jeudi 29 décembre 2016

Les mots de Luis Miguel Dominguin

Femme
"Pourquoi descendons-nous dans l'arène? Pourquoi revêtons-nous l'habit de lumière et chaussons-nous ces bas roses en plein âge atomique? Plus d'une fois j'en ai cherché la raison et, à mon avis, elle réside dans la présence de la femme sur les gradins. Si la femme n'assistait pas à la fête, les toreros n'existeraient pas. Moi du moins."  (Pour Pablo, p.28)

Grand torero
"Le grand torero se manifeste par sa façon de dominer le taureau, dont il révèle aux spectateurs les qualités."  (Pour Pablo, p.44)

Les toreros artistes
"Il m'est arrivé d'être bien pour le public, sans être inspiré, parce que je cachais cela par mon professionnalisme. Les gens donnent à certains toreros, qui se distinguent par leur irrégularité, le qualificatif d'artistes. Non, ces toreros sont souvent des sans honte. Le jour où ils n'ont pas envie, ils se débarrassent du taureau, un point c'est tout. Moi, le jour où je n'ai pas envie, je m'efforce de faire quelque chose. On m'a donné la réputation d'être capable de toréer quatre-vingt-dix pour cent des taureaux. Le résultat est que l'après-midi où je toréais avec un réel plaisir, je faisais vibrer davantage le public, c'est évident, mais cela ne le marquait pas tellement, puisque j'étais bon assez souvent. En revanche, ce torero qu'on appelle artiste, quand par extraordinaire il est dans un bon jour, les gens se prennent la tête à deux mains, font des envolées lyriques sur l'inspiration et l'art. Ce sont des histoires d'abracadabra !"  (Des taureaux dans la tête, p.51)

Les tremendistes
"Ce qui est difficile à mon sens est de rendre facile la difficulté. Les toreros qui jouent sur le frisson ne font que l'étalage de leur ignorance. C'est l'histoire du funambule : il marche avec assurance sur le fil, et les gens trouvent ça tout naturel; il commence à tituber, et la foule s'enthousiasme : "Attention ! Il va tomber !""  (Des taureaux dans la tête, p.53)

Madrid
"Madrid est un arène complaisante pour les mauvais toreros, et très difficile pour les bons. Elle couve toujours les toreros qui n'ont pas réussi. Les critiques qui veulent passer pour des vedettes font la même chose : ils prennent toujours le parti du faible, en disant qu'il torée les taureaux difficiles, alors que le fort n'affronte que les taureaux faciles. En réalité l'homme qui est à présent en position de force s'est trouvé auparavant en position de faiblesse. Il est parvenu où il est après avoir toréé avec succès Dieu sait combien de bêtes retorses. Le faible, qui le reste, ne doit s'en prendre qu'à lui même. Pour avoir le choix des taureaux, il lui suffisait de surmonter les premières difficultés."  (Des taureaux dans la tête, p.62)






















