mercredi 30 mai 2007

Vic 2007 les toros



"Choisir la MER comme thème de la Pentecôte 2007 s'est donc imposé à nous. La ville se transforme, tantôt en dock, tantôt en aquarium. Les capitaines HADDOCK et les commandants COUSTEAU en herbe se sont donnés rendez-vous à la Pentecôte, les uns pour vociférer leurs mille milliards de sabords, les autres pour plonger dans les fonds inconnus de leur subconscient..." Le Comité des Fêtes (extrait du programme de la feria)
Bravo pour l'intuition remarquable des membres du comité des fêtes. Dommage qu'elle ne se soit pas manifestée avec autant d'à propos pour le choix des toros de la corrida-concours.
En revanche, j'ai été agréablement surpris par les toros de BARCIAL. Peut-être parce que j'avais gardé de leurs dernières sorties un sentiment de déception et que j'avais revu mes espérances à la baisse. Si l'on excepte les deux premiers et en particulier le second, une mule déguisée en toro, ils m'ont paru pourvus de deux qualités que l'on est en droit d'attendre d'un toro de combat :la bravoure et la noblesse. Ce qui, en revanche a manqué à certains, c'est les moyens physiques pour exprimer cette caste sous-jacente. Je pense en particulier au quatrième qui avait un fond de noblesse que l'on pourrait presque qualifier de commerciale. Réminiscence des années quarante et cinquante lorsque les Barcial étaient régulièrement toréés par les figuras. Le troisième s'est amélioré grâce à la bonne lidia de Sanchez Vara. Le cinquième, Lunarito, un cárdeno fut peut-être le meilleur toro de la feria. Il mourut, hélas, sans avoir été toréé. Personnellement, c'est donc avec intérêt que je reverrai les toros de Barcial.

La corrida-concours ne nécessite pas de longs développements tant elle fut décevante. Quatre toros étaient âgés de cinq ans. S'ils avaient été choisi depuis plus d'un an avec la volonté de les présenter en 2007 à cinq ans, très bien; mais leur comportement incite davantage à penser qu'ils étaient des toros de rebut comme il en subsiste dans tous les élevages. Le Juan Luis Fraile fut le plus encasté mais il souffrit d'une certaine faiblesse de pattes. Le Justo Nieto prit 3 piques sans fixité puis se montra fade à la muleta. Le Valverde, de grand trapío, était un manso asthmatique. L'exemplaire d'Adelaida Rodriguez fut le pire de tous, faible, inexistant aux piques et intoréable à la muleta. Le beau cárdeno de Sanchez Fabres fit une sortie tonitruante au cours de laquelle il se blessa vraisemblablement à une patte, ce qui l'empêcha de s'exprimer pleinement par la suite. Enfin le pupille d'Angel Nieves était un santacoloma grand et gras, désespérant de sosería.
Pas un seul tercio de piques digne de ce nom. Un fracaso.

Dimanche après-midi, les MARGE ont plu du début à la fin. Magnifiquement présentés, astifinos, aux pelages variés, un ensabanado, un sardo, un albardado. Ce furent des mansos con casta, manquant donc de fixité mais mobiles et toréables.

Pour la clôture, la corrida de CHARRO DE LLEN était âgée de 5 ans. Bien présentée, avec beaucoup de volume, trop sans doute, ce qui pourrait expliquer leur manque de mobilité au dernier tiers. Une corrida brave au cheval, avec certains exemplaires nobles à la muleta (en particulier le 4 et le 6). Certes leurs charges étaient pesantes, un peu dans le style de certains cuadris, et demandaient à être consenties mais les toreros du jour étaient plutôt dans le sabotage (ou le sabordage) que dans le consentement. C'est ainsi que ce qui aurait pu être une corrida intéressante voire triomphale sombra dans la déprime et la confusion.
Je n'ai pas vu la novillada d'Adelaida Rodriguez, il paraît qu'elle fut bonne, avec vuelta au premier novillo.

