq, le toro le plus lourd de la soirée. Comme ses frères il semble limité en caste et en force et pour cela il est peu châtié en deux piques. Le Malagueño commence sa faena par des doblones peu appuyés par crainte de faire chuter l'animal. Puis, malgré le vent violent il cite au centre de l'arène, de loin, pour des derechazos. Le toro vient avec force et donne des hachazos, il accroche la muleta puis désarme le torero. Celui-ci sent que le triomphe lui échappe et joue son va-tout. Il se plante en los medios, à bonne distance, la muleta dans la main gauche. Mais le vent empêche tout cite précis. Le toro charge, prend le matador, le projette à terre où il lui transperce le cou d'un coup de corne. Jiménez Fortes se relève, porte la main à son cou ensanglanté et court vers l'infirmerie avant d'y être emporté par son valet d'épée et deux peons. La plaza est frappée de stupeur. Sur le ruedo de Las Ventas restent une cape, un lot d'épées et face au tendido 7 Uceda Leal qui estoque Droguero.
   On apprendra plus tard que le pire est évité, mais une fois de plus Jiménez Fortes aura payé au prix fort sa soif de triomphe.

















Puertas gayolas
   Huit puertas gayolas en trois corridas, ça en dit beaucoup sur la détermination des toreros à Madrid mais, pour le public, l'habitude finit par user, par émousser l'émotion.
   C'est au Prado, face aux toiles du Greco, de Zurbaran, de Ribera, que j'ai compris que les hommes qui s'agenouillent sur le sable de Las Ventas sont de la même trempe que les mystiques hallucinés que j'avais sous les yeux.


Parte facultativo de JF, photo Velonero
  
   



mardi 19 mai 2015

Réflexions sur le public de Madrid

   Sans doute faudrait-il parler des publics plutôt que du public tant on rencontre de divergences d'opinion sur les étagères madrilènes. Il est bien loin le temps des broncas féroces et unanimes de la fin des années soixante-dix. Je me souviens en particulier d'une corrida de Pablo Romero au cours de laquelle chaque matador avait entendu une bronca à la mort de chaque toro. Nous étions en 1976 et il est évident que, dans la période politique très incertaine que vivait l'Espagne à ce moment-là - Franco venait juste de mourir et c'était le tout début de la Transition - Las Ventas était un des seuls endroits de la capitale où il était possible de protester en toute impunité. El País venait juste d'être créé et l'on pouvait, au petit matin, se faire arrêter pour le simple fait de l'avoir acheté en bas de chez soi. Dans les années qui ont suivi j'ai toujours trouvé le public vif, nerveux, excessif dans ses rejets aussi bien que dans ses admirations.
   En ce printemps 2015, où je retrouvais les gradins venteños après de nombreuses années de purgatoire, le public m'a semblé beaucoup plus froid et mou qu'auparavant. C'est un public déséquilibré, qui va claudicant, avec une jambe faible, celle des gens désireux de pasarlo bien, et une jambe excessivement réactive et puissante, le tendido 7. Toujours au complet, semblant bien organisé, inébranlable dans ses certitudes, bruyant dans ses manifestations, le tendido 7 est vraiment impressionnant. L'aficionado vivant au pays de Montaigne que je suis a parfois du mal à supporter la rigidité et l'intolérance de ces bataillons braillards. Il faut reconnaître toutefois qu'ils ont souvent raison et que, sans ces gardiens du temple, Madrid aurait tôt fait de devenir une arène comme les autres. Je vois pourtant quelques inconvénients à l'excessive place qu'ils ont acquise par leur comportement. Tout d'abord, en se regroupant en un même lieu et en cristallisant le mécontentement depuis leur tendido ils ont conduit le reste de l'arène à la passivité. Inutile de broncher, le 7 s'en charge. Ensuite la systématisation de leurs protestations finit par banaliser leur action et la rendre vaine. A force de crier au loup... Enfin, et c'est peut-être le plus gênant, je ne pense pas que, si je découvrais la corrida parmi eux, j'aurais envie de devenir aficionado.



lundi 18 mai 2015

Madrid





















Vendredi 15 mai   plaza de toros Monumental de Las Ventas   Madrid.
Soleil, vent violent.
Lleno de no hay billetes.