Antonio Ordoñez, Luis Miguel Dominguin, beau-frères et grands toreros

mardi 27 décembre 2016

Luis Miguel Dominguin


 "Dans les années cinquante, soixante et au-delà, la rumeur du grand monde relayée par quelques magazines de haut tirage donnait régulièrement des nouvelles d'une sorte de héron dédaigneux couvert de femmes et de toros morts : Luis Miguel Dominguin cadastrait le clos de la renommée avec ses jambes de compas.On le voyait à l'entrée de l'hôtel Claridge à Londres avec Ava Gardner, il se fâchait avec Hemingway au bord d'une piscine à La Havane, paradait à Hollywood avec Rita Hayworth, fêtait à Vallauris avec un Picasso en short les quatre-vingts ans du peintre également parrain de sa fille Paola, jouait à faire du cinéma avec Jean Cocteau dans Le Testament d'Orphée et les grottes des Baux. Rafael Alberti lui écrivait des poèmes. Luis Buñuel tentait de le convaincre de la mystique érotique de la corrida. Il chassait avec Franco qui lui demandait des nouvelles de Domingo son frère communiste, faisait de Luchino Visconti le parrain de son fils le chanteur Miguel Bosé. Rien à redire." (Jacques Durand, préface à Pour Pablo de Luis Miguel Dominguin)
   Deux biographies parues en moins de dix ans en Espagne montrent l'intérêt que suscite encore la vie de l'ex numéro un. Sans doute regrette-t-on aujourd'hui cette époque des années cinquante et soixante où un toreo pouvait faire la une de "Paris-Match" et séduire les stars du cinéma mondial. A vrai dire, dans l'histoire de la tauromachie, Luis Miguel fut le seul, avec, dans une moindre mesure, El Cordobés, à avoir une aura qui déborde aussi largement du monde taurin.
   Si l'on se borne à l'aspect tauromachique, Luis Miguel fut un grand torero. En le voyant toréer sur le petit écran (Toreros para la historia XI de F. Achucarro), j'ai été frappé par la force de son toreo. Grâce à son sitio exact, par les vertus de son aguante et de son temple il allonge la charge de ses toros et semble leur donner une envie toujours plus grande de se livrer. Cette capacité à dominer ses adversaires, agrémentée d'une élégance princière, fit de lui une des principales figures de la tauromachie de la fin des années 40 (c'est en 1949, à Las Ventas,  qu'il eut ce geste resté fameux de lever l'index pour signifier qu'il était le numero un) jusqu'au début des années 70 lorsqu'il fit sa réapparition vêtu de costumes dessinés par son ami Picasso. Son air de supériorité teinté d'une touche de mépris pour le reste du monde lui a valu des admirations froides et des haines féroces. Il a toujours prétendu que la controverse qu'il alimentait par son comportement l'aidait à trouver en lui-même l'énergie suffisante pour se dépasser et triompher.
   Son statut de torero numero uno, son élégance raffinée mais aussi son intelligence, sa culture et son ironie mordante vont permettre à Luis Miguel d'être reçu dans tous les milieux. Partout sa séduction opère. On ne reviendra pas ici sur l'usage intensif qu'il en fit auprès du deuxième sexe, avec une prédilection marquée pour les actrices célèbres. On regrettera seulement que son machisme ait réduit, durant leur mariage, l'actrice  Lucia Bosé à un unique rôle de mère de famille.
   On sait aussi qu'il fréquentait les chasses de Franco en même temps qu'il aidait les amis communistes de son frère Domingo. Belle duplicité, choquante pour le commun des mortels, d'une logique sans faille pour un homme qui a choisi le camp des vainqueurs et des puissants mais qui ne veut rompre la solidarité fraternelle. L'argent que gagna Domingo en gérant la carrière de son cadet servit largement à financer le Parti Communiste Espagnol clandestin.
   Le film d'Achucarro montre de larges extraits de l'équipée en Yougoslavie où deux corridas sont organisées début octobre 1971 à Belgrade. Luis Miguel Dominguin y torée en compagnie de Roberto Piles. Les toros y étaient de présentation normale pour les lieux, déclara celui-ci à propos des deux corridas de Salvador Guardiola et Carlos Nuñez. N'empêche, on y voit un novillo de Guardiola plein de caste. Luis Miguel séduira bien sûr le public yougoslave, au prix d'un accrochage et d'une douloureuse blessure à la main.
   Du 1er décembre 1973 à Quito (sa dernière corrida) jusqu'à son décès le 8 mai 1996 à l'âge de 70 ans, Luis Miguel vivra dans une retraite discrète, à mille lieues de la vie trépidante et mondaine d'antan. Il semble que la misanthropie de l'homme ait alors définitivement pris le dessus sur son besoin de reconnaissance.

A lire :
   Jacques Francès "Santiaguito", Luis Miguel Dominguin, UBTF, 2000
Une biographie claire et concise qui privilégie l'aspect taurin sans éluder le mondain.

   François Zumbiehl, Des taureaux dans la tête, Autrement,1987
p.45 à 69, Luis Miguel se livre en profondeur

   Luis Miguel Dominguin, Pour Pablo, Verdier, 1994
Un texte écrit par le torero en 1960 à la demande de Picasso à l'occasion de la publication du livre d'art Toros y Toreros

   Andres Amoros, Luis Miguel Dominguin : el numero uno, La esfera de los libros, 2008
biographie en espagnol

   Carlos Abella, Luis Miguel Dominguin : a corazon abierto, Bellatera, 2016
en espagnol, réédition toute récente d'un livre paru pour la première fois en 1995

A voir :
   Fernando Achucarro, Toreros para la historia XI

   Marianne Lamour, Jacques Durand, Luis Miguel Dominguin 














Gitanillo de Triana, Antonio Bienvenida, Manolete, Luis Miguel Dominguin, Madrid, 19 septembre 1946, corrida de bienfaisance; encore peu connu, Luis Miguel a dû faire un don pour être rajouté au cartel, il sortira pour "triompher ou mourir" et coupera trois oreilles.
  

jeudi 15 décembre 2016

Quelques photos de la temporada 2016

Deux corridas  de Victorino Martin, celle de Séville qui est rentrée dans l'histoire et celle de Bilbao, discrète.

