mardi 18 février 2014
Théorie du genre : les taureaux aussi
Voilà ce qui arrive lorsqu'on laisse trop longtemps les garçons entre eux.
Photo tirée du blog Toros y Sanfermines (se méfier aussi des Navarrais)
dimanche 9 février 2014
A la recherche des premiers aficionados
"Le taureau porte sur la nuque un nœud de rubans fixé par un petit crochet qui entre dans la peau. La couleur de ces rubans indique de quel troupeau (vacada) il sort; mais un amateur exercé reconnaît, à la seule vue de l'animal, à quelle province et à quelle race il appartient." (Prosper Mérimée, 1830)
A lire ces lignes il est clair que, en 1830, dans la plaza de toros madrilène de la Puerta de Alcala, une aficion entendue existait déjà. Reconnaitre à quel encaste, voire à quel élevage appartient un toro à la simple vue de son apparence est aujourd'hui encore l'apanage des aficionados un tant soit peu avertis des choses du toro.¹
Plus surprenant, 150 ans plus tôt, en 1679 très précisément, Madame d'Aulnoy, plus connue pour ses contes de fées, nous explique :
"On donne à manger aux taureaux, on choisit les meilleurs pour la course, et même on les connaît pour les fils ou les frères de ceux qui ont bien fait du carnage aux fêtes précédentes. On attache à leurs cornes un long ruban; à la couleur du ruban tout le monde les reconnaît, et cite l'histoire de leurs ancêtres, que l'aïeul ou le trisaïeul de ces taureaux tuèrent courageusement tels ou tels; et l'on ne se promet pas moins de ceux qui paraissent."
Ce qui tendrait à prouver que, dès cette époque, les spectateurs ne se contentaient pas d'être les éléments passifs d'un évènement social qui constituait alors une démonstration publique de la grandeur de la noblesse mais étaient capables de porter un regard aigu voire expert (connaissance des lignées) sur les toros combattus. Les premiers aficionados?
¹ Lorsque l'on commente la visite que l'on vient de faire aux toros de la feria, il convient généralement de dire : "Ils sont parfaitement dans le type" pour montrer que l'on est vraiment dans le coup. Toutefois affirmer qu'ils ne sont pas du tout dans le type de l'élevage en imposera davantage.
Prosper Mérimée - Lettres d'Espagne
Madame d'Aulnoy - Relation du voyage d'Espagne
dans Bartolomé et Lucile Bennassar - Le voyage en Espagne, anthologie des voyageurs français et francophones du XVIe au XIXe siècle - Bouquins Robert Laffont
Image tirée du blog Dominguillos : la plaza de toros de la Puerta de Alcala vit combattre les toros de 1749 à 1874
lundi 27 janvier 2014
Le nouveau TOROS est arrivé
Bonne nouvelle pour l'aficion française en ce début d'année, la pérennité de la revue TOROS est assurée.
Attendre l'arrivée de la revue (Ah! les failles temporelles de La Poste!), s'installer confortablement pour quelques moments de lecture en sachant que l'on ne sera pas pris pour un aficionado-gogo, aguantar l'austérité des numéros d'hiver, garder soigneusement le tout parce que c'est une référence et que l'on s'y replonge toujours avec intérêt. Tous ces moments précieux ne seront pas enlevés aux amateurs de la revue.
Mais l'essentiel est que l'esprit et l'éthique de "la plus vieille revue taurine du monde" soient maintenus. Francis Fabre, le nouveau directeur, est un vigneron de vieille tradition familiale. Voilà qui incite à la confiance et laisse à penser que la revue continuera à vieillir dans les meilleures conditions. "La ligne éditoriale va rester la même, affirme-t-il dans ce premier numéro de l'année. Témoignage qu'une voie autre que celle de la corrida aseptisée, où le toro est réduit au simple rang de faire-valoir, est possible."
dimanche 19 janvier 2014
Corazon
Sur le site internet des arènes de Madrid on peut voir depuis peu un résumé vidéo assez conséquent des évènements marquants des dernières décennies à Las Ventas.
Selon les gouts de chacun, certains triomphes paraitront peut-être exagérés, d'autres constitueront des moments de grâce insurpassables. Bien sûr il manquera toujours l'émotion qu'offre le direct avec cet inattendu de l'instant à venir (Nous savons ici que tout se termine par un triomphe). Il manquera aussi l'appréciation d'une lidia complète car les combats sont tronqués et la plupart du temps les deux premiers tiers sont inexistants ou réduits à la portion congrue. En revanche pas de commentaires importuns ni de musique d'accompagnement mais le son brut des arènes de Madrid avec ce fameux runrun annonciateur de gestes héroïques ou ces tendidos qui deviennent manicomio. Ça donne une furieuse envie d'en être.
Mais ce qui m'a frappé à la dégustation de ces images, c'est que, au delà de la technique - bien nécessaire pour affronter le toro de Madrid, au delà de l'art du torero, on ne triomphe bien, à Madrid, qu'avec le cœur.
vendredi 3 janvier 2014
Vœux
En tant qu'aficionado je souhaite donc une année taurine dépouillée de la présence des cinq diestros en question.
EL JULI parce que sa fin de carrière est affligeante et efface peu à peu le souvenir de ses années flamboyantes.
José Maria MANZANARES parce que sa temporada 2013 a été si calamiteuse (malgré Nîmes) que mon désir de le voir s'est émoussé.
Miguel Angel PERERA parce que sa tauromachie moderniste qui consiste à faire tourner l'innocent toro jusqu'à épuisement me laisse froid.
