dimanche 21 juin 2009

Corrida de La Brède 2009

6 toros d'Adelaida Rodriguez pour Julien Lescarret (une oreille, une oreille), Fernando Cruz (silence, deux oreilles) et Joselito Adame (silence, deux oreilles).
Salut de Morenito de Arles aux banderilles et bonne actuation des banderilleros en général.


Sans atteindre les hauts sommets, on ne s'est pas ennuyé dans la portative de La Brède. Bien sûr, le nombre de trophées coupés est à mettre en relation avec la catégorie de la plaza.
Les toros d'Adelaida RODRIGUEZ (7 piques, 1 chute) sont correctement présentés et tenaces sous ''la'' pique. A l'exception du troisième, invalide, tous eurent leur intérêt. Le second, brave au premier tiers (chute au premier assaut puis belle pique) chercha l'homme en permanence à la muleta.
Rassurant m'a paru l'impact auprès du public de la faena engagée de Fernando CRUZ face au cinquième. Le Madrilène montra de l'enthousiasme et eut les plus beaux gestes de l'après-midi. Rien ne fut totalement abouti car le toro était brusque et le matador torée peu mais on sent chez ce torero d'immenses possibilités qui, hélas, ont trop peu d'occasions de voir le jour.
Julien LESCARRET fut bon avec la cape, c'est incontestablement son point fort. A la muleta, avec deux toros nobles et pleins d'allant (à lui le meilleur sorteo du jour) son toreo fut plaisant mais resta superficiel et limité dans sa dimension artistique.
Joselito ADAME brilla à la cape (beaux quites par chicuelinas puis par zapopinas) et tua le dernier d'une belle entière.

mardi 9 juin 2009

Découvertes capsylvaines


Un lot de FUENTE YMBRO, c'est l'assurance de voir du domecq sérieux. Pas très engagés sous une quinzaine de piques mais solides (sauf l'ultime) et offrant tous des possibilités au troisième tiers, les novillos ont permis le déroulement d'une novillada entretenida. La palme au troisième pour sa noblesse et au quatrième pour sa mort sublime, résistant, au centre de la piste, jusqu'à son dernier souffle.
Deux novilleros ont laissé entrevoir de réelles possibilités. Étant donné la discrétion de l'actuel escalafon novilleril, on devrait avoir l'occasion de les revoir dans la région.
Patrick OLIVER s'est beaucoup laissé tutoyer la muleta, mais son placement souvent sincère, son toreo classique, sans tape-à-l'œil, et sa volonté donnent envie de le revoir. (une oreille)


Le jeune Mexicain Angelino de ARRIAGA a constitué, lui aussi, une agréable découverte. Il combine l'alegria et la variété de répertoire propres à la tauromachie mexicaine avec des capacités artistiques qui donnent parfois à son toreo une allure morantiste. (trois oreilles)


Perdue au bout d'un chemin, à la lisière de la vaste forêt landaise, la placita de Captieux a son charme. On y surprend des propos étonnants. Au moment de la mise à mort, le novillero, dans la zone où sont tracées les raies des picadors, éprouve quelques difficultés à fixer son adversaire. Devant moi, la conversation s'engage :
Lui, dans un bel élan pédagogique, s'adresse à sa voisine qui ne lui demandait rien : "Pour tuer le toro, le matador doit le placer entre les deux raies.
Elle, dubitative : Et sinon ?
Lui : Sinon, je crois qu'on lui enlève des points."
photos velonero
paseo à Captieux
Patrick Oliver
banderilles d'Angelino de Arriaga




vendredi 5 juin 2009

Des toros en Gironde

Juste après Vic, c'est la Gironde, terre de tradition taurine qui donnera deux courses aux cartels remarquables.



CAPTIEUX
dimanche 7 juin à 17h
novillos de Fuente Ymbro
Javier Cortes - Patrick Oliver - Angelino de Arriaga





LA BREDE
samedi 20 juin à 11h
erales d'El Palmeral
Thomas Baqué (rej) - Mateo Julian - Morenito d'Istres



à 18h
toros de Adelaida Rodriguez
Julien Lescarret - Fernando Cruz - Joselito Adame





Dans Bordeaux, très beau texte écrit en 1925 par François Mauriac sur sa ville et réédité récemment par L'Esprit du Temps, on peut lire :
"Rappelle-toi ces dimanches : messe de communion, grand'messe, catéchisme, réunion des congréganistes; puis, après le déjeuner, vêpres et bénédiction du Très Saint-Sacrement. Cela nous menait jusqu'à trois heures et demie; nous redoutions, les jours de corrida, de manquer le premier taureau. Le temps se voilait; l'orage n'éclaterait-il pas avant la course? Durant les vêpres, impossible, à travers les vitraux, de mesurer la montée de l'orage; nous savions seulement qu'il n'y avait plus de soleil..."