Séville, mercredi 13 avril














Galapagueño, bon victorino auquel Paco Ureña coupera deux oreilles après une excellente faena.


 Manuel Escribano face à Baratero


















Un certain Cobradiezmos sur le chemin du paradis



















¡Triunfo!


Bilbao, jeudi 25 août















 Mucama (un peu riquiqui pour Bilbao, non?) face à la cavalerie


jeudi 17 novembre 2016

Los golfos de Carlos Saura

   Los golfos (Les voyous en français) est le premier long métrage de Carlos Saura. C'est un film passionnant à plus d'un titre. Tout d'abord pour ses pures qualités cinématographiques. Le film a été tourné entièrement en décor naturel, avec des acteurs non-professionnels, à la manière des films néo-réalistes italiens et le résultat est à la hauteur des prestigieux maitres d'outre-méditerranée. Ensuite pour le précieux témoignage qu'il nous donne du Madrid de la fin des années cinquante (il a été tourné en 1959). Bien loin de l'Espagne de pandereta qu'à la même époque promeut dans le monde entier la série des Joselito, Carlos Saura nous montre, sin trampa ni carton, la vie d'un groupe de jeunes qui habitent dans cette zone de la banlieue qui hésite entre urbanisation et campagne et où vivent pauvres et déracinés. On y voit aussi l'impressionnante fourmilière humaine du marché de gros de Legazpi, la salle de bal du cinéma Salamanca (aujourd'hui transformée en centre commercial), un club de jazz très "parisien" et, pour la séquence finale, les anciennes arènes de Vista Alegre. En effet, Juan, l'un des jeunes protagonistes du film, veut devenir matador et c'est pour l'aficionado une source d'intérêt supplémentaire. Il y a, en particulier, une très belle scène d'entrainement tournée à la Casa de Campo. Tout le film se construit autour de ce projet qui va fédérer le groupe et alimenter les rêves de richesse de chacun. Il s'agit de trouver le financement qui va permettre à Juan de débuter en novillada. Tous les moyens - surtout les pires- seront bons. On voit à quel point les apprentis toreros de cette époque sont seuls, à la merci d'organisateurs sans scrupules et l'on prend conscience, a posteriori, du progrès qu'a constitué, bien des années plus tard, la création des écoles taurines. La novillada finale et la mort du novillo, filmées sans complaisance, peuvent être vues comme la métaphore de la difficulté pour les artistes de parvenir à leurs fins. Carlos Saura en sait quelque chose qui tourna avec peu de moyens et dut se débattre, avant et après le film, avec la censure franquiste. Finalement le film sera montré au festival de Cannes où il fut apprécié mais sa sortie sur les écrans espagnols n'eut lieu qu'en 1962, de manière très confidentielle et amputé de dix minutes (les mécanismes de censure sont très bien mis en lumière dans les bonus du dvd édité par Blaq out).

