jeudi 31 mars 2016

Eugenio Noel : un si bel ennemi

   La tauromachie a toujours eu à combattre nombre d'ennemis. Ceux d'aujourd'hui ont de l'argent, qu'ils distribuent largement (il serait intéressant de savoir qui reçoit et combien). Ils bénéficient de la puissance de feu d'internet dont ils usent avec une maestria consommée pour s'organiser, pour relayer leurs peinturlurages, pour faire croire qu'ils sont des milliers quand ils ne sont que quelques dizaines d'activistes haineux.Ils ont surtout un incroyable mépris pour l'humain dont la marque la plus malsaine est la joie dont ils font preuve dès qu'un torero se fait blesser ou tuer.
   Eugenio Noel était fait d'un autre bois. Un ennemi à l'ancienne. Son arme : les mots. Pendant des années, au début du XXè siècle, à la manière d'un don quichotte, il va parcourir inlassablement la piel de toro et, de conférence en conférence, prêcher la bonne parole. A savoir que la corrida, et le flamenquisme en général, sont la cause des échecs de l'Espagne, du déclin de sa puissance (dont témoigne alors la perte récente des colonies), de son incapacité à devenir un pays moderne intégré à l'Europe. Il multiplie également les écrits : articles, pamphlets, essais, nouvelles, romans.
   Parmi toute cette littérature, les nouvelles regroupées sous le titre Les toros du désespoir (Las Capeas en espagnol) qui ont paru originellement en 1915 à Madrid sont aujourd'hui encore d'une lecture tout à fait passionnante pour l'aficionado. Car Eugenio Noel connait parfaitement ce dont il parle : le mélange de grandeur et de sordide des courses de village, la ferveur des foules ou leur grossièreté, le pathétique des toreros ratés. On trouve tout cela dans Les toros du désespoir, et derrière la dureté des attaques on perçoit la tendresse de l'auteur pour ce monde rude des courses de sol, moscas y aguardiente qui met si bien en évidence le courage (inutile) et l'espérance (vaine) de ses compatriotes, ses frères d'infortune.


Eugenio Noel, Les toros du désespoir, avant-propos de Marc Thorel, UBTF, 2002

En savoir plus sur Eugenio Noel

l'UBTF 

mardi 15 mars 2016

Après la manifestation de Valence

   Le succès de la manifestation du dimanche 13 mars en faveur de la tauromachie est une joie pour les aficionados, même si l'on peut penser que la présence des principales figures au premier rang a un peu contribué à masquer le caractère éminemment populaire de l'évènement. Bravo aux organisations taurines de la Communauté Valencienne à l'origine du mouvement, qui ont su initier ce regroupement de toutes les forces vives des aficions levantines.
   L'ampleur de la manifestation, l'écho qu'elle a eu dans la presse ont permis de revendiquer la richesse culturelle et écologique de la tauromachie, d'exprimer la fierté d'appartenir à cette culture. Il s'agissait aussi de montrer que le peuple du toro représente une richesse humaine bien plus considérable que la poignée d'activistes anti-taurins certes riches d'argent et bien organisés mais au comportement intolérant et aux finalités effrayantes. On a trop vu, ces derniers temps, médias et hommes politiques manger dans la main des lobbies animalistes. Puisse cette manifestation leur montrer où se trouve leur intérêt bien compris!
   Mais n'oublions pas que la bonne santé et l'avenir de la corrida se jouent aussi - et surtout - dans les plazas de toros. Payer son entrée pour assister à une corrida constitue le premier acte militant.  Œuvrer pour le maintien de l'éthique de la corrida en constitue le second. Par éthique nous entendons tout ce qui contribue à la loyauté du combat entre le toro et l'homme : intégrité physique, force et combativité pour l'animal, engagement sincère qui le conduit à accepter le risque de blessure voire de mort pour l'homme. Enfin, si la culture taurine en général est riche de ses divers éléments (corrida, encierro, bous al carrer, recorte, course provençale et landaise etc.) la corrida doit elle aussi maintenir sa diversité : diversité des encastes, diversité des styles de toréer, diversité des publics. Rien ne serait pire que de la voir devenir un produit de consommation uniformisé et prévisible.
   Parenthèse close, je voudrais terminer avec le texte remarquable lu par Enrique Ponce à la fin de la manifestation. Un texte et une journée qui revendiquent la fierté d'appartenir à la culture taurine.

          Manifeste taurin lu par Enrique Ponce

 
 
photo Mikel Ponce

dimanche 13 mars 2016

Vic Fezensac cartels 2016






















Samedi 14 mai         18h
Baltasar Iban
Rafaelillo - Morenito de Aranda - Juan del Alamo


Dimanche 15 mai
11h     corrida-concours
Manuel Quintas - Los Maños - Hoyo de la Gitana
Pedres  -  Flor de Jara  -  Pedraza de Yeltes
Luis Miguel Encabo - Javier Cortes - Thomas Dufau

18h
Valdellan
Lopez Chaves - Alberto Lamelas - José Carlos Venegas

 
Lundi 16 mai      17h
Victorino Martin
Manuel Escribano - Paco Ureña - Perez Mota


    Les cartels du samedi et du lundi sont muy bien rematados mais le petit évènement c'est le retour de la corrida-concours. Dans une version pleine d'originalité en ce qui concerne les ganaderias. Avec en particulier un toro du très confidentiel élevage de Manuel Quintas chez lequel subsistent quelques gouttes de sang Jijon (On peut lire un reportage - El Corte Inglés - sur cet élevage dans le numéro 3 de la revue Campos y Ruedos).
   Une excellente initiative à noter : un tentadero public (samedi matin) et une novillada sans picador (lundi matin) avec du bétail de l'élevage gersois Le Lartet.
   Par ailleurs sans nouvelle de César Valencia, révélation de la feria 2015, ni de Sergio Aguilar qui n'avait pu venir l'an passé.
 
NB  Cette année encore le grand artiste sévillan a fait faux bond aux organisateurs. Tout au long de l'hiver, des frémissements avaient pourtant permis de penser que la grande porte était ouverte à la présentation vicoise tant souhaitée du génie de la banlieue sévillane. Hélas! un communiqué fatal est venu doucher toutes les espérances. Le maestro estime que la dissymétrie des gradins vicois (nul ne contestera qu'ils sont en effet bien plus hauts côté ombre que côté soleil) est de nature à nuire à l'équilibre de son inspiration et par voie de conséquence à l'harmonie de son jeu de cape. Non licet omnibus adire Corinthum.