lundi 4 juin 2012

Grand écart


Vendredi
   Madrid, Las Ventas via le petit écran
Mon unique course de la San Isidro. A mon goût, l'un des meilleurs cartels de la feria. Toros de Cuadri, présence de Javier Castaño et de sa cuadrilla  ainsi que de deux honorables diestros, curtidos en mil batallas, Rafaelillo et Luis Bolivar. Mais, dans une Espagne hantée par la crise, est-il possible aujourd'hui de voir une bonne course à Madrid?
Un signe : Javier Castaño, avec une inconscience incroyable, quitte le toro des yeux pour demander le changement de tercio. La voltereta est terrible. Javier se relève livide, titubant; il rejoindra plus tard l'infirmerie. La course a du plomb dans l'aile.
Les Cuadri sont lourds, sérieux mais sans brio. Les chiffres parlent : 13 piques avec beaucoup de scories, pas une chute et pourtant des tíos de plus de 600 kg. A la muleta ils vont a menos, la tête souvent dans les airs.
Une partie du public est infâme, traite les matadors comme des chiens. Bolivar est sifflé avant d'avoir commencé à toréer. A la fin de la course, ce même public oblige le mayoral à saluer; sur son tendido, Fernando Cuadri, la mine songeuse, n'a pas l'air dupe.

Dimanche
   Captieux, novillada de village en fête
Ici tout semble simple et léger, pourtant on fait les choses sérieusement.
Le lot de novillos de Vicente Ruiz est de présentation irréprochable. Novillos mansos mais solides et mobiles avec une tendance à chercher la sortie au fur et à mesure de leur lidia.
Le tercio de piques (9 au total) est assez bien mené, plusieurs novillos étant placés à distance.
Les novilleros ont un bagage technique qui ne demande qu'à se développer et des courses comme celle du jour sont pour eux une bonne occasion de le faire : il y a des problèmes mais toréer permet de les résoudre.
Alberto Duran sera le moins en vue d'autant qu'il tue très médiocrement.
Juan Leal (oreille - oreille) a la planta torera et se sent torero. Il a tendance toutefois à abuser du toreo encimiste en fin de faena.
David Martin Escudero a de bonnes manières. Quelques belles naturelles au 6 et une excellente estocade lui vaudront deux oreilles.
Si l'on n'aime pas les fins triomphalistes c'est maintenant, à la mort du dernier novillo, qu'il faut quitter la plaza. Car les Capsylvains se délectent, en fin de soirée, à voir sortir en triomphe le plus de monde possible.
Ici on n'est pas à Madrid!

Alberto Duran au premier novillo

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