jeudi 10 novembre 2016

Bilan 2016

Ma corrida rêvée

                6 toros de Victorino Martin 6
        Enrique Ponce - Curro Díaz - José Garrido

   Il est un peu énervant, Enrique Ponce, a être toujours au premier plan après plus de vingt-cinq ans de triomphes sur tous les points de la planète taurine. On connait ses défauts, les facilités qu'il se donne dans son toreo, mais, face à un toro récalcitrant, il n'y en a pas un, dans l'escalafon, qui lui arrive à la cheville.
   Curro Díaz a sans doute connu sa temporada la plus complète depuis son alternative en 1997. Il a affronté avec succès les devises les plus redoutées et a triomphé à Madrid. Lui aussi a ses défauts -une réticence à se croiser - mais quel art et quel pundonor durant toute cette saison! On rêve de le voir à ce niveau pendant dix ans encore...
   De tous les jeunes toreros qui ont enfin pu, cette année, s'immiscer dans les cartels dont les figures avaient jusqu'à présent réussi à les écarter, José Garrido m'est apparu comme le plus consistant. Sur le sable de Bilbao, son combat face à l'impressionnant Barbadura de Torrestrella (le meilleur toro de ma temporada) en témoigne. Ce jour-là, en revanche, Lopez Simon, bien aidé par les manigances de son apoderado, s'est effondré et Roca Rey, la révélation du début de temporada, avait été contraint de jeter l'éponge après deux KO successifs les jours précédents.
   Malgré leur fausse note de Bilbao, les Victorino Martin ont connu une excellente temporada. Une excellente saison, oui vraiment, mais je remarque qu'il y a eu trois toros indultés (Séville, Calasparra, Illescas). Trois toros indultés, c'est plus que chez Nuñez del Cuvillo (1), Domingo Hernandez "Garcigrande" (1) et Juan Pedro Domecq (0) réunis. Faut-il en tirer des conclusions sur l'évolution de l'élevage? A chacun de se faire un jugement ... sans oublier de mettre dans la balance les alimañas de Vic.
   Un élevage qui ne connait pas de problème d'indulto, c'est celui de Dolores Aguirre. Dans le panorama sinistré des élevages toristes il s'agit sûrement de l'un des plus intéressants et pourtant on le voit trop rarement. Mon rêve serait que, au cours des années qui viennent, dans les plazas françaises aussi bien que dans les grandes ferias espagnoles,  les Dolores Aguirre trouvent vraiment leur place.



En hommage à Victor Barrio tué le 9 juillet en plaza de Teruel par le toro Lorenzo de Los Maños cette photo de Juan Pelegrin.

2015

mardi 1 novembre 2016

Les ganaderias de la famille Pérez-Tabernero aujourd'hui

   Lorsque j'ai débuté en aficion, les anciens classaient les ganaderias en deux catégories. D'un côté, les élevages andalous, gages de caste et de sérieux, dont ils parlaient avec respect. A l'opposé, il y avait les élevages salmantins qui produisaient un toro commercial destiné aux vedettes et dont ils parlaient avec mépris. Aujourd'hui ces critères géographiques ne sont plus de mise mais la coupure entre deux catégories d'élevage est toujours bien réelle. Les grands élevages dynastiques du campo charro, dont les Pérez-Tabernero, ont quasiment tous périclité, victimes d'une part du decastamiento de leurs produits, conséquence logique de leur sélection vers toujours plus de facilité, d'autre part de la concurrence des élevages d'origine domecq qui, peu à peu, ont colonisé le créneau des corridas commerciales.
   Si l'on consulte "l'annuaire" de l'UCTL on trouve encore beaucoup de ganaderias appartenant aux descendants de Fernando Pérez Tabernero, mais elles sont loin d'occuper le devant de la scène, beaucoup d'entre elles ne sont plus que des reliques sans éclat, témoins d'une époque de gloire qui semble aujourd'hui définitivement révolue.
   J'ai recensé les élevages actuels en les classant par encastes.

1- origine Santa Coloma
   Quatre élevages peuvent se prévaloir de l'encaste Santa Coloma en provenance du prestigieux élevage de Graciliano Pérez-Tabernero. Contrairement à ses frères et neveux, ce dernier a toujours cherché à produire des toros de grande caste ce qui fit qu'on surnomma les gracilianos les miuras de Salamanque.

   Alipio Pérez-Tabernero                              
ancienneté : 1895
origine : Santa Coloma - Graciliano
propriétaire : Alipio Pérez-Tabernero Fariña
Après que la majorité du troupeau a été vendu à Rufino Calvo (Rio Grande) en 1990 il ne reste plus grand chose sous le fer d'Alipio.

    
  

 Pilar Población del Castillo                                                                
ancienneté : 1944
origine : Santa Coloma - Graciliano
propriétaire : Julio Pérez-Tabernero Población (représentant)
En 2016 a lidié 24 reses en rejoneo




   
José Juan Pérez-Tabernero Población                                                                sans ancienneté
origine : Santa Coloma - Graciliano
propriétaire : José Juan Pérez-Tabernero Población (frère de Julio P-T Población)




  Hoyo de la Gitana                                                                                    
sans ancienneté
origine : Santa Coloma - Graciliano
propriétaires : Ignacio, Joaquin et Fernando Pérez-Tabernero Silos
(fils d'Ignacio Pérez-Tabernero Sánchez)
En 2016  7 toros et 12 novillos ont été lidiés.