Alejandro TALAVANTE parce que je le trouve inodore, incolore et sans saveur.
MORANTE de la PUEBLA ... Ah! Morante! quelle tristesse de te voir en si mauvaise compagnie! Morante donc parce qu'aucun torero, si bon soit-il, n'est indispensable à mon aficion quand des dizaines d'hommes dignes d'admiration mais qui s'habillent trop rarement de lumière attendent une opportunité.
mercredi 1 janvier 2014
Bonne Année 2014 Feliz Año Nuevo
Ils sont les veuves noires
crucifiés
par le ciel
Leurs mufles soufflent des rages
des torrents d'orage
des postillons de furie
Patrick Espagnet, Corrales, Les Noirs
poème entier en français
en español
L'essentiel de l'œuvre de Patrick Espagnet vient d'être réédité :
L'ébranleur de zinc : une presqu'anthologie, Le Castor Astral
Photo Velonero, novillos de Valdefresno, corrales de Roquefort, août 2013
dimanche 29 décembre 2013
Toreros para la historia IV
L'histoire de la tauromachie n'échappe pas à la règle. Et, si j'aime bien la série de Fernando Achucarro, c'est qu'elle nous donne à voir des documents bruts, témoignages pris par une caméra qui se veut objective, que chaque aficionado reçoit d'abord de plein fouet puis peut analyser et commenter à l'aune de ce qu'est sa représentation du toreo d'hier et d'aujourd'hui ... et tant mieux (ou tant pis) si ces témoignages nous incitent à modifier nos représentations.
Le grand intérêt du volume IV est de nous offrir de larges extraits d'une corrida donnée à Valence le 23 septembre 1925. Au cartel des toros de Carmen de Federico pour Nicanor Villalta, Cayetano Ordoñez "Niño de la Palma" et Francisco Tamarit "Chaves", jeune promesse locale qui prenait ce jour-là l'alternative.
Les titulaires du fer de Murube, annoncés Carmen de Federico à la suite de l'achat de la ganaderia par J. M. Urquijo son banquier de mari, sont combatifs, braves, nobles, avec une fixité (fijeza) que n'avaient peut-être pas les toros des époques antérieures, fixité qui permet aux toreros de parar et d'aguantar avec plus de sérénité. Nous sommes au cœur de la révolution belmontine.
Le lot est crédité de 45 piques pour 18 chutes et 14 chevaux tués. Je ne suis pas de ceux qui s'esbaudissent devant ces chiffres car les chevaux sans peto sont des proies faciles pour des toros combatifs et les picadors passent plus de temps à essayer de garder leur équilibre ou à rouler au sol qu'à piquer. Il me semble qu'un assez bon lot de toros d'aujourd'hui, piqué dans les mêmes conditions, arriverait assez facilement à un tel résultat.
Ce qui est certain c'est que les toros de ce 25 septembre 1926 ne sont pas tardos ou parados au dernier tiers, ils chargent avec vivacité au moindre cite et ne font preuve d'aucune faiblesse de pattes.
En ce qui concerne la manière de toréer ce qui m'a le plus frappé c'est l'évolution du toreo de cape par rapport à l'époque précédente (celle qui s'est achevée avec la mort de Joselito). Les quites sont toujours aussi nombreux mais ils ne sont plus constitués de simples recortes et desplantes, le toro est désormais conduit dans des passes complètes au cours desquelles son embestida est templée. Les toreros chargent la suerte au maximum et font passer le toro au plus près de leur corps avec le souci de lier les passes entre elles pour constituer une série. Il en résulte une émotion artistique indéniable qui nous touche malgré le filtre de l'écran.
A la muleta on sent la même volonté d'appliquer les nouveaux canons du toreo mais, soit que la technique manque encore, soit que les toros fassent preuve d'une codicia encore trop difficile à maitriser, la réussite est incertaine. D'autres temps viendront...
On trouve, sous forme de coffret (6 dvd), l'intégrale de la série pour la somme raisonnable de 50€.

vendredi 20 décembre 2013
Bien faire les choses
Et le 8 mai dernier, à Saintsever, le succès était au rendez-vous : organisation impeccable et tarde de toros de grand intérêt.
Aujourd'hui pour clôturer leur projet, ils envoient aux donateurs un compte rendu détaillé de leur action et un bilan financier complet, le tout accompagné d'un dvd retraçant les principaux moments taurins de l'aventure.
Du bilan financier il ressort que, grâce à la taquilla (1014 entrées payantes) et aux dons des aficionados (17 680 €), le collectif a équilibré ses comptes. Il convient de préciser que le ganadero avait offert les toros. Il a reçu le prix de la viande (2000 €) et la tête naturalisée du dernier toro lidié. Sans compter - ce qui n'a pas de prix - la joie de voir ses toros combattre - et bien combattre.
Le dvd met en évidence la classe et l'excellent toreo de José Calvo (On est étonné qu'avec de telles qualités le Valencien soit si peu connu, l'époque est bien dure pour les toreros con clase), la vaillance de Thomas Dufau dont la carrière a peut-être pris un tour nouveau ce jour-là.
Au vu du bon comportement des toros de Sanchez Fabres (y compris les sobreros combattus en privé - longue séquence sur le dvd) dont plusieurs furent des toros complets, la situation marginale dans laquelle se trouve l'élevage aujourd'hui parait une claire injustice. On mesure à quel point la facilité que représente pour le mundillo l'utilisation à outrance du domecq aseptisé fait des ravages.
