mardi 29 mai 2012

Ma feria de Vic 2012 (1)




Lorsque j'ai quitté Vic  lundi en début d'après-midi c'est avec le sentiment d'y avoir trouvé (en partie) ce que j'étais venu y chercher : des toros dignes de ce nom, des tercios de pique qui permettent de mettre en valeur ces mêmes toros. Certes nous fûmes loin de la perfection, le but n'étant pas de l'atteindre mais de sentir qu'il y a une volonté de le faire. C'est d'ailleurs dans ce domaine que, pour bien des choses,  le bât vicois blesse. On a en effet parfois l'impression que dans certains de leurs choix, les organisateurs ne vont pas jusqu'au bout de leur idéal proclamé. Deux des toros d'Escolar Gil n'auraient jamais dû sortir dans le ruedo vicois; on a déjà beaucoup glosé - ici et ailleurs - sur les choix étranges des élevages de la corrida-concours; enfin, en dehors des corridas extraordinaires (concours et toros de France) on a le sentiment que rien n'est vraiment entrepris pour favoriser le tercio de piques. Malgré cela, au final quelques sujets de satisfaction : une corrida-concours assez intéressante et deux lots de toros d'un grand intérêt, celui  des frères Granier dimanche puis celui de Flor de Jara lundi.

Mais je vais aussi à Vic dans l'espoir d'assister à de belles faenas car c'est devant le toro sérieux que l'on présente généralement ici que le toreo artistique prend toute sa valeur et son importance, qu'il permet à l'aficionado d'en savourer toute la profondeur et d'en garder les traces vives.
Hélas dans ce domaine, cette année, la récolte est bien maigre. Le hasard, qui joue son rôle dans le déroulement d'une feria, a laissé sans possibilité des toreros tels que Sergio Aguilar, Morenito de Aranda ou David Mora. D'autres, en revanche, comme Ivan Garcia ou Raul Velasco n'ont pas été capables de tirer parti d' adversaires de valeur.

Chaque corrida a commencé avec le même rituel : la bronca essuyée par le maire lorsqu'il remettait les clés du toril à l'alguazil.
Je comprends la colère des épiciers et cafetiers locaux - sans doute nombreux sur les étagères - devant le manque à gagner qu'a constitué pour eux une fête qui s'est déroulée cette année avec un public réduit.
A vrai dire, au delà  de la bronca qui grondait, on voyait aussi beaucoup de spectateurs applaudir. Je m'en suis réjoui car je ne suis pas de ceux qui pensent que promouvoir des beuveries collectives généralisées pour mieux faire accepter le manque d'illusion, le vide de l'existence et la soumission le reste de l'année  soit digne d'une société qui se prétend hautement civilisée.

Toujours est-il que la suppression de la fête "en ville" n'a pas enlevé beaucoup de spectateurs aux arènes. Les entrées réalisées (trois-quart d'arène pour chacune des corridas) m'ont semblé  de nature à réjouir le trésorier du Club Taurin Vicois.


La corrida d'Escolar Gil


Le retour attendu de l'élevage de José ESCOLAR GIL a été une déception en raison du manque de trapío du lot avec en particulier deux toros anovillados qui furent fortement protestés.
La corrida valut surtout par le comportement des hommes.
EL FUNDI actua en maestro retrouvé. Il améliora et domina ses deux toros. Pour sa dernière prestation ici il dut affronter l'hostilité du public mis à cran par le peu de prestance du quatrième toro. Heureusement celui-ci se montra le plus encasté du lot ce qui permit au "gendre du ganadero" de se battre et de montrer à tous qu'il était revenu non loin de son meilleur niveau. Il eut sans doute le tort de trop prolonger la faena ce qui occasionna des difficultés à la mort et l'empêcha de couper une oreille qui aurait permis une despedida plus souriante et plus en rapport avec les tardes glorieuses qu'il a connues sur le sable vicois.
Fernando ROBLEÑO actua lui aussi, tant de cape que de muleta, à un excellent niveau. Il torea le 5 (seul beau Escolar Gil de l'après-midi) avec temple exquis, réussissant parfaitement à s'adapter à la noblesse doucereuse de son adversaire. Vuelta après pinchazo et belle entière.
Sergio AGUILAR ne put briller que dans la belle réception de son premier par véroniques en parones. Le sixième, véritable alimaña, lui vint directement dessus à la troisième passe de cape (forte cogida) et le prit à nouveau de plein fouet lors d'une naturelle citée avec trop de sincérité pour un tel adversaire.

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