6 toros de Parladé (cinqueños, 12 piques, ovation aux 4 et 6)  pour Miguel Abellán (une oreille, division d'opinions), Miguel Angel Perera (applaudissements, silence) et Ivan Fandiño (silence, pétition d'oreille).
Salut du banderillero Joselito Gutierrez au 2.

La corrida a été marquée par le vent violent qui a pratiquement empêché tout toreo de cape et a considérablement gêné les matadors durant les faenas de muleta.
Les toros de Parladé, d'excellente présentation, ont fait preuve à des degrés divers de bravoure et de noblesse  mais, sauf le 4, tous ont manqué d'alegria dans les charges et sont allés a menos.
Oreille un peu bénévole pour Miguel Abellán au 1 pour quelques belles naturelles données une à une en se croisant au maximum. Il resta en revanche en dessous du 4, le plus mobile de la soirée. Son échec fut souligné avec cruauté par le tendido 7.
Le vent et la fadeur de ses adversaires ne permirent à Miguel Angel Perera de montrer la douceur et le temple de sa muleta que parcimonieusement.
Après l'échec de son encerrona du début de la temporada, Ivan Fandiño s'est enlevé l'épine du pied grâce à une excellente faena au 6. Pinchazo avec violente cogida qui laisse le matador groggy dans l'émotion générale, puis belle entière qui, elle, laisse le président de marbre malgré la pétition. Le soir, au tablao flamenco La Quimera, la magnifique énergie des artistes faisait écho en moi à l'impression de force retrouvée chez le Basque.




lundi 11 mai 2015

Juin 2015 : Toros en Gironde


CAPTIEUX
dimanche 7 juin 
17h   novillada
El Tajo La Reina
Lilian Ferrani - Louis Husson - Andrés Roca Rey

Rugby y toros, le blog




LA BREDE
samedi 20 juin
11h30  novillada sans picadors
Frères Bats "Alma Serena"
Baptiste Cissé - Tibo Garcia

18h   corrida
Pedres
Curro Diaz - Lopez Simon - Juan Leal

programme

 2015-La-Brede


samedi 2 mai 2015

Novillada-concours d'Aire : une belle réussite

   Pour qu'un concours de ganaderias soit réussi il faut deux conditions:
- que les hommes à pied et à cheval soient prêts à jouer le jeu et qu'ils aient les capacités techniques pour le faire
- que les toros sélectionnés possèdent suffisamment de bravoure pour ne pas rendre l'exercice vain.
   Mais lorsque l'on a en plus un novillo brave et de fort tempérament et un torero d'excellent niveau qui donne deux leçons de bon toreo, il y a de quoi sortir entièrement satisfait d'un spectacle qui constitue toujours un pari.

   Le concours opposait six novillos d'origine santacoloma.

Escribano de José ESCOLAR GIL (ligne Albaserrada) est un cárdeno sans puissance ni fixité en deux piques puis mobile et noble (sur la corne droite) bien que distrait. Applaudissements.

Torrealta de VALDELLAN (ligne Graciliano) sera le novillo de l'après-midi. Negro. 4 piques prises en partant avec un franc galop mais un défaut, celui de ne pas pousser très longtemps, on peut se demander si le fait que le picador retire très vite la pique n'incite pas le novillo à cesser son effort. Au troisième tiers il est vif, codicioso avec une charge franche et soutenue en particulier sur la corne droite. Vuelta al ruedo.

Africanito de FLOR DE JARA (ligne Buendía), cárdeno, peu fait, semble posséder les bonnes qualités de son encaste (bravoure et noblesse) mais sa faiblesse l'empêche de les exprimer.

Quirurgico de RASO DE PORTILLO (encaste Buendía par Dionisio Rodriguez, le romantisme, mais aussi son comportement, voudrait qu'il subsistât en lui quelques gouttes de la vieille race de Castille). Negro, charpenté. Puissant en quatre piques remarquablement citées et données par Juan Antonio Agudo. Il y pousse par à coups, puis au troisième tiers il est mobile et noble mais sort des passes la tête haute. Ovation.

Clarinero de Pablo MAYORAL (ligne Buendía). Cárdeno oscuro, peu armé. 4 piques. C'est un toro que l'on sent en permanence tenté par la fuite; à la muleta il chargera avec noblesse, voire candeur. Applaudissements.