photo Velonero Eso es Vic

dimanche 20 mai 2007

Sébastien Castella


Sébastien Castella Madrid Las Ventas 18 mai 2007.
Désir de gloire assouvi ?
photo Miguel Angel Bravo las-ventas.com

jeudi 17 mai 2007

Espagne

Tout aficionado s'intéresse à la société espagnole et donc à la situation politique de ce pays. Il n'aura sans doute échappé à personne que, après de nombreuses années d'euphorie faisant suite à la dictature franquiste, une certaine crispation est apparue, ces derniers temps, dans la vie politique espagnole.
Dans un article du Monde Diplomatique du mois de mars, l'écrivain espagnol José Manuel Fajardo livre une analyse qui m'a paru intéressante: Une Espagne encore malade de son passé.

mardi 15 mai 2007

Madeleine

Ce qui m'a frappé d'emblée à la lecture des cartels de la Madeleine c'est la somptueuse affiche du lundi avec Curro Diaz, El Juli et José Maria Manzanares. Puis les manques me sont apparus. Une véritable spirale du vide: ni César Rincon, ni Alejandro Talavante! Comment peut-on oublier César Rincon l'année de sa despedida, lui qui a obtenu ici ses premiers triomphes français? Autre absent de marque, Juan José Padilla qui s'est toujours montré à son avantage à Mont de Marsan et qui aurait sans doute donné un peu d'alegria au cartel du dimanche.
Côté toro, un gros bon point aux organisateurs avec la présence d'un lot de Coquilla de Sanchez Arjona (encaste Santa Coloma) pour le retour de la novillada. Pour le reste, étant donné les restrictions abusives liées à la maladie de la langue bleue, il était difficile de faire mieux. Le problème de Mont de Marsan n'a d'ailleurs jamais été la "qualité" des élevages retenus mais plutôt le niveau de leur présentation. Depuis trop d'années, on voit défiler devant les vedettes des lots indignes, sans cornes, sans trapio, sans forces. En somme, les fonds de tiroirs. Le summun de l'indécence ayant été atteint l'an dernier avec les Garcia Jimenez. Durant l'intersaison, Christian Cazade, l'irresponsable local a sauté; mais il n'était qu'un fusible, les Chopera sont désormais exposés. Si le mépris dont ils ont fait preuve ces dernières années envers le public montois en envoyant au Plumaçon des lots de troisième catégorie continue, ils pourraient, eux aussi, passer par la fenêtre. Je me souviens que lorsque Manolo, le père, gérait l'affaire, une année catastrophique (et il y en eut - qui ne se souvient du lot pitoyable de Arauz de Robles il y a une dizaine d'années?), était suivie par une feria irréprochable.
Par ailleurs, on ne peut que se féliciter de la variété des spectacles proposés: démonstration des écoles taurines, novillada sans picador, novillada piquée, corrida portugaise, et bien sûr, le concours landais qui ouvrira la fête le vendredi en soirée, avec les 5 troupeaux de formelle et pour lequel on se plaît à rêver à un duel final entre Benjamin de Rovere et Loïc Lapoudge.

jeudi 10 mai 2007

Botero

Fernando Botero La Corrida La bibliothèque des arts
texte de Jean Cau

Magnifique livre d'art avec de nombreuses reproductions de peintures et de dessins du célèbre artiste colombien.
Le texte de Jean Cau , d'agréable lecture, mêle rappels biographiques et analyse du style du peintre.
Fernando Botero est né à Medellin; aficionado dès sa jeunesse, il a songé à devenir torero et a même toréé comme becerriste avant de peindre et vendre des aquarelles taurines autour des arènes de sa ville natale. Pendant trente ans, il ne peindra plus la moindre scène taurine avant d'aborder à nouveau, dans les années 80, le thème de la corrida.
Au contraire des peintures taurines de Goya ou de Picasso, pleines de bruit et de fureur, tout chez Botero est figé, silencieux. Pas de tragique mais la rondeur, l'impassibilité des choses éternelles.

mardi 24 avril 2007

Mano a mano

3 bonnes raisons de voter pour Nicolas Sarkozy:
- la peur des pauvres et des étrangers
- la politique du pire: du chaos peut naître la lumière
- le soutien de personnalités prestigieuses et exemplaires: Bernard Tapie, Johnny Halliday, Doc Gynéco ...