Mais l'aventure des coquillas de Sanchez Fabres continue; la camada 2013 compte 25 mâles qui devraient être combattus en non piquée.
En attendant des jours meilleurs...

Le dernier coquilla?
photo Laurent Larrieu Campos y Ruedos
mardi 3 décembre 2013
Deck grand cru
Merci Olivier Deck de si bien dire la dignité de notre aficion.
Olivier Deck Éloge de l'aficion Campos y Ruedos
Vincent Van Gogh, arènes d'Arles, 1888, Musée de l'Ermitage
lundi 2 décembre 2013
Ganaderos en difficultés (3)
Pourtant, si l'on se risque à évaluer la prestation de leurs toros sur le sable des ruedos français et espagnols, on s'aperçoit bien vite que le compte n'y est pas tout à fait. Les deux dernières temporadas ont été des plus discrètes. Si l'on se borne à 2013, aucun lot complet n'est venu justifier le prestige des deux élevages. Certes quelques bons toros de ci de là ont permis de rappeler les potentialités de chaque fer. Je pense par exemple aux deux Cuadri de Dax dont l'un a permis un tercio de pique qui restera dans les mémoires, à un Adolfo lidié lors des Fallas qui obtint le prix du meilleur toro. C'est peu en regard des attentes de l'aficion et des nombreux toros faibles, mous et décastés qu'il lui a fallu aussi trop souvent subir.
Ce qui me soucie dans cette morne plaine c'est que, pendant ce temps, beaucoup d'élevages dits "toreristas" ont fait de gros progrès. Ils sont parvenus à fabriquer en masse des animaux parfaitement adaptés aux objectifs de production qui leur sont assignés. Dans le meilleur des cas, lorsque s'exprime leur noblesse vive, permettre aux figures qui les toréent de triompher. Dans le pire, lorsque prédomine faiblesse et fadeur, ne gêner personne, pas même le public puisque le professionnalisme des toreros leur permet la plupart du temps de couper quelques oreilles de peu de poids ... y todos contentos.
Mais la corrida ne doit pas se borner à cela et, si elle veut tenir toute sa place, la tauromachie du toro fort et encasté, celle où l'émotion artistique nait d'un combat authentique, nécessite des élevages sur lesquels l'aficion doit pouvoir compter pour fournir avec un minimum de régularité les toros qui rendent cette tauromachie si passionnante. On peut donc regretter qu'à ce jour les élevages de Cuadri et d'Adolfo Martin ne soient pas parvenus à cette réussite.
Noël approche et chacun sait qu' "aimer les toros, c'est chaque après-midi vers les cinq heures, croire au Père Noël et aller à ses rendez-vous", aussi je ne doute pas un seul instant que la temporada prochaine viendra balayer d'un vent léger toutes mes réticences ...
Toros de Cuadri de la camada 2014
Photo tirée de l'excellent site de la ganaderia
mercredi 27 novembre 2013
Un blog de salubrité publique
A l'heure où nous subissons une offensive particulièrement violente de la part des groupuscules animalistes, le blog de Vincent Pousson Idées liquides et solides apparait comme un havre d'humanisme et un élément de résistance face au déchainement de tous les intégrismes bienpensants qui pourraient, si l'on n'y prend garde, transformer un jour notre art de vivre (employons sans hésiter les grands mots) en un cauchemar digne du Meilleur des Mondes.
Lors de l'affaire de la photo de Padilla, Campos y Ruedos avait attiré l' attention sur ce résident de Barcelone (nobody's perfect) capable de pourfendre l'imbécillité nationaliste (Barcelone : quand la fille de joie devient triste) aussi bien que "l'indécence de la pleurnicherie animaliste" (Ils me gavent, les défenseurs des canards!).
Mais Vincent Pousson est avant tout un amoureux des vins et de la bonne chère. Ses textes donnent envie de bien manger et d'ouvrir une bonne bouteille ...Je n'ai pas de meilleur compliment à lui faire!
Plop!...C'est la saison du beaujolais nouveau

En rêvant pour cet été à des finos de luxe

Photos extraites du post Boire de la patience, comprendre l'urgence
lundi 11 novembre 2013
Bilan 2013
Ma corrida rêvée
6 toros de Victorino MARTIN 6
Morante de la PUEBLA
Ivan FANDIÑO
Alberto AGUILAR
Après une année 2012 pléthorique en grandes tardes dans les ruedos français, 2013 a marqué le pas. La raison vient peut-être d'une baisse de régime certaine chez les deux élevages sur lesquels les plus grandes espérances de la temporada reposaient : Escolar Gil et Fuente Ymbro. Pour les Fuente Ymbro c'est d'ailleurs plus que d'une baisse de régime dont il s'agit mais d'un véritable fracaso.
Celui qui s'en est trouvé fort marri c'est Ivan Fandiño qui avait misé l'essentiel de sa saison sur les affrontements avec les pensionnaires de Ricardo Gallardo. Malgré ces contre-temps, le vizcaino reste de très loin le torero le plus régulier et le plus intéressant de la temporada. Souhaitons que son nouveau statut de figura ne le conduise pas à éluder les confrontations avec les élevages les plus sérieux. Par exemple Victorino Martin.
Car Victorino, malgré le très grand nombre de toros qu'il a fait lidier cette année (91 presque autant que Nuñez del Cuvillo!), reste une valeur sûre. Chaque course du sorcier de Galapagar présente de l'intérêt et les sommets sont parfois atteints (corrida de Bilbao, Matemáticas à Dax).