mercredi 3 juin 2009

Ma feria de Vic 2009 (3)

La corrida de Fidel San Roman



Autant le dire tout net, je me suis régalé avec ce lot de mansos con casta tel qu'on n'en voit plus depuis belle lurette. Un vrai lot pour Vic, avec des têtes de méchants, de la force, de la mobilité, et beaucoup de difficultés de lidia.
Bien sûr, la corrida n'a pas été brillante, elle a parfois même été pénible mais la responsabilité en incombe essentiellement aux matadors.


Sur la passerelle des corrals vicois, à ma droite le lot de La Quinta d'une finesse admirable, avec des armures parfaites, le regard vif, intelligent. Des top model, des toros de pasarela. A ma gauche le lot de Fidel San Roman, des vieux catcheurs sur le retour, des têtes d'abrutis, des airs de faux durs dont on se dit qu'ils vont se dégonfler à la première provocation. Erreur! Il y avait du vrai muscle, du souffle, des carcasses solides, de la volonté d'en découdre même de manière peu orthodoxe.


Un point commun aux six bichos, le refus absolu de s'approcher du burladero où les peones sont sensés les maintenir pendant que les picadors entrent en piste. Et, conséquence logique, la charge systématique sur les dits picadors qui viennent juste de pénétrer dans l'arène. Ceci aggravé par l'absurdité qui consiste à faire sortir deux picadors, a fortiori dans un si petit ruedo.
Donc, sur le sable vicois, beaucoup d'agitation, de courses folles, de l'anarchie presque. Dans le public, les sarkozystes s'en donnent à cœur joie en réclamant à cor et à cri l'intervention des alguazils.
Et les matadors dans tout ça.
Diego URDIALES torée peu mais rien dans son attitude ce jour n'a laissé penser qu'il souhaitait toréer davantage. Il eut en partage les deux plus nobles, et si l'on oublie un vilain geste du premier on pourrait même les qualifier de pastueños. Il prouva à l'un qu'il savait toréer avec une grande pureté mais tua mal. A l'autre, il laissa s'installer, durant la faena, une atmosphère propice à la sieste; beaucoup, parmi les spectateurs, lui en surent gré.
Le deuxième n'avait pas une passe. Julien LESCARRET sut le montrer au public avant de le fixer par le bas et de l'occire rapidement. Du bon travail de pro. En revanche, face au cinquième, très mobile, difficile à maîtriser (sans doute pas assez piqué car il fuyait au contact du fer) il subit un échec cuisant.
En deux ans on a pu constater les progrès de Mehdi SAVALLI puisque, devant le même type de toro, il avait pris trois avis en 2007 alors qu'il est sorti aujourd'hui sous l'ovation. Mais la marge de progression reste immense. Il fut complètement débordé par la caste et la mobilité de l'excellent Zapito. Le tercio de banderilles fut un désastre; la faena, malgré la noblesse de son opposant, en fut un autre. Heureusement, Mehdi fut capable, au sixième, de réaccorder son Violon et de mettre le feu aux arènes au cours des deux premiers tercios, excellemment menés. Hélas, sa réticence à se croiser empêcha la faena de prendre son envol et, ce qui aurait pu devenir un authentique triomphe se borna à une simple ovation.

Je n'ai pas assisté à la corrida du lundi.
Ma feria de Vic est une réussite : chaque jour des toros con trapío, puissants, prenant des piques, toréables. J'ai l'impression d'avoir vécu dans un rêve. Je sais que la réalité ne va pas tarder à me rattraper. En attendant, Merci Vic.

mardi 2 juin 2009

Ma feria de Vic 2009 (2)

Corrida-concours : Palha ou Victorino Martin?

Le toro de Miura est présenté dans le type de la maison, très haut, agalgado. Il prend trois piques sans se faire prier, en sortant seul de la seconde rencontre mais montre une faiblesse qui se confirmera dans la suite de son combat. Il envoie deux fois les cornes à la figure des toreros - ce qui rassure sur son identité de Miura - mais son manque de moyen physique rend son combat terne. (division d'opinion)

Camarito de Palha est un castaño musculeux et cornicorto. Il est le protagoniste d'un tercio de pique comme on en voit rarement : 4 piques en poussant de toute son âme - car Camarito a une âme de toro brave. Il est à deux doigts lors de la première rencontre de faire passer cheval et cavalier de l'autre côté de la barrière. A la muleta, il se montre défensif sur la corne gauche mais noble à tribord, permettant que l'on se confie. Grosse pétition de vuelta non accordée par le président. J'essaie de comprendre les raisons de ce refus : le toro a été long à s'élancer vers le piquero, grattant beaucoup à chaque fois; il a fait preuve d'une légère faiblesse de pattes après la deuxième pique et pendant la faena, ne s'est livré à la muleta que sur la corne droite. Alors pas de vuelta, peut-être, mais Camarito, toro exceptionnel, restera dans la mémoire de Vic.