2- origine Murube Parladé
   Antonio Pérez-Tabernero Sanchón fut le premier fils de Fernado à se défaire des Veragua×Miura dont il avait hérité. Des années 20 jusqu'aux années 60, sa volonté d'obtenir des toros au tempérament plus docile fit de lui un des ganaderos préférés des figures. Mais, malgré leur origine prestigieuse, le decastamiento qui en résulta conduisit les AP vers le néant. On ne les voit plus guère aujourd'hui qu'en non-piquée. Beau sujet de méditation pour nombre d'élevages actuels...



   Antonio Pérez de San Fernando                                               
ancienneté : 1907
origine : Murube  Parladé  Gamero Cívico  Tamarón
propriétaires : Antonio et Manuel Pérez-Tabernero Angoso





   

 Antonio Pérez Angoso                                                              
ancienneté : 1926
origine : Antonio Pérez de San Fernando - Montalvo
propriétaires : Antonio et Manuel Pérez-Tabernero Angoso




    
Mercedes Pérez-Tabernero Montalvo                                     
ancienneté : 1982
origine : Antonio Pérez de San Fernando - Domecq
propriétaire : Guillermo Marín Pérez-Tabernero (représentant)
6 toros lidiés au cours de la présente temporada.



3- origine Domecq

   Montalvo                                                                 
ancienneté : 1926
origine : Domecq et Vicente Martinez
propriétaire : Juan Ignacio Pérez-Tabernero Sánchez
(fils de Juan María Pérez-Tabernero Montalvo)
De tous les élevages de la famille Pérez-Tabernero c'est incontestablement celui de Montalvo qui s'en sort le mieux. Cette année, 38 toros ont été vendus, la plupart dans des arènes de 1ère ou de 2ème catégorie. Bien sûr leur origine Domecq y est sans doute pour quelque chose. Mais la particularité de la ganaderia est de posséder encore quelques traces de son origine Vicente Martinez (donc plus anciennement Jijon). Pour preuve le toro Brivon récompensé par une vuelta lors de la dernière feria de Salamanque et dont le pelage berrendo en negro aparejado est typique des anciens Martinez.


4- origine Atanasio Fernandez

   Javier Pérez-Tabernero Martín                                                    
ancienneté : 2000
origine : Atanasio Fernandez
propriétaire : María Concepción Clemares Pérez-Tabernero
(représentante)


   Juan Pérez-Tabernero Martín                                     
ancienneté : 2003
origine : Atanasio Fernandez
propriétaire : Juan Pérez-Tabernero Martín
(fils d'Alipio Pérez-Tabernero Sánchez)





Pour en savoir plus sur la famille Pérez-Tabernero : El blog de la bodega El Toreo 

dimanche 16 octobre 2016

Hoyo de la Gitana : histoire


Hoyo de la Gitana fait partie des fers appartenant à la famille Pérez-Tabernero qui est avec les Galache et les Cobaleda l'une des grandes familles ganaderas (de bravo) du Campo Charro. Entre les différents prénoms, les différents encastes élevés, les héritages, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver et on peut parfois avoir l'impression de tourner en rond. J'ai essayé d'établir la filiation de Hoyo de la Gitana en 4 étapes plus un bonus.

1- Tout commence avec Fernandez Pérez Tabernero (1847-1909), le père créateur. Il achète du bétail au duc de Veragua qu'il croise avec un semental de Miura. En 1895 il acquiert l'ancienneté à Madrid. Mais en 1920 Graciliano Pérez-Tabernero Sanchón, le fils aîné se défait des toros dont il a hérité de son père. Il reconstitue la ganaderia avec  vaches et  toros achetés au comte de Santa Coloma.
fer de Fernando Pérez Tabernero, puis Graciliano Pérez-Tabernero, aujourd'hui à Palomo Linares


2- Devant le succès de Graciliano, son frère cadet Alipio refonde sa propre ganaderia, issue de l'héritage paternel, avec les santacolomas de Graciliano.
fer d'Alipio Pérez-Tabernero


