Plus je vois de corridas de Dolores Aguirre et plus je trouve cet élevage passionnant. Voilà des toros qui rompent avec le formatage et la prévisibilité installés dans les arènes par l'envahissement du sang domecq.
Si l'on prend en compte uniquement leur comportement au cheval, les toros du jour peuvent être qualifiés de braves. En témoignent les 17 piques qu'ils ont prises en poussant le plus souvent avec rage et fixité. A noter à nouveau après Aire, l'excellente prestation de Juan Antonio Agudo au second toro de l'après-midi. Agudo est, à ma connaissance, le seul picador capable de piquer dans le morillo.
Si l'on considère le reste de leur combat, ce serait plutôt le qualificatif de manso qu'il faudrait employer. Ils furent abantos à leur sortie puis, face à la muleta, ils hissèrent le drapeau blanc avec la mobilité galopante de ceux qui cherchent clairement la fuite.
Ce paradoxe nous conduit à un autre.
Ils étaient difficiles car leur puissance et leurs courses désordonnées pouvaient être ardues à canaliser.
Ils étaient faciles car leur fuite n'eut jamais de mauvaises intentions. D'ailleurs, les vieux briscards que sont Rafaelillo et Sanchez Vara passèrent un après-midi confortable, se contentant de les toréer élégamment sur leur voyage naturel, se gardant bien de les contraindre, jusqu'à ce que, inéluctablement, leur mansedumbre les conduise à refuser le jeu proposé. Pas de triomphe, mais pas d'échec et des risques limités à la gestion des affaires courantes.
L'attitude d'Alberto Lamelas fut autrement intéressante et révélatrice. A ses deux toros, il se croisa, alla chercher la corne contraire et, malgré un défaut de temple évident, réussit à soumettre leur charge à sa volonté. Et ses deux toros se grandirent, oublièrent les planches et se centrèrent sur la muleta dominatrice que leur proposait le torero. Ils retrouvèrent la bravoure qu'ils avaient exprimée face au cheval.
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