Matemáticas nous conduit tout naturellement à Morante. Il faut savoir gré ici aux organisateurs dacquois d'avoir permis au rêve (l'affrontement entre le matador qui torée le mieux et l'un des élevages les plus redouté) de devenir réalité. En souhaitant pour 2014 que ce rêve puisse se renouveler ... à Dax mais aussi en de nombreux autres endroits de la planète taurine!
2012
Alberto Aguilar torero de corazon
photo Juan Pelegrin Blog (de fotos) de Manon
jeudi 7 novembre 2013
Ganaderos en difficultés (2)
Quelques jours plus tard, à Vic Fezensac, c'était au tour des pupilles d'Adelaida Rodriguez de désespérer l'aficion. "On pouvait espérer un final de Pentecotavic réconfortant. Hélas! Il n'en fut rien, et, ce, à cause d'un fléau qui paraissait atténué ces derniers temps : une faiblesse affligeante entraînant des chutes désespérantes" (Jean Pierre Clarac, idem).
Dans un dossier réuni par Jean Jacques Dhomps sur le site de la Fédération des Sociétés Taurines de France, on apprend que les vétérinaires taurins français Compan, Bourdeau et Derrey attribuent principalement cette faiblesse à un problème d'alimentation.
Cela fait maintenant plus d'un quart de siècle que les vétérinaires taurins, aussi bien espagnols que français, ont analysé les problèmes liés à l'alimentation du toro de combat et ses rapports avec la faiblesse de pattes. Il résulte de leurs recherches que l'alimentation moderne (pienso), paradoxalement trop riche, est mise en cause car, lorsqu'elle est mal maîtrisée, elle provoque des maladies telles que acidose, lésions hépatiques, fourbure; elle produit en outre une musculature inadaptée à l'effort que nécessite le combat du toro dans l'arène.
Nul ganadero digne de ce nom ne devrait aujourd'hui ignorer le résultat de ces recherches et les applications pratiques qui en découlent quant à la conduite d'une ganaderia. C'est pourquoi, à la vision de leurs toros roulant au sol, les aficionados sont en droit de s'interroger sur les compétences ganaderas des responsables des élevages de Prieto de la Cal et d'Adelaida Rodriguez.
En tout état de cause, il est certain que les organisateurs, échaudés par de si malheureux résultats, ne seront pas prêts de sitôt à renouveler leur confiance aux élevages précités.
Malgré une corne abimée, magnifique exemplaire de Prieto de la Cal, con trapío.
Pourtant une fois sur le sable de l'arène....
Prieto de la Cal : des toros de campo plutôt que de ruedo?
photo Laurent Larrieu, Campos y Ruedos
lundi 28 octobre 2013
Liste des écarteurs champions de France de course landaise
Champion de France de course landaise, l'appellation est un peu ridicule. Champion des Landes ou d'Aquitaine serait plus modeste ... mais le championnat a été inventé dans le Gers à Nogaro où il s'est exclusivement déroulé pendant de nombreuses années. Champion de Gascogne serait parfaitement adapté à moins de développer le côté mégalo et dire champion du Monde.
Toujours est-il que, depuis sa création par Robert Castagnon en 1956, le championnat de France des écarteurs est un événement coursayre éminemment sérieux. Chaque fin de saison, face aux plus redoutables vaches des différents troupeaux, les six meilleurs écarteurs de l'année s'affrontent dans une course de longue haleine à l'issue de laquelle le vainqueur sera toujours l'écarteur à la fois le plus brillant, le plus solide et le plus fin stratège.
Voici la liste des champions :
1956 : MAXIME (Robert Goeytes)
1957 : MAXIME
1958 : MICHEL I (Michel Vis)
1959 : MICHEL I
1960 : Jo BARRÈRE
1961 : Jean Claude LEY
1962 : Christian DARRACQ
1963 : RAMUNTCHO (Christian Vis)
1964 : Jean Claude LEY
1965 : RAMUNTCHITO (Guillaume Vis)
1966 : RAMUNTCHITO
1967 : RAMUNTCHITO
1968 : RAMUNTCHITO
1969 : RAMUNTCHITO
1970 : RAMUNTCHITO
1971 : RAMUNTCHITO
1972 : RAMUNTCHITO
1973 : RAMUNTCHO
1974 : RAMUNTCHITO
1975 : RAMUNTCHITO
1976 : Michel BERGEZ
1977 : RAMUNTCHITO
1978 : Gilbert DUCASSOU
1979 : Didier BORDES
1980 : Jean Claude LABORDE
1981 : Jean Claude LABORDE
1982 : MARC-HENRI (Marc-Henri Truchat)
1983 : Alain NOGUÈS
1984 : Didier LAPLACE
1985 : Didier BORDES
1986 : Jean Pierre RACHOU (Jean Pierre Guillé)
1987 : Jean Pierre RACHOU
1988 : Jean Pierre RACHOU
1989 : Didier GOEYTES
1990 : Didier GOEYTES
1991 : Christophe DUSSAU
1992 : Thierry BERGAMO
1993 : Thierry BERGAMO
1994 : Christophe DUSSAU
1995 : Thierry BERGAMO
1996 : Jean Marc LALANNE
1997 : Christophe DUSSAU
1998 : Christophe DUSSAU
1999 : Didier GOEYTES
2000 : Christophe DUSSAU
2001 : Christophe DUSSAU
2002 : Christophe DUSSAU
2003 : Christophe DUSSAU
2004 : Benjamin de ROVERE
2005 : Benjamin de ROVERE
2006 : Benjamin de ROVERE
2007 : Loïc LAPOUDGE
2008 : Loïc LAPOUDGE
2009 : Hugo VINEY-THOMAS
2010 : Mathieu NOGUÈS
2011 : Mathieu NOGUÈS
2012 : Vincent MUIRAS
2013 : Mathieu NOGUÈS
2014 : Mathieu NOGUÈS
2015 : Alexandre DUTHEN
2016 : Loïc LAPOUDGE
2017 : Loïc LAPOUDGE
2018 : Gauthier LABEYRIE
2019 : Cyril DUNOUAU
2022 : Cyril DUNOUAU
Comme la tauromachie espagnole, la course landaise est souvent une affaire de famille. Les trois frères Vis totalisent 15 titres de champion. Didier Goeytes est le fils de Maxime, premier champion en 1956. Mathieu Noguès enfin, actuel tenant du titre, est le fils d'Alain sacré en 1983.