Jabato de COQUILLA de SANCHEZ ARJONA. Noir, haut, bien armé. 2 piques prises avec plus de nerf que de bravoure. Sa charge est brusque et piquante, remarquablement canalisée et modelée par son matador. Ovation.

   Si l'on doit tirer un enseignement de l'ensemble de ces combats c'est la facilité avec laquelle tous les novillos sont allés au cheval - même si aucun n'y a poussé de verdad, ainsi que leur capacité à charger au troisième tiers avec noblesse  et sin rajarse. Un bon point pour l'encaste santacoloma.

   Borja ALVAREZ, basto, hésitant, plein de bonne volonté mais très limité en tout, joua le jeu et réussit quelques droitières méritantes à ses deux novillos.
   Louis HUSSON montra une grande aisance dans le maniement de la cape et fut  souvent remarquable dans les mises en suerte. Excellent tueur aussi, qui s'engage à fond. Sa marge de progression à la muleta est encore très grande. Une oreille du novillo de Valdellán.
   Dès que ROCA REY s'est ouvert de cape on a senti que l'on était dans une autre dimension, celle d'un novillero puesto qui semble déjà prêt à tutoyer les figures sur leur terrain. Sitio, élégance, temple, rythme, tout avait chez lui la saveur des élus. Avec un tel niveau il peut retirer de son répertoire les culerinas par lesquelles il termina ses faenas. Grande estocade et deux oreilles après avoir canalisé et dominé la charge brute du Coquilla. On pourra le revoir en juin à Captieux et pour le 15 août à Roquefort.

      prix au meilleur novillo : Torrealta de Valdellán
      prix au meilleur picador : Juan Antonio Agudo qui piqua le Raso de Portillo


  

lundi 27 avril 2015

Miura ganaderia d'avenir

   Ce fut un plaisir de voir (à travers le prisme du petit écran) ces six magnifiques toros de Miura. Certes les pitones sont toujours aussi fragiles et leur robe a, depuis quelques années, tendance à se déployer dans toutes les nuances du gris au détriment de la variété traditionnelle des pelages de la maison, mais l'harmonie si particulière du toro de Miura demeure.
   Le comportement du lot a suscité un intérêt permanent dans le ruedo sévillan; et on peut penser qu'il correspond à ce que les ganaderos souhaitent pour leur élevage. A savoir un équilibre entre le danger (pressant ou sournois) dont les miuras doivent faire preuve pour rester fidèles à ce que l'on attend d'eux et les possibilités offertes de pratiquer un toreo de troisième tiers. Aujourd'hui le danger était bien présent chez les six à des degrés divers, et trois d'entre-eux offrirent  des possibilités de construire des faenas. Ainsi le très brave Trapero, deuxième du jour, se laissa-t-il donner - comme un vulgaire domecq - deux cambios por la espalda avant de faire naufrager, par sa caste, un Manuel Escribano très décidé mais à la muleta bien trop inconsistante. Ainsi le magnifique cinquième, Bandolero, dont la fixité et la noblesse permirent le desquite au même Escribano fut-il à deux doigts de l'étriper lors d'une statuaire donnée au fil des tablas en début de faena.
   L'élevage célébrait rien moins que 75 années de présence ininterrompue à la feria de Séville et, après les six toros de ce jour, tous les espoirs sont permis pour les 75 prochaines années!

vendredi 17 avril 2015

Mont de Marsan : cartels de la Madeleine 2015






















 mardi 21 juillet
concours landais

mercredi 22 juillet
Domingo Hernandez "Garcigrande"
Diego Urdiales - Miguel Angel Perera - Alejandro Talavante