3- En 1958 Ignacio Pérez-Tabernero Sánchez, l'un des fils d'Alipio, reçoit une partie de l'élevage de son père. Il maintient l'origine Graciliano qu'il "rafraichit" durant les années soixante avec des sementals de Joaquin Buendía. 
 fer d'Ignacio Pérez-Tabernero


4- A la mort d'Ignacio en 1992, ses fils maintiennent la ganaderia en restant fidèles à l'origine santacoloma. A partir de 2000 ils décident d'annoncer la ganaderia sous le nom Hoyo de la Gitana.
fer de Hoyo de la Gitana


   Pour résumer, l'élevage Hoyo de la Gitana est actuellement la propriété de Ignacio, Joaquin et Fernando Pérez-Tabernero Silos, fils de Ignacio Pérez-Tabernero Sánchez, petits-fils de Alipio Pérez-Tabernero Sanchón, arrière-petits-fils de Fernando Pérez Tabernero créateur de la saga en 1884.
   On notera au passage que l'usage du trait d'union entre Pérez et Tabernero a permis de réunir les deux apellidos en un seul et a ainsi évité la disparition du nom Tabernero qui, sans ce subterfuge, aurait dû laisser la place au nom de l'épouse dès la deuxième génération. Ainsi les trois frères propriétaires de l'élevage sont des Pérez-Tabernero par leur père et des Silos par leur mère.


 NB Mais comme rien n'est simple dans le monde des toros, le nom Hoyo de la Gitana (le trou de la gitane) qui est le nom d'un des lieux de la finca, avait été utilisé par Alipio Pérez-Tabernero lorsqu'il créa en 1939 un élevage (de même origine Graciliano) afin de faciliter sa succession. Mais après que Cucharero eut tué José Falcon le 11 août 1974 dans les arènes de Barcelone, son fils Fernando, qui avait hérité de l'élevage, décida de l'appeler désormais Pilar Población del Castillo.
fer de Pilar Población del Castillo


Pour en savoir plus :
   - le site internet de la ganaderia
   - Terre de Toros
   - El Chofre : Pérez-Tabernero, un apellido de légende

 


dimanche 9 octobre 2016

Retour en photos sur la corrida montoise de Victorino

Un nouveau venu sur le sable de nos ruedos : Emilio de Justo (alternative en 2007 à Cáceres)




















Alberto Lamelas, pour une fois, eut droit à une douceur

















Geste de Baptiste Bordes, 6 écarts aux victorinos
















Satisfaction
















Les photos sont de Laurent Bernède.
Bientôt un lien vers son travail.

jeudi 6 octobre 2016

Quelques photos du championnat de France des écarteurs 2016

Sur cette photo, un élément incongru

















Bel élan d'Etienne Grenet au-dessus de Shakira (Dargelos)

















Etranges positions















Thomas Marty, la solitude de l'écarteur


















Bel écart à Andalouse (Deyris)






















Intérieur avec touche sur Mestalla (Deyris)






















Photos Velonero

mardi 4 octobre 2016

Loïc Lapoudge retrouve le titre

















   Depuis son dernier titre en 2008, Loïc Lapoudge avait souvent échoué de peu. Le voici à nouveau champion de France des écarteurs après un beau duel avec Thomas Marty, arbitré au final par la corne d'or Ibiza (Deyris).
   Après la magnifique sortie d'Amandine (Dargelos), avant-dernière coursière, Thomas Marty possède quatre points d'avance sur Loïc Lapoudge mais il aura le désavantage de débuter face à Ibiza alors que Lapoudge passe en dernier. Il est contré sur son premier écart sortie de loge puis, jouant le tout pour le tout, se fait catapulter sur une tentative d'intérieur. C'en est fini de ses chances, d'autant que Loïc Lapoudge en termine par deux tourniquets réussis. Bravo aux deux béarnais pour ce final à émotion. Loïc Lapoudge recueille les fruits de l'expérience et de la sagesse. Pour Thomas Marty il faudra attendre encore, mais chaque année qui passe le voit s'approcher un peu plus du titre.