Le podium du premier championnat de France en 1956 à Nogaro, de gauche à droite : Gilbert Saint Martin (3ème), Marcel Forsans (2ème) et Maxime (vainqueur).
mercredi 16 octobre 2013
Ganaderos en difficultés (1)
Une suite de prestations catastrophiques. Des corridas flinguées par des toros faibles et sans caste.
Séville, Hôtel Vincci, 3 septembre 2013, conférence de presse de Ricardo Gallardo, propriétaire de l'élevage
La suffisance du self made man triomphant a laissé place à la mine atterrée du looser qui ne comprend plus ce qui lui arrive. L'heure est grave... Il y a une question de narcissisme; il y a aussi une question de sous : cette camada de la saison prochaine, il va bien falloir la vendre, et, si possible, à un bon prix. Mais du côté des empresas, ça risque de renâcler fort.
Heureusement, en notre époque de pouvoir des experts, la science a réponse à tout. On analyse, on vétérinarise. Ça y est, le mal est trouvé : crise de foie chez les toros pour guérir une crise de foi chez les aficionados et dans le mundillo. Le producteur de pienso avait eu la malencontreuse idée de changer la composition dudit pienso. Ouf!
Juan Pedro Domecq nous avait déjà fait le coup il y a quelques années après une accumulation de désastres sévillans. Mais bon, si les JPD (ou d'autres) ne montrent, corrida après corrida, que faiblesse et decastamiento, ce n'est pas un problème pour leurs propriétaires puisque c'est précisément pour cette faiblesse et ce manque de caste qu'on leur achète leurs toros.
Il n'en va pas de même pour les Fuente Ymbro qui ont bâti leur réputation sur la caste, à tel point que, malgré leur origine domecq, certaines figuras rechignent à être annoncées face à eux.
Bien sûr, ce que tout le monde pense tout bas, y compris sans doute le ganadero, à voir sa mine d'enterrement à l'hôtel Vincci, c'est que le vrai problème rencontré par la ganaderia est un problème de caste. Faire pisser la vigne ne permet en aucun cas d'obtenir un grand cru. Vendre dans une temporada 111 toros et 74 novillos (source Tauroweb) se fait forcément au prix d'un sélection très relâchée dont les conséquences se retrouvent sur le sable de l'arène.
Rentrer dans le rang des domecqs de cantine ou redevenir un ganadero qui crée l'événement et ouvre l'appétit aux aficionados, il va falloir que Ricardo Gallardo fasse un choix.
Rendez-vous dès la prochaine temporada...
lundi 7 octobre 2013
Toros est mort, vive Toros
Mais l'heure n'est pas aux états d'âme car un plan B porté par des revisteros de la revue semble très sérieusement envisageable.
Ce qui me paraît évident c'est qu'une revue comme Toros avec l'intégrité de ses collaborateurs et sa ligne clairement toriste doit continuer à jouer son rôle dans le panorama des médias taurins de notre pays. Personnellement, c'est le seul moyen d'information auquel je fais totalement confiance pour savoir ce qui s'est réellement passé dans une arène. Les grands sites espagnols que l'on trouve sur internet sont tout juste bons à comptabiliser le nombre d'oreilles coupées et de toros indultés. Quant aux blogs, partiels et partiaux (c'est leur intérêt et leur raison d'être), ils ne jouent pas dans la même cour.
Affaire à suivre, l'aficion française a besoin de Toros.
mercredi 25 septembre 2013
Des écologistes un peu bébêtes
Après les trois élus dacquois soutenant les manifestations organisées par des animalistes dont les méthodes ont de forts relents mafieux et fascistes voici que des députés d'Europe Ecologie - Les Verts (EELV) déposent un énième projet de loi visant à interdire les corridas.
Le parti écolo-bobo qui ne doit sa présence à l'Assemblée Nationale qu'au bon vouloir du Parti Socialiste s'effraie vraisemblablement à l'idée d'aborder avec son puissant protecteur les sujets qui fâchent et pour lesquels, pourtant, son intervention serait conforme à son idéologie affichée : à savoir les problèmes de l'énergie (en particulier de l'énergie nucléaire), des transports ou de notre mode de production et de consommation. En conséquence, ils n'ont rien trouvé de mieux que ferrailler sur les petits oiseaux et les toros de combat. Ah! les braves gens!