jeudi 23 juillet
matin : novillada sans picadors

Juan Pedro Domecq
Juan José Padilla - José Maria Manzanares - Thomas Dufau

vendredi 24 juillet
Victoriano del Rio
Enrique Ponce  -  Ivan Fandiño

soir : corrida portugaise

samedi 25 juillet
matin : novillada
Jean Louis Darré
Clemente - Gines Marin

Cebada Gago
Rafaelillo - Javier Castaño - Perez Mota

dimanche 26 juillet
Victorino Martin
Antonio Ferrera - El Cid - Alberto Aguilar


   Lorsque j'ai pris connaissance des cartels, ma réaction spontanée a été le soulagement. Pour la bonne (et égoïste) raison que, ayant prévu de batifoler sous d'autres cieux au moment où se donnera la feria montoise, je n'ai rien trouvé dans les combinaisons annoncées qui pût me faire regretter mon absence.
   Certes, à l'analyse, les cartels peuvent paraitre solides. Sur les trois corridas pour vedettes, deux proviennent de ganaderias qui, lors de la temporada passée, ont fait preuve, dans leur catégorie, d'une régularité de bon aloi (Garcigrande et Victoriano del Rio). Et finir la feria avec les élevages de Cebada Gago et de Victorino Martin est un gage de sérieux. Rien à redire.
   Côté hommes en revanche, on a l'impression que les cartels ont été conçus à l'heure de la sieste. Ça ronronne gentiment. On a connu les productions Simon Casas & Co plus inspirées. Passons sur le mano a mano Ponce - Fandiño. Pourqui pas? Approuvons sans réserve la mise sur la touche d'El Juli et de Morante de la Puebla largement justifiée par leurs médiocres prestations de l'an dernier sur le sable du Plumaçon ainsi que par les prétentions exorbitantes de leurs cachets. Mais une question se pose : où sont passés les jeunes? A Mont de Marsan, comme en trop d'autres lieux, la feria semble être l'antichambre de la maison de retraite.

mercredi 8 avril 2015

Mugron



Lundi 6 avril 2015   arènes de Condrette   Mugron (Landes)
Temps ensoleillé, vent froid
Arènes pleines

6 novillos de Baltasar Iban (17 piques, 4 chutes, vuelta au 2 Peletero) pour Alejandro Marcos (silence, salut), Louis Husson (salut, une oreille) et Pablo Aguado (silence, applaudissements)

Le lot de novillos de Baltasar Iban, puissant et encasté a largement débordé les novilleros du jour. Toutefois, Louis Husson, en se montrant à son avantage au cinquième après  avoir subi la loi de Peletero, a prouvé qu'il possédait des ressources morales. Le Sévillan Pablo Aguado eut quelques gestes de classe  au dernier; il avait auparavant connu (ainsi que sa cuadrilla) une déroute totale face au très sérieux troisième. Le Salmantin Alejandro Marcos passa inaperçu.
Le héros du jour fut le second novillo, Peletero, quintessence de ce que peut engendrer une grande maison comme Baltasar Iban. Formes parfaites, bravoure supérieure qu'il exprima tout au long de son combat et particulièrement au cours du premier tiers (3 piques, 1 batacazo) et noblesse muy encastada qui demandait une main de fer.



mardi 31 mars 2015

Toreos (4)




















 Je relis ce que j'ai écrit dans les textes précédents sur le toreo et je m'aperçois que ce ne sont que des mots, des mots qui classent, qui catégorisent et donc qui séparent (le bon grain de l'ivraie?). Dans la réalité de l'arène bien souvent tout se mélange : le pur et l'impur, le classique et le moderne, le sincère et le ventajista.


   Rien n'est immuable dans le style d'un matador. On a vu une figure du toreo tremendiste, Pedres, devenir un maestro classique. Je me souviens avoir admiré à Madrid, à la fin de sa carrière, l'art épuré d'Espartaco. Et Frascuelo, aujourd'hui icône du toreo pur, avait commencé à se faire une place comme torero bullidor y valiente avant qu'une terrible blessure reçue à Bilbao en donnant une larga a puerta gayola ne l'écarte du circuit. Non, rien n'est écrit : "Chaque homme doit inventer son chemin".


   On a parfois l'impression qu'il n'y a plus de place que pour le toreo moderne. Pourtant José Tomas, Morante de la Puebla, El Cid, Ivan Fandiño, Diego Urdiales n'y ont recours qu'accessoirement. Et ces cinq toreros, dans l'histoire taurine de ce début de siècle, pèsent lourd, très lourd.