   On regrettera que le concours n'ait  vraiment commencé qu'à partir de Fidelia (Dargelos), huitième vache de l'après-midi. En effet, le nouveau règlement, qui prévoyait l'élimination de deux compétiteurs d'un coup à l'issue précisément  de la huitième vache, paralysa les ambitions. Jusqu'à Fidelia, chaque écarteur évita une prise de risque excessive par peur, en cas de chute, de ne pouvoir rattraper son handicap. La première mouture du nouveau règlement - un seul éliminé après quatre vaches, un autre après la huitième - aurait peut-être évité cela.
   Chez les sauteurs, belle victoire de Fabien Napias qui avait du feu dans les jambes.
   On notera que la logique de la temporada a été respectée puisque les deux vainqueurs de l'escalot sont champions de France.

Les résultats
Écarteurs
1- LoïcLapoudge 150 p.
2- Thomas Marty 142 p.
3- Cyril Dunouau  136 p.
4- Gaëtan Labaste 134 p.
5- Louis Navarro
6- Alexandre Duthen

Sauteurs
1- Fabien Napias 82 p.
2- Etienne Grenet 76 p.
3- Louis Ansolabéhère 75p.
4- David Laplace  70 p.






















Bel écart intérieur de Lapoudge à Andalouse (Deyris)
photos Velonero

lundi 3 octobre 2016

Une corrida de toros

   Cette corrida de Victorino Martin lidiée à Mont de Marsan le samedi 1er octobre pourrait servir de corrida-étalon. Un bon exemple de ce que doit être une corrida de toros : brave, encastée, avec de la présence au premier tiers (14 piques), de comportement varié avec quelques toros durs, un pastueño, certains qui vont a mas, d'autres a menos. Une corrida qui demande un toreo sérieux et qui captive le public par l'émotion qu'elle transmet.
   Une corrida normale, en somme, qui marque une moyenne. Au-dessus, on serait dans l'excellence. Au-dessous, dans l'insuffisance. C'est hélas la deuxième occurrence que l'on rencontre le plus souvent dans une arène. Des toros faibles, décastés, mansos, sosos, innocents. Toros du banal, du quotidien tristounet, du "il ne se passe rien ou si peu". Tout le contraire de ce que l'on attend d'une corrida de toros.
   Merci donc aux Victorino Martin pour ce lot exemplaire. Une corrida de toros, tout simplement.

   Sans ambition particulière si ce n'est celle d'arriver à bon port à Madrid le lendemain, El Cid actua avec la sérénité et la facilité (sauf à l'épée) que donne l'expérience.
   Étonnant cet Emilio de Justo (bravo au passage aux Orthéziens pour l'avoir, les premiers, tiré de l'anonymat) qui donna à son premier des muletazos d'une grande profondeur, avec parfois ce temple qui donne l'impression de ralentir la charge des toros. Ce sera un plaisir de le revoir l'an prochain ...
   Pour un torero comme Alberto Lamelas, habitué aux confrontations avec miuras et autres dolores aguirre de mala leche, se retrouver face à un toro aussi pastueño que l'était Papelero, le sixième victorino du jour, est une épreuve qui peut s'avérer tout aussi redoutable. Il s'en tira avec honneur, arrivant parfois - comme dans un rêve - à profiter de cette corne gauche au parcours d'une longueur et d'une douceur extrême. Les modestes ont aussi droit à leur part de gâteau lorsqu'il se présente.
   Et je garde pour la bonne bouche les six écarts magistraux qu'accomplit l'écarteur landais Baptiste Bordes, un à chaque toro. Un grand moment d'émotion pour lui et pour le public.





Emilio de Justo : oreilles et matole (photo Laurent Bernède)


mercredi 28 septembre 2016

Caméléon

   Ainsi donc Bernard Domb Cazes alias Simon Casas vient d'obtenir que lui soit confiée la gestion des arènes de Madrid pour les quatre prochaines années. Je ne sais s'il faut se réjouir du succès des ambitieux mais il est certain que depuis des années le Simounet ne rêvait que de ça et que tout, dans ses actions, tendait vers ce but ultime : diriger Las Ventas, l'apothéose de sa carrière dans les affaires!
   Dans la capital del toreo, des Français, Nimeño II, Juan Bautista, Sébastien Castella, se sont déjà illustrés en toréant magnifiquement et en sortant par la grande porte. Depuis les bureaux, il ne reste à Simon Casas qu'à être à la hauteur de la lourde tâche qui lui a été confiée. Il partira avec un certain nombre de casseroles accrochées à ses basques. La manière bien peu chevaleresque avec laquelle il a roulé dans la farine pas moins que les Choperitas et le señor Baillères pourrait lui valoir quelques inimitiés en retour (encore que, dans ce milieu, on sait faire bonne figure lorsqu'il s'agit de ménager ses intérêts). D'autre part, sa gestion des arènes de Nîmes ne plaide pas en sa faveur, pas plus que certaines de ses déclarations ou sorties intempestives. Mais l'homme est intelligent, incontestablement dynamique et suffisamment caméléon pour s'adapter à tout type de situation et d'arène.
 ¡Suerte para Madrid!