3 bonnes raisons de voter pour Ségolène Royal:
- sa personnalité atypique dans le monde politique
- l'existence d'une volonté de justice sociale dans son programme
- je n'ai pas trouvé d'autre raison mais les deux premières suffisent à mon choix.

samedi 14 avril 2007

Toreros para la historia 3


La video est loin d'être le meilleur moyen pour rendre compte de ce qui s'est passé dans une arène car elle est impuissante à ressusciter l'émotion de l'instant. Parfois, quelques moments de grâce, le miracle d'un trincherazo d'El Pana cet hiver à Mexico, quelques véroniques de Morante de la Puebla. Mais la plupart du temps, un fatras de passes sans signification ou bien la déception de tous les défauts cruellement mis à jour.
Pourtant, les aficionados, consommateurs parmi les consommateurs, se précipitent sur les dvd; la télévision ou, sur la toile, les sites taurins nous abreuvent d'images qui nous empêchent d'imaginer le meilleur pour nous montrer le pire.
Il n'en reste pas moins vrai qu'en tant que témoignage sur le passé, les pellicules tournées à des époques que nous n'avons pas connues sont, pour l'aficionado, un grand sujet de curiosité et - au moins partiellement - un outil de connaissance. A ce titre, la série Toreros para la historia du Bilbaino Fernando Achucarro est exemplaire.
J'aime bien, au cours du vide de l'intersaison, et à dose homéopathique, voir ou revoir les films de cette série. D'emblée, le génial générique, avec ses toros braves, nous met dans une ambiance favorable. La musique nous prend aux tripes, avant de devenir, très vite, envahissante. La voix grave du commentaire, au timbre et à la diction caricaturalement espagnols, contribue aussi à créer cette atmosphère propice aux rêveries taurines hivernales. Et puis il y a ces images con solera. Dans le volume 3, la caste du Papa Negro -le père des Bienvenida- qui voudrait poser une paire de banderilles lors d'un festival madrilène donné en son hommage. La silhouette de Juan Belmonte au campo. El Gallo dans un café de Seville.
On en apprend également de belles. Nîmes, par exemple, semble déjà spécialisée dans l'évènement médiatique: réapparition de Juan Belmonte en 1934, en présence de Rafael "El Gallo", devant des toros insignifiants.
On est ému par l'élégance de Manuel Granero et par la ferveur populaire lors de ses funérailles à Valence.
On constate que la main gauche, à cette époque, est vraiment la main qui torée (Marcial Lalanda, Nicanor Villalta). A propos de l'Aragonais, on touche du doigt, en le voyant, à quel point le courage et la technique peuvent permettre à un torero de faire carrière malgré un physique particulièrement disgracieux.

mardi 3 avril 2007

Rebolera

Jusqu'à mi-corps
dans le cercle brûlant qu'il a créé lui-même
index de thaumaturge
déclenchant aux quatre orients
la grêle du tambour

Pour le levant la percale rose
pour le couchant la sueur de sang
et pour le pôle ce tournoiement

volutes des vapeurs qui chancellent
à mi-chemin du haut et du bas

Michel Leiris

mardi 27 mars 2007

A propos des cartels vicois

En tant qu'abonné à la feria de Vic Fezensac, je me permettrai ces quelques réflexions sur les cartels annoncés (Club Taurin Vicois) .
La première qualité d'une affiche, c'est de donner envie. En l'occurence, il me semble que les Vicois ont réussi leur coup: j'ai envie d'y aller. Sans doute, cela tient-il en partie à la présence importante de matadors inédits dans cette feria: Rafaelillo, Sanchez Vara, Fernando Cruz, Ivan Fandiño, Mehdi Savalli.
En ce qui concerne les toros, on peut en revanche regretter un très net manque d'esprit d'initiative. Là, Vic ne joue pas le rôle de chercheur de nouveauté, mais, au contraire, fait preuve de suivisme. Adelaida Rodriguez a déjà été présenté par les principales arènes du Sud-Ouest. L'élevage est, en plus, un des champions de l'afeitado de la saison dernière. C'est aux Montois que revient le mérite de la découverte, dans nos contrées, de l'élevage de Margé. A ce propos, j'espère que les plus beaux exemplaires de la camada n'iront pas tous à Vic, sinon que va-t-il rester aux pauvres Montois pour leur feria de juillet ? Quant aux Barcials on peut souhaiter qu'ils soient dans un meilleur état sanitaire que le dernier lot de toros combattu ici. Il y a une dizaine d'années, tous furent podagres. Ils avaient des sabots énormes dont certains restèrent sur le sable de la plaza !
Un dernier mot sur la présence (courageuse) de Mehdi Savalli. Si les Vicois l'ont jugé digne de participer à leur feria, j'espère qu'il en sera de même pour les autres "grandes" arènes de la région.