   Il existe des formes de toréer qui ne passent pas obligatoirement par cette ligne de partage entre classique et moderne. Lorsque l'aspect physique, la puissance, la malignité du toro imposent à l'homme un combat qui semble disproportionné, nous entrons dans le domaine de l'épique. Archétype de cette situation : Alberto Lamelas et Gabin Rehabi face à Cantinillo de Dolores Aguirre (Vic 2014). C'est l'essence même de la tauromachie et c'est, paradoxalement, une circonstance exceptionnelle car elle n'est possible que lorsque se rencontrent un toro extrêmement puissant ou particulièrement difficile à lidier et un torero extrêmement motivé. Dans les temps anciens, lorsque le cheval n'était pas protégé et le picador encore une vedette - en témoigne toujours l'or de son costume - c'est le premier tercio qui était celui de l'épique. Aujourd'hui, le cheval ultracaparaçonné et la volonté de préserver la mobilité du toro pour la faena de muleta ont le plus souvent réduit le tercio de pique à une simple formalité.


   Il est  temps maintenant de rappeler que le toreo n'existe pas en soi. Il est l'art de toréer ... un toro et dépend donc entièrement de cet élément premier qu'est le toro de combat.


   Ce qui rend le toreo - qu'il soit  moderne ou classique - passionnant c'est, pour le spectateur, la capacité de percevoir de quelle manière le torero adapte sa stratégie aux qualités ou défauts du toro, mais aussi de quelle manière il transforme le comportement du toro pour l'adapter au toreo qu'il veut réaliser. Il y a dans cette alchimie dialectique, portée par le courage et l'intelligence du matador, démonstration de la domination de l'homme sur la bête, une grandeur qui fait toute la richesse et la valeur du toreo et de la corrida.


   L'ennui c'est la recherche d'une trop grande facilité, qui conduit l'aficionado à se désintéresser de ce qui n'est plus un combat. Chaque fois que le rapport de force leur a été favorable, les figures et leur entourage ont cherché à imposer le toro jeune, voire afeité. Aujourd'hui, certains ganaderos tentent d'élever un type de  toro dont l'âge et l'apparence physique sont irréprochables mais dont la bravoure est si proche de l'innocence qu'il donne l'impression de se faire la faena lui-même. Dès lors peut-on parler de toreo? A moins que cette impression ne vienne de l'excellence des hommes qui les toréent, rétorqueront certains...


   Au delà des préférences de chacun, il me parait normal et sain pour la tauromachie qu'une temporada taurine offre aux publics la possibilité de voir toute la palette des différents toreos. Variété indispensable en ce qui concerne les styles, les formes de toreo mais variété non moins indispensable en ce qui concerne les toros, donc les encastes. En agissant pour imposer cette variété aux organisateurs, les aficionados évitent à la corrida de sombrer dans le prévisible et l'uniformité qui la réduiraient à n'être plus qu'un produit standardisé que l'on vend à des consommateurs à l'occasion des ferias.


Jackson Pollock  Number 8   Neuberger Museum  New York








samedi 28 mars 2015

L'évènement de la temporada

   Quel qu'en soit le résultat, la corrida de demain à Madrid est l'évènement de la temporada, celui qui fait battre le cœur de tous les aficionados a los toros de la planète taurine.
   Un homme seul et face à cet homme seul rien moins que ça.

   Merci Ivan FANDIÑO et ¡chapeau!
























photo de l'affiche : Antonio Sevi

mercredi 18 mars 2015

Le printemps des novilladas en Aquitaine

   Début de temporada particulièrement attractif en ce printemps 2015 avec un cycle de novilladas qui, toutes, donnent envie de montrer son nez sur les gradins. Encastes variés, élevages peu connus ou prestigieux, novilleros que l'on imagine remplis d'illusion. Et le rappel - pour ceux qui en douteraient - que ces novilladas offrent souvent bien plus d'intérêt que la plupart des corridas pour vedettes des grandes ferias de l'été.

Dimanche 22 mars
Samadet
Philippe Cuillé
Manolo Vanegas - Guillermo Valencia - Alvaro Garcia

Lundi 6 avril
Mugron
Baltasar Iban
Alejandro Marcos - Louis Husson - Pablo Aguado

Dimanche 19 avril
Garlin
Pedraza de Yeltes
Alejandro Marcos - Joaquin Galdos - J. E. Colombo ou L. M. Terron

Vendredi 1 mai       
Aire sur Adour  
Escolar Gil - Valdellan - Raso de Portillo
Pablo Mayoral - Flor de Jara - Coquilla de Sanchez Arjona
Borja Alvarez - Louis Husson - Andrés Roca Rey


Dimanche 7 juin
Captieux
El Tajo La Reina
Lilian Ferrani - Louis Husson - Andrés Roca Rey





paseo à Garlin