Après les apéritifs et amuse-gueules des jours précédents, le plat de résistance (unique) c'était dimanche, avec les Victorino Martin, que Bilbao le servait.
Pour moi, devant mon petit écran, il faisait figure de surgelé tournant au fond du micro-onde.
J'ai pourtant vibré avec ce toisième toro, si difficile à canaliser. Pensez donc : 4 piques et frais comme un gardon, courant dans tous les sens, chargeant, se collant, se retournant, crochetant! Face à lui Bolivar n'a pas fait le poids et a été sifflé. Mais c'est au moment de l'arrastre que c'est produit l'inattendu : une ovation spontanée et nourrie du public bilbaino a salué la dépouille du malotru. A la télé Moles a failli s'en étrangler et le lendemain, dans les gazettes, les commentateurs les mieux pensants s'en sont offusqués.
Etait-il tauromachiquement correct ou incorrect d'applaudir Esotérico? La question prête à débat, mais ces applaudissements avaient un sens : "en vendant si chèrement ta peau, tu as joué ton rôle de toro et tu nous as fait vibrer, bravo!"
D'ailleurs, pour que la balance soit équilibrée, ce même public a ovationné de la même manière Plebeyo, le second toro de Bolivar dont la noblesse était si grande que, par deux fois, il a planté ses cornes dans le sable à la pousuite de l'étoffe.
Et c'est toute la richesse des Victorino Martin d'offrir dans une même corrida une si grande variété de comportement.
Ce qu'a fait (et subi) Diego Urdiales tout au long de la tarde relève à la fois de la chanson de geste, du miracle et de l'art le plus pur. Diego Urdiales ce jour face aux victorinos c'est la tauromachie dans ce qu'elle a de plus grand, de plus profond, de plus enthousiasmant.
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