mercredi 21 mars 2007

Fin de semaine à Saint Sébastien ou le retour des bons jours

Joie de retrouver les toros et leur combat après quelques mois de nécessaire abstinence. Dans les belles et confortables arènes de San Sebastian, vaste vaisseau spatial abandonné par des extraterrestres venus étudier les mœurs du peuple basque et qui, dit-on, séduits, décidèrent de rester. Manolo Chopera, toujours avisé, décida de transformer l'objet en plaza de toros. En sa mémoire, ses fils avaient monté des cartels d'un grand intérêt qui avaient attiré nombre d'aficionados français.

Le retour des buendías
L'élevage de Joaquín Buendía avait périclité pour avoir voulu suivre la mode du toro grand et destartalado. Mais on savait l'élevage en train de se reconstruire à Bucaré entre les mains de Javier Buendía. On espérait donc voir peut-être quelques bons novillos. Un lot si complet fut une grande et agréable surprise pour les aficionados. Aujourd'hui les santacolomas de Bucaré avaient retrouvé à la fois le type physique et la caste qui firent leur succès autrefois. Grande homogénéité de poids (de 460 à 475 kg), finesse de type, armures discrètes mais intactes et solides, pelage essentiellement cárdeno. Au moral, tous braves au cheval en 12 piques, une noblesse pastueña mais qui peut mettre en difficulté le torero qui manque de domination. Enfin pas de faiblesse de patte à déplorer. La vuelta de Regidor, cinquième de l'après-midi, récompensa surtout sa noblesse car il sortit bien vite de la seconde pique, mais aussi l'ensemble du lot. Il n'est pas impossible que, s'ils renouvellent de telles sorties, les buendías retrouvent leur place dans les ferias de catégorie.
Un mot sur les hommes. D'une part nous sommes en début de temporada, d'autre part les novilleros ne peuvent être jugés avec les mêmes critères que les maestros confirmés. C'est pourquoi je ne mentionnerai que ce qui m'est apparu positif dans leur actuacion de ce jour.
Daniel Luque fit preuve d'une parfaite discrétion.
Perez Mota montra une certaine élégance.
Quant à El Santo, il se révéla dominateur et concis face au troisième, puis il donna un excellent quite par chicuelina au cinquième; ses mises en suertes au cheval sont également à mettre à son crédit.

La corrida-concours
Le principe d'une corrida-concours impose d'analyser le comportement de chaque toro.
L'exemplaire de Palha est un magnifique tío castaño de 505 kg qui impose le respect par sa présence. Il remate violemment aux tablas puis se montre distrait face au piquero et tape dans le matelas en faisant sonner les étriers. Très réservé aux banderilles (il refuse à plusieurs reprises de quitter les tablas pour répondre à l'appel de Padilla) ainsi que dans la muleta. Pitos.
Le toro de Victorino Martin n'a physiquement rien à voir avec celui de l'affiche. Laid, faible, innocent, les pointes en balais, il est arrastré sous la bronca.
Juncal, un colorado de Cebada Gago manque un peu de présence physique. Il part de loin pour quatre piques, la dernière en poussant bien. Hélas, il a déjà fléchi après la première et sa faiblesse ne lui permet pas d'exprimer toute sa noblesse lors du dernier tercio. Palmas.
La ganaderia Esteban Isidro (élevage de l'empresa) a envoyé un gros patapouf de 600 kg tel que le campo charro en produit en nombre depuis quelques années. Il fait illusion en partant de loin sur les deux premières piques, mais il rompt le combat à la troisième rencontre. Il passe beaucoup de temps de sa vie publique à gratter le sable de la plaza. Silence.
Le représentant d' Alcurrucén est une estampe. Ensellé comme les toros des gravures de Goya, sans un atome de graisse malgré ses 545 kg, negro axiblanco giron, très bien armé. Il affiche d'entrée sa réserve face à la cape de Lopez Chaves. Grâce à la maestria du piquero Miguel Angel Herrero, le tercio de pique sera très intéressant. En partant de loin et en poussant par à coup lors des deux premières rencontres, le toro trompera son monde. Mais, après avoir longuement hésité, il sort en ruant des deux piques suivantes, affichant ainsi sa condition de manso. Pas une passe au dernier tiers, non pas en raison d'un excès de châtiment, mais par absence de caste. Palmas à l'arrastre.
Solterón de Fuente Ymbro, avec son armure bizca, fait craindre le desecho. Pourtant il s'engouffre avec codicia dans la cape d'Antonio Barrera. Puis, sous l'ovation, il se précipite au galop, dès le premier appel, vers le piquero. Et ce trois fois de suite. Il poursuit le banderillero jusqu'aux tablas et se montre noble sur les deux cornes au cours de la faena. Il meurt en résistant. Un très bon toro qui méritait bien le prix accordé par le jury au toro le plus brave du concours. A vrai dire, il n'eut pas de concurrent sérieux, seul le Cebada Gago avec davantage de poder aurait pu être en mesure de lui disputer la suprématie.
Malgré quelques bas, ce fut une corrida-concours intéressante durant laquelle le tercio de pique fut mené comme il se doit, ce qui a permis au public de vibrer à l'unisson des charges des toros contre la cavalerie. Tous les toreros ont joué le jeu et ont fait preuve, dans l'ensemble, d'oficio.
Prix au meilleur toro: Solterón de Fuente Ymbro.
Prix au meilleur picador: Miguel Angel Herrero de la cuadrilla de Lopez Chaves.
Prix au meilleur peon de brega: Manuel Soto de la cuadrilla de Juan José Padilla.