Mais peut-être sont-ils mal informés. Sans doute ignorent-ils que, dans les pays de tradition taurine, grâce à l'existence de la corrida, des centaines de milliers d'hectares sont dédiés à l'élevage des toros de combat. Autant de hâvres de paix, de zones naturelles protégées et bien protégées par les toros de combat, maîtres des lieux. Leur abandon, avec toutes les conséquences qui pourraient en découler (incendies, création de paradis pour chasseurs, exploitation agricole intensive, urbanisation, etc ...) constituerait un véritable désastre écologique. Pour ces raisons toutes simples, être à la fois un véritable militant écologiste et vouloir l'abolition des corridas me paraît totalement contradictoire. Mais, c'est bien connu, qui veut faire l'ange fait la bête.
Cela dit, on peut voir aussi dans ce combat un peu bébête un dévoiement, le passage d'une idéologie écologiste humaniste à une idéologie animaliste sectaire, prélude à l'imposition d'un nouvel ordre moral... Ces gens-là pourraient alors devenir dangereux.
photo : Elessar
lundi 23 septembre 2013
Santa Coloma - Albaserrada à Logroño
Le desafio ganadero Santa Coloma - Albasserada organisé par l'empresa Chopera dans le cadre de la feria de Logroño n'a pas vu les matadors couper un monton d'oreilles. La plupart des commentateurs des principaux médias d'internet, qui restent habituellement très discrets lors des fracasos à répétition de l'encaste domecq, n'ont pas manqué l'occasion de sortir leur venin et d'organiser un enterrement de première classe pour l'encaste santa coloma.
Moi qui, devant mon petit écran, avait trouvé la course plutôt intéressante j'en suis resté baba.
Il est vrai que plusieurs éléments sont allés à l'encontre du succès de l'après-midi. Tout d'abord, les matadors n'ont pas joué le jeu au premier tiers et n'ont pas mis les toros en suerte comme ils auraient dû le faire. Ensuite, le meilleur des toros est sorti en premier et a été toréé par le seul diestro sans illusion du sextet. Enfin les deux faenas durant lesquelles on a pu voir des moments d'authentique toreo ont toutes les deux été mal conclues par les toreros.
Voici, pour plus de précision, les qualités et défauts de chaque toro, tels que je les ai vus et une appréciation sur le travail de chaque matador.
1- Misterioso de José ESCOLAR GIL
défauts : après une bonne première pique, sort seul, sans avoir poussé, de la deuxième rencontre.
qualités : toro excellentissime à la muleta, noble, encastado, repetidor sur les deux cornes.
Luis BOLIVAR très en-dessous.
2- Pajarito de LA QUINTA
défauts : une certaine sosería dans la charge, gardant la tête à mi-hauteur, andarin en fin de faena.
qualités : très grande noblesse, pousse sous la première pique, poursuit longuement un banderillero.
Paco UREÑA donne un excellent début de faena, plein de classe et de temple mais a le tort de trop prolonger son travail.
3- Mercedario de FLOR de JARA
défauts : hétérodoxe en deux piques : donne force coups de tête puis colle le cheval, faible de patte, va a menos
qualités : poursuit longuement un banderillero, noble sur la corne droite
Très bon toreo de Joselito Adame jusqu'à réussir une remarquable série de derechazos, final accroché.
4- Madroño d'Adolfo MARTIN
défauts : toro incertain, court de charge, qui ne se livre qu'à regret
qualités : met bien la tête à droite.
Ruben PINAR arrache un à un quelques bons derechazos. On peut penser qu'il aurait obtenu davantage du toro en se croisant un peu plus.
5- Huecino d'Ana ROMERO
défauts : court de charge, protestant en fin de passe
qualités : pousse fort sous la première pique jusqu'à faire tomber le picador.
Faena adaptée d' Antonio NAZARE, sans possibilité de briller.
6- Barrabasillo de Juan Luis FRAILE
défauts : hétérodoxe à la pique : saute au cou du cheval, pousse sur une corne
faible de pattes
qualités : noble, va a mas au dernier tiers
Esau FERNANDEZ, qui avait tenté de mettre le toro en valeur à la pique, torée médiocrement et sans classe mais avec vaillance et entrega. Le (peu nombreux) public de Logroño, en bon public du nord, apprécie et obtient l'oreille pour le Sévillan.
En conclusion, rien de mirobolant mais pas de quoi fouetter un chat non plus.
lundi 9 septembre 2013
Mano a mano en Dax
La lidia de Matemáticas, troisième toro de la tarde et second du fer de Victorino MARTIN a été le grand moment de la corrida et, pour moi, un des grands moments de la temporada. Il mit à rude épreuve la cuadrilla de Morante, Morante lui même, mais celui-ci en acceptant et en gagnant (sauf à la mort) le combat proposé a mis en évidence le poderío de son toreo y compris donc devant ce que la cabaña brava propose de plus difficile. Car Matemáticas, magnifique exemplaire de Victorino, negro entrepelado, bien armé, connaît surtout le grec et le latin. Il montre sa bravoure magnifique dans une première pique où il pousse avec franchise et sans discontinuer jusqu' au centre et retour. Il accuse le coup et semble en tirer la leçon car à la seconde pique il se montre plus défensif, donnant essentiellement des coups de tête. Dès lors il sera un démon.
Première paire de banderilles : il crochète Antonio Jimenez ''Lili", le reprend au sol et s'acharne sur lui (fracture du poignet pour le banderillero). Deuxième paire : une banderille au razet. Troisième paire : Paco Peña, prudent, garde ses distances; en vain, Matemáticos le jette au sol, fond sur lui et le lance en l'air. Simple culotte déchirée pour l'homme de plata (ouf!) qui donnera un grand tercio de banderilles au 5 (olé!).