mardi 27 septembre 2016

Hoyo de la Gitana

   A une trentaine de kilomètres de Salamanque, au cœur du campo charro, sur la commune de Vecinos, se trouve Galleguillos, finca emblématique de la famille Pérez-Tabernero.



















   Nous sommes à la mi-septembre et pourtant vaches et utreros ont encore de l'herbe, certes sèche, jusqu'au genou. Solo pan, dit le ganadero, le jambon viendra s'il se met à pleuvoir.
   Très ibarreña de type (origine Graciliano oblige), la camada de l'an prochain ne manque pas d'allure, parfois on retrouve l'empreinte des sementals de Joaquin Buendía utilisés dans les années soixante.


















Novillos pour Arnedo. Ici on n'utilise pas les fundas; cela nécessiterait trop de manipulations pour les toros ce qui risquerait de dénaturer leur nécessaire sauvagerie, pensent les éleveurs.


















   La plaza de tienta est tirée à quatre épingles, comme toutes les installations de la finca. Sur le mur extérieur les fers familiaux d' Alipio Pérez-Tabernero et de Pilar Población del Castillo. Mais ceci est une autre histoire (compliquée) sur laquelle nous reviendrons prochainement.

   Au cours de cette temporada Hoyo de la Gitana a lidié un toro (puissant et encasté) à la corrida-concours de Vic Fezensac, six toros (coriaces) à Orthez, et douze novillos à Calasparra et Arnedo (prix du meilleur novillo de la feria à Calasparra).

jeudi 15 septembre 2016

Salamanque




















Mardi 13 septembre 2016     La Glorieta     Salamanca
temps frais et venteux
demi-arène

6 toros d'El Pilar (7 piques, ovation au 4, sifflets au 3) pour Enrique Ponce (une oreille, deux oreilles), Javier Castaño (palmas, une oreille) et José Garrido (silence, une oreille)

Beaucoup de jeunes et d'aficion dans les vastes arènes de Salamanque mais peu de grand public. On peut penser que le prix des places pratiqué par la casa Chopera, organisatrice en ce lieu, y est pour quelque chose.
La tarde commença dans l'émotion par une minute de silence à la mémoire d' Alipio Perez-Tabernero Sánchez décédé à Salamanque le jour même, puis par une ovation à Javier Castaño qui, à la faveur du remplacement de Roca Rey, retrouvait le ruedo de son arène d'adoption après les problèmes de santé que l'on sait.
Les toros d'El Pilar ont été meilleurs que ce que leurs dernières sorties laissait craindre. Inégalement mais bien présentés, astifinos, aucun ne s'illustra à la pique, mais le 2 et le 4 par leur comportement encasté, furent intéressants de bout en bout.
Après plus de 25 ans au sommet, Enrique Ponce est encore habité par une énergie et une soif de triomphe hors du commun. Face à la charge vive et encastée de Bellito, quatrième toro de l'après-midi, il dut aller au-delà de ses facilités habituelles pour, après une longue faena pleine de haut et de bas, parvenir à dominer pleinement son adversaire.
Plus que jamais le meilleur de Castaño c'est sa cuadrilla. Voir Fernando Sánchez avancer vers le toro con desparpajo et clouer entre les cornes est tout un spectacle. Quant à Marco Galan il ne lui a fallu que trois passes pour assurer la brega du cinquième, pourtant manso, une pour chaque paire de banderilles.
José Garrido remplaçait Alejandro Talavante. Il fut le moins bien servi mais confirma qu'il est un torero sur qui il va falloir compter. Il donna au 6 un récital par véroniques gagnant du terrain et toréant avec une cape réduite au minimum qui fit lever les tendidos. Le grand moment de la tarde.