dimanche 4 mars 2007

Afeitado

Une des plaies de la corrida est la pratique de l'afeitado. Il s'agit même d'une véritable perversion de l'art taurin puisqu'il en dénature complètement le sens. Dès lors que le toro est privé d'une partie de ses défenses naturelles, la corrida n'est plus qu'une parodie d'elle-même. Il lui manque ce qui en fait la substance: l'affrontement avec la mort. Car cette idée de mort s'incarne parfaitement dans l'armure astifina du toro de combat. Et même si l'on sait qu'une corne afeitée peut tuer, il manque et manquera toujours à ce qui est fait devant un animal aux armures réduites le sentiment du tragique. Le spectacle le plus extraordinaire du monde devient alors un divertissement ridicule et honteux.
Pour lutter contre cette pratique les principales villes taurines françaises ont décidé de faire analyser certaines cornes des toros combattus dans leurs arènes. L'initiative est louable mais on a l'impression que nos élus n'ont accompli qu'une partie du chemin. Car, si j'ai bien compris le système, un éleveur a la possibilité d'envoyer dans nos arènes 5 toros afeités sur 6 sans encourir la moindre sanction: 2 toros arreglados + 2 toros afeités non analysés + 1 toro reconnu afeité par l'analyse. Je ne vois pas, dans ces conditions, où se situe la lutte contre l'afeitado.
Toutefois ces contrôles ne sont pas sans mérites. Les analyses semblent pratiquées avec sérieux et rigueur et elles donnent lieu à une publication officielle, ce qui permet de mettre en évidence les arènes et les éleveurs qui respectent leur public. Pour consulter les résultats officiels voir le site de l'UVTF ou celui de l'ANDA .

Pour 2006, les arènes qui ont présenté le plus de toros manipulés (toutes catégories confondues: arreglo, une corne, deux cornes) sont Bayonne et Dax avec douze toros chacune. Il est à noter que Nîmes, en raison de son riche passé et présent, est hors-concours.
La plus respectueuse de l'éthique de la corrida a été Vic Fezensac (1 toro arréglé).
Les élevages qui ont le plus manipulé les cornes de leurs toros:
Antonio Bañuelos 6 (tous arreglados, muy listo el señor Antonio)
Garcigrande 5
Adelaida Rodriguez 5
Victoriano del Rio 5
Mercedes Perez Tabernero 4
Auxquels il faut ajouter El Pilar, pris par la patrouille de Nîmes, pourtant peu zélée.
Enfin honneur aux élevages qui ont fourni des corridas limpias:
Salvador Domecq (Bayonne)
Samuel Flores (Dax)
Francisco Galache (Vic Fezensac)
Hoyo de la Gitana (Vic Fezensac)
Robert Margé (Mont de Marsan)
Sanchez Arjona (Béziers)
Yonnet (Arles)