Quand Morante prend la muleta la tension est à son comble. Le public se partage entre les sceptiques qui ne voient pas comment l'homme de la Puebla va pouvoir s'en tirer, les malsains qui commencent à exprimer leur mauvaise humeur et les fervents qui encouragent le torero. Qu'est-ce qui fait que Morante décide de se lancer à l'abordage? Mystère d'un homme et mystère de la tauromachie.
Matemáticas est inabordable à gauche, ce que saura montrer le torero, mais sur la droite peut-être ... Le maestro s'arrime. Son sitio est sûr. Il aguante les charges violentes, conduit, essaie de prolonger le parcours, y parvient parfois, réussit même à lier les passes. En un mot il domine la fiera. Un grand moment de tauromachie.
A l' heure de la mort Morante se désunit, l'affaire traîne un peu. Tout se termine par une grosse ovation avec salut du maestro, les sifflets des imbéciles se mêlant aux acclamations des aficionados.
NB : Ceux que j'appelle imbéciles, exquise politesse de ma part, sont en l'occurrence les spectateurs qui vont aux arènes depuis 15 ou 20 ans et ne font toujours pas la différence entre, pour rester simple, un toro facile, un toro exigeant et un toro très difficile, voire assassin. Ils s'imaginent qu'à chaque toro on peut balancer sa faena préfabriquée. Indécrottables!
Il serait injuste de ne pas dire un mot de Sébastien Castella qui, face à un Victorino museau au ras du sol mais faible et un Garcigrande piquant, montra ses bonnes dispositions et excella dans les naturelles (oreille aux deux).
jeudi 29 août 2013
Quelques jours à Bilbao (2)
Pas de miracle pour les Adelaida Rodriguez. Leur problème de faiblesse de pattes bien que moins catastrophique qu'à Vic Fezensac où ils avaient passé l'après-midi à rouler au sol n'est pas résolu. Deux d'entre-eux eurent droit au mouchoir vert, tous les autres, sauf le 6, fragiles des paturons. Une présentation à Bilbao qui tourne donc au fracaso. Même le trapío n'y était pas : malgré leur poids (moyenne 561 kg) plusieurs avaient l'allure de novillos.
Alberto Aguilar torée très bien un sobrero éléphantesque (675 kg) du Puerto de San Lorenzo, plus grand que lui. L'animal est un manso bonasse et faible. Le Madrilène torée avec douceur et engagement, et, pour une fois, tue bien. Oreille méritée.
A force de toréer marginalement David Mora se marginalise. Ses faenas s'effilochent, ses toros ne sont pas dominés, le public n'adhère pas. Certes c'est un magnifique capeador mais cela ne suffit pas. Que va-t-on lui proposer l'année prochaine?
Il me semble que l'on a donné davantage d'importance cette année au tercio de piques : mises en suerte à distance, toro arrêté, cite du picador. L'effet Castaño? ... Pour l'emplacement de la pique c'est autre chose : même les picadors de première n'y arrivent pas ...
Dimanche
Retour at home. Très bonne corrida de Victorino vue sur le petit écran, et Urdiales qui sauve sa saison et montre à quel niveau (stratosphérique) se situe son toreo.
Dans les Landes, la veille, des hordes d'animalistes barbares ont cherché par tous les moyens à attirer l'attention des médias. Dans les arènes de Vista Alegre, ce dimanche, le public est rare. Certes il pleut et certains spectateurs se sont réfugiés dans les partis abritées des gradins, mais chaque siège vide semble occupé par le spectre d'un anti-taurin. Moins tapageur mais plus inquiétant.
mercredi 28 août 2013
Quelques jours à Bilbao (1)
Jeudi
Des Jandilla encastés ça existe. Il en est sorti trois ce jeudi à Bilbao. Le second, con mucho que torear comme on dit dans le jargon taurin, a trouvé son maître en la personne d'Ivan Fandiño. Le hasard fait parfois bien les choses : un toro con casta avec un torero con casta. Une épée un peu décalée lui a sans doute fait perdre la seconde oreille.
Tout auréolé de ses succès madrilènes (trois oreilles en trois corridas), Juan del Alamo remplaçait Morante de la Puebla. Il brinda son premier toro au maestro sévillan (présent dans les gradas, ce qui est de bonne augure pour la suite de sa temporada) et, sur la lancée, lui coupe l'oreille. Une bonne chose pour le jeune Salmantin, même si le toro était de deux.
Juan José Padilla était là pour assurer la taquilla et pour que le public puisse donner libre cours à son capital sympathie envers lui. Il a parfaitement rempli son rôle.
Vendredi
Un bon toro sur six. La série noire continue pour les Fuente Ymbro ... et pour ceux qui, parmi les spectateurs, supportent leur médiocrité depuis Bayonne et Dax ... et pour Ivan Fandiño qui avait beaucoup misé sur eux tout au long de cette temporada. Sans doute va-t-il falloir apprendre à se passer des pupilles de Ricardo Gallardo...
C'est Miguel Angel Perera qui, aujourd'hui, toucha le bon. Faena dans son style moderne, impersonnel et templé, en essayant de mettre moins de pico que d'habitude (on est à Bilbao). Oreille indiscutable ... mais, pour moi, aucune envie de le revoir.
samedi 17 août 2013
Roquefort : des Valdefresno dignes d'intérêt
Trapío : incontestablement les ganaderos ont réussi à obtenir un type de toro d'une grande beauté et homogénéité. Negro zaino, le poil luisant, une ligne harmonieuse, des cornes bien développées et bien dirigées, le tout donnant une impression de sérieux.