Baraquero, cinqueño de Victorino Martin vient au galop et avec fixité quatre fois vers le cheval. Là, il pousse peu, est peu châtié. La différence avec le toro de Palha est flagrante. A la muleta sa charge est vibrante et semble inépuisable. Elle exige une muleta sans hésitation, au tracé ferme. Très bon toro arrastré sous une forte ovation.

La corrida va maintenant baisser de ton.
Trois piques honorables pour le pupille de Cebada Gago qui prend ensuite querencia aux barrières où il se montre noble au troisième tiers. (silence)

Le toro d'Escolar Gil remate violemment contre les tablas puis prend trois piques mal données. Il se montre codicioso à la muleta et crochète Javier Valverde l'envoyant à l'infirmerie avec une luxation du coude. (silence)

Gras, l'armure abîmée, le Fuente Ymbro n'est qu'un mulet querencioso. (silence)

Fernando Robleño, Javier Valverde, Luis Bolivar ainsi que la plupart des picadors ont bien joué le jeu de la corrida-concours, ce qui a permis à chaque toro d'exprimer ses qualités et ses défauts. Luis Bolivar a coupé une oreille au Victorino Martin.
Les chevaux de la cuadra d'Alain Bonijol remarquables, en particulier celui qui officia face au Palha.

Prix au meilleur toro : Camarito de Palha et Baraquero de Victorino Martin ex aequo
Prix au meilleur picador : Angel Rivas (qui piqua le Palha)
Prix au meilleur matador : desierto

Camarito et Baraquero, deux très bons toros, mais, par son comportement exceptionnel sous la pique, le toro de Palha me paraissait le plus légitime pour être désigné vainqueur d'une corrida-concours.

lundi 1 juin 2009

Ma feria de Vic 2009 (1)


Samedi : la bravoure des petits gris

Samedi matin, la feria débute en fanfare avec un grand lot de novillos de Flor de Jara. Visiblement, les ex Bucaré se sont bien adaptés aux rigueurs de l'hiver castillan. Ils sont beaux, braves et solides. Le quatrième représente la quintessence de l'excellence santacolomeña : au physique une estampe, au moral bravoure, noblesse, charge inépuisable. Le sixième, très bon lui aussi, sera honoré d'une vuelta ainsi que le mayoral à l'issue de la course.
En achetant l'élevage, Carlos Aragon Cancela, modeste matador enrichi dans les affaires, s'est payé un bien beau jouet. Souhaitons-nous qu'il en fasse un bon usage.


Très bonne corrida d' Escolar Gil l'après-midi, brave sous quinze piques, avec la caste et la variété de comportement propres aux Saltillo.
Intraitable le premier, un véritable poison. Très abordables les troisième et sixième, ayant conservé leur charge malgré la volonté de David Mora de les faire assassiner à la pique. Enfin, Callejero, le quatrième d'une grande noblesse, à la charge profonde, longue et répétitive particulièrement sur la corne gauche.
Rafaelillo fut le grand homme du jour. Rompu à tous les combats, dansant plus souvent qu'à son tour avec la mas fea, le Murciano sut être à la hauteur du cadeau qui lui tombait du ciel. Ce fut émouvant de le sentir heureux de pouvoir toréer le toro que tout torero rêve de toréer. Il avait d'ailleurs compris, dès la réception à la cape, qu'il avait enfin trouvé la perle rare. Il donna, sur les deux mains, dans le toreo fondamental, des séries d'une amplitude, d'un temple, d'un lié que, très franchement, je le pensais incapable d'atteindre. (Mais il faut se souvenir que Rafaelillo a été - dans une autre vie qui a resurgi aujourd'hui pour lui - novillero précoce et puntero.) Je n'ai pas compris pourquoi le maestro ne s'était retrouvé qu'avec une seule oreille en main quand on voit dans de si nombreuses arènes fleurir tant de triomphes galvaudés, d'autant que la présidence crut bon de sortir le mouchoir bleu que personne ne demandait.