Personnellement, je tiendrai compte de ces résultats au moment de passer - ou pas - à la taquilla.

samedi 24 février 2007

Pablo Romero - Partido de Resina

Je viens de lire le numéro 10 de la revue Terres Taurines consacré à l'élevage Pablo Romero -un de mes élevages préférés. J'ai trouvé la revue passionnante de bout en bout. Pas seulement un bel objet destiné à être négligemment posé sur la table de salon de tout aficionado respectable. Certes, le parti-pris d'André Viard, de mettre systématiquement en énigme la question des origines de l'élevage, m'a paru un peu abusif. D'autant qu'au final aucune réponse probante n'est apportée. En tout état de cause le travail sur la genèse est muy interesante. L'hypothèse d'un croisement passé et actuel avec du Santa Coloma - Saltillo est troublante à la vision de certaines photos. Personnellement je considère cette perspective comme tout à fait réjouissante et, s'il y avait effectivement croisement en cours, Tico Morales serait le premier éleveur actuel à vouloir sortir de la pensée unique ganadera qui consiste à prôner - jusqu'à l'absurde - le maintien systématique d'un élevage dans la pureté de son origine.
Bref des textes et des images qui donnent envie de revoir ces magnifiques animaux. Ce ne sera hélas pas possible en France à cause de la langue bleue et c'est d'autant plus regrettable que les prochaines camades sont annoncées pour être lidiées en novillada. Ça aurait pu intéresser par chez nous.

jeudi 22 février 2007

Indulto

Certaines âmes simples s'imaginent qu'il suffit de multiplier les indultos pour se faire bien voir. On a voulu faire jouer à l'indulto un rôle de publicité pour la corrida. On a même vu, il y a peu, organisateurs et journalistes se gargariser benoîtement de l'indulto d'un eral lors d'une novillada non piquée dans une grande arène française. Cela me paraît grave et dangereux.
Grave parce que cela ne signifierait-il pas que nous avons mauvaise conscience? Et nous faisons, de temps en temps, l'aumône d'un indulto.
Dangereux parce que nos ennemis ne sont pas si niais. Et la conséquence ne s'est pas fait attendre. Les déclarations de la fille Narbona sur l'éventualité de la fin des mises à mort en Espagne surfent sur la vague des indultos inconsidérés.

samedi 10 février 2007

10 livres pour débuter en aficion

Georges Lestié Règles et secrets de la corrida 1964
Les explications de base, illustré par l'auteur. L'édition originale de 1949 est plus complète, en particulier sur les notions de terrain. J'en ai trouvé une récemment chez un bouquiniste pour 50 €.





 Claude Popelin Le taureau et son combat 1952
Un classique où l'on retrouve les précieux dessins de Georges Lestié.








Dupuy Casanova Dictionnaire tauromachique 1981
Pour chaque terme des explications approfondies et claires.







J. P. Darracq "El Tio Pepe" Aficion 1974
Aficion constitue, avec les chroniques écrites dans la revue Toros et recueillies par les éditions Cairn, le fondement de la pensée de Tio Pepe: primauté accordée au toro et à sa lidia. Une leçon d'aficion !




Bartolomé Bennassar Histoire de la tauromachie 1993
Le grand historien du monde espagnol prend en compte les dernières avancées de la recherche historique, ce qui permet de remettre en cause la vision traditionnelle de l'évolution de la tauromachie à pied. Celle-ci n'a pas succédé à la tauromachie à cheval mais s'est développée en parallèle dans les milieux populaires. B. Bennassar excelle dans l'analyse des rapports entre tauromachie et société.




Dupuy Casanova Cent toreros de légende 2000
Pour rêver sur tous les maestros que nous ne verrons jamais toréer.






Bérard & co La tauromachie histoire et dictionnaire 2003
Un Cossio à la française...toutes proportions gardées.






André Viard Comprendre la corrida 2001
Un livre de torero qui explique les différentes façons de toréer.