Poder : 15 dures piques et une chute, au cours desquelles les piqueros cherchèrent avant tout à détruire (cariocas, pompage), sans d'ailleurs y parvenir puisque tous les novillos sortirent du châtiment guillerets, certains possédant encore une belle mobilité au moment de la mise à mort.
Noblesse : malgré ce traitement, tous mettaient la tête avec franchise dans la muleta et permettaient (auraient permis) de se confier au troisième tiers.
Certes ces novillos possédaient une bravoure particulière qui n'a rien d'orthodoxe puisque chacune de leur charge, même franche et soutenue, s'apparente clairement à une intention de fuite, avec en particulier une recherche évidente des terrains des tablas. Mais il est bon de rappeler que ce comportement est conforme à leur origine Atanasio Fernandez et que, dans un passé pas si lointain, tous les toreros s'en régalaient.
Ce jour, si l'on s'ennuya parfois, ce fut en raison du manque de ganas ou de bagage de deux des novilleros de la terna.
Rafael CERRO, sans envie, se contenta de faire prendre l'air à son costume et à ses outils, ce qu'il fit, il faut le reconnaître, avec une certaine élégance. Le malheur fut qu'il dut tuer trois novillos en raison de la blessure de Gonzalo Caballero.
Brandon CAMPOS passa inaperçu, sans laisser le moindre souvenir. La pire des choses pour un torero.
Seul Gonzalo CABALLERO a montré de l'envie, du courage et même de belles capacités techniques puisqu'il sut tirer parfaitement profit de l'attirance du novillo pour les planches ... jusqu'à l'idée saugrenue de lui donner des bernardinas qui lui valurent deux grosses cogidas successives. Oreille de poids après une grande estocade, malgré la douleur, et avant un départ vers l'infirmerie dans l'émotion générale et sous l'ovation que l'on réserve aux braves.
lundi 12 août 2013
Diversité
Ainsi chaque novillo envoyé par le ganadero salmantin Paco MADRAZO (origine santa coloma) est différent du précédent aussi bien en trapío qu'en comportement.
Le 1 peu en chair, manso, vicieux.
Le 2 avacado, manso perdido (et peut-être en outre malvoyant).
Le 3 léger mais bien fait, avec de la fixité et de la noblesse.
Le 4 soso mais de peligro sordo.
Le 5 con trapío, puissant en 3 piques qui malmènent picador et cheval; mais de peu de fond, il se réfugie aux tablas à la première occasion.
Le 6 le meilleur de l'envoi, fixe et noble.
Les trois novilleros actuèrent en novilleros c'est à dire pleins de bonne volonté et de courage.
Mario ALCALDE avec l'expérience que donne le temps.
Tomas ANGULO sans se démonter face à l'adversité.
César VALENCIA, le mieux servi, connectant facilement avec les tendidos, terminant ses séries par de magnifiques pechos, mais avec le défaut d'abuser des positions fuera de cacho.
Hélas, tous trois eurent un point commun, celui de faire un usage calamiteux des aciers tauricides.
A noter et à saluer, l'initiative des organisateurs d' offrir un prix conséquent (1500 €) au meilleur picador de la feria. Du coup, tout le monde s'applique : novilleros et cuadrillas pour la mise en suerte, picadors pour essayer de bien piquer. Je dis bien essayer parce que les toros étant ce qu'ils sont et les hommes à l'avenant, les résultats pouvaient être difficilement meilleurs que ce qu'ils furent. Ainsi va le monde...
mardi 6 août 2013
Jack-Alain Léger
"La joie que je connais ce soir dans les arènes de la Maestranza, cette joie est nouvelle, soit, mais ne m'est pas inconnue. Elle est faite de tout ce que j'ai vu, entendu, retenu; de tout ce que j'ai vécu. Elle est aussi la manifestation heureuse d'un pessimisme fondamental, natif. Comme telle, elle est a recibir. A provoquer et recevoir avec toute sa violence, toute sa charge d'affects. Elle est à accepter avec grâce car elle donne un nouveau coup de grâce au passé. Nouvelle victoire sur la bête! Elle est intelligence du présent, intelligence avec le présent. Accord avec ce qui est et ce qui advient. Temple."
Extrait de Maestranza publié en 2000 aux éditions L'Arpenteur, livre surprenant et recommandable, ni essai ni roman ce qu'on voudra.
Obsolete de Dashiell Hedayat 1971
mercredi 31 juillet 2013
15 août à Roquefort
11h. novillada sans picadors
2 L'Astarac 2 Camino de Santiago
Louis Husson - Daniel Soto
18h. novillada
6 Valdefresno
Rafael Cerro - Brandon Campos - Gonzalo Caballero
3 novillos de Valdefresno au mois de fevrier (photo P. Nogues)
Il faut remonter à 1984 pour voir fouler, con los del castoreño, le sable du ruedo roquefortois par des animaux d'origine Lisardo Sanchez. Il s'agissait des novillos de Benjamin Vicente Gallego que le nouvel et éphémère propriétaire venait juste d'acheter au neveu de Lisardo.
Voici le compte-rendu de la course publié dans Sud Ouest sous la plume de Pierre Veilletet.
(cliquer pour agrandir)