J. A. del Moral Comment voir une corrida 1995
Le titre est beau, l'auteur un critique taurin connu.






Ernest Hemingway Mort dans l'après-midi 1932
Quand un américain comprend tout aux toros

dimanche 28 janvier 2007

Commentaires sur la liste des liens taurins

Parmi les sites d'information taurine en langue espagnole Burladerodos n'est pas le plus complet mais il est, de loin, le plus intéressant.
Le site Terre de toros, uniquement axé sur les élevages, est sans aucun doute le meilleur site taurin de l'univers.
Las Ventas est certes le site officiel de l'empresa de Madrid, mais ses compte-rendus ne sont pas de complaisance et la couverture photographique est remarquable tout au long de la temporada.
On peut trouver sur le site de Victorino Martin les photos des toros sélectionnés pour chaque arène, les commentaires des éleveurs sur chacune de leur course et même une reseña de toutes les corridas depuis le rachat du fer en 1961.
En ce qui concerne les blogs, on trouvera une liste très fournie ( blogs en français compris ) sur les sites Tauroprensa et Taurofilia. Enfin, je vois rarement mentionné le site, pourtant très intéressant, Pétalos de aceros.

dimanche 21 janvier 2007

Défendre la fiesta

En cette période d'attaques virulentes contre la corrida, je livre ces quelques citations, glanées ici ou là au hasard de mes lectures.


"Je compris que le taureau était bien loin de donner infailliblement dans le leurre: pris entre les caprices de la bête et l'exigeante attente des spectateurs, le torero risquait sa peau; ce danger était la matière première de son travail...Chaque combat était une création; peu à peu, je démêlai ce qui en faisait le sens et parfois la beauté."
(Simone de Beauvoir, La force de l'âge, 1960)

"Il reste qu'on ne pénètre pas dans des arènes sans que l'inconscient ne propose un choix entre le parti du taureau et le parti de l'homme. Pour ma part, profane, j'avoue me porter d'abord du côté du premier, considéré comme un condamné à mort, inexorablement. Mais ce sentiment intime cède devant l'évidence qu'un taureau est un bœuf extrêmement privilégié, qui a joui de cinq années de liberté absolue pour conforter ses dispositions belliqueuses et que, pour lui aussi, l'apothéose du combat est un mode d'expression."
(Antoine Blondin, 1978)

"La vie opulente du taureau s'épanouit, au terme d'une trajectoire de quatre à six ans, dans ce dernier quart d'heure qui lui donne son sens. Supprimer les corridas, ce serait du même coup supprimer le taureau, ce chef d'œuvre de l'art et de la vie." (Michel Tournier, Petites proses, 1986)

"La corrida pose cette question cruciale, qui n'est, pourtant presque jamais abordée: existe-t-il des individus parmi les animaux ?" (Javier Echeverria, Toro, 1989)

"Los Toros sont entrés dans le débat politique où se joue un choix - le mot n'est pas trop fort - de civilisation, dont l'enjeu est: la mondialisation - ou non - et donc la banalisation de notre comportement et de notre être même." (Jean Cau, La folie corrida, 1992)

"Il existe un humanisme de la tauromachie qui n'est pas celui de l'esprit petit- bourgeois, de sa sentimentalité larmoyante, mais un humanisme tragique, celui du mystique ou du conquistador." (Michel del Castillo, Dictionnaire amoureux de l'Espagne, 2005)






vendredi 5 janvier 2007

Caminante

Ce que sera ce blog no lo sé porque " caminante no hay camino. Se hace camino al andar. "(Antonio Machado)

Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
Caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante no hay camino
sino estelas en la mar.

jeudi 4 janvier 2007

Quelques bonnes raisons

de ne pas créer un blog :
- un de plus
- ai- je réellement quelque chose à dire ?
- rien ne m'énerve plus que l'informatique
- est- ce que ça peut vraiment intéresser quelqu'un ?
- je n'ai déjà pas le temps de faire tout ce que je voudrais
- ça va servir de support à de la pub
- au début on est tout feu tout flamme et puis on s'étiole
- parler aux étoiles est plus beau
- toutes les conneries que je vais écrire !

de créer un blog :- internet est un réel moyen d'expression et de communication
- plus on est de fous plus on rigole
- des blogs taurins finalement il n'y en a pas tant que ça
- avoir peut-être deux ou trois lecteurs intéressés
- se dire qu'on peut être lu à Zanzibar ou en Papouasie
- s'exprimer ça ne peut que faire du bien
- je ne suis pas bavard
- me gustan los toros